C. E. Casgrain : mémoires de famille/7

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Édition privée (p. 209-Généal).

APPENDICE


Extrait du Canadien du 17 juillet 1846 :


ADRESSE DES MESSIEURS DU COLLÈGE DE SAINTE-ANNE[1]


« C’est avec grand plaisir que nous publions la correspondance suivante. Nous sommes convaincus que Messieurs les Directeurs du Collège de Sainte-Anne, dans leur adresse, ont fidèlement exprimé, non seulement leur propre opinion, mais celle de tout le district de Québec, qui peut maintenant enfin espérer d’obtenir quelque justice dans la répartition des deniers publics pour les travaux d’amélioration.


« À l’honorable Charles Eusèbe Casgrain, avocat, commissaire des Travaux Publics.

« Monsieur, Nous nous sommes réjouis comme amis et comme canadiens, de votre nomination à la charge de commissaire des Travaux Publics. Nous n’aurions eu qu’à suivre l’impulsion du sentiment public, que l’expression sincère de nos propres sentiments vous était due ; mais à ce motif, non équivoque, s’en joint un autre tout particulier, en notre qualité de directeurs du collége de Sainte-Anne.

« Nous appellerions heureuse l’occasion de vous manifester hautement ce dernier motif, si elle n’avait pour suite regrettable votre éloignement de nos quartiers et la privation de nos liaisons réciproques, déjà plus d’une fois si utiles à notre jeune institution.

« Veuillez-donc, monsieur, agréer ce double témoignage que nous devons à votre caractère public et à votre généreuse amitié. Nous prions Dieu qu’il daigne continuer de bénir les vœux les plus chers d’un citoyen et d’un ami encore plus honorable par ses vertus, que par son caractère et le rang qui le distingue.

« Nous nous souscrivons, monsieur, avec pleine estime et considération, vos serviteurs et amis,
« Al. Mailloux, Ptre.
C. Gauvreau, Ptre.
F. Pilote, Ptre.
T. B. Pelletier, Ptre.
C. E. Richard, Ptre.
J. C. Cloutier, Ptre.
« Collège de Sainte-Anne, 27 juillet 1846. »


Voici la réponse de M. Casgrain :
« Montréal, 1er août 1846.
« Aux Révérends Messieurs Mailloux, Gauvreau, Vicaire Général, et Messieurs Pilote, Richard et Cloutier, prêtres et directeurs du Collège de Sainte-Anne, etc., etc.
« Messieurs et respectables amis,

« Je suis particulièrement sensible à la bienveillance et à la manière si honorable dont vous me traitez, dans votre lettre du vingt-sept du mois dernier, qui m’a été remise au moment de mon départ de la Rivière-Ouelle, et à laquelle je n’ai pu répondre qu’à mon arrivée ici.

« Il m’est bien flatteur que l’acceptation de la charge de second Commissaire des Travaux Publics ait rencontré l’approbation de mes concitoyens, dans ma localité, et surtout celle de Messieurs les Directeurs du Collége de Sainte-Anne, ces dignes membres d’une maison que j’ai toujours affectionnée.

« Je sens combien j’ai perdu en m’éloignant d’amis aussi sincères que respectables, dont la fréquentation était une des plus grandes jouissances de ma vie, et dont le souvenir me sera infiniment cher.

« Veuillez recevoir l’assurance de ma haute considération et du respect profond, avec lequel j’ai l’honneur de me souscrire,

Messieurs,
« Votre très-humble serviteur et ami dévoué,
« C. E. Casgrain. »

Le Canadien du 7 août 1846 contient la publication des autres adresses qui furent présentées, à la Rivière-Ouelle, à votre père au milieu d’un grand concours de personnes. Ces adresses furent faites à la suite d’une grand’messe recommandée par M. Casgrain, pour demander à Dieu ses bénédictions sur la nouvelle position qu’il allait occuper.

« Nous sommes heureux de voir, que dans le peu de mots dont nous avons accompagné l’annonce de l’acceptation, par l’honorable M. Casgrain, des fonctions de commissaire des Travaux Publics, nous n’avons fait qu’anticiper l’expression des sentiments de tout ce qu’il y a de plus respectable dans le district de Québec, et en particulier de ceux que des rapports de voisinage ou autres ont mis plus à même d’apprécier les qualités de ce digne et vertueux citoyen. C’est pour ses compatriotes du district de Québec surtout, et non pour M. Casgrain lui-même, que nous nous réjouissons de cette nomination. Ce Monsieur, d’une santé très-délicate, indépendant du côté de la fortune, et préférant par goût la vie des champs, où il était tranquille et heureux au milieu de sa famille et de ses nombreux amis, à la vie agitée des villes, aux luttes des parties et aux intrigues de la politique, a fait, nous le savons, un très-grand sacrifice, en acceptant un emploi qui dérange ses habitudes, et l’éloigne temporairement de ce qu’il a de plus cher au monde ; et nous sommes persuadés que ce sera bien volontiers qu’il s’en démettra, du moment qu’il ne croira plus pouvoir y être utile à ses compatriotes. Aussi, éprouvons-nous un vrai plaisir à publier les documents suivants qui nous sont parvenus depuis le départ de M. Casgrain, dont nous avons annoncé le passage à Québec en route pour Montréal. »

« Rivière-Ouelle, 28 juillet 1846.

