Brumes de fjords/Lamentation

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Brumes de fjordsLemerre. (p. 18-21).





LAMENTATION


Fréia la Déesse a disparu.

Elle est venue jadis à l’aube du printemps.

Elle est l’incarnation de la beauté de l’Univers.

Ses cheveux ont l’or triste des feuillages d’automne.

Ses yeux sont verts et bleus comme les fjords,

Sa chair est plus blanche que le clair de lune sur la neige mystérieuse au sommet des montagnes.

Ses veines sont pareilles aux fleuves.

Sa robe a le rythme des vagues.

Elle est l’incarnation de la beauté de l’Univers.

Fréia la Déesse est venue jadis à l’aube du printemps.

Elle est venue de la mer lointaine :

Un vol de mouettes la précédait,

Et le vent du large suivait ses pas.

Les nuages l’ont vue passer,

Et les nuages ont resplendi, les nuages se sont revêtus d’or et de roses.

Les montagnes l’ont vue passer :

Elles se sont parées de bruyère et de thym, d’églantines et de gentianes.

Les arbres l’ont vue passer :

Ils se sont constellés de fleurs et de feuillages.

Les oiseaux l’ont vue passer :

Ils ont chanté dans le soleil.

Mais Fréia l’Immortelle a disparu.

Elle a disparu dans le crépuscule.

Elle est venue de la mer.

Elle est partie vers la mer,

Les mouettes l’ont suivie vers la mer lointaine.

Fréia la Déesse a disparu.

Elle reviendra dans l’aube d’un printemps futur.

Quand elle reparaitra, la terre tressaillira d’allégresse.

Quand elle sourira, les hommes seront consolés.

Elle apportera le bonheur qu’on cherche éternellement,

La justice, l’opulence, l’amour et la paix.

Fréia la Déesse a disparu.

Depuis des jours sans nombre, les hommes l’attendent avec des larmes, des gémissements et des râles.

Ils l’attendent avec des prières et des lamentations,

En la suppliant de reparaître et de leur sourire,

Afin qu’ils soient à jamais heureux,

Afin qu’ils soient à jamais consolés.