Boileau - Œuvres poétiques/Chansons/Sonnet sur la mort d’une parente

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VI

SONNET SUR LA MORT D'UNE PARENTE[1].


1653 ou 1654.


Parmi les doux transports d’une amitié fidèle,
Je voyois près d’Iris couler mes heureux jours ;
Iris que j’aime encore, et que j’aimai toujours,
Brûloit des mêmes feux dont je brûlois pour elle ;


Quand, par l’ordre du ciel, une fièvre cruelle
M’enleva cet objet de mes tendres amours ;
Et, de tous mes plaisirs interrompant le cours,
Me laissa de regrets une suite éternelle.

Ah ! qu’un si rude coup étonna mes esprits !
Que je versai de pleurs ! que je poussai de cris !
De combien de douleurs ma douleur fut suivie !

Iris, tu fus alors moins à plaindre que moi ;
Et, bien qu’un triste sort t’ait fait perdre la vie,
Hélas ! en te perdant j’ai perdu plus que toi.


  1. Mlle Dongois, nièce du poëte.