« Monsieur l’Éditeur, votre note éditoriale, en date du 17 juillet courant, sur la récente acceptation par C. E. Casgrain, écuyer, de l’office de second Commissaire des Travaux Publics, me fait espérer que vous accueillerez avec bienveillance la correspondance suivante de celui qui a l’honneur de se souscrire, avec considération, Monsieur, votre obéissant serviteur,

De St. J.

« Mardi dernier, la plus grande partie des notables et des citoyens de la paroisse de la Rivière-Ouelle et une grande partie des notables et des citoyens des paroisses de Sainte-Anne, de Kamouraska et de Saint-Denis, et quelques notables de Saint-Roch, se rendirent à la demeure de C. E. Casgrain, écuyer, pour lui faire un triste mais consolant adieu.

Arrivé là, le Révd. M. Bégin, curé de la Rivière-Ouelle, après un laconique discours rempli de sentiments et d’à propos, présenta à M. Casgrain l’adresse suivante :

« Adresse des notables et des citoyens des paroisses de la Rivière-Ouelle, de Sainte-Anne de la Pocatière et de Saint-Denis, etc., etc.

« À l’Honorable Charles-Eusèbe Casgrain.

« Monsieur, — Permettez-nous, au moment où vous vous séparez de nous, de vous offrir nos adieux et de vous présenter les témoignages de notre estime et de notre considération.

« Si votre caractère de bon citoyen, d’homme probe, instruit et judicieux, n’était une garantie certaine du bien que le public devra retirer de votre acceptation de l’office de commissaire des Travaux-Publics, aujourd’hui, nous vous conjurerions de rester parmi nous, où, depuis près de vingt années, votre esprit de conciliation et de droiture et votre générosité, vous ont fait prodiguer gratuitement aux pauvres comme aux riches, vos lumières et vos talents qui nous furent si utiles.

« Nous connaissons parfaitement bien, Monsieur, que la haute position à laquelle vous êtes appelé, est loin d’augmenter l’heureuse indépendance de votre fortune, et que les conseils de vos amis et l’intérêt public ont pu seuls vous engager à leur sacrifier votre repos et vos intérêts.

« Nous connaissons combien il est pénible à l’homme sensible de briser avec les affections qu’il a contractées pour les lieux qui l’ont vu naître ; pour les lieux où il fut entouré du respect et de la considération de tous ses concitoyens ; et puis nous voudrions vous féliciter ; mais nous avons trop à regretter…

« Nous avons l’honneur d’être avec considération, Monsieur, vos très-humbles et obéissants serviteurs.

(Ci suivent les signatures de deux cents des notables de l’endroit, et des plus honorables citoyens.)


Et aussitôt après lecture de cette adresse, l’honorable A. Dionne, qui avait marché en tête de l’assemblée, accompagné de M. Bégin, présenta l’adresse suivante :

« Adresse à l’honorable Charles-Eusèbe Casgrain, à l’occasion de sa nomination récente sur la commission du Bureau des Travaux Publics et de son prochain départ de la Rivière-Ouelle, pour fixer sa résidence à Montréal.

« À l’honorable Charles-Eusèbe Casgrain, de la Rivière-Ouelle.

« Nous soussignés, le maire et les conseillers municipaux de la paroisse Saint-Louis de Kamouraska, et autres notables de la dite paroisse,

« Vous déclarons que c’est avec le plus vif regret, que nous avons appris votre prochain départ pour la capitale.

« Les importants services que vous avez rendus au comté de Kamouraska, par vos avis gratuits et conciliants, comme avocat ; vos vertus publiques et privées et la justice que l’on ne doit jamais refuser de rendre au mérite, nous font un devoir, dans les circonstances actuelles, de vous dire que la conduite habile et impartiale avec laquelle vous avez rempli tous les devoirs de citoyen, vous a mérité la satisfaction publique et nous fait espérer que cette partie du district qui a de tout temps été négligée sous le rapport des communications intérieures, obtiendra enfin par votre médiation la justice qui lui est due.

« Agréez, Monsieur, l’assurance de notre estime la plus sincère, et nos vœux pour votre bonheur futur.

« Kamouraska, 27 juillet 1846. »


Après quoi M. Casgrain prononça quelques mots de remercîments, avec cette émotion qui amène aux yeux les larmes du cœur, et ne pouvant surmonter les impressions laissées dans son âme à la suite de telles manifestations de considération et de regrets, chargea M. Letellier, notaire de la paroisse de la Rivière-Ouelle, de donner les réponses suivantes :

« À Messieurs les notables et citoyens des paroisses de la Rivière-Ouelle, Sainte-Anne, Saint-Denis et Saint-Roch,

« Messieurs, — L’approbation de ma conduite passée, les sentiments d’estime et de confiance que vous voulez bien me témoigner dans cette circonstance, me sont extrêmement flatteurs et précieux, mais bien au-dessus de mes mérites et des faibles services que j’ai rendus. Si j’ai pu opérer quelque bien, je le dois à la coopération cordiale que j’ai toujours rencontrée parmi vous.

