Bucoliques en juxtalinéaire/Églogue I

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Les Bucoliques
Traduction par A. Desportes.
Texte établi par M. SommerHachette (p. Titre---).
LES



AUTEURS LATINS

EXPLIQUÉS D’APRÈS UNE MÉTHODE NOUVELLE

PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES

L’UNE LITTÉRALE ET JUXTALINÉAIRE PRÉSENTANT LE MOT-À-MOT FRANÇAIS
EN REGARD DES MOTS LATINS CORRESPONDANTS
L’AUTRE CORRECTE ET PRÉCÉDÉE DU TEXTE LATIN


Avec des sommaires et des notes

PAR UNE SOCIÉTÉ DE PROFESSEURS

ET DE LATINISTES

———

VIRGILE
BUCOLIQUES


———o———


PARIS

LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie

RUE PIERRE-SARRAZIN, N° 14

(Près de l’École de médecine)

———
1856






AVIS
RELATIF À LA TRADUCTION JUXTALINÉAIRE.

On a réuni par des traits les mots français qui traduisent un seul mot latin.

On a imprimé en italiques les mots qu’il était nécessaire d’ajouter pour rendre intelligible la traduction littérale, et qui n’avaient pas leur équivalent dans le latin.

Enifin les mots placés entre parenthèses doivent être considérés comme une seconde explication, plus intelligible que la version littérale.




Les Bucoliques
Traduction par A. Desportes.
Texte établi par M. SommerHachette (p. 2).

ECLOGA I.

MELIBOEUS, TITYRUS.
Meliboeus.
Tityre, tu patulae recubans sub tegmine fagi

Silvestrem tenui musam meditaris avena ;
Nos patriae fines et dulcia linquimus arva.
Nos patriam fugimus ; tu, Tityre, lentus in umbra,
Formosam resonare doces Amaryllida silvas. 5

Tityrus
O Meliboee, deus nobis haec otia fecit.

Namque erit ille mihi semper deus, illius aram
Saepe tener nostris ab ovilibus imbuet agnus.
Ille meas errare boves, ut cernis, et ipsum
Ludere quae vellem calamo permisit agresti. 10

Meliboeus
Non equidem invideo, miror magis, undique totis

ÉGLOGUE I.

MÉLIBÉE, TITYRE.

Mélibée. Heureux Tityre ! assis sous le feuillage d’un hêtre touffu, tu médites un air champêtre sur tes légers pipeaux : nous, exilés du pays de nos pères, nous abandonnons ces douces campagnes : nous fuyons notre patrie ; toi, Tityre, mollement étendu sous l’ombrage, tu apprends aux forêts à répéter le nom de la belle Amaryllis.

Tityre. Ô Mélibée ! un dieu m’a fait ce loisir ; car il sera toujours un dieu pour moi. Souvent un tendre agneau, choisi dans nos bergeries, arrosera de son sang ses autels. Si tu vois mes génisses errer en liberté dans la plaine, si moi-même je joue sur ma flûte mes airs favoris, c’est lui qui l’a permis.

Mélibée. Je ne suis point jaloux de ton bonheur, mais je m’en

Les Bucoliques
Traduction par A. Desportes.
Texte établi par M. SommerHachette (p. 3).

ECLOGA I.
MELIBOEUS, TITYRUS.
MELIBOEUS.
Tityre, tu recubans
sub tegmine
fagi patulae
meditaris
musam sllvestrem
avena tenui ;
nos linquimus
fines patriae
et dulcia arva ,
nos fugimus patriam ;
tu , Tityre ,
lentus in umbra ,
doces silvas
resonare
formosam Amaryllida.
TITYRUS.
O Melibœe,
deus fecit nobis haec otia :
namque ille erit mihi
semper deus ;
saepe tener agnus
a nostris ovilibus
imbuet aram illius.
Ille permisit
meas boves errare,
ut cernis,
et ipsum
ludere quae vellem
calamo agresti.
 MELIBOEUS.
Equidem
non invideo,
miror magis,

ÉGLOGUE I.
MÉLIBÉE, TITYRE.
MÉLIBÉE,
Tityre , toi couché
sous la couverture (l’ombrage)
d’un hêtre touffu,
tu essayes
un air champêtre
sur un chalumeau léger ;
nous, nous abandonnons
les confins de la patrie
et nos douces campagnes,
nous, nous fuyons la patrie ;
toi, Tityre ,
couché-nonchalamment sous l’ombrage,
tu apprends aux forêts
à répéter
le nom de la belle Amaryllis.
TITYRE.
Ô Mélibée,
un dieu a fait (donné) à nous ces loisirs
car celui-là sera pour moi
toujours un dieu ;
souvent un tendre agneau
tiré de nos bergeries
baignera de son sang l’autel de lui.
C’est lui qui a permis
mes génisses errer,
comme tu le vois,
et moi-même
jouer ce que je voudrais
sur mon chalumeau champêtre.
MÉLIBÉE.
Moi assurément
je n’en suis-pas-jaloux
je m’en étonne plutôt,