Chansons de route/Texte entier

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Chansons de Route
Refrains de guerre : 2me série
Librairie Payot et Cie.


CHANSONS DE ROUTE
par
Théodore BOTREL
Chansonnier des Armées

PARIS, PAYOT & Cie
REFRAINS DE GUERRE
2me série.

Chansons de Route
(1er janvier — 31 août 1915)
par
THÉODORE BOTREL

Avec une Préface de M. Eugène TARDIEU

113 dessins à la plume de CARLÉGLE
et un portrait photographique de l’auteur.




PARIS
LIBRAIRIE PAYOT ET Cie
106, boulevard saint-germain, 106

Tous droits réservés.

Il a été tiré de cet ouvrage
QUINZE EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS SUR PAPIER DE HOLLANDE


PRÉFACE


TROIS AUDITOIRES DE BOTREL


Dunkerque a reçu en même temps la visite des Taubes et celle du « Chansonnier aux Armées », Théodore Botrel. Celui-ci a fait oublier ceux-là. L’auteur de la célèbre chanson La Paimpolaise, qui est aussi parmi les plus délicats et les plus sensibles des poètes inspirés par la Bretagne, a accompli, avec un élan persévérant, une chaleur convaincue, la mission que lui a donnée le ministre de la Guerre, d’aller dans la zone des Armées chanter devant les soldats qui partent pour le front ou qui en reviennent, son répertoire patriotique.

Chanter… alors que tant d’autres gémissent ! J’avoue que l’énoncé de ce programme m’avait jeté comme un froid lorsque arriva le poète populaire. Il faut avoir vu de près ceux qui, au front, sont aux prises avec la plus formidable des réalités, pour sentir l’abîme qui sépare leurs gestes quotidiens de toute vaine littérature. Que peut une chanson sur des âmes tendues par un effort dont la raison mystérieuse est dans les profondeurs de l’instinct de la race ?… Parler d’Honneur et de Patrie, d’Héroïsme et de Gloire à des hommes pantelants encore des souffrances endurées aux combats de la veille, résolus en eux-mêmes à y retourner et à lutter jusqu’au bout, n’est-ce pas comme une indiscrétion ? Ne risque-t-on pas de froisser des sentiments sacrés qui ne veulent se traduire que par des actes ou bien de faire monter le blasphème sur des lèvres momentanément découragées ?… Nul n’a mieux ni plus puissamment exprimé que notre Maurice Barrès cette espèce de timidité particulière dont souffre l’homme qui a écrit et pense en présence de celui qui agit et qui est prêt à mourir. Cette timidité-là, il me semblait bien que Botrel ne l’avait pas et j’étais fort curieux de savoir quel accueil allaient lui faire ceux que nous appelons désormais nos « Héros ».


les blessés


La première fois, ce fut à l’hôpital des Dunes. Un hôpital improvisé dans un vieux collège, aux larges escaliers vermoulus, aux murailles uniformément blanchies d’un lait de chaux, avec une haute plinthe de peinture verte. Une longue salle contient une cinquantaine de lits. Il y a là des blessés de toutes les armes, des amputés, des convalescents, des visages imberbes éclairés d’un sourire où vacille un reste d’adolescence, des faces ravagées de territoriaux hirsutes, renfrognés et soucieux, un nègre hilare aux épaules de cariatide, un Kabyle au teint de bronze clair, à la barbe courte, au crâne rasé. Fiévreux, boudeur, couché en chien de fusil, il remonte ses couvertures, ne veut rien voir, rien entendre. Le « barde » arrive, guêtré, en tenue militaire, sans autre insigne qu’un brassard de soie tricolore. Il monte sur une petite estrade comme on en met sous les pieds des chefs d’orchestre. Dans l’allée du milieu, au bout de la salle, il la domine. Les infirmiers militaires sont rangés au long du mur, les médecins-majors assis sur des chaises deci delà, les dames de la Croix-Rouge sourient, accoudées au chevet des lits.

Botrel parle. D’une voix qui vibre étrangement dans cette salle où toujours on parlait bas, il explique ce qu’il vient faire. C’est un petit laïus fort simple et fort bien tourné sur la guerre et qui rappelle que le soldat français a toujours aimé les chansons. Les visages douloureux se sont tournés vers lui, les patients qui l’ont pu se sont assis dans leurs lits. Tous les yeux le regardaient largement ouverts. Est-ce de fièvre ou d’étonnement ? Un speech, des chansons ? pour eux qui viennent de voir la mort de si près et qui ont encore rendez-vous avec elle !…

Une gêne m’envahit. Il me semble qu’un malentendu va naître ici et grandir. Botrel, ému, mais têtu, récite des vers, il lance ce qu’en argot de théâtre on appelle « un bon coup de gueule ». Et puis, il chante. Sa voix est chaude, jeune, bien timbrée. Elle caresse et elle entraîne. Il chante la chanson de Rosalie. Rosalie, c’est la baïonnette qui revient de la bataille, rose encore du sang ennemi et que le troupier a surnommé pour cela « Rosalie » :

Elle adore entrer en danse
Quand pour donner la cadence,
QuandVerse à boire !
A préludé le canon,
QuandBuvons donc !

Je suis assis au pied du lit d’un fusilier marin blessé à Dixmude. Son visage émacié s’encadre d’une légère barbe blonde. Avec son cou tendu, sa forte ossature, ses grands yeux bleus, la gravité de toute son attitude, il ressemblait à un Christ qui sortirait d’un rêve. Sa bouche était entr’ouverte, le voilà qui sourit, du rose aux joues ; et comme Rosalie se chante sur un air de marche, je vois, sous son maillot de laine bleue, le torse du marin qui se balance comme pour marquer le pas.

À la fin du couplet, il applaudit de toutes ses forces. Dans tous les lits on rit, on applaudit. La glace est rompue. Maintenant, le chanteur attaque la Kaisériole sur l’air de la Carmagnole, puis Guillaume s’en va-t-en guerre sur l’air de Marlborough, En revenant de guerre sur l’air de En revenant de noce, Dans la Tranchée, le Paimpolais, etc. Tout cela est gai, bon enfant, héroïque sans emphase. Dans ces chansons-là, on tue, on cogne, on s’excite à l’assaut, on bafoue l’ennemi, on crie vengeance avec simplicité :

Nous avons soif de vengeance !
Rosalie, verse à la France !
QuandVerse à boire !
De la gloire à pleins bidons !
QuandBuvons donc !

Quelle erreur était la mienne ! Le cœur de Botrel est plus près que le mien de celui de nos Héros. Ces braves Français aiment les chansons et les grands mots. Ce sont des mots à leur taille. Ils n’y voient point tant de profondeurs. Ces mots-là expriment bien ce qu’ils sentent, ils les trouvent tout naturels, comme leur propre conduite. Notre timidité a tort, et c’est notre excès de littérature qui crée en nous-mêmes ces malentendus que nous redoutons.

Le lendemain, Botrel chantait dans un autre hôpital, l’hôpital Lamartine. Mais ce jour-là, je ne l’entendis pas. J’écrivais dans ma chambre tandis qu’au-dessus de ma tête régnait un formidable vacarme. Quatre Taubes survolaient Dunkerque et laissaient tomber une vingtaine de bombes sur la ville et les environs. De partout on tirait sur eux à coups de canon et à coups de fusil. Il y eut une vingtaine de morts et quelques dizaines de blessés. À La première explosion, le chansonnier allait monter sur sa petite estrade. Il y eut une stupeur et quelques cris d’effroi, un commencement de panique. La bombe était tombée à quatre mètres de l’hôpital, en en criblant les murs d’éclats de fonte, en en brisant toutes les vitres.

Une deuxième explosion suivit de près la première. Une balle perdue passant à travers les carreaux vint rouler aux pieds du poète breton, qui la ramassa, la mit dans sa poche, monta sa marche et dit : « On connaît ça ! — C’est comme au théâtre : On frappe au rideau. Au troisième coup, je commence ! » Le troisième coup arriva à point, et dans tous les lits on applaudit.

La séance commença et se poursuivit, une heure durant, dans l’enthousiasme, sous le bruit des bombes et des fusillades.

Depuis, les Taubes et les Aviatiks sont revenus en plus grand nombre, mais le sang-froid des Dunkerquois ne s’est plus démenti.


les poilus


La deuxième fois que j’entendis Botrel ce fut au Kursaal de Malo. On en avait retiré les banquettes et les fauteuils, car depuis la guerre il sert d’asile à des soldats qui couchent sur des bottes de paille étendues dans la vaste salle et sur la scène. La paille retirée, quelques décors rétablis, un bout de rampe allumé, il avait repris un peu de son ancien aspect. Trois mille territoriaux de la région du Nord, revenus depuis quelques jours des tranchées pour une période de repos, se pressaient debout dans la vaste salle. Quel public ! Comment décrire ces capotes fripées, décolorées, ces képis déformés, détrempés par les averses, ces faces hirsutes enveloppées de cache-nez de toutes les couleurs et qui portent les traces de tant de souffrances, de luttes courageuses, de dangers courus ?…

Botrel eut bientôt fait de les inciter à reprendre en chœur au refrain, sa Rosalie fameuse, ses Routes du Kaiser, son hilarant En passant par ton Berlin, etc. Tassés les uns contre les autres, malgré la diversité des physionomies, quelques-unes béates et qui semblaient boire le chanteur, d’autres soucieuses, harassées, réfractaires, ils semblaient n’avoir qu’une seule âme. Ce chœur à trois mille voix dégageait une singulière puissance d’entraînement mutuel… Cette âme collective avait des accents douloureux et farouches ; par moments la grande voix mâle et guerrière faisait trembler les vitres du Kursaal, puis elle traînait sur les finales en lamento. C’est la voix de ceux qui ont donné leur vie en connaissant toute l’étendue du sacrifice…


les cols bleus


Mais le plus beau ce fut quand Botrel chanta pour les matelots des navires qui, sous le commandement du capitaine de frégate Richard, ont depuis le commencement de la bataille de l’Yser bombardé la côte belge en deçà et au delà d’Ostende. ans vingt-cinq de ces sorties périlleuses, nos bateaux ont arrêté, avec les Anglais, la marche des ennemis sur le rivage ; le Gouvernement a d’ailleurs adressé à leur chef ses félicitations pour leur belle conduite.

Je les verrai toujours dans le vaste hangar du Grand Port, étagés sur des piles de sacs et les montagnes de caisses, dans le plus pittoresque des amphithéâtres. Sur un grand balcon de bois, ils étaient alignés comme à un bastingage, nos gars vêtus de blanc, avec leur grand col bleu. Le chanteur n’eut pas besoin de donner un bon « coup de gueule », c’est eux qui l’emportèrent dans le courant d’enthousiasme rieur de leurs âmes d’enfants. Ils ont la foi naïve et le cœur vaillant de Jeanne d’Arc, dont ils portent les couleurs. La plupart d’entre eux étaient Bretons. Botrel, en plus de ses habituels refrains, chanta dans leur langue un chant guerrier du pays natal, et ce fut du délire !… Ne leur parlez pas de sacrifice !… Ils donnent leur vie à la France en naissant… Qu’Elle en dispose !

Ah ! il faut que la France n’oublie jamais qu’au long de ses rivages naissent les meilleurs de ses enfants !

Eugène Tardieu.


REFRAINS DE GUERRE
2me série.


« Ce n’est pas seulement une bataille militaire que nous avons à soutenir contre l’Allemagne, mais aussi une bataille morale. Le militarisme allemand est la tyrannie la plus brutale, la plus répugnante à la conscience humaine, que le Monde ait jamais connue. Il faut l’écraser pour libérer l’esprit humain. La morale allemande est la sophistique la plus impudente et la plus vile qui ait jamais osé se faire jour parmi les hommes. Il faut la noyer dans son ignominie, comme il faut déshonorer le peuple qui la professe. C’est à quoi devraient s’employer, non seulement chez nous, mais chez tous les peuples civilisés, tous ceux qui disposent d’une plume ou d’une chaire pour parler aux autres. » JULES DELAFOSSE

 

(Député du Calvados).


CHANTONS LÉGÈREMENT !

Chanson-Préface.


« Nous vaincrons facilement le Peuple français — disaient les Allemands — parce que c’est un Peuple léger. »
xxxx Or, c’est précisément parce que nous sommes légers que nous finirons bien par vous « avoir », hé ! balourds !
Th. B.

 


 

CHANTONS LÉGÈREMENT


Sur l’air de « Ma tunique a deux boutons. Marchons !… ».

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  do4 sib8 la4 sol8 | la4 r8 
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textA = \lyricmode {
  Chan -- tons com -- me nos Aï -- eux, Chan -- tons_! 
  Joy -- eux et lé -- gers comme eux, Chan -- tons_! 
  Chan -- tons, lé -- gè -- re, lé -- gè -- re, Chan -- 
  tons lé -- gè -- re -- ment, Chan -- tons lé -- gè -- re, lé --
  gè -- re, Chan -- tons lé -- gè -- re -- ment_!
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  \midi { }
}
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I

Chantons comme nos Aïeux,
Chantons !
Joyeux et légers comme eux,
Chantons !
Chantons, légère, légère,
Chantons légèrement !

bis, en chœur
 
II

Rions comme Eux autrefois,
Rions !
Du bon grand Rire gaulois,
Rions !
Rions, légère, légère,
Rions légèrement !

bis, en chœur
 
III

Et marchons s’il faut marcher :
Marchons !
Pas relevé, pied léger,
Marchons !
Marchons, légère, légère,
Marchons légèrement !

bis, en chœur
 
IV

Chargeons le Boche ! En avant.
Chargeons !
Au vent, Rosalie[1] ! Au vent !
Chargeons !
Chargeons, légère, légère,
Chargeons légèrement !

bis, en chœur
 
V

Et courons, courons aux loups !
Courons !
Égorgeons-les dans leurs trous !
Courons !
Courons, légère, légère,
Courons légèrement !

bis, en chœur
 
VI

S’il y faut tomber, tombons,
Tombons !
En tombant, nous sourierons :
Tombons !
Tombons, légère, légère,
Tombons légèrement !

bis, en chœur
 
VII

…Mais, comme nous danserons,
Dansons !
Quand, vainqueurs, nous reviendrons.
Dansons !
Dansons, légère, légère,
Dansons légèrement !

bis, en chœur
 
VIII

Jusque-là, Poilus, chantons,
Chantons !
À la barbe des Teutons,
Chantons :
Chantons, légère, légère,
Chantons légèrement !

bis, en chœur
 


SUR LES ROUTES DU KAISER














 


 

SUR LES ROUTES DU KAISER


Air : « Sur la route de Louviers… ».

\language "italiano"
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  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup \fontsize #-2 { Allegretto } 4=120
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}
textA = \lyricmode {
  Sur la rou -- te de Lou -- vain, Sur la rou -- te
  de Lou -- vain, De -- vant Lièg’ Gui -- llaum’ s’en vint, 
  De -- vant Lièg’ Guil -- laum’ s’en vint. 
  Là, dix- \once \override LyricText.self-alignment-X = #LEFT sept_jours, 
  Là, dix- sept jours, s’bat- tit 
  \once \override LyricText.self-alignment-X = #LEFT les_flancs, 
  s’bat- tit les flancs_; Là, dix- sept jours, s’bat- tit les flancs_:
  Il en res -- ta comm’
  deux ronds d’flan_! Flan, flan, flan, flan, flan, flan_!
  }
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    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
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I


Sur la route de Louvain, (bis)
Devant Lièg’ Guillaum’s'en vint, (bis)

Là, dix-sept jours, (bis)
s’battit les flancs : (bis)
bis


Il en resta comm’deux ronds d’flan !

chœur Flan, flan, flan.
Flan, flan, flan…
II


Sur la route de Paris, (bis)
L’mois suivant, qu’est’-c’-qu’il a pris ? (bis)

Il a pris d’Joffre   (bis)
deux uppercuts : (bis)
bis


Dans l’occiput et l’Fon d’ son Kluck.

chœur Kluck, kluck, kluck,
Kluck, kluck, kluck…
III


Sur la route de Nancy (bis)
Il cria : « Nancy, c’coup-ci, (bis)

« Cette bataille (bis)
« faut qu’tu la perdes ! » (bis)
bis


L’Grand-Couronné répondit : Mange !

chœur Mange, mange, mange,
Mange, mange, mange !…
IV


Sur la route de Calais (bis)
Il dit : « J’ vas bouffer l’Anglais ! » (bis)

Mais sur l’Yser, (bis)
son coup manqué, (bis)
bis


Le v’ià bloqué sur l’bord du quai !

chœur Quai, quai, quai,
Quai, quai, quai…
V


Sur la rout’de Pétrograd (bis)
Il s’avance au pas d’parad’ : (bis)

L’agence Wolf (bis)
qui ne ment point (bis)
bis


L’a cancané dans tous les coins :

chœur Coin, coin, coin,
Coin, coin, coin !…
VI


Sur la rout’de son troupeau (bis)
Que nous reste-t-il ? La peau ! (bis)

Laissons-le paître (bis)
nos champs herbus : (bis)
bis


Quand il s’ra mort, il n’paîtra plus !

chœur Plus, plus, plus,
Plus, plus, plus…
VII


Sur les routes du Kaiser (bis)
Mettons-nous tous en travers (bis)

Son fils et lui (bis)
cré nom de nom ! (bis)
bis


Les lâch’rons-nous quand nous les t’nons ?

chœur Non ! non ! non !
Non ! non ! non !
VIII


Sur la route de Strasbourg (bis)
Poussons-les à notre tour : (bis)

Nous leur ferons (bis)
repasser l’Rhin, (bis)
bis


La « Rosalie » au creux des reins !

chœur Rin, rin, rin,
Rin, nn, rin !…
IX


Sur la route d’Attila (bis)
Quand nous crierons : Halte-là ! (bis)

Le Monde entier, (bis)
l’voyant occis (bis)
bis


Ne nous dira-t-il pas : Merci ?

chœur Si ! si ! si !
Si ! si ! si !…
X


Sur la rout’ de nos foyers (bis)
Alors, couverts de lauriers, (bis)

Quand nous r’viendrons, (bis)
quels cris ! quels bonds ! (bis)
bis


Pour les vainqueurs y’aura du bon !

chœur Bon, bon, bon,
Bon !! bon !! bon !!