« Appelé, par le gouvernement de Sa Majesté, à remplir une place de responsabilité, aidé de la Providence et fort de votre appui, j’espère pouvoir m’acquitter de mes nouveaux devoirs pour l’avantage général et surtout pour cette section considérable et importante du pays trop négligée jusqu’à ce jour.

« Si je ne croyais devoir vous être plus utile dans ma nouvelle position, je n’aurais pas consenti à sacrifier mes goûts, mes habitudes domestiques, et encore moins à froisser les liens d’affection étroite qui m’unissent à vous, en laissant cette paroisse, que j’avais choisie pour tombeau. Néanmoins c’est ma volonté exprimée, que mes cendres reposent avec les vôtres. Madame Casgrain est aussi sensible que moi à l’hommage que vous lui rendez et à la manifestation de vos sentiments d’estime et de considération à son égard, ainsi qu’aux souhaits que vous formez pour notre bonheur et celui de notre famille. Nous n’oublierons jamais vos procédés pleins de délicatesse et d’attention pour nous : ils seront un adoucissement aux regrets amers que nous avons de vous quitter.

« Veuillez bien recevoir, messieurs, l’assurance respectueuse de ma haute estime et considération et me croire, bien parfaitement, votre très-humble serviteur et ami dévoué.

« (Signé) C. E. Casgrain. »

« À l’honorable M. le maire, MM. les conseillers municipaux et autres messieurs notables de la paroisse de St. Louis de Kamouraska.

« Messieurs, je ne puis assez vous remercier de votre attention marquée, de laisser vos occupations et de venir d’une paroisse éloignée pour me témoigner votre confiance et l’expression de vos sentiments à l’occasion de mon acceptation de l’office de second commissaire des Travaux Publics. C’est pour moi un grand sujet de satisfaction de rencontrer votre approbation et votre appui. Les sentiments que vous entretenez à mon égard sont bien au-dessus de mes mérites ; je sens que j’en suis en grande partie redevable à votre indulgence et à votre amitié ; mais tous mes efforts tendront à m’en rendre digne et à appeler spécialement l’attention du gouvernement de sa Majesté sur cette partie importante de la Province.

« Il est inutile de vous dire combien il m’en coûte de vous laisser et de me séparer d’amis aussi sincères que dévoués. Veuillez recevoir, messieurs, l’expression de ma vive reconnaissance et croire à mon respectueux et profond attachement pour vous.

« (Signé) C. E. Casgrain. »
« Rivière-Ouelle, 28 juillet 1846. »

« Qu’elles étaient belles, M. l’éditeur, ces manifestations rendues à un citoyen en présence de plus de trois cents personnes et qu’il fut difficile pour M. Casgrain de donner un dernier adieu à ceux qui venaient de lui exprimer ainsi leurs regrets, leurs félicitations et leurs souhaits ! Mais tout n’était pas fini : un cortége de voitures contenant les notabilités qui s’étaient rendues chez M. Casgrain, en cette circonstance, l’accompagnèrent jusqu’à l’église de Sainte-Anne, où M. Casgrain les pria de s’arrêter. Après être descendu de voiture et leur avoir tendu la main une dernière fois, il les remercia de leur généreuse démarche et alors le cortége se divisa et plusieurs voitures continuèrent malgré ses instances jusqu’à Saint-Roch. De semblables démonstrations, en faveur d’un citoyen, ne sont-elles pas une garantie ? et l’homme à qui elles sont adressées ne mérite-t-il pas la plus haute considération ? C’est ce que je laisse au jugement du public. »

Comme c’est souvent le cas, la nomination de M. Casgrain au poste important de second commissaire des Travaux Publics ne fut pas du goût de tout le monde. Le Herald (journal de Montréal) avait vu dans cette nomination trop de favoritisme pour le parti canadien-français et s’était même servi d’expressions un peu cavalières.

Voici comment la Revue Canadienne signale cet incident :

« Le Herald, il y a quelques jours, avait fait injure à M. Casgrain du département des Travaux Publics, en le classant avec des gens du calibre de M… Le Pilot dans son dernier numéro a réclamé contre une attaque aussi injuste que mal fondée. Le Herald de ce matin fait ample apologie à M. Casgrain, qui jouit au milieu de nous du caractère le plus honorable et de l’estime générale. »

« We had, » dit le Herald, dans son apologie « no intention of imputing anything dishonorable to Mr. Casgrain, whose character as a gentleman, and a man of honour certainly altogether removes him from the company in which we placed him. We meant merely to condemn an appointment which, as it appears to us, was made because of Mr. Casgrain’s french name rather than for any fitness of office. For that gentleman, we entertain the highest respect, and should extremely regret any remark of ours which could cause him pain. »




LA FAMILLE BABY



Les détails qui suivent vous feront connaître ce que furent vos ancêtres maternels. Ils sont extraits d’un ouvrage publié récemment à Montréal sur les principales familles canadiennes.

« Les éminents services que la famille Baby a rendus de tout temps au pays ; la réputation qu’elle s’est acquise en ces dernières années par son esprit d’entreprise, ne nous permettent pas de la passer sous silence. Elle appartient d’ailleurs à ce groupe de races illustres qui ont si puissamment contribué à la conservation et à la prospérité de la Nouvelle-France. Ses armes sont : de gueules à trois lions d’or, deux et un. Alliée aux du Sablé, aux de Longueuil, aux de Lanaudière, aux de Gaspé, etc., cette famille compte encore aujourd’hui de nombreux rejetons.

