Catéchisme du diocèse de Sens/Du 5. Commandement

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Brown & Gilmore, imprimeurs de la Province (p. 93-95).

LI. Du V. Commandement.

Homicide point ne ſeras, de fait ni volontairement.

D. Que nous défend ce Commandement ?
R. Il nous défend d’offenſer la vie du Prochain.
D. Combien de ſortes de vies diſtingue-t’on dans le Prochain ?
R. On en diſtingue trois, la vie Naturelle, la vie Spirituelle, et la vie Civile.
D. Qu’entend-on par la vie Naturelle, la vie Spirituelle et la vie Civile ?
R. On entend par la vie Naturelle, la vie du corps ; par la vie Spirituelle, la ſainteté de l’ame ; par la vie Civile, la réputation.
D. Comment offenſe-t’on le Prochain dans ſa vie Naturelle ?
R. 1. Par penſée, en le haïſſant, ou lui ſouhaitant du mal.
2. Par paroles, en lui diſant des injures.
3. Par action, en le frappant ou lui donnant la mort.

D. A quoi eſt obligé celui qui a inſulté, ou frappé ſon Prochain ?
R. A réparer, s’il peut, l’injure qu’il lui a faite, et tout le tort qui en a ſuivi.
D. Comment offenſe-t’on la vie Spirituelle du Prochain.
R. En le portant à offenſer Dieu ; ce qu’on appelle Péché de ſcandale.
D. Comment offenſe-t’on la vie Civile du Prochain ?
R. En bleſſant ſa réputation.
D. En combien de maniéres bleſſe-t’on la réputation du Prochain ?
R. 1. En l’accuſant du mal qu’il n’a pas commis ; et cela s’appelle Calomnie.
2. En faiſant connoître le mal qu’il a commis, mais qui n’eſt pas connu ; et cela s’appelle Médiſance.
D. A quoi le médiſant ou le calomniateur eſt-il obligé ?
R. A réparer autant qu’il peut, la réputation du Prochain qu’il a bleſſée, même en ſe dédiſant lui-même, ſi cela eſt néceſſaire.
D. Quand les fautes du Prochain ſont publiques, eſt-il permis de s’en entretenir avec malignité ?
R. Non, cette malignité eſt contraire à la charité.
D. Eſt-il permis d’écouter la médiſance, et d’y prendre plaiſir ?
R. Non, car on eſt ſouvent coupable du péché que commet celui qui médit.

Hiſtoire d’Eſther, & la mort funeſte d’Aman. Liv. d’Eſther, chap. 7.
PRATIQUES. 1. Quand on a eu querelle avec quelqu’un, ne pas paſſer le jour ſans ſe réconcilier, et lui faire excuſe quand on l’a injurié ou maltraité.
2. Procurer la réconciliation des ennemis, et de ceux qui ſont en procès.
3. Empêcher les médiſances quand on le peut, excuſer ceux dont on dit du mal, avertir ceux qui médiſent, du péché qu’ils commettent.