LA PETITE MAMAN














 


 

LA « PETITE MAMAN »


Musique nouvelle de THÉODORE BOTREL.

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"accordion"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=90
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     { \grace { mi16[ re] } do4.~^\markup \halign #-2 \italic "Entre les Couplets" do4 r8 | R1*6/8 \mark \markup \halign #-5 \fontsize #-4 { \musicglyph #"scripts.coda" }  \bar "|." }
     { \time 6/8 do'4.~^\markup \halign #-2 \italic "Pour finir"  do4 r8  | R1*6/8 \bar "|." }
  }
}
textA = \lyricmode {
  Y’a -- vait, chez nous, un p’tit gâs, 
  Et lon lon laire, et lon lon la. Y’a -- vait chez nous, 
  un p’tit gâs Qu’au -- rait vou -- lu se fair’ sol  dat… 
  Mais a -- vait peur, en par -- tant, Et lon lon 
  laire, et lon lon la. Mais a -- vait peur, 
  en par -- tant, De fair’ pleu -- rer sa p’tit’ ma- 
  man_! man_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
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    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
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  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Y’avait, chez nous, un p’tit gâs,
Et lon lon laire, et lon lon la
Y’avait, chez nous, un p’tit gâs
Qu’aurait voulu se fair’soldat…
Mais avait peur, en partant,
Et lon lon laire, et lon lon la
Mais avait peur, en partant,
De fair’pleurer sa p’tit’maman !

II

Elle était veuve d’un marin,
Et lon lon laire, et lon lon la
Elle était veuve d’un marin,
Et n’avait plus que ce gamin.
Ce grand câlin de seize ans,
Et lon lon laire, et lon lon la
Ce grand câlin de seize ans
Qui l’appelait : « Ma p’tit’maman »…

III

L’gâs soupira tant et tant
Et lon lon laire, et lon lon la
L’gâs soupira tant et tant
Dans son lit-clos, des nuits durant,
Qu’elle lui dit en souriant,
Et lon lon laire, et lon lon la
Qu’elle lui dit en souriant :
« Embrass’bien fort ta p’tit’maman ; »

IV

« Embrass’-moi vite et va-t’en,
Et lon lon laire, et lon lon la
Embrass’moi vite et va-t’en.
Puisque la France, au « front », t’attend ;
Elle est ta Mère, mon enfant,
Et lon lon laire, et lon lon la
Elle est ta Mère, mon enfant,
Quand, moi, je n’suis qu’ta « p’tit’maman » !…


AVEC MES SABOTS














 


 

AVEC MES SABOTS

Sur l’air de « C’était Anne de Bretagne ».

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=90
  \clef treble
  \key sib \major
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  \autoBeamOff
  sol4^\mf^\markup \halign #-2 "Solo" sol8 \stemUp sib4 sib8 | la4 la8 sol4\( sol8\) | sib4^\markup "Chœur" sib8 \bar "" \break
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}
textA = \lyricmode {
   Ar -- pen -- tant nos champs, nos grè -- ves A -- vec 
   mes sa -- bots. Je vi -- vais de cal -- mes rê -- ves 
   A -- vec mes sa -- bots 
   Au pa -- ys d’Ille- et- Vi- 
   lai -- ne, A -- vec mes sa -- bots, don -- dai -- ne, 
   Ah_! ah_! ah_! Vi -- vent mes sa -- bots de bois_!
}
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    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
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    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    indent = 0.5\cm
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I


Arpentant nos champs, nos grèves
Chœur : Avec mes sabots,
Je vivais de calmes Rêves
Chœur : Avec mes sabots
Au Pays d’Ille-et-Vilaine
Avec mes sabots, dondaine !

Chœur Ah ! ah ! ah !
Vivent mes sabots de bois !
II


Mais la France crie : Aux Armes !
Chœur : Avec mes sabots,
Délaissant ma « douce » en larmes.
Chœur : Avec mes sabots
Je rallie aussitôt Rennes
Avec mes sabots, dondaine !

Chœur Ah ! ah ! ah !
Vivent mes sabots de bois !
III


Au dos bouclant ma gamelle
Chœur : Avec mes sabots.
Je vole où le Sort m’appelle
Chœur : Avec mes sabots :
À la frontière lointaine
Avec mes sabots, dondaine !

Chœur Ah ! ah ! ah !
Vivent les sabots de bois !
IV


Et, depuis, dans la tranchée,
Chœur : Avec mes sabots.
Dans la boue jamais séchée
Chœur : Avec mes sabots


J’ai tenu sans trop de peine
Avec mes sabots, dondaine !

Chœur Ah ! ah ! ah !
Vivent les sabots de bois !
V


Un soir, les Boches en nombre
Chœur : — Avec mes sabots —
Crurent nous cerner dans l’ombre :
Chœur : Avec mes sabots
J’en assommai deux douzaines
Avec mes sabots, dondaine !

Chœur Ah ! ah ! ah !
Vivent mes sabots de bois !
VI


Que sonne l’heure héroïque
Chœur : Avec mes sabots
J’arpenterai la Belgique
Chœur : Avec mes sabots
Et l’Alsace et la Lorraine
Avec mes sabots, dondaine !

Chœur Ah ! ah ! ah !
Vivent mes sabots de bois !
VII


Sainte Anne d’Auray me garde :
Chœur : Avec mes sabots
Et, de sergent, sans qu’il tarde
Chœur : Avec mes sabots
Je deviendrai capitaine
Avec mes sabots, dondaine !

Chœur Ah ! ah ! ah !
Vivent mes sabots de bois !
VIII


Puis, vaincue la Prusse immonde,
Chœur : Avec mes sabots
Je reviendrai vers ma blonde
Chœur : Avec mes sabots
Au pays d’Ille-et-Vilaine
Avec mes sabots, dondaine !

Chœur Ah ! ah ! ah !
Vivent mes sabots de bois !
IX


Et, par nos champs et nos grèves,
Chœur : Avec mes sabots
Je reprendrai mes doux Rêves
Chœur : Avec mes sabots
En chantant à perdre haleine
Avec mes sabots, dondaine :

Chœur Ah ! ah ! ah !
Vivent mes sabots de bois !


LE PETIT PRINCE SOLDAT
« Le Roi des Belges vient d’enrôler
au 12me de ligne son fils aine, le jeune
Prince Léopold. »
xxxxxxxxxxxxxxxxxx(Les Journaux.)












 


 

LE PETIT PRINCE SOLDAT

Ballade.

Le Roi-Chevalier vient sur la Grand’Place
Présenter son fils à ses compagnons :
« Voici, leur dit-il, l’Espoir de ma Race :
Il tient l’Avenir en ses poings mignons ;
Il a de l’ardeur, aussi du courage ;
S’il n’a que treize ans d’hier révolus.
Dites-vous, amis : malgré son jeune âge
La Belgique compte un Soldat de plus ! »

Tout près, sur l’Yser, hurle la bataille ;
L’Ennemi s’enfuit tout en tiraillant ;
Mais le jeune « bleu » redresse sa taille
Tant ce bruit convient à son cœur vaillant.

Ah ! pour ses « anciens » l’orgueil n’est pas mince :
Quel joli conscrit parmi ces « poilus » !
Comme frère d’Arme on leur donne un Prince !…
La Belgique compte un Soldat de plus !

Va, petit David, prépare ta fronde !
(En la regardant Goliath rira.)
Fais-la tournoyer ! Qu’elle siffle et gronde !
Lance le caillou : Dieu le guidera !
Atteint en plein « front » le Géant s’arrête ;
Il chancelle, et tombe à demi perclus…
Cours, petit David : tranche-lui la tête !…
…La Belgique compte un Soldat de plus !

ENVOI :

Prince, en regardant la flamme allumée
En tes yeux profonds, clairs et résolus,
Sais-tu ce qu’on dit, de Toi, dans l’Armée ?
« La Belgique compte un Vengeur de plus ! »

(Flandre Belge, 7 avril 1915.)


LA MESSE AU CAMP














 

Au cher Colonel Porte et à ses vaillants Marsouins,
en souvenir d’une Messe aux tranchées de
Fontaine-les-Cappy (27 juin 1915).

 

LA MESSE AU CAMP

Chanson dialoguée sur l’air de « La Messe en mer »[2].

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=100
  \clef treble
  \key lab \major
  \time 2/4
  \compressMMRests { R1*2/4*2 } \bar "||" \time 3/4
  \autoBeamOff
  r16^\markup \fontsize #-1 \italic "Vivo." do do do lab lab \stemUp sib sib \bar "" \break
  \stemNeutral do8 fa,16 fa \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||"
  \repeat volta 2 {
    fa16 do' do do lab lab \stemUp sib sib \bar"" \break
    \stemNeutral do8. lab16 | lab lab \stemUp sib sib lab4( sol \bar "||" \time 2/4 \set melismaBusyProperties = #'() fa8.)^\markup \fontsize #-1 \italic "Largo." fa16 lab8. sol16 | \break
    \unset melismaBusyProperties fa8. fa16 lab8 sib | \stemNeutral do4 r8 do | lab8. lab16 sib8 sib | \break
    lab4( sol \bar "||" 
  }
  \alternative {
     { \time 3/4 \set melismaBusyProperties = #'() fa16)^\markup \halign #-2 \italic "Pour suivre" \unset melismaBusyProperties do' do do lab lab \stemUp sib sib \bar "" \break
       \stemNeutral do8 fa,16 fa \mark \markup \halign #-5 \fontsize #-4 { \musicglyph #"scripts.coda" }  \bar "||" }
     { \time 2/4 lab4(^\markup \halign #-2 \italic "Pour finir" sol) | \override Staff.NoteHead.style = #'neomensural la\longa*1/8 | R1*2/4 \bar "|." }
  }
  s4
}
textA = \lyricmode {
  Mais com -- ment fe -- ra -- t-on. ser- 
  gent, Dans le camp, Mais com -- ment fe -- ra -- t-on, ser- 
  gent, Pour nous di -- re la mes -- se_? De -- main, di- 
  manche, huit coups ta -- pant, Je tien -- drai ma pro- 
  mes -- se_! —_Un cu -- ré, vous croy -- -ez, ser- 
  gent, Dans le Fran -- ce_!
}
\score {
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    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
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    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

— Mais comment fera-t-on, sergent,
Dans le camp,
Mais comment fera-t-on, sergent,
Pour nous dire la messe ?
— Demain dimanche, huit coups tapant,
Je tiendrai ma promesse.

II

— Un curé, vous croyez, sergent,
Dans le camp,
Un curé, vous croyez, sergent,
En trouver un, peut-être ?
— Ne sait-on pas, au régiment,
Que moi-même suis prêtre ?

III

— Sans nappe et sans autel, sergent,
Dans le camp,
Sans nappe et sans autel, sergent,
Comment allons-nous faire ?
— Sur un’caiss’d’approvisionn’ment,
Un’bâch’fera l’affaire.

IV

— La Sainte-Table, alors, sergent,
Dans le camp,
La Sainte-Table, alors, sergent,
En plein air sera mise ?
— Vive le plein air quand l’All’mand
Bombarde les églises !

V

— Mais comment prévenir, sergent,
Dans le camp,
Mais comment prévenir, sergent,
Que le bon Dieu s’approche ?
— Pour sonner, le bon ralliement
Le clairon vaut la cloche.

VI

— Mais, pour l’Élévation, sergent,
Dans le camp.
Mais pour l’Élévation, sergent,
Où trouver la clochette ?
— Le « soixant’-quinze » au bon moment.
Servira de sonnette !

VII

— À ce moment, pas vrai, sergent,
Dans le camp,
À ce moment chacun, sergent,
S’incline vers la terre ?
— Le front devant Dieu se courbant.
Se r’dress’mieux à la guerre !

VIII

Nous n’avons pas d’orgue, sergent,
Dans le camp,
Nous n’avons pas d’orgue, sergent,
Et cela nous tracasse…
— Pour orgue, on aura le bon vent
Qui souffle de l’Alsace !

IX

— Nous demand’rons à Dieu, sergent,
Dans le camp,
Nous demand’rons à Dieu, sergent,
La fin de nos souffrances…
— Ne lui demandez, mes enfants,
Que l’Honneur de la France !


CRUCIFIÉ !
» Les Canadiens se comportent admirablement. Ils sont fous de rage parce qu’ils auraient trouvé un de leurs camarades, un Canadien français, crucifié par les Allemands. Ceci n’est pas un simple racontar, mais un fait réel qu’un général est prêt à certifier. »
xxxxxxxxxxMorning Post. — Londres, 5 mai.












 


 

CRUCIFIÉ !

(Sonnet.)

Un Canadien-Français, blessé, gisait à terre
Sur le bord d’un chemin de halage flamand ;
Son flanc, son front, saignaient ; il râlait doucement,
Ses regards commençant à s’emplir de mystère ;

Il râlait !… C’est alors que, pour le faire taire,
Sur l’ordre d’un brutal feldwebel allemand
On le crucifia, pensant, férocement,
Crucifier, d’un coup, la France et l’Angleterre !


France !… c’est par l’Amour que tu seras sauvée !
Vois : mourant du bonheur de t’avoir retrouvée,
Tes enfants de jadis t’aiment jusqu’à la Croix !

Pour que ta Mission sublime persévère
Le Canada fidèle est là, sur son Calvaire,
Qui tend vers Toi ses bras sanglants… comme autrefois !


ITALIE, ÉCOUTEZ-MOI DONC !














 


 

ITALIE, ÉCOUTEZ-MOI DONC !

ou « La dernière Conversation » (par fil spécial de l’Agence Wolf).
Sur l’air de Bruant[3]: « Mademoiselle, écoutez-moi donc ! »

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"accordion"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=100
  \clef treble
  \key do \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  \partial 4 sol8 sol \bar "||" mi4 sol16 sol sol sol | do4 do16 do do do | \break
  do8 do16 re mi8 do | re\( re\) sol, sol | mi4 sol16 sol sol sol | \break
  do4 do16 do do do | do8 do16 re mi8 re | \partial 4 do4 \bar "||" \break
  \partial 4 mi8 mi | re4 do16 do do do | \stemUp si4 la16 la la la | \break
  si8 si16 si \stemNeutral re8 re | \stemUp si8\( sol\) \stemNeutral mi' re | re4 do16 do do do | \break
  \stemUp si4 la16 la la la | si8 si16 si \stemNeutral re8 re | sol,4 sol8^\markup \halign #4 \fontsize #-2 { \char ##x250c \concat { "— 2" \super "e" " Couplet - " }} sol \mark \markup \fontsize #-2 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||"
}
textA = \lyricmode {
 —_I -- ta -- lie, é -- cou -- tez- moi donc, Ne dé -- non -- cez 
  pas no -- tre chèr’ Tri -- pli- ce, I -- ta -- lie, 
  é -- cou -- tez- moi donc. Dans votre in -- té -- rêt, 
  chan -- gez d’di -- rec -- tion. 
  —_Non, Kai -- ser, non, je n’t'é -- cout’ pas, 
  Car tu me dé -- goût’s, ain -- si qu’ton com -- pli -- ce, 
  Non, Kai -- ser, non, je n’t'é -- cout’ pas, 
  J’veux pas être en tiers dans vos at -- ten -- tats_! —_I -- ta- 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel { \override LyricText.font-size = #-1 \textA }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

— Italie, écoutez-moi donc,
Ne dénoncez pas notre chèr’Triplice,
Italie, écoutez-moi donc :
Dans votre intérêt, changez d’direction !
— Non, Kaiser, non, je n’t’cout’pas
Car tu me dégout’s ainsi qu’ton complice,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas :
J’veux pas être en tiers dans vos attentas !

II

— Italie, écoutez-moi donc !
Faisons-nous des chos’s tell’ment stupéfiantes ?
Italie, écoutez-moi donc,
Dit’s-moi c’qui provoq’ votre indignation…
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas,
J’peux pas avaler tes bomb’s asphyxiantes,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas :
J’peux pas digérer le « Lusitania » !

III

— Italie, écoutez-moi donc !
Ces procédés d’Guerre ont peu d’importance ;
Italie, écoutez-moi donc !
Quand je s’rai vainqueur on les trouvera bons !

Non, Kaiser, je n’t’écout’pas :
Quand on a fait Rome, Venise et Florence,
Non, Kaiser, je n’t’écout’pas :
On songe à venger Louvain, Reims, Arras !

IV

— Italie, écoutez-moi donc !
J’ai, comm’vous, le cœur plein d’délikatesse ;
Italie, écoutez-moi donc :
Ah ! ne doutez pas de mon affection !
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas :
J’sais qu’autour du Pô, tu rôdes sans cesse,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas :
Va, c’est bien en vain que tu me fais du « plat » !

