Bouquets et prières/Le Rossignol et la Recluse
Pour les autres éditions de ce texte, voir Le rossignol et la recluse.
LE ROSSIGNOL ET LA RECLUSE.
L’air manque à ma voix solitaire,
Je m’incline sous mon réseau ;
Il faut des ailes à l’oiseau
Pour le consoler de la terre !
Le rossignol, dans l’arbre en fleurs,
Me fait rêveuse et non savante ;
Mais cette musique vivante
Arrête quelquefois mes pleurs !
Lui seul m’avait dit : C’est l’aurore :
Éveille-toi ; le monde est beau !
Lui seul, dans ma nuit sans flambeau,
Dit : Pauvre enfant ! dormez encore !
Non, rossignol, je ne dors pas,
Car vos chants sont dans mon oreille ;
Et si l’on croit que je sommeille,
C’est que je vous réponds tout bas :
Allez dire à ma douce mère
Qu’elle me reprenne aujourd’hui,
Sous peine de tristesse amère :
Sinon, Dieu prendra tout pour lui !