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Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome IV/Séance du 2 juin 1834

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Séance du 2 juin 1834.


présidence de m. michelin.

M. Virlet tient la plume comme secrétaire, et donne lecture du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction est adoptée.

M. le président proclame ensuite membres de la Société :

MM.

Rousseau, homme de lettres, à Saint-Georges-des-Sept-Voies (Maine-et-Loire) ; présenté par MM. C. Prévost et J. Desnoyers.

Bonami, ingénieur des ponts et chaussées, à Angers ; présenté par MM. Rousseau et C. Prévost ;

Curie, docteur en médecine, à Paris ; présenté par MM. C. Prévost et Rousseau ;

H. Peutz, à Paris ; présenté par MM. Vigoureux et C. Prévost ;

Aimé, élève de l’école normale ; présenté par MM. Virlet et Delafosse ;

Dugas, professeur d’histoire naturelle au collège de Géorgie ; présenté par MM. Warden et de Labadye.


dons faits à la société.

La Société reçoit :

1° De la part de M. Dubuisson, son Catalogue de la collection minéralogique, géognostique et métallurgique du département de la Loire-Inférieure. in-8o de 300 p. avec 1 carte de ce département. Nantes, 1830.

2° De la part de M. Roderick Impey Murchison, son Mémoire intitulé : Esquisse sur la géologie des environs de Cheltenham (Outline the geology of the neighbourhood of Cheltenham). In-8°, 40 p., 1 pl. Cheltenham, 1834.

3° La deuxième partie du vol. XII des Transactions de la Société royale des sciences d’Édimbourg. In-4° de 574 p., avec 2 pl. Édimbourg, 1834.

Cette partie, contient entre autres, un mémoire de M. Necker, de Genève, sur la Détermination de la position des strates des terrains de sédiment, et l’extrait d’un mémoire accompagnant une suite de roches des îles volcaniques de Lipari ; par M. Robert Allan.

4° Le deuxième cahier de 1834 du nouveau Journal de minéralogie, géognosie, géologie, etc., de MM. Léonhard et Bronn (Neues Jahrbuch fur Mineralogie, etc.). In-8° de 254 p., avec 2 cartes.

Ce numéro contient :

A. Un Mémoire de M. Léonhard sur quelques phénomènes géologiques de la contrée qui environne Meissen.

B. Une Note sur le premier âge de la vie du globe, par le professeur Christian Kapp.

5° Les n° 21 et 22, 1834, du Bulletin de l’académie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles.

6° Les n° 1, 2 et 3 (1833, 1834) des Proceedings of the royal Society of Edinburg.

7° Dix numéros du Journal d’économie rurale de la Hesse (Landwirthschaftliche zeitung für Hessen).

8° De la part de M. Zeisner, deux échantillons de Dolomie de Viryhica (Pologne).

9° De la part de M. Caillaud, une belle Galathée de la rivière de Saint-Paul, près le cap Mesural (Afrique).

10° De la part de M. Robison, secrétaire de l’association britannique pour l’avancement de la science, deux marteaux à échantillonner dont il est l’inventeur. Ils consistent en une espèce d’anneau en biseau tranchant en forme de cône tronqué. Ces marteaux, que l’on peut faire de différentes dimensions (de 10, 6, et 2 à 3 pouces), paraissent avoir l’avantage de tailler les échantillons avec une si grande netteté, qu’ils pourraient servir à tailler des pierres à fusil. M. Robison y adapte des manches en roseau qui ont l’avantage de présenter une grande élasticité, et de donner par conséquent des coups plus secs.

M. Robison, présent à la séance, rappelle que les réunions britanniques de l’association auront lieu cette année le 8 septembre prochain, et engage tous les membres de la Société à y assister.


correspondance et communications.

M. Troost, professeur de chimie, de minéralogie et de géologie à Nashville, dans le Tennessée (États-Unis d’Amérique), envoie un Mémoire accompagné de planches de fossiles, et prie la Société de vouloir bien l’agréer. La lecture de ce Mémoire est renvoyées la fin de la séance.

M. Troost annonce qu’il adresse à la Société une suite d’échantillons de roches et fossiles qui se rapportent à la description géologique générale du Tennessée dont il enverra sous peu un exemplaire. M. Troost offre en même temps à la Société de lui envoyer une collection de coquilles fluviatiles et terrestres du pays qu’il habite.

