Cent Proverbes/74

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H. Fournier Éditeur (p. 300).

république sur le modèle de celle de Rome, avec deux consuls qui seraient maître Jean et maître Remy.

Les autres offrirent d’organiser le gouvernement d’après les lois de Salente, dont M. de Fénélon venait de tracer un modèle séduisant.

Les politiques voulaient qu’on maintînt la monarchie, mais en établissant un juste équilibre entre les pouvoirs, au moyen de deux chambres, l’une héréditaire, l’autre élective.

Pendant ce temps-là, le bruit des préparatifs faits par le duc de Rochefort était venu jusqu’à Yvetot. Les trois partis jurèrent de mourir en combattant l’ennemi commun. On réunit de grandes quantités d’armes et de munitions ; chaque jour, les recrues s’exerçaient sur la place publique. Tous les cidres étaient devenus égaux devant la loi. Les femmes brodaient des écharpes pour les remettre aux vainqueurs ; des orateurs enflammaient l’imagination du peuple en lui retraçant les grandes images de patrie et de liberté. Yvetot offrait un spectacle sublime ; c’était une république de la Grèce qui ressuscitait en Basse-Normandie.

Le duc de Rochefort, grâce à son or, entretenait des intelligences dans la ville : il y a des âmes vénales partout, même à Yvetot. Ces espions représentaient au duc l’état de la ville, divisée par les partisans des trois systèmes de gouvernement ; ils lui peignaient l’anarchie des idées et des hommes ; ils l’engageaient à profiter de cet état de crise qui augmentait la faiblesse des rebelles. Les espions agirent tellement sur le duc qu’il crut le moment favorable pour opérer une restauration.

Ce n’était point l’avis d’Eustache iii  ; il avait trop