Chansons de route/Italie, écoutez-moi donc
ITALIE, ÉCOUTEZ-MOI DONC !
— Italie, écoutez-moi donc,
Ne dénoncez pas notre chèr’Triplice,
Italie, écoutez-moi donc :
Dans votre intérêt, changez d’direction !
— Non, Kaiser, non, je n’t’cout’pas
Car tu me dégout’s ainsi qu’ton complice,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas :
J’veux pas être en tiers dans vos attentas !
— Italie, écoutez-moi donc !
Faisons-nous des chos’s tell’ment stupéfiantes ?
Italie, écoutez-moi donc,
Dit’s-moi c’qui provoq’ votre indignation…
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas,
J’peux pas avaler tes bomb’s asphyxiantes,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas :
J’peux pas digérer le « Lusitania » !
— Italie, écoutez-moi donc !
Ces procédés d’Guerre ont peu d’importance ;
Italie, écoutez-moi donc !
Quand je s’rai vainqueur on les trouvera bons !
Non, Kaiser, je n’t’écout’pas :
Quand on a fait Rome, Venise et Florence,
Non, Kaiser, je n’t’écout’pas :
On songe à venger Louvain, Reims, Arras !
— Italie, écoutez-moi donc !
J’ai, comm’vous, le cœur plein d’délikatesse ;
Italie, écoutez-moi donc :
Ah ! ne doutez pas de mon affection !
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas :
J’sais qu’autour du Pô, tu rôdes sans cesse,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas :
Va, c’est bien en vain que tu me fais du « plat » !
— Italie, écoutez-moi donc :
L’Traité Italo-Austro-Germanique,
Italie, écoutez-moi donc,
À côté des nôtr’s, porte votre nom !…
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas !
Ce « chiffon d’papier », comm’celui d’Belgique,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas !
Ce « chiffon d’papier », tu le déchir’ras !
— Italie, écoutez-moi donc !
Afin d’vous prouver combien je vous aime,
Italie, écoutez-moi donc :
J’vous donn’rai l’Trentin… et ses environs !
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas,
Quand j’veux quelque chos’, je me sers moi-même
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas.
J’ai des bons marins et des bons soldats !
— Italie, écoutez-moi donc !
Sans vous, j’m’en irais d’déveine en déveine,
Italie, écoutez-moi donc :
Avec vous, j’couch’rais sur mes positions !…
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas ;
Le lait de la Louve bouillonne en mes veines,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas,
La fille de César n’aime pas Attila !…
— Italie, écoutez-moi donc !
Je vais vous passer au fil de l’épée,
Italie, écou…
(Le fil est coupé.)
- ↑ Publié avec son autorisation.