Chansons (Antoine Clesse)/Les Petits airs

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Librairie Nouvelle ; Librairie Universelle (p. 6-7).

LES PETITS AIRS
et les petites chansons


Musique de l’auteur


P ar la chanson notre enfance est bercée :
Dans notre cœur elle incruste ses vers ;
La mélodie en charme la pensée,
Et la chanson doit tout aux petits airs.
Ainsi que l’aigle on voit les hirondelles
Franchir aussi les vastes horizons !
Les petits airs, sur leurs petites ailes,
Portent bien loin les petites chansons (Bis.)

Muse du peuple à sa voix apparue,
La chanson passe : elle parle tout haut !
Dans le salon, la mansarde ou la rue,
Franche d’allure, elle arrive bientôt.
Le cabaret redit ses ritournelles :
Chacun écoute et reçoit ses leçons.
Les petits airs, sur leurs petites ailes,
Portent partout les petites chansons.

Un vieux soldat, en inclinant la tête,
Vient appuyé sur le bras de son fils ;
Un enfant chante, et le vieillard s’arrête :
C’est un refrain qu’il a connu jadis !

C’est un bouquet fait de fleurs immortelles,
C’est Béranger, l’écho des plus doux sons :
Toujours, toujours, sur leurs petites ailes,
Les petits airs porteront ses chansons !

Plus d’un génie à la mâle éloquence,
S’adresse à tous et n’est pas écouté.
Du chansonnier le devoir est immense
Quand il obtient la popularité :
Semant le bien par ses chansons nouvelles,
De l’avenir il prédit les moissons !…
Les petits airs, sur leurs petites ailes,
Portent longtemps les petites chansons.

Oui, la chanson du peuple est l’épopée :
C’est le discours des tribuns en sarrau.
La poésie en a fait son épée,
Au jour d’alarme elle sort du fourreau !
Aux droits sacrés ses refrains sont fidèles ;
Et, pour répondre à la voix des canons,
Les petits airs élargissent leurs ailes :
Le peuple alors marche au bruit des chansons.