JACQUES BABY DE RANVILLE

M. Jacques Baby de Ranville est le chef de cette famille en Canada. Comme les Lanaudière, il était originaire de la Guienne et descendait de Jean Baby, seigneur de Ranville, et de Dame Isabeau Robin. Il passa dans la Nouvelle-France avec le Régiment de Carignan, où il était officier (1665). S’étant déterminé, sur les instances de ses chefs, et à l’exemple de la plupart des officiers de ce régiment, à s’y fixer il s’établit dans la paroisse de Champlain. D’après le recensement de 1681, on voit qu’il possédait déjà, à cette époque, 40 arpents de terre défrichée et 8 bestiaux. C’était alors une propriété considérable ; car Monsieur de Varennes, gouverneur des Trois-Rivières, n’avait que le même nombre d’arpents de terre défrichée.

Comme trait caractéristique de cette période primitive, on remarque, en feuilletant ce recensement, le soin que l’on prenait de constater le nombre et la qualité des armes dont chaque famille était munie pour la défense de la colonie. Ainsi l’on voit que Jacques Baby possédait un fusil et un pistolet. Il avait à son service deux domestiques dont les noms de baptême nous ont été conservés : Maximin né en 1631 et Magdeleine née en 1665.

M. Jacques Baby épousa en 1670 Mlle Jeanne Dandonneau du Sablé, fille de M. Dandonneau, seigneur de l’Isle-du-Pads, et de dame Jeanne LeNoir[2].

Élève de la vénérable Mère de l’Incarnation, première supérieure des Ursulines de Québec, Mlle du Sablé répondit de tout point à la solide éducation qu’elle avait reçue et aux espérances qu’elle avait fait concevoir. Modèle achevé des épouses et des mères, elle fut pour toute la colonie une prédication vivante. Aussi Dieu bénit-il visiblement son mariage. De cette union sont sortis grand nombre d’enfants qui tous firent honneur à leur noble origine, sous les noms de Duperron et de Chèneville. Trois des demoiselles firent d’excellents mariages. Marie-Anne épousa M. de Lusignan appartenant à une maison des plus honorables. Les deux autres entrèrent dans la famille Crevier et l’une d’elles devint belle-mère de M. P. Boucher, ce vénérable patriarche qui a laissé aux générations futures de si beaux exemples.

Raymond, le plus jeune de la famille, s’étant fixé à Montréal, y épousa, le 9 juin 1721, Mlle Thérèse Dupré, fille de M. Louis LeComte Dupré et de Dame Catherine Saint-Georges. Par sa fortune, par ses alliances avec les Juchereau Duchesnay, les Picoté de Bélestre, les Hertel, etc., cette famille était alors une des plus considérables du pays. Devenu père d’une nombreuse famille, M. Baby vit ses enfants, Louis, Jacques, Antoine et François, prendre part à toutes les guerres sanglantes de l’époque et s’y faire une réputation de bravoure des plus dignes d’envie. En 1755, connaissant la singulière influence qu’ils s’étaient acquise sur les Sauvages par leur conduite à la fois douce et ferme. M. de Contrecœur qui commandait au fort Duquesne, leur confiait une mission des plus périlleuses : celle de repousser les Anglais avec quelques guerriers de la nation des Loups : « Aussitôt le présent ordre reçu, est-il dit dans le document qui en fait foi, ils partiront avec un parti de Chaouénons et de Loups, pour aller à la rencontre des Anglais. Si l’ennemi n’a pas dépassé la hauteur des terres, ils s’en reviendront sans frapper, et empêcheront, autant qu’il leur sera possible, les Sauvages de le faire. Si, au contraire, ils les trouvent en armes sur les terres du Roi, ils les repousseront par la force, mais auront attention pour que les Sauvages n’exercent aucune cruauté envers les prisonniers. Fait au fort Duquesne, le 18 juin 1755. (Signé) Contrecœur. »

L’année suivante, M. Dumas qui, après la mort de M. de Beaujeu, avait été chargé de commander à sa place au fort Duquesne, également confiant dans l’habileté et la valeur des jeunes Baby, donnait à l’un d’eux l’ordre suivant : « Il est ordonné au sieur Baby de partir avec un détachement de troupes, pour se rendre en Pensylvanie. Il s’attachera à observer les mouvements de l’ennemi, s’efforçant de saisir ses convois et de faire des prisonniers, afin de pénétrer ses desseins. Il marchera avec toutes les précautions possibles, afin d’éviter toute surprise, ayant toujours des éclaireurs en avant et sur ses ailes. Il emploiera son talent et le crédit qu’il a sur les Sauvages, pour empêcher toute cruauté à l’égard des prisonniers. Fait au fort Duquesne, le 20 juin 1756. (Signé) Dumas. »

Les Anglais persistant à s’emparer de la vallée de l’Ohio, M. de Ligneris qui avait succédé à M. Dumas dans le commandement du fort Duquesne, envoya encore M. Baby à leur poursuite. C’était au mois d’août 1757. L’ordre est ainsi conçu : Il est ordonné au Sieur Baby, officier dans les troupes, de partir incessamment de ce fort, avec le parti dont nous lui avons donné le commandement, afin de reconnaître l’ennemi et de l’attaquer, s’il trouve jour à le faire. Il prendra le plus grand soin pour savoir ses intentions et nous en donnera avis le plus promptement qu’il lui sera possible. S’il fait des prisonniers, il veillera à ce que les Sauvages ne se permettent aucune cruauté à leur égard et fera tous ses efforts pour les en empêcher. (Signé) De Ligneris.