V

— Italie, écoutez-moi donc :
L’Traité Italo-Austro-Germanique,
Italie, écoutez-moi donc,
À côté des nôtr’s, porte votre nom !…
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas !
Ce « chiffon d’papier », comm’celui d’Belgique,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas !
Ce « chiffon d’papier », tu le déchir’ras !

VI

— Italie, écoutez-moi donc !
Afin d’vous prouver combien je vous aime,
Italie, écoutez-moi donc :
J’vous donn’rai l’Trentin… et ses environs !
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas,
Quand j’veux quelque chos’, je me sers moi-même
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas.
J’ai des bons marins et des bons soldats !

VII

— Italie, écoutez-moi donc !
Sans vous, j’m’en irais d’déveine en déveine,
Italie, écoutez-moi donc :
Avec vous, j’couch’rais sur mes positions !…
— Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas ;
Le lait de la Louve bouillonne en mes veines,
Non, Kaiser, non, je n’t’écout’pas,
La fille de César n’aime pas Attila !…

VIII

— Italie, écoutez-moi donc !
Je vais vous passer au fil de l’épée,
Italie, écou…
(Le fil est coupé.)


RÉSURRECTIONS !














 


 

RÉSURRECTIONS !

(Sonnet.)

Le Christ était cloué sur le vieux mur gothique,
En son Geste éperdu de tendre affliction,
Quand un obus, soudain, perçant la voûte antique
A brisé le gibet de la Rédemption ;

Et le Dieu délivré, dans un grand vol oblique
Semble ascensionner le Ciel sur un rayon,
Car la mitraille a fait — miracle symbolique —
De ce Crucifiement, la Résurrection !


Ô ma France ! tes bras, aussi, vont se détendre,
Tes bras crucifiés de l’Alsace à la Flandre,
Et le sort de Jésus demain sera ton sort ;

La Rage de la Horde en vain sur Toi s’excite :
Quand elle croit t’abattre elle te ressuscite
Te donnant, comme au Christ, un immortel essor !

(Marquevillers (Somme), juin 1915.)


DANS LA BOUE…
« Le Lokal Anzeiger, de Berlin, nous a sérieusement pris à partie, cette semaine. Il nous a dit « nos vérités ». Ces pauvres Boches n’ont jamais rien compris et ne comprendront jamais rien. La Guerre ne les changera pas et l’ironie restera toujours pour eux une fée insaisissable. Ne nous étonnons donc pas s’ils n’ont pas goûté « Dans la boue », la gaie chanson de notre collaborateur Théodore Botrel, ni nos anecdotes qu’ils falsifient d’ailleurs en les traduisant. »
(Le Bulletin des Armées de la République,xxx
28-31 mars 1915.)











 

DANS LA BOUE…


Sur l’air de « La brigue don daine » [4].

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup \fontsize #-2 { Allegretto } 4=100
  \clef treble
  \key la \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  \partial 8 r8 | \compressMMRests { R1*2/4*15 } | r4 r16 r\fermata \bar "||" mi16 mi \mark \markup \halign #-5 \fontsize #-4 { \musicglyph #"scripts.coda" } \bar "||" la8 la \stemUp si si | \break
  \stemDown dod8 dod dod16 \stemUp si la si | \stemNeutral dod8 dod dod16 \stemUp si la si | \break
  \stemNeutral dod4\fermata mi,8 mi | la la \stemUp si si | \stemNeutral dod dod dod16 \stemUp si la si | \break
  \stemNeutral dod8 dod dod16 \stemUp si la si | \stemNeutral dod4\fermata dod8 re | mi[ dod] mi4 | \break
  mi8 fad re[ dod] | \once \stemUp si4\fermata la8 la | la la dod[ la] | mi4 dod'8 re | \break
  mi dod mi4( | fad8) fad re4 \bar "||" \time 2/8 r4 \bar "||" \time 2/4 dod4. mi8 | \break
  dod4 r | si4. mi8 | la,4 r8\fermata mi16 mi \mark \markup \halign #-5 \fontsize #-4 { \musicglyph #"scripts.coda" } \bar "||" s4
}
textA = \lyricmode {
   Ain -- si que des p’tits can’-
   tons, La di -- gue di -- gue digu’ la di -- gue di -- gue
   don, Sans ré -- pit nous bar -- bo -- tons, La di -- gue
   la di -- digu’ la di -- gue di -- gue don, De -- puis de lon --
   gues se -- mai -- nes, La bri -- gue don -- dai -- ne,
   Plus sou -- vent cou -- chés qu’de -- bout
   Dans la boue. Dans la boue_! Lorsqu’ aux 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    indent = 0.5\cm
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}



I

Ainsi que des p’tits can’tons,

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Sans répit nous barbotons

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Depuis de longues semaines,


Chœur :xxxxxLa brigue dondaine,

Plus souvent couchés qu’debout,

Chœur
Dans la boue,
Dans la boue !
II

Lorsqu’aux tranchées nous allons,

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Dans la nuit nous nous coulons.

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Nous engluant la bedaine.


Chœur :xxxxxLa brigue dondaine,

Ou bien glissant jusqu’au cou

Chœur
Dans la boue,
Dans la boue !
III

Nous y cassons le croûton,

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Y dormons à croupetons,

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

La chose n’est pas malsaine :


Chœur :xxxxxLa brigue dondaine,

À Dax, on se baigne itou

Chœur
Dans la boue,
Dans la boue !
IV

Et c’est ainsi tout le long,

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Tout le long, le long du front,

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Sans jamais reprendre haleine,


Chœur :xxxxxLa brigue dondaine,

Que nous avons tenu l’coup

Chœur
Dans la boue,
Dans la boue !
V

Le Boche en son abjection

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Trouv’charmant’la position

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Car il est, ce phénomène.


Chœur :xxxxxLa brigue dondaine,

Moitié phoque et moitié loup

Chœur
Dans la boue,
Dans la boue !
VI

Quand les beaux jours renaîtront,

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Au soleil nous remont’rons…

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Mais la Boch’rie inhumaine


Chœur :xxxxxLa brigue dondaine,

Pataugera jusqu’au bout

Chœur
Dans la boue,
Dans la boue !
VII

Et, quelque jour, nous verrons,

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Sombrer, avec son patron,

Chœur
La digue, digue, digue,
La digue, digue, don,

Toute la Race Germaine,


Chœur :xxxxxLa brigue dondaine,

Sous l’universel dégoût,

Chœur
Dans la boue,
Dans la boue !
(Dans les boues héroïques de l’Yser, — Janvier 1915.)

 


SI LE KRONPRINZ AVAIT VOULU














 


 

SI LE KRONPRINZ AVAIT VOULU

Sur l’air de « La Garonne », de Nadaud.
I

Si le Kronprinz avait voulu,
Lanturlu !
Évitant les lenteurs d’un siège
C’est d’assaut qu’il emportait Liège ;
Puis, en quatre jours, ayant pris
Lille, Nancy, Reims et Paris,
Tout pliant devant sa vaillance.
Si le Kronprinz avait voulu,
(L’euss’s-tu cru ?)
En huit jours, il prenait la France !

II

Si le Kronprinz avait voulu,
Lanturlu !
Gallia sous sa botte mise,
Il vous enfilait la Tamise
Puis, en deux jours, prenant London,
Cardiff, Dublin — et allez donc ! —
Il avait la Galle et l’Irlande :
Si le Kronprinz avait voulu,
(L’euss’s-tu cru ?)
Albion serait Allemande !

III

Si le Kronprinz avait voulu,
Lanturlu !
Revenant chez lui, sans épates,
Il vous dégageait les Karpathes
Et, disait au Tzar : « Quèqu’tu m’off’ ?
Dans ton palais de Péterhoff » ;
Et toi, Grand Duc, dans Pétrograde…
Si le Kronprinz avait voulu,
(L’euss’s-tu cru ?)
Ah ! que prenais-tu pour ton grade ?

IV

Si le Kronprinz avait voulu,
Lanturlu !
Des Balkans, il gagnait l’Afrique,
L’Océanie et l’Amérique
Et, de là, sautait d’un seul bond
Sur la Chine et sur le Japon :
Possesseur de la Mappemonde,
Si le Kronprinz avait voulu,
(L’euss’s-tu cru ?)
Il serait l’Empereur du Monde !

V

Mais le Kronprinz n’a pas voulu,
Lanturlu !
Prendre, à lui seul, toute la Gloire :
« Père, à vous — dit-il — la Victoire :
» Je préfère rester blotti,
» Me faisant petit, tout petit,
» Moi, dans le fond de ma tannière !… »
Non, le Kronprinz n’a pas voulu,
(L’euss’s-tu cru ?)
Humilier Monsieur son père !


LES BLEUETS














 


 

LES « BLEUETS »

Sur l’air « En revenant de noce ».

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=100
  \clef treble
  \key do \major
  \time 6/8
  \autoBeamOff
  \partial 4. mi8^\markup "Solo" mi fa | sol4. mi' | do4~ do8 mi, mi fa | sol4. mi' | \break
  do4 r8 re re re | re4. fa | mi4\( re8\) do \once \stemUp si la | sol4. la | \break
  << { \voiceOne  
       sol4 si8\rest^\markup "Chœur" sol4 la8 | sol4 la8 sol4 do8 | mi4. mi8 mi mi | \break
       mi4( re8) re re re | re4( do8) sol4 la8 | sol4 la8 \bar "" \break
       sol4 do8 | mi4. mi8 mi fa | mi4 re8 la4 si8 | \partial 4. do4 si8\rest \bar "|." \break
     }
  \new Voice { \voiceTwo  \autoBeamOff
       r4 s8 mi,4 red8 | mi4 red8 mi4 mi8 | sol4. sol8 sol sol | \break
       fad4~ fad8 fa fa fa | mi4~ mi8 mi4 red8 | mi4 red8 \bar "" \break
       mi4 mi8 | sol4. sol8 sol sol | fad4 fad8 fa4 fa8 | \partial 4. mi4 s8 \bar "|." \break
     }
  >> 
}
textA = \lyricmode {
  Les fiers sol -- dats de France, Du fal -- zard au ké- 
  pi, É -- taient ja -- dis ga -- ran -- ce_: Ils sont bleus au -- jour- d’hui_! V’là les bleus, les bleus, les bleus, Les bleu- ets bleus des champs de France, V’là les bleus, les bleus 
  les bleus, Les bleu -- ets 
  bleus vic -- to -- ri -- eux_!
  }
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Les fiers soldats de France,
Du falzard au képi
Étaient jadis garance :
Ils sont bleus aujourd’hui !

Refrain en chœur :

V’là les bleus, les bleus, les bleus,
Les bleuets bleus des champs de France,
V’là les bleus, les bleus, les bleus.
Les bleuets bleus victorieux !

II

Pour nous rendre invisibles
Sur les lignes de feu
C’est Joffre l’invincible
Qui nous a voués au bleu !

V’là les bleus…
III

Les Poilus bien en forme,
Nos « Terribles Toriaux »,
Sont « bleus » sous l’uniforme
Comme les Bleus nouveaux !…

V’là les bleus…
IV

L’Acier des « Rosalie »
Domine les bleuets :
C’est la moisson fleurie
De célestes reflets !

V’là les bleus…
V

Fuyant à notre approche
Quand nous fondrons sur eux,
Eux aussi les sal’s Boches
En resteront tout bleus !

V’là les bleus…
VI

Avec le Belge et l’Russe
L’Anglais alors criera :
À bas le « Bleu de Prusse » :
Le Bleu de France est là !

V’là les bleus…
VII

Quand de la Barbarie
Nous serons les vainqueurs,
Nous verrons la Patrie
Nous couronner de fleurs !

V’là les bleus…
VIII

Les fleurs en avalanches
Fleuriront nos flingots :
Les marguerites blanches
Et les coquelicots !

V’là les bleus…
IX

Et, dans la jeune Aurore,
Notre Armée en lambeaux
Fleurira tricolore
Comme un vivant Drapeau !…

V’là les bleus…

 


LE SOLDAT-PRÊTRE














   

Au lieutenant-abbé L. F.xx
du 4e Régiment d’infanterie
.

LE SOLDAT-PRÊTRE

Sonnet

Vicaire en temps de paix d’un gros bourg de Bretagne
Il fut nommé bientôt sergent, puis lieutenant.
L’œil vif, le cuir tanné par un an de campagne
Il est le plus aimé de nos chefs, maintenant.

Notre amitié pour lui cependant s’accompagne
D’un mystique respect, chez beaucoup surprenant :
Son ascendant moral sur ses Poilus y gagne
À l’heure du danger, sous le canon tonnant ;


Quand il crie : En avant ! sa main, d’un geste large,
Nous bénit, nous absout… et nous menons la charge
Plus gaiement d’avoir vu ce grand geste indulgent ;

D’autant mieux que la main tout à l’heure occupée
À nous bénir, brandit, à présent, une épée
Qui, tournoyante, a l’air d’un ostensoir d’argent !

(Au front, sous Arras, juillet 1915.)


À LA CHASSE AUX LOUPS !














 


 

À LA CHASSE AUX LOUPS !

Chanson-dialoguée dédiée aux Camarades de l’Argonne.
Sur l’air de « La chasse aux loups », de Botrel[5].

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"accordion"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=100
  \clef treble
  \key fa \major
  \time 6/8
  \autoBeamOff
  \compressMMRests { R1*6/8*3 } \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" 
  \repeat volta 2 {  
    r4 fa8 fa4 la8 | la4 fa8 fa4 la8 | \break
    la4 fa8 fa4 la8 | la4 fa8 fa4 la8 | la4 fa8 fa4 la8 | \break
    la4 sol8 sol4 fa8 | re4. r4. | r4 la'8 la4 la8 | la4 sol8 la4 \once \stemUp sib8 | \break
    do4.\fermata \acciaccatura la8 la4. | sol r | r4 la8 \stemUp sib4 la8 | la4 sol8 la4 sib8 | \break
    \stemNeutral do4. \acciaccatura  la8 la4. \bar "||" \time 2/4 sol8. fa16 sol4 \bar "||"
  }
  \alternative {
     { \time 6/8  fa4.^\markup \halign #-1 \italic \fontsize #-2 \concat { P \super r " suivre" } r4. \bar "||" }
     { \time 6/8 fa4.(^\markup \halign #-1 \italic \fontsize #-2 "Pour finir" la | la) r4. \bar "||" \break }
  }
  s4
}
textA = \lyricmode {
  —_Le sac au dos, le flingue en 
  mains, Où par -- tez- vous donc, les «_An -- ciens_», Lais -- sant vos 
  «_Bleus_» dans le ra -- vin_? —_Les «_Poi -- lus_» ont pris ren -- dez vous, Tihou hou_! Pour al -- ler à la chasse aux 
  loups… Tihou hou hou hou_! hou_! Hou_! __
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

— Le sac au dos, le flingue en mains,
Où partez-vous donc, les « Anciens »,
Laissant vos « Bleus » dans le ravin ?…
— Les « Poilus » ont pris rendez-vous

(En chœur, à pleine voix) : Tihou hou !
Pour aller à la chasse aux loups…
(En chœur, en écho) : Tihou hou hou hou hou !

II

— Pendant votre heure de repos
Pourquoi donc avez-vous, tantôt,
Si bien graissé vos godillots ?…
— Nous aurons à forcer des loups
Tihou hou !
Chaussés de bons souliers à clous…
Tihou hou hou hou hou !

III

— Courez-vous donc un grand danger,
Que, tout à l’heur’, notre aumônier
Nous a dit : « Veillez et priez… »
— C’est qu’avant de traquer les loups
Tihou hou !
Il fait bon se mettre à genoux…
Tihou hou hou hou hou !

IV

— Mais, en plus de leurs bons fusils,
Pourquoi tous les chasseurs vont-ils
S’embarrasser de leurs outils ?
— Puisqu’ils sont terrés dans leurs trous,
Tihou hou !
Nous allons déterrer les loups…
Tihou hou hou hou hou !

V

— Et savez-vous combien ils sont,
Au ras du sol ou bien au fond,
Vous guettant dans le bois profond ?
— Leur nombre importe peu pour nous :
Tihou hou !
Bon chien de race vaut dix loups !…
Tihou hou hou hou hou !

VI

— Dites-moi, l’« Ancien », pourquoi donc
En grand silence vous fait-on
Mettre baïonnette au canon ?…
— Ne sais-tu donc plus que, chez nous,
C’est au couteau qu’on « sert » les loups ?
Tihou hou hou hou hou !

VII

— Bonne chance ! Allons, ça ira !…
Tombés… comme on vous vengera !
Vainqueurs… comme on vous fêtera !
— Quand, la nuit, hurleront les loups,
Tihou hou !
Yaura du bon… pensez à nous !
Tihou hou hou hou hou !
Hou !…

(Tranchées du Four-de-Paris, Argonne).

 


PRINTEMPS DE GUERRE














 


 

PRINTEMPS DE GUERRE

(Sonnet.)
« Pas de femmes !… »xxx
(Le Petit Duc.)

L’heure n’est pas aux madrigaux, mes camarades,
Et l’on sera sévère à ceux-là qui viendront
Chanter, amoroso, de tendres sérénades
Au rythme du canon farouche et du clairon ;

Mais, sans soupirs amers, mais, sans regrets maussades,
Tous les Poilus que vous consulterez, diront
Que, sans femmes, les jours décidément sont fades
Dans les cantonnements évacués du « front ».

De ce Printemps dix-neuf cent quinze on pourra dire
Qu’il lui manque à la fois l’élégance et le rire
De la promise, et de l’épouse, et de la sœur.