M. Pusch annonce la publication à Berlin d’un ouvrage sur les fossiles de la Pologne, de la Volhynie, de la Podolie et des Carpathes ; il sera accompagné de 15 planches représentant plus de 200 espèces. Il y joindra dés observations critiques sur certains genres, tels que les genres Pholadomie, Gryphée, Murex, etc. ; et il fera ses efforts pour mettre un frein à cette manie de faire des espèces.

Il trouve qu’il n’y a pas moyen de séparer l’argile salifère de Wielieltza d’avec le grès carpathique. Il y a passage entre ces deux dépôts, et, comme sur le versant nord des Alpes, M. Pusch croit que le terrain crétacé s’y lie intimement au terrain tertiaire, et admet insensiblement dans ses couches des fossiles tertiaires. Il compare Wieliekza au sol de Cardonne.

Le secrétaire communique la note suivante que M. Héricart de Thury a lue à l’Académie des sciences (séance du 1er juin), relativement au puits forés entrepris à Tours par M. Degoussée.

« Cet ingénieur, qui a obtenu de si brillans succès dans les forages qu’il a faits dans le bassin de la Loire, vient d’en exécuter un nouveau sur lequel il paraît convenable de fixer l’attention de l’Académie. Ce forage a été fait chez M. le docteur Bretonneau, à peu de distance et au-dessus de la ville de Tours, entre la Loire et le Cher. Son ouverture est de 17 mètres au-dessus de l’étiage de la Loire et à 10 mètres au-dessous du niveau moyen du sol de Tours. Aussi les phénomènes et les résultats observés dans les forages faits en cette ville ont-ils été proportionnés à la différence des niveaux. Ainsi, 1° on a obtenu, à 112 mètres dans les sables verts inférieurs à la craie, une première source jaillissante produisant plus de cent litres d’eau par minute, ou de 145 à 150 mètres cubes par 24 heures ; et 2°, à 115 mètres de profondeur, une seconde nappe d’eau inférieure produisant à 8 mètres 75 centimètres de hauteur au dessus du sol 300 litres par minute, ou plus de 430 mètres cubes par 24 heures. Au moment où le docteur Bretonneau écrivait, on poursuivait le forage dans un grès vert d’une telle dureté que la sonde n’avait pu y pénétrer que de 0 mètre 325 millimètres en six jours ; mais, malgré la difficulté, on persistait dans le forage, espérant qu’après avoir traversé ce banc de grès, on atteindrait à 125 mètres la grande nappe d’eau jaillissante trouvée à Tours, à la profondeur de 130 mètres, dans le quartier de la cavalerie. C’est cette belle nappe d’eau qui produit plus de 3,000 mètres cubes par 24 heures, et qui, au moment de son surgissement, s’est élevée avec une telle abondance et une telle impétuosité qu’elle a inondé tout le quartier de cette partie de la ville de Tours.

« Depuis ces derniers détails, M. Héricart de Thury vient d’apprendre que ses prévisions sur le gisement des eaux jaillissantes, au-dessous de la grande masse de craie, viennent également d’être vérifiées dans le bassin de la Seine par un forage qu’a exécuté à Elbeuf, dans une propriété particulière, M. Mulot, ingénieur. Après le percement des glauconies ou craies chloritées, la sonde a pénétré dans les argiles inférieures, et, à 155 mètres, après s’être subitement abaissée ou précipitée de 0 mètre 66 millimètres, elle a atteint une nappe d’eau abondante qui a surgi avec impétuosité au-dessus de la surface du sol. Cette source produit une eau limpide, très pure, sans odeur, sans saveur, et qui dissout parfaitement le savon. Aussitôt que ce puits foré sera tubé, on déterminera exactement la quantité d’eau qu’il produit et la hauteur du surgissement qui a été de 1 mètre 30 millimètres au moment où la sonde s’est précipitée dans cette nappe d’eau. »


mémoires.

« On lit la notice suivante de M. Zeiszner, de Cracovie, sur le sol tertiaire des environs de Zloczow, Oleslko et Podhorce en Galicie.

« La formation de la craie qui couvre la partie orientale du Palatinat de Cracovie, s’étend par le Palatinat de Lublin jusqu’en Galicie (Léopold), et en Podolie, dans les environs de Zloczow, d’Olesko et de Podhorce ; j’ai eu l’occasion d’observer les couches qui se trouvent au-dessus de la craie, et, dans les ravins des montagnes, j’ai trouvé toute la série des couches que je vais détailler :

« C’est à Olesko que finit cette vaste plaine qui s’étend jusqu’à Léopold, et que commence le pays montagneux. De longues crêtes parallèles entre elles, limitées par des lignes droites, donnent à cette contrée un aspect monotone, et leur contour fait connaître, même de loin, qu’elles sont formées de roches calcaires.

