Catéchisme du diocèse de Sens/Du 5. Commandement
LI. Du V. Commandement.
D. Que nous défend ce Commandement ?
R. Il nous défend d’offenſer la vie du Prochain.
D. Combien de ſortes de vies diſtingue-t’on dans le Prochain ?
R. On en diſtingue trois, la vie Naturelle, la vie Spirituelle, et la vie Civile.
D. Qu’entend-on par la vie Naturelle, la vie Spirituelle et la vie Civile ?
R. On entend par la vie Naturelle, la vie du corps ; par la vie Spirituelle, la ſainteté de l’ame ; par la vie Civile, la réputation.
D. Comment offenſe-t’on le Prochain dans ſa vie Naturelle ?
R. 1. Par penſée, en le haïſſant, ou lui ſouhaitant du mal.
2. Par paroles, en lui diſant des injures.
3. Par action, en le frappant ou lui donnant la mort.
D. A quoi eſt obligé celui qui a inſulté, ou frappé ſon Prochain ?
R. A réparer, s’il peut, l’injure qu’il lui a faite, et tout le tort qui en a ſuivi.
D. Comment offenſe-t’on la vie Spirituelle du Prochain.
R. En le portant à offenſer Dieu ; ce qu’on appelle Péché de ſcandale.
D. Comment offenſe-t’on la vie Civile du Prochain ?
R. En bleſſant ſa réputation.
D. En combien de maniéres bleſſe-t’on la réputation du Prochain ?
R. 1. En l’accuſant du mal qu’il n’a pas commis ; et cela s’appelle Calomnie.
2. En faiſant connoître le mal qu’il a commis, mais qui n’eſt pas connu ; et cela s’appelle Médiſance.
D. A quoi le médiſant ou le calomniateur eſt-il obligé ?
R. A réparer autant qu’il peut, la réputation du Prochain qu’il a bleſſée, même en ſe dédiſant lui-même, ſi cela eſt néceſſaire.
D. Quand les fautes du Prochain ſont publiques, eſt-il permis de s’en entretenir avec malignité ?
R. Non, cette malignité eſt contraire à la charité.
D. Eſt-il permis d’écouter la médiſance, et d’y prendre plaiſir ?
R. Non, car on eſt ſouvent coupable du péché que commet celui qui médit.