Caverne de Chokier

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PAYS-BAS.Caverne de Chokier. — Cette caverne qu’on vient de découvrir est située près de Chokier, en Belgique. Elle est élevée au-dessus de la Meuse de 70 aunes environ ; sa longueur est d’environ 20 aunes ; sa largeur varie de 8 à 1 aune ; sa hauteur, qui est d’abord de 5 aunes, diminue progressivement.

Cette cavité était presque entièrement remplie par une brèche très-solide, par un limon argileux et par des couches de stalagmites. La voûte est tapissée de stalactites dont la longueur excède rarement trois palmes.

La brèche qui remplissait en grande partie la caverne est composée de fragmens de calcaire tout-à-fait semblables au calcaire environnant, et de quelques cailloux quartzeux et d’ossemens pour la plupart brisés ; le tout réuni par un ciment calcaire.

Les os et les dents sont disséminés indistinctement dans toute l’étendue de cette couche de brèche et de limon, dont l’épaisseur moyenne est de plus d’une aune. Ainsi on y trouve une dent de cheval à côté d’une mâchoire d’ours, une défense d’éléphant à côté d’une mâchoire de renard ou d’une dent de rhinocéros ; des ossemens de bœuf, de cerf, dans le voisinage immédiat d’une mâchoire d’hyène.

Tous les os qui ont été trouvés, à quelques exceptions près, conservent en grande partie leur gélatine. Aucun d’eux n’a offert de traces d’avoir été rongé.

Ces restes fossiles appartiennent au moins à quinze espèces différentes, parmi lesquelles figurent surtout les ours des cavernes, le cheval et les hyènes. Les parties qui sont dans le meilleur état de conservation sont les phalanges des doigts, les os du tarse et du carpe, et les dents, qui n’ont rien perdu de leur émail. Quant aux crânes, aux côtes et aux omoplates, on n’en a trouvé jusqu’à présent que des fragmens, et encore en très-petit nombre. Voici l’énumération des espèces qui ont été déterminées et dont on a découvert les os, qui ont été placés au cabinet de l’université de Liège.

Parmi les carnassiers, l’ours des cavernes, l’hyène fossile, le loup, le renard, la taupe. Parmi les rongeurs, le lièvre et le lapin, le rat d’eau, le campagnol, le rat commun. Parmi les ruminans, le cerf et le bœuf. Parmi les solipèdes, le cheval. Parmi les pachidermes, le rhinocéros unicorne, l’éléphant des Indes. On a de plus trouvé des os des extrémités de quatre espèces indéterminées d’oiseaux, et des coquilles d’escargot commun.

Ces animaux sont les mêmes que ceux qui ont été trouvés dans d’autres cavernes, les mêmes que ceux de la caverne de Kirckdale en Angleterre.

Après l’existence d’un si grand nombre de restes organiques, appartenant à des espèces si diverses, réunis dans un petit espace et dans un état si parfait de conservation, le fait le plus intéressant que présente la caverne de Chokier paraît être l’existence de trois couches distinctes de stalagmites, au-dessous de chacune desquelles on trouve des ossemens. On ne cite, dit-on, aucun cas semblable dans l’histoire des cavernes.