Cendres et Poussières (1902)/« La mer murmure une musique »
Apparence
Pour les autres éditions de ce texte, voir « La mer murmure une musique ».
CHANSON
La mer murmure une musique
Aux gémissements continus ;
Les sables font, sous les pieds nus,
Des tapis de velours magique.
Et les algues, sœurs des coraux,
Semblent, à demi découvertes,
D’étranges chevelures vertes
De sirènes au fond des eaux.
Le vent rude des mers rugueuses
Ne souffle point la guérison…
Ah ! le parfum, ah ! le poison
De tes lèvres, fleurs vénéneuses !
Tu viens troubler les fiers desseins
Par des effluves de caresses
Et l’enchevêtrement des tresses
Sur les frissons ailés des seins.
Ta beauté veut l’attrait factice
Des attitudes et du fard :
Tes yeux recèlent le regard
De l’éternelle Tentatrice.