Mais notre sacrifice est rempli de douceur :
N’es-tu pas, entre toutes les femmes, chérie
Toi, la Mère, et l’Épouse, et l’Amante… ô Patrie ?

(Au front, 21 mars 1915.)

 


LE DRAPEAU
DE JACQUES BONHOMME














 


 

LE DRAPEAU DE JACQUES BONHOMME

Musique de THÉODORE BOTREL[6]

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=100
  \clef treble
  \key fa \major
  \time 6/8
  \autoBeamOff
  \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } 
  \repeat volta 2 {  
    fa4 sol8 la4 la8 | la la la la4\( la8\) | \break
    sol sol la sol4 fa8 | la4.~ la4 r8 | fa4 sol8 la4 la8 | \break
    la la la la4\( la8\) | sol sol la sol4 la8 | \break
    fa4.~ fa4 r8 | fa4 la8 do4 do8 | do do do re4\( do8\) \bar "||" \time 9/8 \break
    la8 la la sol4. fa | \bar "||" \time 6/8 do'4.~ do4 r8 | fa4 do8 do4 \once \stemUp sib8 | \break
    la do \once \stemUp sib la4\( la8\) \bar "||" \time 9/8 la8 la la sol4. fa \bar "||" \time 6/8 \break
    do'4.~ do4 r8 |
  }
  \alternative {
     { la8 la la^\markup \italic \fontsize #-2 "Entre les couplets" sol4 la8 | fa4.~ fa4 r8^\markup \italic "D. C." \bar "||" \break }
     { la8^\markup \italic \fontsize #-2 "Pour finir" la la sol4 fa'8 | }
  }
  fa4.~ fa4 r8 \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" s4
}
textA = \lyricmode {
  Le dra -- peau de Jac -- ques Bon -- hom -- me
  Ne da -- te pas d’hi -- er_! Il a vu cent
  guer -- res en som -- me Et n’en est que plus
  fier_; Du bon peuple il est l’es -- pé -- ran -- ce,
  N’ou -- bli -- ons pas ce -- là_! Flot -- te, flot -- te,
  dra -- peau de Fran -- ce, Jac -- ques Bon -- homme est là_!
  Jac -- ques Bon -- homme est là_!
  Pour Toi vivre et mou -- rir_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Le Drapeau de Jacques Bonhomme
Ne date pas d’hier
Il a vu cent guerres, en somme,
Et n’est que plus fier :
Du bon Peuple il fut l’Espérance
N’oublions pas cela !…
Flotte, flotte, drapeau de France :
Jacques Bonhomme est là !

II

C’est Clotilde ou bien Geneviève
Qui nous l’ont, autrefois.
Découpé d’un revers de glaive,
Dans leur manteau gaulois :
Quelque chef aux larges épaules
Le mit à son épieu…
Flotte, flotte, drapeau des Gaules,
Flotte beau drapeau bleu !

III

Puis ce fut l’heure où la Patrie
Quoi que fit Duguesclin
Vit venir, dolente et meurtrie,
Son funèbre déclin…
Quand, soudain, Jeanne-la-Revanche
La sauva de la mort ;
Flotte, flotte, bannière blanche,
Aux trois fleurs de lys d’or ! (bis)

IV

Mais, un jour, d’un élan suprême,
Jacques, plein de fierté.
Dut défendre et sauver lui-même
Sa jeune Liberté…
Et, la Marseillaise à la bouche.
Il passa, tout puissant !
Flotte, flotte, drapeau farouche,
Rouge de notre sang ! (bis)

V

C’est ainsi — que nul n’en ignore ! —
Amis, qu’aux anciens jours
Le Drapeau devint tricolore
En sauvant nos Amours ;
Jusqu’au bout, jurons de le suivre
Sans crainte d’en souffrir…
Flotte, flotte ! nous saurons vivre
Et nous saurions mourir :
Pour Toi, vivre et mourir !


LA VIERGE
DU CLOCHER D’ALBERT














 


 

LA VIERGE DU CLOCHER D’ALBERT

(Sonnet.)
Dédié aux Mères Françaises.

Du sommet du clocher, dans la lumière blonde,
La Vierge rayonnait sur tous les alentours
Et — nous offrant, de loin, pour le salut du Monde
Son Jésus bras en croix — bénissait nos labours.

Le Vandale arriva soudain ; sa horde immonde
Bombarda nos beffrois, nos clochers et nos tours…
Mais la Vierge — ô Bonté qui semblait sans seconde -
En chancelant nous tend son Fils, encor, toujours !

Or, son Geste est le vôtre à vous aussi, Françaises :
Après tant, tant de jours cruels, de nuits mauvaises,
Quand même n’auriez-vous qu’un enfant pour soutien,

Chancelantes, le cœur broyé, le front sévère,
En lui montrant la France en pleurs sur son Calvaire
Vous lui criez : « Va, monte, ô mon fils, et meurs bien ! »

(Albert, 14 mai 1915.)

 


IL PLEUT,
IL PLEUT DES BOMBES !…














 


 

IL PLEUT, IL PLEUT DES BOMBES !…

Sur l’air de « Il pleut, bergère ».
À la petite Denise Cartier.

« Ma chère enfant ; je reviens d’Ypres-Ia-Bombardée où j’ai passé d’inoubliables instants au milieu de quelques régiments de héros, réunis pour entendre mes humbles chansons, dans l’église Saint-Jacques, seul monument hier encore à peu près debout dans la pauvre cité mutilée. Pour estrade, j’avais les débris de l’autel, parmi lesquels, en me retirant, je découvris le petit morceau de sculpture que je me permets de vous offrir. C’est une aile d’ange. Car, aux cris de : « Gott mit uns ! », les « Barbares » (et vous en savez quelque chose !) s’amusent à fracasser les ailes des chérubins.
xxxx » Je joins à cette relique — dûment authentifiée — une petite chanson que je vous dédie en témoignage de ma respectueuse admiration pour votre vaillance et aussi — et surtout — de ma dévouée affection. »


\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=90
  \clef treble
  \key la \major
  \time 6/8
  \autoBeamOff
  \override Staff.TimeSignature.break-visibility = ##(#f #t #t)
  \partial 8 mi8 | la4 \once \stemUp si8 dod4 \once \stemUp si8 | la4. mi4 mi8 | fad4 fad8 \bar "" \break
  mi8 mi mi | fad4 fad8 mi4 mi8 | la4 \once \stemUp si8 dod4 \once \stemUp si8 | \break
  \phrasingSlurUp la4.\( mi\) \bar "||" \time 9/8 mi'4. dod4 la8 \once \stemUp si4 mi,8 \bar "||" \time 6/8 la4 la8 la4. \bar "||" \break
  \time 9/8 mi'4. mi4 la,8 \once \stemUp si4 mi,8 \bar "||" \time 6/8 la4 r8 r4 s8 \bar "||"
}
textA = \lyricmode {
   Il pleut, il pleut des bom -- bes (Et boum_! et
   bon_! ba -- da -- boum_! et bon_!) Il pleut, il pleut des
   bom -- bes_: Ren -- trons à la mai -- son, zon zon_!
   Ren -- trons à la mai -- son_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    indent = 0.5\cm
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Il pleut, il pleut des bombes
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
Il pleut, il pleut des bombes :
Rentrons à la maison
Zon, zon !
Rentrons à la maison…

II

 
… Car c’est la Mort qui tombe
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
Car c’est la Mort qui tombe
Du haut des avions…

III

… Des avions infâmes
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
Des avions infâmes
Aux doux noms de « pigeons »…

IV

… Qui mitraillent les femmes
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
Qui mitraillent les femmes
Avec leurs enfançons !…

V

Ah ! que veux-tu que dise
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
Ah ! que veux-tu que dise
Le Jésus tendre et bon…

VI

… En voyant, ma Denise,
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
En voyant, ma Denise,
Ta mutilation ?…

VII

Il s’écriera : «Guillaume,
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
Il s’écriera : « Guillaume,
» Va-t’en chez le Démon !…

VIII

» Je maudis ton Royaume
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
» Je maudis ton Royaume,
» Roi cynique et fripon…

IX

» Et ta Race cruelle
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
» Et ta Race cruelle
» Qui massacre en mon Nom…

X

» Et mutile les ailes…
(Et boum ! et bon ! badaboum et bon !)
» Et mutile les ailes
» De mes Anges mignons ! »

 


JEAN-SAC-AU-DOS














 


 

JEAN-SAC-AU-DOS


Musique de THÉODORE BOTREL[7].

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo  \markup \italic \fontsize #-2 "Bien décidé"4=100
  \clef treble
  \key fa \major
  \time 6/8
  \autoBeamOff
  r4 r8 r4 do8 \mark \markup \fontsize #-4 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" fa8. fa16 fa8 la fa la | do8.[\( la16] do8\)~ \bar "" \break
  do4 la8 | do8. la16 fa8 mi fa la | re,4.~ re8 r8 sol | \break
  sol la sol fa mi re | mi4.\( re | mi\)~ mi8 r8^\markup \fontsize #-2 \italic "avec feu" do | \break
  fa8. fa16 fa8 la la do | mi8.[\( re16] do8\)~ do4 la8 | do8. \once \stemUp sib16 la8 \bar "" \break
  sol^\markup \fontsize #-1 \halign #-1.5 \concat { \char ##x250c "-dernier * couplet-" \char ##x2510 } fad sol \bar "||" \time 9/8 do4.~ do4 r8 do,4 do16 la' \bar "||" \time 2/4 fa4~ fa8 r8 \bar "||" \break
  \time 6/8 r4 r8 r4 do8^\markup \halign #-1.5 \concat { \char ##x250c  "— dernier Couplet —" } \mark \markup \fontsize #-4 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" \time 9/8 do'4.~ do4 r8 do,4 do'16 do \bar "||" \time 2/4 fa4~ fa8 r8 \break
 
}
textA = \lyricmode {
  Quel est donc ton nom, joy -- eux dril -- le,
  Qui pars au «_front_» leste et dis -- pos, Rose
  et jo -- li comme u -- ne fil - -- le_? —_Je
  n’ai plus de nom de fa -- mil -- le_; Je n’ai qu’un nom_:
  Jean Sac- au- Dos_! Jean Sac- au -- Dos_!
  Au- Dos, Jean Sac- au -- Dos_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel { \override LyricText.font-size = #-1 \textA }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

— « Quel est donc ton nom, joyeux drille
Qui pars au « front » leste et dispos,
Rose et joli comme une fille ?
— Je n’ai plus de nom de famille ;
Je n’ai qu’un nom : Jean-Sac-au-dos ! »

II

— « Ayant du bleuet la nuance,
Au milieu des coquelicots
Tu sembles une fleur immense.
— Je suis fleur du Jardin de France ! »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !

III

— « Songeant à ta mère chérie
Tu dois avoir le cœur bien gros
Et l’âme tout endolorie ?
— Ma mère à moi, c’est la Patrie ! »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !

IV

— « Je t’ai vu la tête baissée
Au milieu des joyeux propos,
Songeant à quelque délaissée ?…
— C’est Victoire ma fiancée, »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !

V

— « Guillaume nous nargue et nous jette
Des insultes dans ses journaux ;
Et sa voix est pointue et nette…
— Pas autant que ma baïonnette ! »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !

VI

— « Certes, mon gâs, la France est Celle
Qu’il faut aimer sans nul repos :
Je veux vivre pour La voir belle !
— Moi, je voudrais mourir pour Elle ! »
M’a répondu Jean-Sac-au-dos !


LA MARCHE DES POILUS














 


 


LA MARCHE DES « POILUS »

Sur l’air des « Pioupious d"Auvergne », d’Antonin Louis[8].
Mouvement de marche.

\language "italiano"

melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  %\tempo 4=90
  \clef treble
  \key do \major
  \time 2/4
   \compressMMRests {
   \override MultiMeasureRest.expand-limit = #2
   R2*8 \bar "||" \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } R2*8 \bar "||"
  }
   do8^\markup \halign #0 "Solo" sol do re | mi4\( do\) | re8. do16 \bar "" \break
   \override Stem.neutral-direction = #up si8 re | do sol-!^\markup "Chœur" do-! r8 | do^\markup "Solo" sol do re | mi4\( do\) | \break
   re8. do16 si8 re | do sol-!^\markup "Chœur" do-! r8 | mi^\markup "Solo" sol fa mi | \break
   re4\( sol,\) | mi'8 sol fa mi | re mi-!^\markup "Chœur" re-! r8 | fa->^\markup "Solo" re \bar "" \break
   mi fa | mi\( re\) si do | mi4 re | sol8 re-!^\markup "Chœur" sol-! r8 \bar "||" \break
   do,4->^\markup { "REFRAIN" \fontsize #-1 (en chœur) \italic "très résolument." }
   mi8. re16 | do8 sol mi sol | do4 re | mi\( do\) | re8-! mi-! \bar "" \break
   re-! mi-! | re4. r8 | do-! re-! do-! re-! | do4. r8 | do4 mi8. re16 | \break
   do8 sol re sol | do4 re | mi\( do\) | fa8.-> mi16 re8 fa | \break
   mi8. re16 do8 mi | re do si re | do4 r \bar "||" \break
}

textA = \lyricmode {
  Les fran -- çais en guer -- re Sont de
  vrais Poi -- lus, Poi -- lus, la Pa -- trie est fiè -- re
  De ses chers Poi -- lus, Poi -- lus. Le Bo -- che re --  cu -- le,
  Sa -- chant bien qu’ils sont, qu’ils sont, Cos -- tauds 
  comme Her -- cu -- le Et com -- me Sam -- son_! Sam -- son_!
  V’là les Poi -- lus qui vont sau -- ver la Fran -- ce_! V’là les 
  bons Poi -- lus, Fiers et ré -- so -- lus_! Bra -- vant la 
  mort et nar -- guant la souf -- fran -- ce, Les temps ré -- vo -- lus,
  Rien n’ar -- rê -- t’ra plus Les Poi -- lus_!
}


\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    {  \autoBeamOff \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
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    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

 

I


xxxxxxxxxxxxxxLes Français, en guerre,
xxxxxxxxxxxxxxSont de vrais poilus.
xxxxxxxxxxChœur : Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxLa Patrie est fière
xxxxxxxxxxxxxxDe ses chers Poilus.
xxxxxxxxxxChœur : Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxLe Boche recule,
xxxxxxxxxxxxxxSachant bien qu’ils sont
xxxxxxxxxxxxxxCostauds comme Hercule
xxxxxxxxxxxxxxEt comme Samson.

Chœur :


xxxxV’là les Poilus qui vont sauver la France !
xxxxxxxxxxxxxxV’là les bons Poilus,
xxxxxxxxxxxxxxFiers et résolus !
xxxxBravant la Mort et narguant la Souffrance,
xxxxxxxxxxxxxxLes temps révolus,
xxxxxxxxxxxxxxRien n’arrêt’ra plus
xxxxxxxxxxxxxx}xxxxLes Poilus !

II


xxxxxxxxxxxxxxLeurs fameux Ancêtres
xxxxxxxxxxxxxxÉtaient des poilus, Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxTout autant peut-être
xxxxxxxxxxxxxxMais pas plus poilus. Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxÀ l’heure suprême,
xxxxxxxxxxxxxxIls prouv’ront, demain,
xxxxxxxxxxxxxxQu’aucun d’eux, quand même,
xxxxxxxxxxxxxxN’a d’poil dans la main !
xxxxxxxxxxxxxxN’a d’poil dans la mainV’là les Poilus !…

III


xxxxxxxxxxxxxxLes « bleus» se désolent
xxxxxxxxxxxxxxDe n’pas êtr’poilus, Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxMais qu’ils se consolent,
xxxxxxxxxxxxxxCes futurs Poilus, Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxLes Conscrits imberbes,
xxxxxxxxxxxxxxDans six mois, seront
xxxxxxxxxxxxxxDes Poilus superbes
xxxxxxxxxxxxxxQuand ils reviendront !
xxxxxxxxxxxxxxN’a d’poil dans la mainV’là les Poilus !…

IV


xxxxxxxxxxxxxxMais, la boue séchée,
xxxxxxxxxxxxxxOhé ! les Poilus ! Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxHors de la tranchée
xxxxxxxxxxxxxxSautez, les Poilus ! Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxLe « Garde-à-vous » sonne,
xxxxxxxxxxxxxxL’drapeau flotte au vent,
xxxxxxxxxxxxxxEt Joffre en personne
xxxxxxxxxxxxxxVous crie : En Avant !
xxxxxxxxxxxxxxN’a d’poil dans la mainV’là les Poilus !…

V


xxxxxxxxxxxxxxAprès la Victoire,
xxxxxxxxxxxxxxAh ! mes bons Poilus ! Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxQuell’s heures de Gloire
xxxxxxxxxxxxxxVivront les Poilus !… Poilus !
xxxxxxxxxxxxxxMême si leurs belles
xxxxxxxxxxxxxxNe les r’connaiss’nt plus :
xxxxxxxxxxxxxx« Soyez — diront-elles —
xxxxxxxxxxxxxxTous les bien velus ! »

Dernier refrain :


xxxx« V’ià les Poilus qui ont sauvé la France !
xxxxxxxxxxxxxx« V’là les chers Poilus
xxxxxxxxxxxxxx« Fiers et résolus ;

xxxx« Narguant la Mort et bravant la Souffrance,
xxxxxxxxxxxxxx« Les temps révolus
xxxxxxxxxxxxxx« Rien n’arrêta plus les Poilus ! »


LES MAINS BÉNIES














 


 

À nos vaillantes et dévouées Ambulancières.

LES MAINS BÉNIES

Musique d’ANDRÉ COLOMB[9].

