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Cady mariée/25

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La Renaissance du livre (p. 305--).

XXV

Le soir de l’inauguration du Printemps-Palace, l’affluence était énorme. Les invités de Paris ne formaient qu’un infime noyau au milieu de la multitude dense qui était accourue de tous les points de la région pour cette fête annoncée avec tapage, et autour de laquelle on avait réussi à créer de la curiosité.

Après le banquet, il y avait simultanément bal dans la grande galerie ‘des fêtes du palace, représentation dans la salle de théâtre, concert symphonique dans le parc illuminé, tziganes dans le hall du casino, séance de petits chevaux ; et, sur la mer, sorte de merveilleux cinématographe, c’étaient sans discontinuer, des passages de barques décorées et illuminées, alternant avec des feux d’artifice.

Toutes les salles étaient combles, le parc, les terrasses débordaient, et dès minuit, on soupait Page:Pert - Cady mariee.djvu/318 Page:Pert - Cady mariee.djvu/319 Page:Pert - Cady mariee.djvu/320 Page:Pert - Cady mariee.djvu/321 Page:Pert - Cady mariee.djvu/322 Page:Pert - Cady mariee.djvu/323 Page:Pert - Cady mariee.djvu/324 Page:Pert - Cady mariee.djvu/325 Page:Pert - Cady mariee.djvu/326 Page:Pert - Cady mariee.djvu/327 Page:Pert - Cady mariee.djvu/328 Page:Pert - Cady mariee.djvu/329 Page:Pert - Cady mariee.djvu/330

Il la sentit tressaillir sous sa main. Il serra plus étroitement les doigts qu’elle paraissait tentée de lui reprendre, instinctivement. Elle restait muette.

Il recommença, pressant, presque impératif :

— Dites ?… mais, dites donc ?… Ce n’est pas possible que vous l’aimiez ?…

Justement, ils passaient devant Georges. Il avait pris une chaise inoccupée, et assis de côté, le coude sur le dossier, le buste souple, il penchait la tête, montrant avec une coquetterie peut-être inconsciente la grâce de son cou blanc, presque féminin, où, sur la nuque, veloutait le blond pâle de sa chevelure. Ses cils, très longs, très noirs, étaient abaissés sur son regard.

Comme la jeune femme était redevenue fugitivement la Cady d’autrefois, lui aussi rappelait l’enfant aux boucles blondes qui, dans l’appartement solitaire de la courtisane sa mère, déjà pervers, attirait câlinement la fillette dans le grand lit…

Cady se redressa, une lueur ardente en ses yeux, et, serrant fortement, presque méchamment la main d’Argatte, elle dit, âpre et sèche :

— Si, je l’aime !… et puis, voilà !…

FIN