Catéchisme du diocèse de Sens/De la Mort

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Brown & Gilmore, imprimeurs de la Province (p. 76-77).

XL. De la Mort.

D. QU’eſt-ce que la Mort ?
R. C’eſt la ſéparation de l’ame d’avec le corps.
D. Mourrons-nous tous un jour ?
R. Oüi, nous mourrons tous pour porter la peine de nos péchez, & de celui d’Adam notre premier pere.
D. Quand mourrons-nous ?
R. Quand il plaira à dieu ; mais nous ne ſçavons ni le jour ni l’heure.
D. Que devient notre corps à la mort ?
R. On le met en terre où il ſe corrompt & ſe réduit en pouſſiere.
D. Reſtera-t’il toujours dans cet état ?
R. Non, il reſſuſcitera au jour du Jugement.
D. Notre ame meurt-elle auſſi avec le corps ?
R. Non, elle eſt immortelle.
D. Qu’eſt-ce qu’une bonne mort ?
R. C’eſt celle qui arrive à celui qui eſt en état de Grace.
D. Qu’eſt-ce que la mauvaiſe mort ?
R. C’eſt celle qui arrive à celui qui eſt en péché mortel.
D. Que devons-nous penſer de ces deux ſortes de morts ?
R. Nous devons deſirer la bonne mort, & craindre extrémement la mauvaiſe mort.
P. Qui ſont ceux qui font une bonne mort ?
R. Ce ſont ordinairement ceux qui ont vêcu ſaintement.
D. Mais ne peut-on pas faire pénitence à la mort ?
R. On le peut abſolument avec la grace de dieu, mais cela eſt rare, & l’on ne doit point compter là-deſſus.
D. Que doit faire un Chrétien pendant ſa vie ?

R. Il doit ſe préparer à la mort.
D. Eſt-il permis de déſirer la mort ?
R. Quand on la déſire par impatience ou par colere, c’eſt un grand péché ; mais il eſt bon de la déſirer pour voir dieu, & pour ne le plus offenſer ſur la terre.
D. Eſt-il permis de ſe donner la mort à ſoi-même ?
R. Non, ce ſeroit un grand crime, parce que nous ne ſommes pas maîtres de notre vie.

Parabole du Riche qui bâtiſſoit des greniers. S. Luc,
chap. 12.
PRATIQUES. 1. Demander chaque jour à Dieu la grace d’une bonne mort.
2. Prendre chaque mois un jour pour ſe préparer à la mort, ſe confeſſer & communier ce jour là, comme s’il étoit le dernier de notre vie.
3. Si on a du bien, faire ſon teſtament pendant qu’on eſt en ſanté, pour n’avoir point d’inquiétude dans la derniere maladie.