Cham - Albums du Charivari/Les comiques sans le savoir

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Journal le charivari (3p. 133--).

LES COMIQUES
SANS LE SAVOIR
ALBUM
DE 60 CARICATURES
PAR
CHAM
— Tiens, mâtine ! puisque tu l’aimais tant ton fusil à aiguille, faut au moins que tu en emportes quelque chose !

PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55

— Hélas ! une année de plus !

— Bonheur ! une année de moins !

— Ah ! sapristi ! elle s’est aperçue qu’ils viennent de chez l’épicier.

— Pardon, monsieur le président, nous sommes au mois de janvier, j’ai pas envie de perdre mes relations. Voulez-vous me permettre d’aller laisser mes cartes ?

— Faisons un choix dans tout ça… c’est que j’ai des étrennes à donner.

— Excellente coutume de laisser des cartes ! c’est ça qui fait marcher la chaussure !

REVUE POLITIQUE DE LA SEMAINE.
Est-ce qu’ils ont le temps de s’occuper de leurs affaires cette semaine.

— Monsieur, je vous souhaite une bonne année, accompagnée de beaucoup d’autres… voilà ce qu’on ne peut pas savoir. Ça dépend de vous.

LE GÂTEAU DES ROIS.

— Allez vous promener, vous autres.

— Voilà le gâteau, et voici pour défendre la fève.

Charlemagne se détournant du chemin de la postérité pour aller à la halle.

— M’man, j’aurais pas tant travaillé si j’avais su que tu ne serais pas plus fière que ça en me voyant à la Saint Charlemagne.

— Viens donc, Charles, qu’est-ce que tu as à regarder cet ivrogne ?

— J’étudie pour la Saint-Charlemagne.

— Ah ! mon dieu ! c’est Charlemagne qui a de la barbe et des cheveux comme ça ! S’il allait en laisser tomber dans notre déjeuner du 28 janvier !

— Comment, vous fumez en classe ?…

— Monsieur, je m’exerce pour le dessert de la Saint-Charlemagne.

— C’est toi Polyte ? Excusez ! dans une réunion du grand monde !

— Pas malin de traverser la Seine quand on a habité Paris depuis dix ans.

IMPOSSIBLE DE S’ENTENDRE.

— Je suis du cercle des patineurs, je veux la gelée !

— Je suis du cercle des pêcheurs à la ligne, je veux le dégel !

— Comme c’est amusant un mari patineur qui ouvre la fenêtre vingt fois la nuit pour consulter son thermomètre !

— Ça ne t’a pas ennuyée de tomber… si malheureusement devant tout le monde ?

— Bah ! j’avais pris un bain le matin !

— La charité, m’sieu, j’ai bien froid.

— Voici deux sous ; vous prierez le bon Dieu que ce temps continue, je suis patineur.

— Pourquoi l’avez-vous retiré du clou où je l’avais accroché ?

— M’sieu, je voulais faire baisser le thermomètre pour aller patiner ce soir.

— M’sieu, c’est pas juste que j’en aie tant sur les épaules et m’sieu si peu sur la tête.

— Causer tout haut, vous ne craignez pas que ça les empêche de venir ?

— On a tant patiné sur leurs têtes qu’ils sont devenus tous sourds.

— Un paletot avec des poches pour y serrer ses puces.

— J’y reconnais plus rien ! Lequel qu’est le manchon de madame, lequel qu’est son chien ?

La Seine pouvant, par ces grands froids, être utilisée pour des annonces. Le zouave Jacob finissant par faire un porte-plume de son trombone.
Désarmement général grâce à l’onglée. Tentation.

— J’ai lu dans un journal que nous dansions sur un volcan. Je ne m’en aperçois guère, car j’ai bien froid aux pieds.

— Cré nom ! parait que là-haut ils ont un chassepot chargé à neige.

Les bonis de table dans les villes de jeu qui désirent obtenir la continuation de leur privilège.

— Tu l’as déjà cassé ?

— Ça ne fait rien, ma bonne a lu sur le journal qu’on pouvait le remplacer.

Le froid rapprochant les peuples.

— Comment, moi je ne pourrai pas me faire remplacer ?

— Mais non… le moyen de se procurer une moitié d’homme.

— Vous ne pourriez pas le perfectionner encore, votre fusil de façon à ce que je puisse m’en servir de ce temps-ci les deux mains dans mes poches ?

PRÉVOYANCE

— Auriez-vous l’obligeance de voir à ce que le violon soit chauffé d’avance.

— Madame, c’est peut-être un peu long ce que j’ai à vous dire…

— Bah ! Vous allez me parler de votre nez ?

— Pourquoi n’avez-vous pas fait votre thème ?

— Monsieur, vous trouverez ma réponse ce soir dans les journaux.

— Qu’est-ce que vous mettez la dans la boite du journal ?

— Je veux qu’on voie les lentilles qu’on ose nous servir dans ma pension.

— Dis donc, m’man, as-tu lu ma lettre dans les journaux. Faudra bien que le proviseur me rende ma pipe !

— C’est très-bien, cher enfant, tu cherches à apprendre à écrire…

— Pour envoyer une lettre aux journaux. Ma bonne m’a encore fouetté ce matin.

LES PUITS INSTANTANÉS

— Une carafe d’eau ! c’est pas la peine, je viens de percer un puits dans votre restaurant, c’est tout de suite fait, aujourd’hui.

Le locataire au-dessus qui veut creuser un puits dans sa chambre.
S’asseyant sur l’orifice d’un puits qu’il vient de creuser, afin que sa maman ne le gronde pas si elle venait à s’en apercevoir.

— Le mien aussi aura la queue en trompette, je vais lui faire donner un coup de fer.

UN CHEVAL TROP POLI.

— Après vous, je n’en ferai rien !

— La saison des courses va recommencer mon cher.

— Peu vous importe, à vous, vous courez toujours.

Le taïcoun du Japon renversé de dessus son étagère.
Ayant aussi des inquiétudes pour les affaires du Japon.

— Il y a de mauvaises nouvelles du Japon !

— Puisque voilà madame préparée par son journal, je vais lui avouer que j’ai cassé sa belle potiche !

Le séjour à Fontenay pouvant détourner les astronomes de leurs travaux en leur donnant le goût des recherches sur la terre.
Les astronomes poussés à la galanterie par leur nouveau séjour à Fontenay-aux-Roses.

— Tu ne l’as pas reconnue ? Elle danse dans Gulliver.

— Comment veux-tu que je la reconnaisse ? la v’là habillée !

Les jupes des danseuses en 1869.

— Ah ! farceur ! l’eau de Mme  Sarah Félix ! Nous nous livrons à la traite des blancs ?

— Sais-tu seulement, ma chère, ce que c’est que le spirituel ?

— Parbleu ! c’est pas toi !

— Elle m’a résisté, je l’ai assassinée ! Et puis d’abord j’y suis autorisé par la censure ! ah !

Hamlet perdant doublement la raison à la vue de la ravissante Ophélie-Nilsson.