Chairs profanes/Idylles/II

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Idylles II.

Chairs profanesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 8-9).
◄  I
III  ►

II

Le royal tambour fier comme aux parades
Dans son bel uniforme à galons blancs
Le cœur très tendre, assassine d’œillades
La Pomponnette en falbalas galants.

Elle dont la jupe est rose et la joue
Émue un peu, par feinte, n’a pas l’air
De voir le jeune homme qui fait la roue
Prisant sa moustache d’un geste fier.

Et va toujours vers un but équivoque
Les cils baissés dans l’herbe, n’osant pas
Se tourner vers l’amour qu’elle provoque
Tout embarrassée en ses falbalas.

Mais le soir qui vient se fait le complice
Du tambour dont la lèvre s’enhardit
À des compliments et l’œil en coulisse
De la belle n’y met pas discrédit.


« Pour qui cette rose à votre corsage
« Piquée à l’endroit, non pas sans desseins,
« Voluptueuse et fraîche, mais, je gage,
« Moins rose que la pointe de vos seins ? »

Elle rougit d’abord puis s’apprivoise,
Prend un bras de bonne grâce tendu
Et tous les deux sans plus se chercher noise
Suivent galamment le sentier perdu

Jusqu’à de doux ombrages de tonnelles,
Vraiment charmantes, en cette saison
D’herbe rajeunie et de fleurs nouvelles,
Sous le ciel heureux de leur floraison.