Cham - Albums du Charivari/Les grimaces du jour

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Journal le charivari (7p. 99--).

LES
Grimaces du jour
Grimaces du jour
filet
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ALBUM
DE 60 CARICATURES

PAR
CHAM
— Ma chère, que veux-tu que j’y fasse ? Faut bien ; ce sont les enfants d’un de mes électeurs influents.

PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55

— Qu’est-ce que vous faites, cher collègue ?

— Je fais semblant d’écrire pour agacer les journalistes qui sont là-haut, et auxquels il est défendu d’en faire autant.

— Monsieur le député, vous êtes malade ; il faut que vous gardiez la chambre.

— Docteur, ce que je crains, c’est que ce soit la chambre qui ne me garde pas.

Par ces temps de froid, les journalistes trouvant plus commode de vider leurs querelles dans la tribune que l’on vient de mettre à leur disposition.

— Monsieur est journaliste ; mais ces deux messieurs ?

— Ce sont mes témoins.

Plus qu’un mois ! !

— Avant de clore la session, personne ne veut monter à la tribune boire ce dernier verre d’eau sucrée ?

DERNIÈRE SÉANCE. — DÉSARMEMENT DE LA CHAMBRE
MM. les députés rendant leurs couteaux de bois.

Les orateurs recevant les matériaux nécessaires pour la discussion du budget de la ville de Paris.

— Ah diable ! un instant ! Avant d’attaquer le budget, que je m’assure bien de quel côté sont mes appointements !

— C’est drôle ! Ils ont fini leur temps et ils n’ont pas l’air content !

— Faut-il qu’il soit bête ! Me faire boire pour le porter aux élections, et voilà que je ne peux plus me porter moi-même !

— Jeanneton, il faut que votre mari me porte aux élections !

— Ah ! le pauvre cher homme ! Vous ne l’avez donc pas regardé ? Vous allez lui casser les reins !

— Quand je vous dis que nous sommes des journalistes !

— Allons donc ! vous ne vous donneriez pas le bras !

— Monsieur, avant d’entrer, il faut déposer votre plume au vestiaire.

— Monsieur ne veut pas profiter de son billet de tribune ?

— Merci ! on discute sur les cimetières, et aujourd’hui justement je ne me sens pas très-bien.

— Au lieu de lire les débats de la Chambre, travaille donc !

— Merci ! j’ose plus !

— Voyons, monsieur, tous vos collègues sont partis ; faut vous décider.

— Je vous en prie, laissez-moi être député encore cinq minutes !

AU CORPS LÉGISLATIF. — DISCUSSION DU CONTINGENT

— Allons-nous-en, mon ami, ce sera trop long !

— C’est l’appel nominal des députés.

— J’ai cru que c’était l’appel des cent mille hommes !

— Monsieur le candidat, je vous en prie…

— Du tout, père Mathurin ; c’est moi qui aurai l’honneur de le moucher.

— Ce couteau de bois ! le sabre de ton père ?

— Oui, il était député.

— Voterez-vous pour moi ?

— Dame ! monsieur, il m’est bien difficile de me faire une opinion rien qu’avec deux bouteilles.

Les remettant tous au moule.

— Ah ! mon ami, renonce à ta candidature ! jamais tu ne tiendras là-dedans.

— Grand Dieu ! êtes-vous devenus maigres tous les deux !

— Nous étions tellement préoccupés, que nous avons oublié de manger pendant tout le temps des élections.

LE RÉSULTAT DES ÉLECTIONS.

— Voici le journal, je n’ose pas l’ouvrir !

— Ni moi non plus ! Ne le lisons que demain !

— Catherine, vous avez mis mon couvert et pas celui de monsieur ?

— Monsieur vient d’être nommé député ; on m’a dit qu’il mangerait maintenant au budget !

— Je voudrais un fiacre ; où sont les cochers ?

— Madame, ils sont allés voter ; mais vous pouvez attendre dans la voiture la fin des élections.

— Le monsieur du second est nommé ! Je vais avoir un député dans ma maison ; c’est un prétexte pour augmenter tous mes locataires.

— Qu’est-ce que vous me soufflez là ? Ce n’est pas dans la pièce !

— Je sais bien ! Je vous demande s’il y a des nouvelles des élections.

— Pour qui avez-vous voté ?

— Est-ce cocasse ! J’ai parlé, et je ne saurai que dans deux jours ce que j’ai dit !

— Vous avez déjà voté pour votre candidat !

— Dame, oui ! Mais je n’ai pas envie d’être mal avec l’autre s’il allait l’emporter.

— Garçon, aujourd’hui rien que de la chicorée dans la cafetière !

— Oui, madame, je sais ; ils ne pensent qu’aux élections : tout passe !

— Ils ne s’apercevront de rien ! Je vais tâcher d’aller voter.

— Connaissez-vous le résultat des élections ?

— Mais, oui, voilà !

LA MÈRE. — Vilain polisson, veux-tu pas répondre à ton père comme ça.

L’ENFANT. — Qué que ça me fait, il n’est plus député ?

Dernier tour de scrutin.

— Malheureux ! vous ne pouvez donc pas faire autre chose ?

— Il n’y a pas de guerre, je ne peux pas voler à la frontière.

Le pacha dramatique à deux queues.

Le nabab très-humilié de voir la façon dont ces dames portent le turban.

— Paraît qu’il est riche à des milliards de roupies !

— Tiens ! le voilà entrain de fabriquer de sa monnaie !

Le quartier Bréda envahi par une légion de faux nababs.

— Mon Dieu, monsieur, vous écouter dans ce moment-ci ! Il y a un nabab à Paris ! vous devez comprendre mes exigences…..

Le nabab remettant sa carte avec tous ses noms.

Quand on en a tant que ça, on publie son nom par feuilletons.

— Annoncez Muntazim-ool-Molknoohsun-ood-Doulàh-Tured-oom-Yah-Sind-Mun-Sour-Alt-Khan-Bahador…

— Monsieur, ayez pitié ! je suis asthmatique.

Corneille et Voltaire se disputant Victorien Sardou.

Monsieur, par ici ! trois sous seulement Patrie.

Trop de souffle dans cette pièce pour les poumons de nos petits crevés.

— C’est mon pain !

— C’est mon droit !

Les directeurs consentent à payer le droit des pauvres à la condition que ces derniers joueront à la place des acteurs qu’ils ne peuvent plus payer.

— Mon ami, comme ils ont l’air malheureux ! Mène-moi ce soir au théâtre pour augmenter leur droit.

— Comment ! c’est toi ?

— Ne pouvant pas être un Dennery, je me suis mis pauvre pour toucher des droits au théâtre !


Paris. — Imprimerie A.-E. Rochette, boulevard Montparnasse, 72-80