Boileau - Œuvres poétiques/Satires/Préface 1674 et 1675

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Boileau - Œuvres poétiques/SatiresImprimerie généraleVolumes 1 et 2 (p. 39-40).


II

PRÉFACE
POUR LES ÉDITIONS DE 1674, IN-4o  ; 1674 et 1675, IN-12.


AU LECTEUR.

J’avois médité une assez longue préface, où, suivant la coutume reçue parmi les écrivains de ce temps, j’espérois rendre un compte fort exact de mes ouvrages, et justifier les libertés que j’y ai prises ; mais depuis j’ai fait réflexion que ces sortes d’avant-propos ne servoient ordinairement qu’à mettre en jour la vanité de l’auteur, et, au lieu d’excuser ses fautes, fournissoient souvent de nouvelles armes contre lui. D’ailleurs, je ne crois point mes ouvrages assez bons pour mériter des éloges, ni assez criminels pour avoir besoin d’apologie. Je ne me louerai donc ici, ni ne me justifierai de rien. Le lecteur saura seulement que je lui donne une édition de mes satires plus correcte que les précédentes, deux épîtres nouvelles[1], l'Art poétique en vers, et quatre chants du Lutrin. J’y ai ajouté aussi la traduction du traité que le rhéteur Longin a composé du sublime ou du merveilleux dans le discours. J’ai fait originairement cette traduction pour m’instruire, plutôt que dans le dessein de la donner au public ; mais j’ai cru qu’on ne seroit pas fâché de la voir ici à la suite de la Poétique, avec laquelle ce traité a quelque rapport, et où j’ai même inséré plusieurs préceptes qui en sont tirés. J’avois dessein d’y joindre aussi quelques dialogues en prose que j’ai composés ; mais des considérations particulières m’en ont empêché. J’espère en donner quelque jour un volume à part. Voilà tout ce que j’ai à dire au lecteur. Encore ne sais-je si je ne lui en ai point déjà trop dit, et si, en ce peu de paroles, je ne suis point tombé dans le défaut que je voulois éviter.

  1. Les épîtres II et III.