« En général, l’élévation de ces montagnes ne dépasse pas 300 pieds ; sur quelques points seulement, elles atteignent 500 pieds. Jusqu’à la moitié de leur hauteur, elles sont ordinairement formées de couches de craie marneuse, d’une couleur blanche tirant un peu sur le jaune ; dans quelques endroits, elles sont couvertes d’une couche de craie blanche, comme cela se voit par exemple à Biala-Gorg, près d’Olesko. Dans les ravins, près de Podhorce, on trouve souvent des silex au milieu de la craie ; mais les pétrifications y sont bien rares. À Lysagora, près d’Ozydow, j’ai trouvé un Échinite indéterminable, et à Biala-Gora, près d’Olesko, des écailles de poissons ainsi que quelques fragmens de bivalves.

« La craie marneuse se trouve, non seulement dans la partie montagneuse du pays, mais elle s’étend aussi dans la plaine jusqu’à Léopold, où elle est couverte généralement d’une terre fertile.

« Près d’Ozydow, village limitrophe d’Olesko, on trouve sur cette roche une couche de trois toises d’épaisseur, composée des débris de la même craie, formant un agglomérat qui est couvert d’une terre fertile. La craie marneuse et la craie blanche ne présentent pas d’indices distincts de stratification, mais on y aperçoit seulement des lignes suivant différentes directions et rarement parallèles.

Immédiatement sur la craie se trouve une couche de sable de différente épaisseur ; elle à 130 pieds dans le ravin de Remizon, (montagne de Worancaki, près de Zloczow), et à peine 100 pieds dans celui de Podhorce. Le sable est siliceux et coloré en jaune par le fer ; dans le ravin de Skorne (montagne Worancaki), il y a une couche blanche comme la neige, et dans le Bialagora, près d’Olesko, sur le sable jaune, on trouve une couche de sable vert coloré par des particules de chlorite.

« Des couches subordonnées dans le sable. — Dans le sable du ravin de Podhorce, et surtout dans ses parties supérieures, se trouvent de petites couches d’argile grise, d’un pouce d’épaisseur, ordinairement parallèles entre elles et séparées par des couches de sable ; à l’extrémité de l’une desquelles se trouve une couche d’argile jaune de 6 pouces d’épaisseur ; sur cette argile, qui se fond au feu du chalumeau en verre noir, il y a, une grande quantité de pétrifications brisées, bien difficiles à déterminer. — Un peu plus haut dans le sable, il y a des couches de lignite noir qui n’est pas bon pour le chauffage, parce qu’il contient une grande quantité d’argile ; brûlé, il produit une odeur bitumineuse et laisse pour résidu une argile blanche. C’est sur ce lignite qu’est placé le calcaire avec différentes pétrifications. Dans le ravin de la montagne de Tercbizé, près d’Ozydow, on ne trouve pas de sable ; l’argile grise est immédiatement au-dessus de la formation de la craie, disposée en petites couches d’une couleur grisâtre ; une matière végétale, qui ressemble à de la tourbe, se rencontre dans cette formation en couches d’un quart de pouce d’épaisseur.

« La même série de couches existe près de Zloczow, dans la montagne de Woroncaki qui est coupée par de profonds ravins. Dans celui de Remison, les couches sont toutes bien distinctes. — Sur la craie, on trouve une couche considérable de sable : en bas, il n’y a aucun mélange de corps étrangers ; dans le milieu, à la distance de 6-12 pieds, il existe des couches d’un demi-pied. d’épaisseur, contenant des bivalves très bien conservés, tels que Pectunculus pulvinatus, Venus senilis. En haut, le sable est plus gros et contient des coquilles brisées, savoir : des Ranella leucostoma et des Terebra fuscata. La mer, en déposant les couches inférieures, fut donc bien plus calme qu’en déposant les couches supérieures. Presque au sommet se trouve l’argile grise disposée en petites couches de 2 toises, et qui est recouverte par du sable.

« Près d’Olesko, à Bialagora, on voit sur la craie le sable vert, et au-dessus le sable jaune qui contient une grande quantité de pétrifications ; il passe insensiblement au calcaire sablonneux, renfermant les mêmes pétrifications, savoir : Ostrea digitalina, Pectunculus pulvinatus, Venus senilis, Natica epiglottina, etc.