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"accordion"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=100
  \clef treble
  \key do \major
  \time 6/8
  \autoBeamOff
  r4 r8 r4 sol8 \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||"
  \repeat volta 2 {  
    sol la \stemUp si la sol la | si4.~ si4 sol8 | \break
    \stemNeutral do \stemUp si la si la mi | sol4 re8 sol4 la8 | \break
    la4.\( sol4\) si8 | si \stemNeutral do \stemUp si fad sol la | si4.~ si4 si8 | \break
    \stemNeutral re mi re do do re | re4. do8 \once \stemUp si la |
  }
  \alternative {
     { la4.~^\markup \halign #-1.5 \italic \fontsize #-2 "entre les couplets"  la4 sol8 | \break
       do4.~^\markup \concat { "————————" \char ##x2510 } do8 r8 sol^\markup \halign #-3 \fontsize #-1 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" }
     { \phrasingSlurDown la4.\(^\markup \halign #-2 \italic \fontsize #-2 "Pour finir" \once \stemUp si\fermata | do4.\)~ do4 r8 \bar "|." }
  }
  s8
}
textA = \lyricmode {
  Comme el -- les sont dou -- ces vos mains Qui
  nous soi -- gnent aux len -- de -- mains De nos tue --
  ri -- es. Quand el -- les s’em -- pres -- sent vers nous A --
  vec des frô -- le -- ments si doux, Vos mains d’a -- mi -— es_!
  Comme mè -- _ res_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

Comme elles sont douces vos mains
Qui nous soignent aux lendemains
De nos tueries
Quand elles s’empressent vers nous
Avec des frôlements si doux,
Vos mains d’amies !

Comme elles sont fines aussi
Et si blanches, toutes, et si
Patriciennes !
Comme elles ont de petits doigts
Courageux, vifs, malins, adroits,
Vos mains de reines !

Qu’elles sont bonnes quand, le soir,
Nos plaintes montant dans le noir
Mal étouffées
Et qu’avec des gestes jolis
Elles bordent nos petits lits,
Vos mains de fées !

Et qu’elles sont tendres encor
Quand, nous disputant à la Mort
Et de sang teintes,
Elles refont un pansement…
Si doucement… si tendrement…
Vos mains de saintes !…

… Et c’est pourquoi tant de nos gâs,
Se croyant revenus, là-bas,
Dans leurs chaumières,
S’endorment en disant : « Maman »
…Tout en serrant, dévotement,
Vos mains de mères !


LE PAIN K K














 


 

LE PAIN K K

Sur l’air de la « Chanson des Pommes de terre ».

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"accordion"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=90
  \clef treble
  \key re \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
    r8 re^\markup "Solo" re fad | la la \stemUp si si | la \stemNeutral re dod re | \break
    \once \stemUp si4 sol | la8 \once \stemUp si la4 | r8 re,^\markup "Chœur" re fad | la la \stemUp si si | \break
    la \stemDown re dod re \bar "||" \time 3/4 \stemUp si4 sol la8 si \bar "||" \time 2/4 la4 r8 fad^\markup "Solo" | \break
    fad fad fad fad | la4 r8 fad^^ | mi4^^ r8 mi | sol8. sol16 \bar"" \break
    sol8 la |si8. si16 si8 si | la4 sol | fad4 r8 fad^\markup "Chœur" | \break
    fad8. fad16 fad8 fad | la4 r8 fad8^^ | mi4^^ r8 sol8 | sol8. sol16 \bar"" \break
    sol8 la | si8. si16 si8 si | \stemNeutral dod4 la | re r \bar "||" \break
}
textA = \lyricmode {
  Au dé --jeu -- ner, pre -- mier re -- pas. Le Kai-- ser
  liche un peu d’mo -- ka, Au dé -- jeu -- ner, pre -- mier re-
  pas, Le Kai -- ser liche un peu d’mo -- ka_; Mais
  du bout d’sa cuil -- ler, Ya, ya_! Qu’y trem -- pe
  le Kai -- ser_? Un p’tit bout d’pain K K_! Mais
  du bout d’sa cuil -- ler, Ya, ya_! Qu’y trem -- pe
  le Kai -- ser_? Un p’tit bout d’pain K K_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I
Au déjeuner, premier repas,
Le Kaiser liche un peu d’moka
bis en chœur
Mais, du bout d’sa cuiller,
Ya ya !
Qu’y trempe le Kaiser ?
Un p’tit bout d’pain K. K !
bis en chœur
II
Puis au dîner, second repas,
Du « chotodon » dans un p’tit plat
bis
Et, quand vient le dessert,
Ya ya !
Que mange le Kaiser ?
Un p’tit bout d’pain K K !…
bis
III
Quand vient l’souper, dernier repas,
Un bouillon maigre il s’enverra :
bis
Après ce bouillon d’Kulture,
Ya ya !
Il s’mettra la ceinture
Pour un bout d’pain K K !
bis
IV
« Des pomm’s de terr’pour les cochons ;
» Les épluchur’s pour leurs patrons. »
bis
Voilà ce que Guillaume,
Ya ya !
Dispense à son royaume…
Avec du pain K K !
bis
V
Chez nous, Français, pendant c’temps-là
Tous les civils, tous les soldats
bis
S’envoient au nez des Boches,
Ya, ya !
De la bonne bidoche
Avec du pain polka !
bis
VI
Mais les Alliés, si bons copains,
Donn’ront aux Boch’s quelques bons pains :
bis
Quelques bons pains exquis,
Bien cuits :
Des p’tits pains de Paris
Avec des pains Kakis !
bis

 


LA DOULEUR DU DRAPEAU















LA DOULEUR DU DRAPEAU

Musique d’ÉMILE SPENCER[10].

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup { Andantino } %4=90
  \clef treble
  \key sol \major
  \time 4/4
  \autoBeamOff
  r1^\markup "2" \bar "||" \time 2/4 r2^\markup "1" \bar "||" \time 4/4 r1^\markup "2" \bar "||" \time 2/4 r2^\markup "1" \bar "||" 
  \repeat volta 2 {  
    \time 4/4 \stemUp si4^\markup \italic "Moderato" si8 si \once \stemDown do si \bar "" \break
    la sol |\stemNeutral  re' re re re mi re \stemUp si sol | si2\( la4\) r4 | \break
    \stemNeutral do4 do8 do re do \once \stemUp si do | mi fad, fad sol \bar "" \break
    la \once \stemUp  si do re | do2\( \stemUp si8\) si si si | \once \stemDown red si si si \bar "" \break
    \stemNeutral mi8~ mi16 la, la8 sold | sol! la dod mi re4 r4 | re^\markup \italic "rall." re8 re \bar "" \break
    mi re dod do \bar "||"
  }
  \alternative {
     { \stemUp si4 mi,16^\markup \italic \fontsize #-1 \concat { "ad libitum 1" \super er  ", 2" \super e ", 3" \super e " couplet" } red mi \stemNeutral do' fad,2\( \bar "||" \time 2/4 sol4\) r4 \bar "||" \break }
     { \once \stemUp  si4 la16^\markup \italic \fontsize #-1 \concat { 4 \super e " couplet" } do fad mi \acciaccatura { re16[ mi] } re2\( \bar "||" \time 2/4 sol,4\) r4 \bar "||" }
  }
  s4
}
textA = \lyricmode {
  C’est moi qui por -- te 
  le dra -- peau D’un vieux ré -- gi -- ment de la li -- gne_: 
  Pour lui je ris -- que -- rais ma peau Sans hé -- si -- 
  ter, au pre -- mier si -- gne… De -- puis quel -- que temps il me 
  semble Qu’il n’est plus si fier ni si beau… Mais qu’a-t- il 
  donc no -- tre dra -- peau_? On di -- rait qu’il trem -- ble_! 
  peau_? Il veut qu’on le ven -- ge_!
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

C’est moi qui porte le Drapeau
D’un vieux régiment de la ligne :
Pour lui, je risquerais ma peau,
Sans hésiter, au premier signe.

Depuis quelques temps il me semble
Qu’il n’est plus si fier, ni si beau…
Mais qu’a-t-il donc notre Drapeau ?
On dirait qu’il tremble !

II

Lorsqu’au-dessus du Régiment
Il plane, ange de la Patrie,
Dans sa grande aile, par moment,
L’ouragan souffle avec furie ;
Et l’on croit entendre à la ronde
Des voix qui sortent du tombeau…
Mais qu’a-t-il donc, notre Drapeau ?
On dirait qu’il gronde !

II

Riants et chantants nos Poilus
Affrontent, gaiement, la tempête…
Mais l’étendard ne flotte plus :
On dirait qu’il baisse la tête !
Sur mes doigts que sa frange effleure
Je sens tomber des gouttes d’eau…
Mais qu’a-t-il donc notre Drapeau ?
On dirait qu’il pleure !

IV

Moi qui l’ai connu triomphant,
Son désespoir me désespère :
Je l’aime plus que mon enfant ;
Pour lui, je trahirais mon père !
Aussi, dans un langage étrange,
J’ai confessé le cher lambeau…
Je sais ce qu’il a le Drapeau :
Il veut qu’on le venge !


DES CHACALS ?…
NON : DES LIONS !














   

Au Lieutenant Crozet, qui réclamait, pour lui
et ses vaillants Zouaves, le vieux surnom
de « Chacals ».xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

DES CHACALS ?… NON : DES LIONS !

N’en déplaise à Lamoricière
Vous, les amants de la Lumière,
Champions des clairs idéals,
N’en déplaise à Lamoricière,
Non, vous n’êtes pas des chacals !

Vous êtes des lions splendides,
Fiers, et généreux, et rapides,
Et superbement rugissants :
Vous êtes des lions splendides
Et non des chacals glapissants !


Honneur aux fiers lions d’Afrique
À la crinière magnifique,
Les fiers zouaves résolus :
Honneur aux fiers lions d’Afrique
Ces poilus entre les Poilus !

Gloire aux lions ! Gloire aux zouaves
Pareillement souples et braves
(Le Boche est au chacal pareil !)
Gloire aux lions ! Gloire aux zouaves
Ces libres enfants du soleil !


LA VICTOIRE DOUBLE, DOUBLE…














 


 

LA VICTOIRE DOUBLE, DOUBLE…

Sur l’air de « La Violette double, double… ».

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=90
  \clef treble
  \key do \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  \override Staff.TimeSignature.break-visibility = ##(#f #t #t)
  \partial 4 mi8^\markup "Solo" fa \bar "||" \time 3/4 sol4 mi' re8 re \bar "||" \time 2/4 do\( do\) mi, fa \bar "||" \break
  \time 3/4 sol4 mi' re8 re \bar "||" \time 2/4 do4 mi,8^\markup "Chœur" fa \bar "||" \time 3/4 sol4 mi' \bar "" \break
  re8 re \bar "||" \time 2/4 do\( do\) mi, fa \bar "||" \time 3/4 sol4 mi' re8 re \bar "||" \break
  \time 2/4 do4 fa8^\markup "Solo" mi | re mi fa mi | re re fa mi | \break
  re do \once \stemUp si la | sol4 <mi do>8.^\markup "Chœur" <fa re do>16 | <sol mi do>8 <do mi, do> <si sol re> <re fa, sol,> |
  <do mi, do> <do mi, do> <mi, do>8. <fa re do>16 | <sol mi do>8 <do mi, do> <si sol re> <re fa, sol,> | <do mi, do>4 r4 | r4 \bar "|." \break
}
textA = \lyricmode {
  —_Gais «_Poi -- lus_», vite à l’ou -- vra -- ge Quand le
  beau temps re -- vien -- dra_! Gais «_Poi -- lus_», vite
  à l’ou -- vra -- ge Quand le beau temps re -- vien --
  dra_! —_No -- tre cœur bon -- dit de ra -- ge_: Le cou --
  rage en dou -- ble -- ra, Le cou -- rage en dou -- ble,
  dou -- ble… Le cou -- rage en dou -- ble -- ra_!

}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel { \override LyricText.font-size = #-1 \textA }
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.0\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

— Gais « Poilus », vite à l’ouvrage
Quand le beau temps reviendra !…

bis, en chœur
 

— Notre cœur bondit de rage :
Le courage en doublera…

…Le courage en double, double…
Le courage en doublera !

en chœur
 
II

— C’est une rude besogne
Que l’on vous ordonnera !…

bis, en chœur
 

— Bah ! nous avons rude poigne[11] :
La besogne on doublera…

…La besogne on double, double…
La besogne on doublera !

en chœur
 
III

— Ce seront des marches dures
Que l’on vous demandera !…

bis, en chœur
 

— Nous graisserons nos chaussures :
Les étap’s on doublera…

…Les étap’s on double, double…
Les étap’s on doublera !

en chœur
 
IV

— Mais, avant que de se rendre
L’Ennemi se défendra !…

bis, en chœur
 

— Bah ! de l’Alsace à la Flandre,
Les bataill’s on doublera…

…Les bataill’s on double, double
Les bataill’s on doublera !

en chœur
 
V

— Mais le Boche, à votre approche,
Deux contre un s’élancera !…

bis, en chœur
 

— Un Français vaut bien deux Boches :
Les « pruneaux » l’on doublera…

…Les « pruneaux » l’on double, double…
Les « pruneaux » l’on doublera…

en chœur
 
VI

— Mais, hélas ! par monts et plaines
Plus d’un de vous tombera !…

bis, en chœur
 

— Si nous avons double peine
La Victoire en doublera…

…La Victoire en double, double…
La Victoire en doublera !

en chœur
 
VII

— Après ces luttes cruelles
Comme l’on nous aimera !…

bis, en chœur
 

— Pour indemniser nos belles,
Les baisers l’on doublera…

…Les baisers l’on double, double…
Les baisers l’on doublera !

en chœur
 
VIII

— Et, vaincue la Prusse immonde,
La Patrie vous couronn’ra !…

bis, en chœur
 

— Pour couronner tout le monde,
Le laurier se doublera…

…Le laurier se double, double…
Le laurier se doublera !

en chœur
 


LA GROSSE BERTHA














 


 

LA GROSSE BERTHA

…Car c’est de ce nom que Krupp a, poéti-
quement, baptisé sa Kolossale pièce de 420.xxxx
Sur l’air du « Concierge complaisant », de G. Tiercy[12].

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup \fontsize #-3 { Maestoso Marcato }
  \clef treble
  \key re \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  \compressMMRests { R1*2/4*1^\markup \bold "6" } \mark \markup \center-column { \fontsize #-5 "CODA" \bold "*" } \bar "||" \compressMMRests { R1*2/4*2 }  \mark \markup \fontsize #-4 \center-column { "FIN" \fontsize #-2 \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" fad16 fad fad fad fad8 fad | fad16 fad fad mi \bar "" \break
  re la'\( sol8\) | fad16 fad fad fad fad8 fad | fad16 fad fad mi \bar "" \break
  re la'\( sol8\) | sol8 sol16 sol sol8 sol16 sol | sol8 la16 \stemUp si mi,8 r8 | \break
  sol16 sol sol sol sol8 sol8 | sol16 sol sol fad mi \once \stemDown dod'\( si8\) | \break
  sol16 sol sol sol sol8 sol | sol16 sol sol fad \bar "" \break
  mi \once \stemDown dod'16\( si8\) | la8 la16 la la8 la16 la | la8 la16 la re,8 r8 \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" \break
}
textA = \lyricmode {
  Ber -- tha, for -- te chan -- teuse, est na -- ti -- ve 
  d’Es -- sen… ne, Mais el -- le veut bril -- ler sur un’ plus vas- 
  te scè -- ne, Ah_! ba -- da -- boum_! ba -- da -- boum_! ba -- da -- boum_! 
  Sa voix de -- vant cou -- vrir, dit- elle, et fai -- re tai -- re
  Tou -- tes les voix d’Bel -- gique et d’France et d’An- 
  gle -- ter -- re_: Ah_! ba -- da  -- boum_! ba -- da -- boum_! ba -- da -- boum_! 

  }
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Bertha, forte chanteuse, est native d’Essen…ne,
Mais elle veut briller sur un’plus vaste scène…
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !
Sa voix devant couvrir, dit-elle, et faire taire
Toutes les voix d’Belgique, et d’France, et d’Angleterre :
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !

II

C’est le Kaiser, Lui-Même, qui l’a ointe et bénite ;
Son Fils, qui la soutient, l’appell’ « sa gross’marmite » ;
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !
Vrai, d’orgueil il y a de quoi roter… et, dame !
Quand la Gross’Berlha rote on l’entend d’Rotterdam…me :
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !

III

La déflagration des gaz est sans pareille :
Y a pas, faut s’boucher l’nez, le bec et les oreilles :
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !
Mais l’air et la chanson, entre nous, tout s’explique
Puisque c’est un « Fon d’Kroupp » qui fournit la musique :
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !

IV

Bluffarde, ell’nous envoie des pruneaux d’une tonne
Supposant que son bluff à la mod’nous étonne :
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !

« Un «entonnoir » de plus ? s’écrient nos Poilus, chouette !
C’est pour la canarder un’tranchée toute faite ! »
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !

V

Parfois, elle délire et, folle Walkirie,
Elle essaie d’imiter Wagner en sa furie :
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !
Ah ! quel chambard, alors ! Ferme ça, phénomène
Et soign’ta maladie si qu’elle est wagnérienne !
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !

VI

Mais, à chanter si fort, elle s’use et s’déforme :
Faut lui r’blinder l’gosier, r’bétonner sa plat’-forme,
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !
Pour couvrir la chanson de nos pièces de Marine
Elle crach’ses poumons et f… l’camp d’la poitrine !
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !

