Brumes de fjords/La Cité humaine
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Une bergère surprit un jour le labeur des Trolls.
Les Trolls travaillent sans relâche dans la nuit.
Ils font flamboyer d’immenses fournaises, ils y font monter et siffler les flammes, ils y jettent l’or et les rubis,
Car ils espèrent forger une lueur d’aurore.
Les Trolls travaillent sans relâche dans la nuit.
Et la bergère dit aux Trolls laborieux :
« Pourquoi vous agitez-vous ainsi dans les ténèbres ? »
Et les Trolls répondirent :
« Nous ne le savons pas! »
La bergère dit aux Trolls laborieux :
« Jamais votre labeur n’enfantera un rayon d’aurore,
« Et vous êtes las de travailler dans la nuit.
« Quittez vos enclumes et vos lourds marteaux et montez vers le soleil.
« Le vent du matin souffle à travers les blés,
« Les coquelicots rougissent l’herbe humide,
« Et le ciel se reflète au fond des fjords lumineux.
« Vous êtes las de travailler dans la nuit :
« Jamais votre labeur n’enfantera une lueur d’aurore.
« Quittez vos enclumes et vos lourds marteaux et montez vers le soleil. »
Les Trolls lui répondirent :
« Nous ne savons pas le chemin qui mène au soleil :
« Laissez-nous à notre labeur dans la nuit.
Et la bergère dit une dernière fois :
Pourquoi vous obstiner à votre tâche éternellement vaine ? »
Et les Trolls lui répondirent :
« Nous ne le savons pas ! »
Les Trolls travaillent sans relâche dans la nuit.