« La couche de sable avec des couches subordonnées d’argile et de lignite, et contenant dans les parties supérieures des pétrifications qui appartiennent à la formation du calcaire de Paris, est donc un produit de la mer. Les parties inférieures du sable, placées immédiatement sur la craie, appartiennent-elles à la formation de l’argile plastique ? Il est difficile de le dire, parce qu’elles ne contiennent aucune trace d’êtres vivans, et que, dans le ravin de Podhorce, le lignite se trouve au-dessus des pétrifications marines : il n’y a d’ailleurs point de coquillages d’eau douce. Les sables inférieurs et supérieurs ne diffèrent entre eux en rien, comme je l’ai observé parfaitement dans la ravine de Rémisow. Les faits appuient beaucoup l’hypothèse que dans les environs de Zloczow, Olesko et Podhorce, il n’y a pas d’argile plastique ; mais, d’après les caractères minéralogiques et la position, cette série des couches correspondrait au terrain marno-charbonneux de M. Alexandre Brongniart.

« Sur le sable repose, sans aucun intermédiaire, un calcaire très dur, se brisant facilement, d’une couleur brune ; il contient çà et là des parties jaune-clair ; à l’aide d’un microscope on y découvre une quantité infinie de petites coquilles. La hauteur de cette série de couches est de 10-15 pieds. Celles-ci sont distinctes ; elles sont couvertes partout par un calcaire blanc moins dur : il arrive fort souvent que ces deux calcaires sont tellement liés qu’il devient difficile de reconnaître où l’un commence et où l’autre finit. — Le calcaire supérieur est granuleux ; cependant il prend souvent l’aspect d’une masse uniforme, et contient alors de petites cellules. Des pétrifications se trouvent éparses dans cette masse en quantité considérable ; mais elles font tellement corps avec le calcaire, que je n’y ai pu distinguer que l’Ostrea et le Pectunculus.

« Près de Podhorce et de Zloczow, où l’on peut observer exactement la série des couches, on distingue très bien ces deux calcaires. Dans le ravin de Podhorce, sur le calcaire granuleux, on trouve le grès à ciment calcaire entièrement blanc et très tendre, contenant au milieu une petite couche du calcaire blanc pulvérulent, ressemblant à la craie, ce qui est précisément le ciment calcaire pur.

« J’ai trouvé dans une montagne des environs de Podhorce ; nommée Lykow, un grès pareil à celui que je viens de décrire ; ce grès se durcit à l’air : il a une grande ressemblance avec le grès de Pinozow (Palatinat de Cracovie), qui appartient, d’après M. Pusch, aux formations tertiaires, et surtout à ses parties supérieures ; ce grès de Lykow, aussi bien que celui de Pinozow, se laisse facilement travailler.

« Sur ce grès calcaire, dans la montagne de Lykow ; se trouve le calcaire granuleux, dur, blanchâtre ou rouge. Dans ce calcaire on trouve du carbonate de chaux cristallisé en rhomboïdes très aigus. L’épaisseur de la couche du calcaire va jusqu’à trois toises ; sur cette couche repose une couche de sable jaune de quatre toises d’épaisseur, qui contient au milieu une couche d’une toise de calcaire gris granuleux ; puis vient un grès calcaire et enfin la terre fertile.

« Dans le ravin de Remisow se montrent des couches autrement disposées : sur le calcaire brun dur repose un calcaire blanc granuleux qui devient sablonneux dans les parties supérieures, et passe à un grès brun très dur ; sur ce grès se trouvent des couches de l’argile grise de 6 à 10 pieds de puissance. L’argile marneuse de la Lysagora, près des villages d’Opaki et de Wicho-Bieze, et près des sources du Bug, est mieux développée ; c’est sur le calcaire granuleux, déjà mêlé à un peu d’argile et contenant peu de pétrifications, que repose l’argile grise.

« Dans cette argile grise il y a beaucoup de pétrifications ; elles appartiennent aux espèces suivantes : Pectunculus pulvinatus, Lucina circimerca, Trochus turgidus, Natica epiglottina, Cerithium plicatum : il est difficile de distinguer les couches d’argile exposées à l’air ; elles perdent leur consistance et forment une terre très fertile.

« Nous pouvons distinguer dans la contrée que nous avons décrite trois sortes de dépôt dans des formations tertiaires 1o des sables avec des couches d’argile et de lignite ; 2o du calcaire brun et blanc avec des couches de grès et du sable ; 3o des argiles marneuses grises.