VII

Un d’nos obus, un soir, lui fêlera la gueule…
À moins qu’elle n’éclate, un matin, toute seule :
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !
Lors, Bertha remettra son Âme musicienne
Aux mains du « vieux bon dieu » de la Race prussienne :
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !

VIII

Sur le bloc de béton qui s’ra sa pierr’tombale,
L’Europ’fera graver en lettres Kolossales :
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !
« Ci-gît la gross’Bertha qui mourut poitrinaire
» D’avoir voulu… chanter plus haut que son derrière. »
Ah ! badaboum ! badaboum ! badaboum !

 


AROK, BRETONED !…














 


 

AROK, BRETONED !…

Kan-bale neve, savet ha kanet gant Botrel d’hon Kenvroïz a zo d’an Tann
(War dôn « Saô Breiz-Izel », eus a Taldir[13].)

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=90
  \clef treble
  \key sol \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  re4\mf^\markup "Solo" sol8. sol16 | sol4 re | sol8. la16 \once \stemUp si8. la16 | sol4~ sol8 r8 | \break
  do4 do8. re16 | \once \stemUp si4 sol | la4 la | la2 | re,4\f^\markup "Chœur" sol8. sol16 | \break
  sol4 re | sol8. la16 \once \stemUp si8. la16 | sol4~ sol8 r8 | do4 do8. re16 | \break
  \once \stemUp si4 sol | la la | la2 re4\mf^\markup "Solo" re8. \once \stemUp si16 | sol4~ sol | \break
  do8. re16 do8. \once \stemUp si16 | la4~ la8 r8 | sol8 \once \stemUp si la sol | \break
  re4 sol8 la | \once \stemUp si4 la | sol r4 | re'4\f^\markup "Chœur" re8. \once \stemUp si16 | sol4~ sol8 r8 | \break
  do8. re16 do8. \once \stemUp si16 | la4~ la8 r8 | sol \once \stemUp si la sol | \break
  re4 sol8 la | \once \stemUp si4 la | sol r4 \bar "|." \break
}
textA = \lyricmode {
A -- rôk, po -- tred_! gant «_Ro -- za -- li_» ru -- ziet
Gant goad ar «_Bo -- ched_» mi -- li -- get_! A -- rôk, po-
tred_! gant «_Ro -- za -- li_» ru -- ziet Gant goad ar
«_Bo -- ched_» mi -- li -- get_! Leun a gou -- raj,
la -- va -- romp, la- ouen_: Frans da Vir -- vi-
ken_! Frans da Vi -- vir -- ken_! Leun a gou -- raj,
la -- va -- romp, la- ouen_: Frans da Vir -- vi-
ken_! Frans da Vir -- vi -- ken_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Arôk, potred, gant « Rozali » ruziet
Gant goad ar « Boched » miliget ;

diou wech.
 

Leun a gouraj, lavaromp, laouen :
Frans da Virviken !
Frans da Virviken !

diou wech.
 
II

Ar Bleizi lous zo guzet n’o zoullou :
Arôk ebars o « zranchéou » !
Tann ha Kurun war o c’hein melen !
Frans da Virviken !
Frans da Virviken !

III

An Tour d’Auvergne ha Gwesklin zo aman
O nijal ûs hor Rejiman
Evit vouc’ hal, ive, d’o mipien :
Frans da Virviken !
Frans da Virviken !

IV

Gant pebez joa — achu mad ar Brezel —
Ni adwello hon Breiz-Izel !
Ni gano c’hoas, « euz a bouez hon fenn :
Breiz da Virviken !
Breiz da Virviken ! »


traduction :

EN AVANT, BRETONS !…


chant de marche nouveau, levé, et chanté par Botrel à nos compatriotes
qui sont au Feu.
(Sur l’air « Saò, Breiz-Izel ! » de Taldir.)
I

En avant, les gàs, avec « Rosalie » rougie — dans le sang des « Boches » maudits (bis) — Pleins de courage, disons, joyeux : France à jamais ! France à jamais ! (bis)

II

Les sales loups sont cachés dans leurs trous : — En avant dans leurs tranchées ! — Feu et tonnerre sur leur échine jaune ! — France à jamais ! France à jamais !

III

La Tour d’Auvergne et Dugesclin sont ici — planant au-dessus de notre Régiment — pour crier aussi à leurs fils : France à jamais ! France à jamais !

IV

Avec quelle joie, bien finie la Guerre, — Nous reverrons notre Basse-Bretagne — et rechanterons encore à tue-tête : « Bretagne à jamais ! Bretagne à jamais ! »


LE SOURIRE DE MIREILLE
« Toutes les petites patries
« Ont fait leur devoir. »
xxxxxxxxxxxxxxxxA. Lefèvre












 


 

LE SOURIRE DE MIREILLE

Dans la montagne et la plaine,
Gités sous les noirs sapins,
J’ai vu notre Alsace pleine
De joyeux Chasseurs-Alpins.
Zou !… quand il faut que l’on cogne
Au cours de rudes assauts,
Ils font gaiement leur besogne
Nos « diables bleus » Provençaux !

Sur l’Yser, parmi les braves
De Ronarc’h le fier marin,
J’ai vu rire aux heures graves
Le gai « moco » plein d’entrain.
Zou !… Vive la « galéjade »
Qui déride le Breton !
C’est un fameux camarade
Le fusilier de Toulon !

Fils des Côtes provençales,
C’est l’écho de vos Étés,
C’est la chanson des cigales
— Zou !… que vous nous apportez :
C’est, descendu des Alpilles
Sur un souffle du mistral.
La Gaieté des Roumanilles,
Des Daudets… et de Mistral ;

… C’est le Rire dont Mireille
Saluera son beau Vincent
Quand, le béret sur l’oreille,
Il s’en viendra, rougissant,
D’une main robuste et calme
Et brunie à l’air des camps
Recevoir, d’Elle, la palme
Qui fleurit aux Alyscamps !


LES A… É… OU… US ?














 


 

LES A… É… OU… US ?

Sur l’air de « As-tu vu Bismarck… e, sous les murs de Châtillon ? »

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=90
  \clef treble
  \key sol \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  sol8. \once \stemUp si16 re8 \once \stemUp si | sol4 re | sol8 sol re re | \stemUp si' si sol4 | \break
  sol8. si16 \once \stemDown re8 si | sol4 mi | sol8 sol re re | sol4 r4 \break
}
textA = \lyricmode {
  As- tu vu Fon Kluc… ke A- vec ses yeux a -- hu -- ris,
  Comme il te re -- lu -- que, Mon jo -- li Pa -- ris_? 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

Parlé :L’a… é… ou… u ?
Tous :Qui ça ?
Mon Kluck !

As-tu vu Fon Kluc… ke
Avec ses yeux ahuris
Comme il te reluque
Mon joli Paris ?

— L’a… é… ou… u ?
— Qui ça ?
— Guillaume !

As-tu vu Guillaume
Menaçant l’exquis Nancy,
N’y gagnant, l’pauvre hômme,
Qu’une esquinancie ?

— L’a… é… ou… u…
— Qui ça ?
— L’Kronprinz !

As-tu vu l’Kronprin… ze
Déboulant dans son terrier
Dès que l’soixant’-quinze
S’permet d’aboyer ?

— L’a… é… ou… u ?
— Qui ça ?
— Joseph !

As-tu vu Joseph… e
S’écriant, vaseux : « N’yen gna,
N’yen gna plus bézé… phe
De mes fiers soldats ? »

— L’a… é… ou… u ?
— Qui ça ?
— Hindenbourg !

Vis-tu l’Hindenbou… gre
Comme il se dékarpatha
Devant les grands bougres
Du duc Nicolas ?

— L’a… é… ou… u ?
— Qui ça ?
— Tirpitz !

As-tu vu Tirpit… ze
Pleurant dans l’canal de Kiel
Comm’le Man-ken-pi… ze
Pleure dans Bruxelles !

— L’a… é… ou… u ?
— Qui ça ?
— Wurtemberg !

As-tu vu… rtember… que
S’enlyser jusqu’aux mollets
Un œil sur Dunkerque,
L’autre sur Calais !

— Les a… é… ou… us ?
— Qui ça ?
— Les Boches ?

Va-t’en voir les Boches
Si tu ne les as pas vus
Car les temps sont proches
Où n’y en aura plus !


DANS LA HOULE DES BLÉS














 


 

DANS LA HOULE DES BLÉS

Musique nouvelle de BOTREL[14].

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup \fontsize #-3 "Andantino quasi allegretto" 4=100
  \clef treble
  \key do \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  \repeat volta 2 {  
    r4 r8^\markup \fontsize #-1 { \musicglyph "scripts.coda" } 
    sol8 | la8. la16 la8 do | \once \stemUp si8. la16 la8 la | \break
    la4. mi8 | la4 la8 sol8 | la8. la16 la8 do | \once \stemUp si8. la16 la8 la | \break
    la4. mi8 | la4 r8 sol^\markup \italic "cédez un peu" | sol sol fa mi | la8. sol16 sol8 sol | \break
    fa4 mi | re4~ re8 mi | do\<^\markup \italic "adagio" mi sol\! la | mi'4. re8 | \break
  }
  \alternative {
      { do8^\markup \halign #-1.5 \italic \fontsize #-2 "Entre les couplets" la8 sol8. mi16 | sol2\( sol4\) r4 \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" }
      { do8^\markup \halign #-2 \italic \fontsize #-2 "Pour finir" la8 do8. mi,16 | sol2 | do4~ do8 r8 \bar "|." }
  }
}
textA = \lyricmode {
  Dans la hou -- le des blés, que le grand 
  vent ca -- res -- se, Les deux bras é -- ten -- dus je m’a- vance 
  à pas lents, Sans fou -- ler un é -- pi sous mes pieds 
  vi -- gi -- lants_: Dans la hou -- le des blés je rame a- 
  vec i -- vres -- se_! ton dra -- peau, ma Fran -- ce_! 

}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Dans la houle des blés, que le grand vent caresse.
Les deux bras étendus, je m’avance à pas lents,
Sans fouler un épi sous mes pieds vigilants :
Dans la houle des blés je rame avec ivresse !

II

Dans la houle des blés, un vieux refrain m’enchante ;
C’est la rude Chanson des aïeux obstinés.
Par qui les premiers champs ont été retournés :
Dans la houle des blés la vieille Gaule chante !

III

Dans la houle des blés, des grands villages proches,
Où les plus tristes fronts se sont un peu levés.
Le deuxième Angélus égrène ses Avés :
Dans la houle des blés j’entends prier des cloches !

IV

Dans la houle des blés, pour les gueux et les riches ?
Le soleil cuit déjà le pain blanc, le bon pain
Sans qui l’Humanité disparaîtrait demain :
Dans la houle des blés monte l’odeur des miches !

V

Dans la houle des blés, près du pavot garance,
Se dressent, cocardiers et provoquants un peu,
La pâquerette blanche et le fin bluet bleu :
Dans la houle des blés rit ton Drapeau, ma France !


SI JE MEURS ICI…














 


 

SI JE MEURS ICI…


Si je meurs ici pour la France,
Mes amis, ne me plaignez pas
Car jamais je n’eus l’espérance
D’un aussi glorieux trépas.

Prenez mon rosaire en ma poche
Afin d’en encercler mes poings…
Si la bombe ou l’obus du Boche
Me les ont respectés, du moins ;

Qu’à côté de moi « Rosalie »
Repose en sa jupe d’airain.
L’arme noble, et claire, et jolie
Dont j’ai l’heur d’être le parrain ;


Dites à ma douce compagne
Que je l’attends chez les Élus,
Là-haut « dans une autre Bretagne »
Où nous ne nous quitterons plus ;

Remettez-lui ma croix de Guerre ;
En la lui donnant, dites-lui :
« Hier, il ne la méritait guère
Mais il l’a gagnée aujourd’hui. »

Dans la bonne Glèbe natale
Mettez-moi… quand vous le pourrez ;
Après quoi, sur mon humble dalle
De granit gris, vous graverez :

« Dans son dernier lit-clos de chêne,
Poète et soldat tour à tour,
Ici gît un crieur de Haine
Qui n’avait rêvé que l’Amour. »

(Arras, juillet 1915.)


AU FRONT !














 


 

AU FRONT !

Musique d’ANDRÉ COLOMB[15]

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup "Allegretto" 4=100
  \clef treble
  \key sol \major
  \time 6/8
  \autoBeamOff
  \compressMMRests { R1*6/8*1 } \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||"
  \repeat volta 2 {  
    mi4 sol8 si4 mi,8 | fad la do si4\( si8\) | \break
    la si la sol4 mi8 | fad4 sol8 fad4. | mi4 sol8 si4 mi,8 | \break
    fad la do si4\( si8\) | si dod si fad4 fad8 | \break
    sol4 fad8 si4 r8 | si4 si8 si4 si8 | la8 sol la si4\( si8\) | \break
    sol sol sol sol4 sol8 \bar "||" \time 9/8 fad4 mi8 red4.\( red4\) r8 | \break
    mi4 sol8 si4 mi,8 fad la do \bar "||" \time 6/8 si4.\( si4\) si8 | \break
    si^\markup \italic "rall." re si do si8. la16 |
  }
  \alternative {
     { si4.~^\markup \halign #-1.5 \italic \fontsize #-1 \center-column { { "Entre les couplets" } { \concat { "Tempo I" \super "e" } } } si4\fermata fad16[ sol] | mi4.\( mi4\) r8^\markup \halign #-20 \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } | \compressMMRests { R1*6/8^\markup "2" } \bar "||" \break }
     { si'4.\(^\markup \halign #-2 \italic \fontsize #-1 "Pour finir" si8\) r8 si | mi4.~ mi4 r8 \bar ".|" }
  }
  s8
}
textA = \lyricmode {
  Il n’a -- vait que seize ans à pei -- ne 
  Quand fut en -- va -- hi le pa -- ys, Et ce fut le 
  cœur bien en pei -- ne Qu’il em -- bar -- qua tous 
  ses a- mis… «_Bah_! dit- il, mal -- gré mon jeune â -- ge, 
  Les re -- cru -- teurs m’en -- rô -- le -- ront_!…_» _
  Et l’en -- fant quit -- ta son vil -- la -- ge, Le 
  bai -- ser de sa mère au front… Au front_! _
  front… _ Au front_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Il n’avait que seize ans à peine
Quand fut envahi le Pays,
Et ce fut le cœur bien en peine
Qu’il embarqua tous ses amis…
« Bah ! — dit-il — malgré mon jeune âge,
Les recruteurs m’enrôleront !… »
Et l’enfant quitta son village.
Le baiser de sa mère au front…
Au front !

II

Vers la Ville, à travers la plaine,
Il s’en allait d’un pas altier,
Quand sa « promise » Madeleine
Parut au détour d’un sentier :
« Adieu ! lui dit la bien-aimée ;
» Que te garde ton saint Patron ! »
Et Jean rallia notre Armée,
Le baiser de sa « douce » au front…
Au front !

III

Tout un hiver, dans la tranchée,
Il rongea son frein nuit et jour
Quand, enfin, la terre asséchée,
Il put voir le Boche à son tour :
C’est en chantant, cambrant la taille,
— Tous les amis vous le diront —
Qu’il reçut, en pleine bataille,
Le baiser de la Mort au front…
Au front !

IV

Grâce à lui, la « Charge » lancée
Fit triomphantes nos couleurs…
Sa tombe, par l’obus creusée,
Fut, par nous, couverte de fleurs.
............
Heureux ceux qui, nimbés de gloire,
Comme lui tombant, recevront,
Au clair matin d’une Victoire,
Le baiser de la France au front…
Au « Front » !


DUNKERQUE APRÈS REIMS !…














Au vaillant confrère Dunkerquois, Francis Carlier


DUNKERQUE APRÈS REIMS

I

De Lutèce, le Hun recule :
Elle est sauve encore une fois ;
Attila Il s’en venge et brûle
Le baptistère de nos rois.
Un siècle d’Art à chaque bombe
Se craquèle, s’effrite et tombe
Avec un râle, et tout d’un coup !
… Mais dans la Ville ruinée,
Par l’incendie illuminée,
Jeanne d’Arc est encor debout !

II

Puis le Barbare en sa colère
De se voir barrer le chemin
De Calais… et de l’Angleterre,
Bombarde Dunkerque, de loin.
Tel un brick battu par la houle,
À chaque obus la Ville « roule »
Durant des nuits, durant des jours ;
… Mais, riant de ces canonnades
À son « banc de quart » des Arcades
Jean-Bart veille, debout toujours !

III

Le passé triomphal nous garde
Et chaque Ancêtre en nous revit ;
Et c’est Lui qui monte la garde
Quand le sommeil nous envahit !
Kaiser-Moloch, Kaiser-Vampire,
Demain croulera ton Empire
Au son vengeur des clairons d’or
Sonnant enfin notre Victoire ;
Debout sur vingt siècles de Gloire,
Vois : la France est vivante encor !


LE CONVOI DE RAVITAILLEMENT














   


Au Maréchal-des-Logis du Train A.-H. Chauvin.


LE CONVOI DE RAVITAILLEMENT

Chanson roulante, sur l’air du « Fiacre », de Xanrof[16].

