Catéchisme du diocèse de Sens/De la communion tiède
§ X.
De la Communion tiéde.
D. QU’entendez-vous par une Communion tiéde ?
R. J’entens celle qui ſe fait avec peu de préparation,
et ſans dévotion.
D. Qui ſont ceux qui font plus ordinairement de ces ſortes
de Communions ?
R. Ce ſont ceux qui n’ont point aſſez d’horreur du péché
véniel, qui ſont attachez aux biens de la terre et aux
plaiſirs de la vie, ou qui ſont négligens dans la pratique
des bonnes œuvres.
D. Que devons-nous penſer de ces Communions ?
R. Nous devons les craindre extrêmement, et les éviter
avec ſoin.
D. Pourquoi cette crainte ?
R. Pour trois raiſons. 1. Parce qu’elles font injure à notre
Seigneur, de la même maniere qu’on feroit injure à un
Roy qu’on recevroit négligemment dans ſa maiſon, et
ſans en ôter ce qui pourroit lui déplaire.
2. Parce qu’elles font beaucoup de tort à celui qui
communie ainſi, le privant des graces que Jeſus-Chriſt répand
dans les cœurs bien préparez !
3. A cauſe des ſuites funeſtes que cauſent ſouvent ces Communions
négligées.
D. Quelles ſont ces ſuites ?
R. Elles laiſſent l’ame dans une langueur ſpirituelle qui fait
qu’elle ſuccombe aiſément aux tentations. Elles diſpoſent
peu à peu à faire des Communions indignes.
D. Comment eſt-ce que les Communions tiédes diſpoſent
peu à peu à faire des Communions indignes ?
R. En ce que celui qui néglige les petits péchez, tombant
inſenſiblement dans les grands, négligera enſuite de ſe
corriger des grands comme des petits.
D. Quelles ſont les cauſes les plus ordinaires des Communions
tiédes ?
R. Les voici. 1. S’attacher trop aux biens de la terre, et
s’en trop occuper. 2. Négliger la pratique des bonnes
œuvre, et ſur tout la mortification des ſens. 3. Conſerver
l’habitude de quelque péché véniel dont on ne veut
pas ſe corriger. 4. S’accoûtumer à prier Dieu ſans attention
et ſans recüeillement.
D. Quels moyens faut-il employer pour éviter les Communions
tiédes ?
R. Voici les principaux. 1. Purifier ſon ame par la pénitence
de tout péché, et même des véniels.
2. Se recüeillir plus particulièrement, au moins dès la veille
de la Communion, et éviter les occupations et les compagnies
qui diſſipent trop.
3. Faire à Jeſus-Chriſt à chaque Communion, quelque
ſacrifice particulier, de quelques-uns de ſes attachemens ou
de ſes plaiſirs.