L’année suivante, au mois d’avril, le même officier chargeait les MM. Baby d’une nouvelle mission en Virginie. « Il est ordonné au Sieur Baby, officier de milice, est-il dit dans ce nouveau document, de partir incessamment de ce fort, avec le Sieur Duperon, son frère, et de lever un parti de guerre qu’ils commanderont conjointement. Ils se mettront en campagne le plus promptement possible et iront frapper dans la province de la Virginie. » Les deux intrépides officiers étaient à peine de retour, ramenant avec eux vingt-neuf prisonniers, qu’ils étaient priés par M. de Vaudreuil de prêter main-forte à M. Duplessis, major des troupes à Montréal. En 1760, lorsqu’il fut question d’arrêter l’ennemi dans sa marche sur Montréal, ils furent encore envoyés à l’Île Sainte-Hélène, où commandait M. d’Ailleboust.

Comment les MM. Baby s’acquittèrent-ils des différentes opérations qui leur furent confiées ? C’est ce que nous apprend M. de Vaudreuil dans les lignes qu’on va lire :

« Pierre Rigaud, marquis de Vaudreuil, Grand’Croix de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, Gouverneur et Lieutenant-Général pour le Roy en toute la Nouvelle-France, certifions que les Sieurs Baby frères ont donné dans toutes les occasions les plus grandes preuves de leur zèle et de leur désintéressement pour le service du Roy, qu’ils se sont distingués par leur bravoure et leurs talents, dans toutes les occasions qui se sont données contre l’Anglais, que depuis l’établissement de la Belle-Rivière, il y en a toujours eu quelques-uns d’entre eux employés auprès des nations de cette contrée, et que dans plusieurs circonstances très-critiques, nous avons ressenti, avec avantage, le crédit et l’autorité qu’ils ont sur ces peuples ; qu’en dix occasions, on leur a confié des détachements qu’ils commandaient en chef pour aller frapper sur les provinces de l’ennemi, et toujours avec succès, entre autres en 1758, avec 30 hommes, ayant fait dans la Virginie et amené au fort Duquesne vingt-neuf prisonniers. L’hiver dernier 1760 le commandant du Détroit, étant dans le cas d’envoyer des présents aux nations de ces contrées, et n’en ayant point dans les magasins, ces Messieurs, qui étaient destinés pour cette affaire, les ont faits eux-mêmes. Enfin, qu’ils ont saisi, sans intérêt et avec empressement, tous les moyens de se rendre utiles. En un mot, que leurs services nous ont été si agréables que nous ne pouvions rien faire de mieux que de leur accorder le présent certificat. »

« Fait à Montréal le 15 juillet 1760.
« Vaudreuil. »

On ne peut rien ajouter à un éloge aussi flatteur.

M. Raymond Baby ne vécut pas assez longtemps pour être témoin des valeureux exploits de ses enfants. Il mourut au mois de mars 1737. Depuis longtemps son père et sa mère étaient descendus dans la tombe. Son épouse lui survécut quelques années et décéda aux Trois-Rivières entre les bras de la mère Thérèse de Jésus, l’une de ses filles, qui s’était fait religieuse chez les Ursulines de cette ville, où, après avoir rempli les diverses charges de sa communauté et donné les plus beaux exemples de vertu, elle s’endormit dans le Seigneur dans un âge très-avancé. Les autres demoiselles Baby restèrent dans le monde. L’une épousa M. Claude Benoist, chirurgien à Villemarie ; l’autre est devenue l’aïeule de M. J. F. Perrault, qui, à la prière de Lord Aylmer, mit par écrit, quoique âgé de quatre-vingts ans, le récit de ses intéressantes aventures. Une troisième devint l’épouse de M. Jean-Baptiste de Niverville, seigneur de Chambly. De leur côté, les MM. Baby, à part Antoine qui ne se maria point, s’étaient donné chacun une épouse. Louis, l’un d’eux, était entré dans la famille de Couagne. Le 24 juillet 1758, il avait épousé Mlle Louise de Couagne, fille de M. Jean-Baptiste de Couagne, capitaine d’infanterie, et de dame Marguerite LeNeuf de Falaise, les deux autres, Jacques et François, formèrent les deux branches qui suivent.