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=90
  \clef treble
  \key fa \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  r4 do8^\markup "Solo" do | do do re re | do4 sib8^\markup "Chœur" sib | \break
  la la do do | fa fa, do' do | do do \bar "" \break
  re re | do4 sib8 sib | la la sol sol | fa4 r4 \bar "|." \break
}
textA = \lyricmode {
  Là- bas. au loin, qu’est-c’ qu’on voit_? Ca- hin,
  ca -- ha, hue_! dia, hop- là_! Là- bas, au loin
  qu’est-c’ qu’on voit_? Qu’est- ce donc que ce con -- voi_? 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

Là-bas, au loin, qu’est-c’ qu’on voit ?
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Là-bas, au loin, qu’est-c’ qu’on voit ?
Qu’est-ce donc que ce Convoi

Qui se déroule et se tord
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Qui se déroule et se tord
Comme un boa constrictor ?

C’est lGConvoi d’Ravitaill’ment,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
C’est l’Convoi d’Ravitaill’ment :
En v’ià pour deux heur’s seul’ment !

Si tu n’es pas trop pressé,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Si tu n’es pas trop pressé,
Assieds-toi, ça va passer :

Admire un peu les tringlots,
(Cahin-caha, hu-dia, hop-là !)
Admire un peu les tringlots,
Leurs mulets et leurs chevaux ;

Leurs « voitur’s de livraison »,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Leurs « voitur’s de livraison »
Sortant des meilleur’s Maisons ;

Pige-moi leurs omnibus,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)

Pige-moi leurs omnibus
Et leurs camions-autobus !

Yen a de tout’s dimensions,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Y en a de tout’s dimensions
Et de toutes les régions :

Ceux d’Bretagne et du Poitou,
(Cahin-caha, hu dia, hop là !)
Ceux d’Bretagne et du Poitou,
Ont des airs naïfs comm’tout ;

Ceux de Nice et de Menton
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Ceux de Nice et de Menton
Sent’nt le mimosa, dit-on ;

Ceux de Marseille et de Lyon,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Ceux de Marseille et de Lyon
Embaument l’ail et l’oignon ;

(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Ceux d’Auvergne et du Berry
Ont l’air encore ahuri ;

Ceux de Paris, plus fringants,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Ceux de Paris, plus fringants,
Ont des p’tits airs arrogants…


Pourtant, ceux du Bon-Marché
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Pourtant, ceux du Bon-Marché,
Sont des étals de boucher ;

Cependant, ceux du Printemps,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Cependant, ceux du Printemps
Sont remplis d’haricots blancs ;

Pourtant ceux du Louvre sont…
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Pourtant ceux du Louvre sont
Remplis de boules de son ;

Ceux de la Place Clichy
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Ceux de la Place Clichy
Sont pleins de macaroni ;


Ceux du Petit-Saint-Thomas
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Ceux du Petit-Saint-Thomas
De boîtes de « singe », en tas ;

Ceux de la maison Damoy,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Ceux de la maison Damoy
Sont pleins d’excellent « kahoua » ;

En v’là même un des Gal’ries
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
En v’là même un des Gal’ries
Qu’est plein de poudre et de riz ;

En v’ià deux d’la Ménagère
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
En v’là deux d’la Ménagère
Pleins de fromag’s de Gruvère ;


… Mais, tout à coup, patatras !
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Mais, tout à coup, patatras !
V’là l’Convoi dans l’embarras :

D’un camion de chez Potin,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
D’un camion de chez Potin
La roue casse avec potin ;

Un camion des Trois-Quartiers,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Un camion des Trois-Quartiers
Se brise en quatre quartiers ;

Un de la Bell’Jardinière,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Un de la Bell’Jardinière,
S’enlize au fond d’une ornière ;

La Samaritaine — aïe donc ! —
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
La Samaritaine aïe donc ! —
S’emboutit dans Pygmalion ;


Un vieux Pont-Neuf aplatit,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Un vieux Pont-Neuf aplatit
Un malheureux Gagn’-Petit !

On répare… et l’on repart
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
On répare… et l’on repart
Avec une heur’de retard ;

Malgré la pluie et le vent,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Malgré la pluie et le vent,
La boue, la neige, en avant !…

Roulant, sacrant, nuit et jour,
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Roulant, sacrant, nuit et jour,
Le bon tringlot va toujours

Pour que les « gâs des tranchées »
(Cahin-caha, hu dia, hop-là !)
Pour que les « gâs des tranchées »
Aient à boire et à manger…

Aussi, crions, mes amis,
(Cahin-caha, hu-dia, hop-là !)
Aussi, crions, éblouis :
« Vive le Royal-Cambouis ! »


LA CRÈVE-AUX-BOCHES














 


 

LA CRÈVE-AUX-BOCHES

Sur le vieil air populaire de « La Vigne au vin : La voilà, la Jolie Vigne ! »

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"accordion"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup \fontsize #-3 "Moderato" 4=90
  \clef treble
  \key mi \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  \partial 8 r8  \mark \markup "*" \bar "||" r2^\markup \bold "3" \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||"
  \repeat volta 2 {  
    si4^\markup "Solo" si8 si | dod4~ dod8 dod16 red | \break
    mi8 mi mi red | dod4\( si8\)^\markup \halign #-2 "Chœur" si8 | sold8 si fad si | \break
    mi, mi mi16\( mi\) mi fad | sold8 sold si sold | \break
    fad fad mi16 mi mi fad | sold8 sold si fad \bar "||" \time 3/4
  }
  \alternative {
     { fad4\(^\markup \halign #-1.5 \italic \fontsize #-2 "Pour les couplets"  mi8\) r8 r4 \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" }
     { fad4\(^\markup \halign #-2 \italic \fontsize #-2 "Pour finir" mi8\) r8 \mark \markup "*" \bar "||" }
  }
  s8
}
textA = \lyricmode {
  Dans la tran -- chée… La voi -- là, 
  la jo  -- li’ tran -- che_: Tran -- chi, tran -- cho, 
  tran -- chons le Bo -- che_; La voi -- là, la jo -- li’
  tranche aux Bo -- ches, La voi -- là, la jo -- li’
  tran -- che_! crè -- ve_!
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Dans la tranchée…
La voilà, la joli" tranche :
Tranchi, trancho, tranchons le Boche ;
La voilà, la joli’ tranche aux Boches,
La voilà, la joli’ tranche !

II

… Je prends mon flingue…
Le voilà, le joli flingue :
Flingui, flinguo, flinguons le Boche :
Le voilà, le joli flingue aux Boches,
Le voilà, le joli flingue !

III

Je vise et tire !…
La voilà, la joli’ tire :
Tiri, tiro, tirons le Boche ;
La voilà, la joli’ tire aux Boches ;
La voilà, la joli’ tire !

IV

Mitraille, fauche !…
La voilà, la joli’ fauche :
Fauchi, faucho, fauchons le Boche ;
La voilà, la joli’ fauche aux Boches,
La voilà, la joli’ fauche !

V

Grenade, roule !…
La voilà, la joli’ roule :
Rouli, roulo, roulons le Boche ;
La voilà, la joli’ roule aux Boches,
La voilà, la joli’ roule !

VI

Cisaille, coupe !…
La voilà, la joli’ coupe :

Coupi, coupo, coupons le Boche ;
La voilà la joli’ coupe aux Boches,
La voilà la joli’ coupe !

VII

Rosalie, charge !…
La voilà, la joli’ charge :
Chargi, chargeo, chargeons le Boche ;
La voilà, la joli’ charge aux Boches,
La voilà, la joli’ charge !

VIII

Je pare et pointe…
La voilà, la joli’ pointe :
Pointi, pointo, pointons le Boche ;
La voilà, la joli’ pointe aux Boches,
La voilà, la joli’ pointe !

IX

Je pousse et perce…
La voilà, la joli’ perce :
Perci, perço, perçons le Boche ;
La voilà, la joli’ perce aux Boches,
La voilà, la joli’ perce !

X

Il gueule et tombe…
La voilà, la joli’ tombe :
Tombi, tombo, tombons le Boche ;
La voilà, la joli’ tombe aux Boches,
La voilà, la joli’ tombe !

XI

Tu veux ma Terre ?
La voilà, la joli’ Terre :
Terri, terro, terrons le Boche ;
La voilà, la joli’ Terre aux Boches,
La voilà, la joli’ Terre !

XII

Que tous en bouffent…
La voilà, la joli’ bouffe :
Bouffi, bouffo, bouffons le Boche ;
La voilà, la joli’ bouffe aux Boches,
La voilà, la joli’ bouffe !

XIII

… Et qu’ils en crèvent !…
La voilà, la joli’ crève :
Crevi, crevo, crevons le Boche ;
La voilà, la joli’ Crève-aux-Boches,
La voilà, la joli’ Crève !


LE REFRAIN DU 41me














 


 

LE REFRAIN DU 41me

« On m’assassine.
» Ma p’tit’cousine :
» Au s’cours !!
» Au s’cours ! »

(Refrain du 41me.)
Musique de THÉODORE BOTREL[17].

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup "Allegro marziale" 4=100
  \clef treble
  \key la \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
   r4 mi | dod'8. dod16 dod8 dod | sid sid mi[( dod]) | \break
   r8 dod sid dod | mi dod si4 | r8 la sold la | \break
   dod la fad4 | r4 mi | dod'8. dod16 dod8 dod | sid dod mi[( dod]) | \break
   r8 dod sid dod | si dod si4 | r8 si dod si | \break
   dod red mi4 | R1*2/4 | r4^\markup \fontsize #-2 \halign #1 "REFRAIN" \tuplet 3/2 { mi,8 la dod } |mi2\( | dod8\) r8 \tuplet 3/2 { mi,8 la dod } | \break
   mi2\( | dod4\) r8 dod8 | mi8. si16 si8 si | dod8. la16 la8 sold | \break
   fad8 si si4 | R1*2/4 | r4 \tuplet 3/2 { mi,8 la dod } |mi2\( | dod8\) r8 \bar "" \break
   \tuplet 3/2 { mi,8 la mi' } | mi2\( dod4\) r8 dod | mi8. si16 si8. si16 | \break
   dod8. la16 la8 sold | fad si mi,4 | R1*2/4 | r8 mi la si | \break
   dod mi fad\fermata dod | mi2\( | dod | la4\) r4 \bar "|." s8
}
textA = \lyricmode {
  Des bords fleu -- ris de la Vi -- laine 
  Jus- qu’à Co -- ët -- qui -- dan, Nous pi -- vo- 
  tions gaî -- ment, Quand la France, à tra -- vers la plaine,
  Nous cri -- a, toute en pleurs_: «_Au se -- cours_! 
  ou je meurs_! On m’as -- sas -- si -- ne_! On m’as -- sas- 
  si -- ne_! Har -- di, les gàs_! Vail -- lants sol -- dats, tous aux com -- bats_!» Quand, par la vil -- le,
  Quand, par la vil -- le, 
  A re -- ten -- ti ce 
  re -- frain- là, On dit_: Voi -- là 
  Le qua- rante- et- un qui dé -- fi -- - le_! 
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Des bords fleuris de la Vilaine
Jusqu’à Coëtquidan
Nous pivotions gaiement
Quand la France, à travers la plaine
Nous cria, toute en pleurs :
« Au secours, ou je meurs !
» On m’assassine !
» On m’assassine !

» Hardi, les gàs ! Vaillants soldats,
» Tous au combat ! »
Quand par la Ville,
Quand par la Ville,
A retenti ce refrain-là,
On dit : Voilà
Le 41 qui défile !

II

Et ce fut le départ de Rennes
Dans les chants et les cris.
Tous les fusils fleuris
Durant qu’en Alsace, en Lorraine,
La France, hélas ! toujours
Nous criait : « Au secours !
» On m’assassine !
» On m’assassine !
» Hardi, les gàs ! Vaillants soldats,
» Tous aux combats ! »
Quand dans l’espace,
Quand dans l’espace
A retenti ce refrain-là,
On dit : Voilà
Le 41 qui passe !

III

Puis ce fut la « Charge » qui sonne,
La Marne et les Essards,
La Sambre et ses brouillards ;
Ce fut Reims, et ce fut Craonne.
Et Neuville, et l’Yser,
Arras et Chantecler !
« On m’assassine !
» On m’assassine ! »

La France a dit : « Merci, mes bons
» Soldats bretons !
» D’un souffle large,
» D’un souffle large,
» Quand retentit ce refrain-là,
« J’ai dit : Voilà
» Le 41 qui charge ! »

IV

Lorsque finira la campagne
(Boches boutés dehors.
Bien vengés tous nos morts)
Nous rallierons notre Bretagne,
Fourbus, mais pleins d’entrain
En chantant ce refrain :
« Ma p’tit’ cousine,
» Ma p’tit’ cousine,
» Et toi, ma femme, et vous, mes vieux,
» Soyez heureux :
» C’est la Victoire,
» C’est la Victoire,
» Que vous rapporte en les lambeaux
» De son Drapeau,
» Le Régiment couvert de Gloire ! »

(Wanquetin, sous Arras, le 25 avril 1915.)


LE « KAMARAD »














 


 

LE « KAMARAD »

Sur l’air de « Briquemolle et son camarade »[18].

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo 4=100
  \clef treble
  \key sol \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  \partial 8 r8 | \compressMMRests { R2*8 } \mark \markup \fontsize #-2 { \musicglyph #"scripts.ufermata" } \bar "||" \once \stemUp si8 re \once \stemUp si re | \stemUp si4 si8 \stemNeutral re | la4 re | \break
  sol, sol | \once \stemUp si8 re \once \stemUp si re | \stemUp si4 si8 \stemNeutral re | la4 re | \break
  sol,4 sol | \once \stemUp si8 dod re \once \stemUp si | la4 dod8 re |mi4 dod | re2 | \break
  do!8 do do do | \once \stemUp si4 re8 do | \once \stemUp si4 la | sol r4 | r2 r2\fermata \bar "||"
}
textA = \lyricmode {
  Ren -- trant de pa -- trouill’, l’au -- rore é -- tant 
  pro -- che. Je_m’ trouv’ nez à nez a -- vec un grand 
  Bo -- che… J’fus tell’ ment sai -- si que j’en res -- tai coi_: 
  Le «_ka -- ma -- rad_» fit la mêm’ chos’ que moi_!
  }
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

« Rentrant de patrouill’, l’aurore étant proche,
Je m’ trouv’ nez à nez avec un grand Boche…
J’ fus tell’ment saisi que j’en restai coi :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Comm’ je ne suis pas un foudre de guerre
(Oh ! j’ crains pas les coups, mais je n’ les aime guère !)
Je me m’ mis à trembler de crainte et d’effroi :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Pour bien lui montrer qu’ j’étais pacifique
J’étendis le poing d’un geste héroïque
Lançant mon « pétoir[19] » à deux mètr’s… ou trois :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Voyant s’approcher mon heure dernière
J’ crus r moment venu de fair’ ma prière
En levant aux cieux 1’ bras gauche et 1’ bras droit :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Mais l’émotion me donne un’ tranchée :
Avisant un’ sort’ de petit’ « feuillée »
J’ fis, ma foi, c’ qu’on fait dans ce p’tit endroit :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

Le cœur plus léger, gardant mes airs dignes,
Lui tournant le dos, j’ filai vers nos lignes…
Mais, sur mes talons marchant au pas d’ l’oie,
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi !

« V’là-z-un prisonnier — que je crie — Capitaine !
« Il n’ veut pas m’ lâcher… alors… j’ vous l’amène. »
Puis, je tournai d’ l’œil : y avait-il pas de d’ quoi ?
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi.


Quand, près de mon Boch’, je r’pris connaissance
On m’ félicita sur ma grand’ vaillance ;
Tout l’ mond’ rigolait ; moi, j’ pleurai d’émoi :
Le « Kamarad » fit la mêm’ chos’ que moi.

Il a la Croix d’ Fer ! Pour qu’on lui confère
Un’ pareille affair’ quoi qu’il a pu faire ?
P’t' être que l’ « Kamarad », pour avoir c’te Croix
Fit un prisonnier… la mêm’ chos’ que moi !


LETTRE À L’AMBULANCIÈRE














 


 

LETTRE À L’AMBULANCIÈRE

Sur l’air de « La Lettre du Sergent aux Gardes »[20].

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"accordion"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup \fontsize #-3 "Adantino adagio." %4=90
  \clef treble
  \key mib \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  \compressMMRests { R1*2/4*3 } \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||"
  \repeat volta 2 {  
    r16^\markup \italic "ad lib." sol16 lab sol fa mib re mib | \break
    sol sol lab sol fa mib re mib \bar "||" \time 3/4 \break
    sol4~ sol16 \stemUp sib sib sib sib sib \stemNeutral do sol \bar "||" \time 2/4 \phrasingSlurDown \stemUp sib4\( lab\) | \break
    r16 lab lab lab \stemNeutral do do lab sol | fa fa fa fa \bar "" \break
    lab lab fa mib \bar "||" \time 3/4 re4~ re16 do16 re do \bar "" \break
    do sib mib fa \bar "||" \time 2/4 sol4\( sol8\) r | r16 sol lab sol \bar "" \break
    fa mib re mib | sol sol lab sol fa mib re mib \bar "||" \time 3/4 \break
    sol4~ sol16 \stemUp sib sib sib sib sib la sib \bar "||" \time 2/4 \break
    \stemNeutral \phrasingSlurNeutral re4\( do\) |r16 do do do do do dob dob | \break
    \stemUp sib sib sib lab sol lab \stemNeutral do lab \bar "||" \time 3/4 sol4~ sol8 sol \bar "" \break
    \once \stemUp sib sol | sol2\( \acciaccatura { fa16[ sol] } \tuplet 3/2 { fa8[ mib fa] } \bar "||"
  }
  \alternative {
     { \time 2/4 mib4\)~^\markup \halign #-1.5 \italic \fontsize #-2 "Entre les couplets"  mib8\) r8 | R1*2/4 \mark \markup \fontsize #-3 { \musicglyph "scripts.coda" } \bar "||" }
  }
  s8
}
textA = \lyricmode {
  «_Ma -- da -- me, c’est pour un a- 
  mi Lais -- sé pour mort à l’en -- ne- 
  mi Que je vous é -- cris cet -- te let -- tre. 
  Par -- don si ma main tremble un peu, Mais il s’a- 
  git d’un tel a -- veu Qu’il va vous 
  of -- fen -- ser peut- ê -- tre_: Mon pauvre a- 
  mi, dès le dé -- but De l’a -- tro -- ce guerre, a -- yant 
  eu Le front meur -- tri d’un coup de 
  lan -- ce, S’est é -- pris des jo -- lis yeux 
  doux, Ma -- da -- me, d’une a -- mie à vous… À 
  l’am -- bu -- lan -- - ce_!
}
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

« Madame, C’est pour un ami,
Laissé pour mort à l’ennemi,
Que je vous écris cette lettre.
Pardon si ma main tremble un peu,
Mais il s’agit d’un tel aveu,
Qu’il va vous offenser, peut-être :

Mon pauvre ami, dès le début
De l’atroce guerre, ayant eu
Le front meurtri d’un coup de lance,
S’est épris des jolis yeux doux,
Madame, d’une amie à vous…
… À l’ambulance !