« Doit-on considérer ces trois espèces de couches comme appartenant à la formation du calcaire de Paris, ou comme des groupes du terrain tritonien ou calcaréo-sableux de M. Brongniart ? D’après le petit nombre de coquilles mentionnées ci-dessus, il semblerait que ces couches ne correspondent qu’a la dernière division, à l’exception des sables inférieurs qui représenteraient la formation marno-charbonneuse. Toutes ces couches, placées au-dessus de la craie, sont horizontales, et leur inclinaison ne dépasse jamais 10° ; leur position au sommet des montagnes est toute particulière ; dans la vallée entre Olesko et Léopold on trouve la craie seule à la base et les couches dont nous venons de parler ne couvrent que les plateaux et les sommets des montagnes environnantes. Cela se voit aussi à Lysa-gorao et Suœta-gora près d’Ozydow.

« Les calcaires tertiaires ne sont donc pas là dans leur position primitive : leurs couches, devenues dures, ont dû être morcelés et amenées à leur position actuelle ; cependant dans toute la contrée on ne voit pas de rochers volcaniques ; peut-être que les granites de la Volhynie et de la Podolie ont donné naissance aux sinuosités de la contrée décrite, et qu’ils ont en partie déterminé les limites actuelles de la mer Noire. »

M. Bertrand-Geslin lit, en son nom et celui de M. de Montalembert, une Notice géologique sur les gypses de Champs et de Vizille.

Ces gypses saccharoïdes, blancs, verts, plus ou moins talqueux, forment des amas allongés dans le calcaire noir schisteux à Bélemnites (lias supérieur), et sont accompagnés de roches ignées, telles que diverses espèces de spilites ou amygdaloïdes a nodules de fer oxidé et carbonaté, de spath calcaire, et avec veines et amas de fer oligiste.

Certaines couches calcaires, en contact avec ces spilites, sont à l’état de dolomie grenue, jaune, violacée, parsemée de paillettes de fer oligiste.

Les auteurs ont accompagné cette Notice d’une petite carte géologique et de la coupe transversale du vallon de Combs, près Champs, au pont de Vizille sur la Romanche, indiquant quatre séries d’amas gypseux, parallèles entre elles, ainsi que la direction des couches de calcaire noir schisteux à Bélemnites dans les vallées de Combes et de la Romanche, près de Vizille.

Ces roches de gypse et de spilite se présentent en amas, ou en bancs épais, quelquefois stratifiés ; alors leurs couches deviennent presque verticales, tandis que celles du calcaire noir à Bélemnites, dans ces monticules des environs de Champs, inclinent de 60° au N. O. Ainsi les roches modifiées que l’on observe dans cette vallée de Combs près Champs s’y montrent avec des circonstances différentes de gisement, puisque la Dolomie jaune et violacée, due à l’altération du calcaire noir à Bélemnites en contact avec ces roches ignées, parait être en place ; tandis que le gypse, ne présentant pas de passage au calcaire à Bélemnites, serait arrivé tout cémenté dans sa position actuelle, en même temps que les roches ignées amygdaloïdes qui l’entourent.

En visitant la mine d’anthracite de la Roche à Blanc, près la Mure, nous avons vu ouvrir, ajoute M. Bertrand-Geslin, une galerie de recherches sur une nouvelle couche d’anthracite ; à la partie inférieure existent des schistes argileux et des grès à fougères portant la couche d’anthracite très élevée de la Roche à Blanc, et à quelques toises au-dessus du village du Péchagnard.

Entre ce village vt les marais de la Mure nous avons reconnu, vers le pied de la montagne, des affleuremens de couches de calcaire compacte noir, avec Bélemnites, Térébratules et une Gryphœa voisine de la Gryphœa arcuata. Ces couches calcaires plongeaient sous la nouvelle recherche d’anthracite.

Ainsi cette formation de grès et schiste du Péchagnard, dont la limite inférieure était jusqu’ici indécise, contient deux couches d’anthracite, et paraît être subordonnée dans la partie inférieure du calcaire à Bélemnites (étage supérieur du Lias). »

On lit ensuite un mémoire de M. Troost, intitulé : Description d’un nouveau genre de fossile qu’il a appelé Conotubulaire, dont il distingue trois espèces qu’il désigne sous les noms de Conotubularia Cuvieri, Conotubularia Brongniartii, et Conotubularia Goldfussii, lesquelles se trouvent associées à des Bellérophes et à des Orthocératites d’espèces nouvelles.

Parmi les autres fossiles découverts par M. Troost dans le Tennessée, se trouve une belle espèce d’Asaphage nommée par lui Asaphagus megalopthalmus, et enfin, des fragmens de beaux Trilobites et d’autres fossiles curieux. Il a joint à son Mémoire de très belles figures et une grande coupe du Tennessée. Ce mémoire intéressant est destiné à faire partie de ceux que publie la Société.