1o. Jacques Baby. — M. Jacques Duperron Baby, second fils du précédent, fut le chef de cette branche. Après s’être signalé, fort jeune, de concert avec ses frères, à la Monongahéla, sur les Plaines d’Abraham et à Sainte-Foye, le Canada ayant été définitivement cédé à la Grande-Bretagne, il passa au Détroit qui faisait encore partie intégrante du Canada. Alors bien des existences étaient brisées ; bien des avenirs étaient compromis. Dans le but de réparer les brèches que le malheur des temps avaient faites à sa fortune, il s’appliqua au commerce des pelleteries, à l’exemple de MM. de Lotbinière, de Verchères, Celoron de Blainville, etc. Les rapports que ce commerce nécessitait avec les sauvages, lui requirent en peu de temps une immense influence sur les tribus des pays d’en haut. Charmés de ses bons procédés, frappés de la loyauté de ses transactions, ces soupçonneux enfants des forêts mirent en lui toute leur confiance. M. Baby en profita pour leur donner de sages avis et se rendre utile à son pays.

En vue de reconnaître les services que M. Baby avait rendu à la couronne britannique, Lord Dorchester le nomma juge au Détroit. Le nouveau gouvernement ne pouvait compter sur un sujet plus dévoué. Lorsqu’éclata l’insurrection dans les colonies anglaises, loin d’embrasser le parti des insurgés, il mit tout en œuvre, d’abord pour les dissuader, et ensuite pour faire échouer leurs desseins sur le Canada. Il avait à cette époque des propriétés considérables : elles furent confisquées. Les promesses brillantes que l’on avait fait entendre à ses oreilles, n’avaient pu ébranler un instant sa fidélité : les mauvais traitements dont il fut alors l’objet, ne purent davantage abattre son courage, ni diminuer sa constance. Il demeura le modèle parfait du citoyen intègre. C’est dans ces sentiments qu’il termina son utile mais trop courte carrière en 1789, à Sandwich, n’étant encore âgé que de cinquante-huit ans.

Trente-six ans auparavant, le 20 novembre 1760, M. Baby avait épousé au Détroit, Mlle Suzanne de la Croix Réaume, personne des plus remarquables par la fermeté de son caractère et la beauté de son esprit. Cette dame survécut plusieurs années à son mari. Elle profita de son veuvage pour achever l’éducation de ses enfants auxquels elle sut inspirer, avec l’esprit d’abnégation et de sacrifice si nécessaire à cette époque, l’amour du foyer, l’éloignement des plaisirs dangereux, la fidélité aux devoirs, le respect des convenances et l’attachement aux nobles traditions que leur avaient léguées leur père et leur grand-père. Ses enfants étaient au nombre de onze : sept garçons et quatre filles.

Les demoiselles firent toutes des mariages avantageux. L’une épousa M. Caldwell ; une autre devint l’épouse de M. Allison, et a été, comme on l’a dit, belle-mère de M. P. de Gaspé. Des deux autres, l’une fit alliance avec M. Ross-Lewin ; l’autre contracta mariage avec M. Bellingham, devenu depuis Lord Bellingham.

Pendant que les demoiselles Baby formaient ces unions dans le monde, leurs frères se faisaient un nom à l’armée. — Daniel, après s’être signalé en Espagne, sous Wellington, en qualité de lieutenant dans le vingt-quatrième régiment d’Infanterie, acheva de se couvrir de gloire au siège de Badajoz. Plus heureux que les deux de Salaberry, ses compatriotes, qui y trouvèrent la mort, il en revint sain et sauf, et parvint quelque temps après au grade de lieutenant-général. Il est mort tout récemment à Londres, après avoir eu le plaisir de recevoir la visite de son cousin, l’Honorable François Baby. — Antoine, ayant aussi pris du service, passa aux Indes, où sa bravoure lui mérita le grade de Major dans son régiment. Ayant alors épousé une demoiselle d’origine française, il quitta le service et vint se fixer à Tours, où on le voyait encore en 1860. — Louis suivit également ses frères aux Indes. C’est là qu’il fut promu au grade de capitaine dans le vingt-quatrième régiment d’infanterie. Il en remplissait les fonctions, lorsqu’il trouva la mort, en combattant à la tête de ses troupes. — Pierre, un autre de leurs frères, embrassa la carrière médicale. Comme il possédait de rares talents, on l’envoya à Édimbourg, en Écosse, suivre les cours de médecine en cette ville. De retour dans son pays, le jeune docteur se fixa dans le Haut-Canada, où il s’allia à une famille d’origine écossaise.

IIo. Jacques Baby. — M. Jacques Baby, frère des précédents, continua la lignée. Il était l’aîné de la famille, et il peut en être considéré comme le plus marquant.

La notice biographique suivante fut écrite à sa mort par son ami, le lord bishop Strachan, de Toronto :

« James Baby. — It is with extreme concern that we announce to the public, the loss of so valuable and respected a member of this Society, as the Hon. James Baby, who after a very short but severe illness, breathed his last, on the afternoon of Tuesday, the 19th inst., in the 71st year of his age. — As very few persons had heard of his illness, the report of his death produced a great sensation, for he was much beloved by all who knew him. His disease was at first attended with excessive pain and repeated convulsions, and when they abated, he was reduced to a state of great debility, and had lost the power of articulation. He was nevertheless quite sensible, knew what was said to him and recognised his friends when they approached him. He seemed fully aware of his approaching dissolution, and bearing his illness with great fortitude and composure, he looked forward to the awful event, with tranquil resignation.

