Cœur magnanime/Résignation (poésie)

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RÉSIGNATION


Mon Dieu, nous nous courbons sous ta volonté sainte.
  Nous ne murmurons pas.
De notre cœur brisé nous étouffons la plainte,
  Mais nous pleurons tout bas !

Pour lui la vie était si joyeuse et si belle !
  Hélas ! dès le matin
La mort, la froide mort a glacé de son aile
  Ce radieux destin !

Il n’avait pas vingt ans ! sur son front l’innocence.
  Brillait, reflet des cieux.
Quand sur nous rayonnait sa pure adolescence,
  Que nous étions heureux !

Oui, nous étions heureux lorsque son doux sourire
  Illuminait nos jours.
Ici-bas plus jamais nous ne le verrons luire,
  C’est la nuit pour toujours !

Mais qu’importe, ô mon Dieu, que désormais le monde
  Pour nous n’ait plus d’attraits.
Si lui, dans ton beau ciel, de bonheur surabonde.
  Trêve aux amers regrets !

Puis, qui sait ? tu craignais sans doute que la fange
  D’un séjour corrupteur,
Un jour, vint à souiller les ailes de notre ange
  Et ternit sa candeur !

Alors ton Cœur jaloux de garder l’âme pure
  S’est hâté de cueillir
Cet angélique lys que jamais la souillure
  N’a tenté de flétrir !

. . . . .


Mon Dieu, nous nous courbons sous ta volonté sainte.
  Nous ne murmurons pas.
De notre cœur brisé nous étouffons la plainte.
  Mais nous pleurons tout bas !