Chansons de route/Le Retour du roi-héros
à travers les cantonnements belges : Furnes, Elsendamme,
Alveringhem, Adinkerque, La Panne, etc., etc.
LE RETOUR DU ROI-HÉROS
Sire, la voici terminée
L’Année atroce et nous allons
Au cours de la deuxième année
Mordre l’agresseur aux talons ;
Sire, espérez : l’Aube s’éclaire !
Dieu va crier son : halte-là !
Et laisser tomber sa Colère
Sur le dernier des Attila ;
L’Heure, par le Destin fixée,
Va sonner au cadran fatal
Où la Famille dispersée
Ralliera le Foyer natal ;
Ses murs sont branlants… mais qu’importe !
Chacun retrouvera, joyeux,
Debout sur le seuil de sa porte,
L’Âme fidèle des Aïeux !
Si, carte en main, la voyant fondre,
Quelqu’un dit : la Belgique meurt…
Plaignons ceux qui peuvent confondre
L’étendue avec la Grandeur :
Un Pays jamais ne succombe
Tant qu’il lui reste, après l’assaut,
Un combattant sur une tombe.
Une mère auprès d’un berceau ;
Car, dans le vieux tombeau, sommeille
Tout le grand Passé triomphant,
Pendant qu’en son berceau s’éveille
Et sourit l’Avenir enfant !
Courage, Sire ! L’Heure approche
Où, d’Anvers jusqu’à Charleroi
L’écho pourra, de proche en proche,
Annoncer le retour du Roi !
Dans Bruxelles, Namur et Liège,
Dans Louvain je vous vois rentrer,
Avec l’Ange qui vous protège !…
J’entends votre Peuple vibrer
Et, rugissant la « Brabançonne»,
Escorter le Sauveur aimé,
Doux vainqueur d’une Cause bonne.
Fier vengeur du Droit opprimé ;
Je vois votre fidèle Armée
— Cavaliers, lignards, artilleurs —
Ainsi que vous. Sire, acclamée,
Comme vous couverte de fleurs ;
Et, dans chaque Cité martyre,
Planant sur les Héros vivants,
Je vois tous les Morts vous sourire,
Fiers d’être, par vous, triomphants ;
Et, dans un grand envol magique,
Il me semble entendre déjà
Tous les carillons de Belgique
Lancer à Dieu leur Hosannah !