« Those animating hopes with which he had always rested in humble confidence on the mercies of his God, enabled him to contemplate death without dismay ; and his last moments were marked with that elevated serenity and pious submission, which well became the conclusion of a life in which the great duties of a man and a Christian, had been conscientiously discharged.

« In every thing that relates to the life and character of a person so extensively known through both Provinces and deservedly beloved, the public will naturally feel a lively curiosity ; and we lament that we are unable to meet this laudable desire with any other than a hasty and imperfect sketch of both. Yet short as our notice must of necessity be, there will be found something to stimulate to moral improvement, something to recommend and inspire the love of virtue and to exemplify the rewards of rectitude and the consolation of religion.

« James Baby was born at Detroit in 1762. — His Family was one of the most ancient in the colony and it was noble. His father had removed from Lower Canada to the neighbourhood of Detroit, before the conquest of Quebec where, in addition to the cultivation of lands, he was connected with the fur trade at that time, and for many years after, the great staple of the country. James was educated at the Roman Catholic Seminary at Quebec, and returned to the paternel roof soon after the peace of 1783. The family had ever been distinguished (and indeed all the higher French Families) for their adherence to the British crown ; and to this more than to any other cause, are we to attribute the conduct of the Province of Quebec during the American war. Being a great favorite with his father, James was permitted to make an excursion to Europe, before engaging steadly in business, and after spending some time, principally in England, he rejoined his family.

« Infortunately the limits assigned by treaty to the United States, embraced within it the larger portion of his father’s property, and the family attachment to the British Government, being well known, they were looked upon with little favour by the American population, and found it necessary, after much loss and disappointment, to remove to the north side of the River Detroit, which constitutes the boundary of Upper Canada. When the province of Quebec was divided into two distinct governments, Upper and Lower Canada, the subject of this notice became an Executive and Legislative Councillor of the former, and continued in the regular and efficient discharge of the high and important duties of these eminent stations, to the day of his death.

« Soon after his return from England, he became extensively concerned in the fur trade, and other commercial pursuits ; but war with the United States having broken out, all business was suddenly and completely stopped by a hostile invasion. Previous to this, he had experienced very serions losses in his commercial dealings, and also in the erection of mills, on the property still retained with the territories of the United States, and was endeavouring to make such arrangements as would relieve him to attend to his farm and orchard, and his promising family. The sudden war, and the calamities which it occasioned him were not the only evils which befell him. — About the same time, he lost an affectionate wife, leaving five sons and one daughter, all very young.

« To this Lady, a woman of excellent name, unblemished worth, and attentive to every conjugal and domestic duty, he had been married several years, and in her society, had enjoyed the greatest happiness. Her death gave him a great shock ; nor did he perhaps everwholly recover from the blow, for there were moments when he felt the loss, even to the last, most deeply, and he never married again. The death of Mrs. Baby appeared to blast his hopes, and derange his purposes, and to throw him as it were adrift on the ocean of life.

« The commencement of the war was perhaps fortunate for him under his heavy bereavement, for he was immediately called to active service. He commanded the Militia of the Western District and performed many services highly essential to the preservation of the Province. The people were anxious to win his favour ; they had the most unlimited confidence in his judgment, and at his request their provisions, their cattle, and personal services were ever ready to support the King’s forces in making head against the enemy. When it was in contemplation to withdraw the troops from the Western part of the province, he sent his children to Quebec ; and when this event took place, he found his health so much impaired by fatigue and privation, and the grief which still consumed him, that he found it necessary to adopt the advice of his Physicians, and to retire to Lower Canada.[3]

« There he remained with his children till the re-establishment of peace, but not in the enjoyment of health, nor was it till after he had been some time at Sandwich that his strength and energy returned.

« His merits had been so conspicuous during the war — his services so disinterested — his losses and privations so great, that government was anxious to confer upon him some mark of approbation, and knowing that his means had been very much impaired by the sacrifices he had made, it was determined to confer upon him the first office that became vacant, if worthy of his acceptance. As if to meet these views, the office of Inspector General a place of great responsibility, was in a short time at the disposal of government, and was immediately bestowed upon M. Baby. The last 17 years of his life have been spent at York (aujourd’hui Toronto), in the discharge of the duties of this office, and never has there been the slightest shadow of complaint — a fact, the more remarkable as he had to check every other office in the province, and to pronounce in a variety of questions, in which numbers were deeply interested, but such was the public confidence in his integrity and honor, that not a murmur was ever heard.

« As a member of both Councils he displayed the most uncompromising probity and no influence could induce him to give up an opinion, which, after mature examination, he concluded to be right. Owing to his having cultivated both languages, French and English, and sometimes speaking in the one, and sometimes in the other, he seemed, at times, slow of apprehension, and after having made up his mind somewhat pertinaceous, but it was the result of high principle — there was nothing of levity or selfishness allowed in forming his conclusions.

« There was a primitive simplicity in M. Baby’s character, which added to his polished manners and benignity of disposition, threw a moral beauty around him which is very seldom beheld. His favorite amusements partook largely of this simplicity. He was fond of fishing — The solitude with which it was attended was congenial to his mind — it gave him exercise, fresh air and an appetite. For this amusement he had always a strong predilection. — It required hope and much patience ; and indeed, few can sit quietly on the flowery bank of a calm river, separated from the cares and business of the world, without falling into such contemplations as shall benefit their souls.

« He had, perhaps, still greater pleasure in attending to his garden — to prune, to bud and graft, to sow and plant were among his most agreable employments — he delighted in watching the progress of his labours — and was anxious to discover new methods of improving fruits and plants, and ascertaining the most approved methods of cultivation. We would frequently find him hastening in the morning to enjoy his garden, and no man can be fond of its fruits and flowers, and the delightful enjoyment which they yield both to eye and ear by their perfumes and colours, without having his heart touched with gratitude to God, their Creator and was evident in every thing around him. — He had a number of canary birds, which he tended with great care and rejoiced as much in their increase as if he had received some great reward, and when the room resounded with their songs, expressive of their joys, their loves and their happiness, he appeared to participate in their innocent delights. We might proceed to mention the interest which he took in the comfort and happiness of all the domestic animals which he kept about him, but we must hasten to a close.

« His external accomplishments and manners were highly adapted to win affections esteem. To an address pecularly engaging from its dignity, urbanity and ease, was united a cordiality and kindness of deportment which induced one to desire a more intimate acquaintance.

« In his social intercourse he was an universal favorite for the sweetness of his temper, and innocence of his heart opened the affection of all in his favor. It was not that he was distinguished for his colloquial powers, for he was by no means the leader in conversation, but there was the polish of the most refined manners ripened by innate benevolence, which made him so acceptable in all companies, that those only who have had the happiness of meeting him often in society, can form a just conception of the pleasure of his presence.

« But highly as this excellent man was to be admired and loved for his engaging manners and virtuous sentiments, the exalted qualities which dignified his moral nature are still more worthy of approbation. There were the gems which shed around his character, that lustre which made him so great a favorite. A strict probity and inviolable love of truth were perhaps the most prominent of his moral virtues. From these his conduct derived such a purity and elevation as could only spring from a mind in which the finest sensibilities of virtue had ever remained uncontaminated by the consciousness. »





l’honorable juge

PHILIPPE PANET


(Voir page 182.)

Je dois, avant de terminer ces Mémoires, rendre à cet excellent ami un témoignage tout particulier d’estime et de reconnaissance. La plus étroite amitié unissait M. Panet à votre père, et ils s’étaient mutuellement promis, par testament, que celui qui survivrait à l’autre, prendrait tous les intérêts de la famille de son ami défunt.

M. Panet, ayant survécu à votre père a rempli jusqu’à sa mort cet engagement avec une sollicitude dont le souvenir m’attendrit toujours et doit rester gravé dans vos cœurs.

Il est inutile de faire ici son éloge : son nom est resté comme le synonyme de la vertu. Mgr. Turgeon, archevêque de Québec, dans l’oraison funèbre qu’il a prononcée sur sa tombe, a résumé en deux mots toute sa vie, en lui appliquant ce texte de la Sainte-Écriture : Dilectus Deo et hominibus. Il était aimé de Dieu et des hommes.


FIN.

ARBRE GÉNÉALOGIQUE DE LA FAMILLE BABY.

Séparateur


Né vers 1590.
Jean Babie, Seigneur de Ranville
Dame Isabeau Robin

Né en 1633, mort en 1688.
Jacques Babie de Ranville
Jeanne Dandonneau Du Sablé

Né en 1688, mort en 1737.
Raymond Baby
Thérèse Le Comte Dupré

Josephte Baby
Louis Perrault
Né en 1731, mort en 1789.
L’Honorable Jean Dupéron Baby
Suzanne De la Croix Rhéaume
Ursule Baby
Dr Claude Benoit
L’Honorable François Baby
Adélaïde Tarieu de Lanaudière





Joseph François Perrault
Ursule McCarthy
Thérèse Baby
Thomas Allison
Né en 1762, mort en 1833.
L’Honorable Jacques Dupéron Baby
Elisabeth Abbott
Ursule Benoit
Major Richard McCarthy
L’Honorable François Baby
Marie Clothidle Pinsonnault





François-Xavier Perrault
Esther Lussier
Susanne Allison.
Philippe Aubert de Gaspé.
Eliza Anne Baby
L’Honorable Charles E. Casgrain
Ursule McCarthy. William Baby.
Alice Baby.


Mathilde Perrault
Philippe Baby Casgrain
Charles Eusèbe.
Philippe Baby.
Marie Élisabeth, Sœur Ste. Justine
Auguste Eugène.
Henri Raymond.
Susanne Archange, Mme C. A. P. Pelletier
Julie Virginie, Sœur Baby.
William.
René Édouard
Joseph Alfred.
Herménégilde.
Marie Anne Rosalie.
Marie Émilie Adèle.
Marie Amélie, Sœur Marie-Marguerite.
  1. Voir pages 170 et 172.
  2. Son contrat de mariage fait à Champlain par le notaire Guillaume De la Rue, est daté du 1er juin 1670 : « furent présents, y est-il dit, honorable homme Jacque Babie, fils de deffunt honorable homme Jehan Babie, de la paroisse de Montelon, diocèse d’Aagen, etc., etc. »
  3. Ce ne fut qu’après le rétablissement de la paix, en 1815, qu’il descendit à Québec.