II

« Comme il n’était qu’humble sergent,
Que ses pauvres galons d’argent,
Guéri, le replongeaient dans l’ombre,
Soutirant encor, sans dire un mot,
Sur sa demande, au « front », là-haut,
Il s’en alla, le cœur bien sombre ;
Et, depuis lors, au premier rang,
Tour à tour riant et pleurant,
Ne voulant songer qu’à la France,
Il songeait à sa « dame » encor,
En n’espérant que de la Mort,
La délivrance.

III

Et la Mort l’exauçant enfin,
À Dixmude, hier, au matin,
Un obus retentit à terre…
Et le voici, près de mourir,
Qui rêve, oublieux de souffrir,
À la mignonne Ambulancière ;
Il est là, souriant toujours,
Refusant tous soins, tous secours,
Tout près d’entrer en agonie,
Et baisant trois brins de jasmin
Qu’il reçut un jour de la main
De… votre amie !

IV

« Mais voici le pauvre garçon,
Tout secoué d’un grand frisson,
Sa voix tremble et son œil se creuse…
— Allons !… c’est la fin… Vite, adieu !
Pour moi, quelquefois, priez Dieu.
Je meurs content… vivez heureuse…
Car le blessé jadis guéri
Est le même qui vous décrit
Son chaste et sanglant petit drame.
Et la « dame » pour qui je meurs,
Dont je baise, en mourant, les fleurs,
C’est vous, Madame !… »


LES « SIX JOURS »














 


 

LES « SIX JOURS »

Sur l’air des « Cinq sous » de la Grâce de Dieu.

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup "Allegretto" 4=100
  \clef treble
  \key sol \major
  \time 2/4
  \autoBeamOff
  \partial 4 do8 si | la sold la re | si4 sol8 sol | \break
  la sol fad la | sol\( sol\) do si | la sold la re | \break
  si si sol sol | la sol fad mi | re4 re | \break
  mi re | re'\fermata re8 do | si la sold la | re8\( re\) re,4 | \break
  mi fad | re-!\fermata re'8 mi | re do si la | \partial 4 sol4 \bar "||"
}
textA = \lyricmode {
  On vient d’nous ap -- prendre à tous Que no- 
  tre bon pa- pa Jof- fre six jours de con -- gé nous 
  of -- fre Par -- ce qu’il est con -- tent d’nous. Six 
  jours, six jours_! Moi qui de -- meure à Ros -- cof… fre, six 
  jours, six jours_: Ça s’ra p’t'être un p’tit peu court_!
  }
\score {
  <<
    \new Voice = "mel"
    { \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
    indent = 0.5\cm
    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
    \set fontSize = #-1
  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

On vient d’ nous apprendre à tous
Que notre bon « Papa Joffre »
Six jours de congé nous offre
Parce qu’il est content d’ nous :
Six jours ! Six jours !
Moi qui demeure à Roscoff… re
Six jours Six jours :
Ça s’ra p’t’ être un p’tit peu court !

II

D’autant que pour faire honneur
À la belle Armée de France
Va-z-en falloir un’ séance,
Préliminair’ chez l’ coiffeur !
Six jours ! Six jours !
Pour s’ « dépoiler » en conscience,
Six jours ! Six jours :
Ça s’ra p’t’ être un p’tit peu court !

III

Dame, oui, j’ s’rais heureux comm’ tout
— Ça, je l’avoue sans ment’rie —
De revoir ma p’tit’ Marie
Que j’ai pas vue d’ puis 1’ mois d’août :
Six jours ! Six jours !
Pour embrasser ma chérie.
Six jours ! Six jours :
Ça s’ra p’t’ être un p’tit peu court !

IV

Mais son billet de log’ment
Est, à présent, chez sa mère,
Avec qui que j’ suis en guerre
Presqu’autant qu’avec l’All’mand !

Six jours ! Six jours !
Pour « grignoter » ma bell’-mére,
Six jours ! Six jours
Ça s’ra p’t’ être un p’tit peu court !

V

Et pour pas fair’ de jaloux,
Faudra voir la parentée !
J’en ai toute une tripotée :
Somm’s-nous pas cousins tertous ?
Six jours ! Six jours !
Pour licher trois cents « bolées »
Six jours ! Six jours :
Ça s’ra p’t’ être un p’tit peu court !

VI

Ah ! n’ faudra pas, sur le zinc,
Oublier d’ mettre à l’étude
(Tâche à la fois douce et rude)
La future Class’ 35 ;
Six jours ! Six jours !
Quand on n’a plus l’habitude,
Six jours ! Six jours :
Ça s’ra p’t’ être un p’tit peu court !

VII

Puis, nous quittions nos « pat’lins »
Pressés — soit dit sans reproches —
De r’voir les tranchées, les Boches,
« Rosalie » et les copains
Six jours ! Six jours !
— Ne le dit’s pas à mes proches ! —
Six jours ! Six jours :
…Ça n’ m’a pas paru trop court !


UNE CROIX DANS LA TRANCHÉE














 


Au Capitaine de Goulaine.

 

UNE CROIX DANS LA TRANCHÉE

Nous suivions la tranchée à vingt mètres des Boches,
Silencieux, le dos voûté, le pied glissant,
Et les canons tapaient, là, près de nous, si proches
Que le vent des obus nous fouettait en passant ;

Nous voyions, à travers les créneaux, La Boisselle,
Son petit cimetière et son îlot brumeux :
Paysage banal qu’un frôlis de ton aile
A fait sublime — ô Gloire ! — et pour jamais fameux ;

Nous bonjourions les gàs bretons du « 19me »,
À leurs postes d’écoute au bout des longs boyaux ;
On se disait deux mots — « Brezonnek »[21], parfois, même —
Les « tiens bon ! » se croisaient avec les « Kénavos »[22] ;

Quand, tout à coup, je vis, au ras de la tranchée
Une petite croix faite avec deux roseaux,
Croix sans date et sans nom, timidement cachée :
Comme en font les enfants sur les tombes d’oiseaux.


Qui donc était ce mort ? Quand tomba-t-il ?… Mystère !
Il était de ceux-là qu’on note « disparus »
Et qui devant les yeux des remueurs de terre
Sous un coup de leur pic, un soir, sont reparus ;

On ne dérange pas le corps du camarade :
On salue, on se signe et le travail reprend
Si bien qu’il reste encor, là, sous la fusillade,
Soldat jusqu’au-delà du tombeau : dans le rang !

Et devant l’humble croix saisi d’un trouble étrange,
Je me sentis jaloux de ce mort radieux
Qui, face à l’Ennemi, dans son linceul de fange,
Dormait le grand sommeil des Héros et des Dieux !

(La Boisselle, 13 mai 1915.)


LES CUISTOTS














 


À mon « matelot » Jobic Mainguy.

 

LES CUISTOTS[23]

Sur l’air de « Cadet-Rousselle ».

\language "italiano"
melody = \relative do' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup "Allegro" 4=120
  \clef treble
  \key la \major
  \time 6/8
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   \partial 4. mi8^\markup "Solo" fad sold |  la4 la8 la4 dod8 | la4 r8 \bar "" \break
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textA = \lyricmode {
  Quand les «_cuis -- tots_» sont aux tran -- chées, 
  Quand les «_cuis -- tots_»  sont aux tran -- chées, Sur nos der- 
  rièr’s ils sont ni -- chés, Sur nos der -- rièr’s ils sont ni- 
  chés. Dans des cui -- si -- nes ma -- gni -- fi -- ques, À l’ins -- tar 
  Pré -- his -- to -- ri -- ques_: Ah_! ah_! ah_! oui, vrai -- ment. Les 
  «_cuis -- tots_» sont de bons en -- fants_! Ah_! ah_! ah_! oui, vrai -- 
  ment, Les «_cuis -- tots_» sont de bons en -- fants_! 
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I

Quand les « cuistots » sont aux tranchées (bis)
Sur nos « derrières » ils sont nichés (bis)
Dans des cuisines magnifiques…
À l’instar des préhistoriques :
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !

II

Leur matériel qui n’est brillant (bis)
Que par son absence souvent (bis)
Est noir comme le cœur du Kaiser… re
Ou « celui » de la cantinière :
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !

III

Le bon bouillon, le bon rata (bis)
Jamais l’un d’eux ne les rata ; {bis)
Quant aux menus, dame !… et pour cause !
Plus ça chang’, plus c’est la mêm’ chose !
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !

IV

Les « cuistots » sont des rigolos (bis)
Qui vous dégèl’nt par leurs bons mots : (bis)
C’est peut-être ainsi qu’est dég’lée
Par eux la viand’ frigorifiée !…
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !

V

Comm’ la premier’ des qualités (bis)
Les force à soigner leur santé (bis)

Ils s’envoient — soit dit sans reproche —
Les meilleurs morceaux d’ l’ bidoche :[24]
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !

VI

Mais voici que l’heure est venue (bis)
D’ porter la « tambouille »[25] aux poilus : (bis)
L’un va devant, l’autre à la suite ;
Entre eux se balanc’ la marmite !…
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !

VII

Une heure, au moins, dans les boyaux (bis)
Vont baladant leurs aloyaux (bis)
Pas moyen d’aller au pas d’ charge :
L’air est pur… mais la rout’ pas large !
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !

VIII

Les obus pleuv’nt un tantinet (bis)
Mais les « marmit’s » ça les connaît… (bis)
S’il leur survient une aventure
Les Poilus s’ mettront la ceinture !
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !

IX

Dans les « cagnas » et les « gourbis » (bis)
Ils sont accueillis par ces cris : (bis)
« V’la les « cuistots » : La vie est belle !
Au vent les quarts et les gamelles !
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants ! »

X

— « Adieu « cuistots » ! bonsoir chez vous ! »
— Adieu, les « pott’ »[26] et gar’ là-dessous ! »
Et les « cuistots » sous 1’ nez des Boch’s
S’en retourn’nt les mains dans leurs poches !
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !

XI

Comme, entre nous, les brav’s « cuistots » (bis)
Sont des manièr’s de p’tits héros, (bis)
Au lieu du cordon bleu d’ naguère
Qu’on leur donn’ celui d’ la croix d’ guerre !
Ah ! ah ! ah ! oui vraiment
Les « cuistots » sont de bons enfants !


LE RETOUR DU ROI-HÉROS

Poésie dite par l’auteur au cours de ses auditions
à travers les cantonnements belges : Furnes, Elsendamme,
Alveringhem, Adinkerque, La Panne, etc., etc.












 

À S. M. le Roi des Belges.


LE RETOUR DU ROI-HÉROS


Sire, la voici terminée
L’Année atroce et nous allons
Au cours de la deuxième année
Mordre l’agresseur aux talons ;

Sire, espérez : l’Aube s’éclaire !
Dieu va crier son : halte-là !
Et laisser tomber sa Colère
Sur le dernier des Attila ;

L’Heure, par le Destin fixée,
Va sonner au cadran fatal
Où la Famille dispersée
Ralliera le Foyer natal ;

Ses murs sont branlants… mais qu’importe !
Chacun retrouvera, joyeux,
Debout sur le seuil de sa porte,
L’Âme fidèle des Aïeux !

Si, carte en main, la voyant fondre,
Quelqu’un dit : la Belgique meurt…
Plaignons ceux qui peuvent confondre
L’étendue avec la Grandeur :

Un Pays jamais ne succombe
Tant qu’il lui reste, après l’assaut,
Un combattant sur une tombe.
Une mère auprès d’un berceau ;


Car, dans le vieux tombeau, sommeille
Tout le grand Passé triomphant,
Pendant qu’en son berceau s’éveille
Et sourit l’Avenir enfant !

Courage, Sire ! L’Heure approche
Où, d’Anvers jusqu’à Charleroi
L’écho pourra, de proche en proche,
Annoncer le retour du Roi !

Dans Bruxelles, Namur et Liège,
Dans Louvain je vous vois rentrer,
Avec l’Ange qui vous protège !…
J’entends votre Peuple vibrer

Et, rugissant la « Brabançonne»,
Escorter le Sauveur aimé,
Doux vainqueur d’une Cause bonne.
Fier vengeur du Droit opprimé ;

Je vois votre fidèle Armée
— Cavaliers, lignards, artilleurs —
Ainsi que vous. Sire, acclamée,
Comme vous couverte de fleurs ;

Et, dans chaque Cité martyre,
Planant sur les Héros vivants,
Je vois tous les Morts vous sourire,
Fiers d’être, par vous, triomphants ;

Et, dans un grand envol magique,
Il me semble entendre déjà
Tous les carillons de Belgique
Lancer à Dieu leur Hosannah !


« JEAN GOUIN »
« Faites-nous une marche en l’honneur des fusiliers-marins ; elle nous manque et nul plus que vous n’est qualifié pour chanter les exploits de « Jean Gouin ». Car c’est là notre surnom préféré. En patrouille, pour nous faire reconnaître, au cri de « Qui vive ? » on répond « Jean Gouin ! » ; avant de charger, nos officiers, eux-mêmes, ne nous disent-ils pas : Allons-y, les « Jean Gouin » ?
xxxxxxxx(Extrait d’une lettre du fusilier-marin
xxxxxxxxxxAlbert Menguy, du 2e Bataillon.)












 


À l’Amiral Ronarc’h et à sa Brigade héroïque, à jamais immortelle.

 

« JEAN GOUIN »[27]

Chanson des fusiliers-marins.
Sur le vieil air si populaire dans la Marine :
« Ils ont bien bourlingué trois ans
Sur le bâtiment sans se reconnaître. »

Impossible de compiler le fichier d’entrée LilyPond :

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line 12 - column 63:
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line 14 - column 57:
markup outside of text script or \lyricmode
--------
line 18 - column 24:
markup outside of text script or \lyricmode
I

Jean Gouin a mis le cap au Nord
Pour aller sauver Nieuport et Dixmude,

Chœur
Jean Gouin a mis le cap au Nord
Pour aller sauver Dixmude et Nieuport ;

Là, Jean Gouin, enjôlant la Victoire,
Est entré, tout vivant, dans l’Histoire :
Chez lui, lorsqu’il s’en reviendra
Il se soûlera du vin de la Gloire

Chœur
Chez lui lorsqu’il s’en reviendra
Du vin de la Gloire, il se soûlera !
II

Jean Gouin a cogné tout l’Hiver
Au bord de l’Yser ou bien sur la Dune,
Jean Gouin a cogné tout l’Hiver
Au bord de la Dune ou bien sur l’Yser :
Dans la boue, la neige ou la poussière
Sut toujours s’y bien tirer d’affaire :
À terre, avec un chef aimé,
Ainsi que sur Mé Jean Gouin sait y faire,
À terre, avec un chef aimé,
Jean Gouin sait y faire ainsi que sur Mé.

III

 
Sans peur, Jean Gouin court au Pruscot ;
Au bout du flingot, il a « Rosalie »
Sans peur, Jean Gouin court au Pruscot :
Il a « Rosalie » au bout du flingot.
Contre dix et même davantage
Il est seul dans l’horrible carnage :
Arôk ![28] hardi ! souquons dedans
En grinçant des dents, comme à l’abordage,
Arôk ! hardi ! souquons dedans
Comme à l’abordage, en grinçant des dents  !

IV

Jean Gouin a signé, pour le sûr.
Avec son sang pur l’Entente Cordiale,
Jean Gouin a signé, pour le sûr,
L’Entente Cordiale avec son sang pur ;
Loup de mer se faisant loup de terre,
À Tommy disant : « je suis ton frère »
Lui qui, jadis, battit l’Anglais,
En sauvant Calais sauva l’Angleterre,
Lui qui, jadis, battit l’Anglais,
Sauva l’Angleterre en sauvant Calais !

V

Honneur à vous, les braves gâs
Endormis en tas entre Ypre et Saint-George !
Honneur à vous, les braves gâs
Entre Ypre et Saint-George endormis en tas !
Quant à moi, si je reviens de Guerre,
J’ai promis à ma bonne grand’mère
D’aller — et pieds nus moi j’irai —
À Sainte Ann’ d’Auray porter un gros cierge,
D’aller — et pieds nus moi j’irai —
Porter un gros cierge à Sainte Anne d’Auray !


L’HORATIUS COCLÈS BRETON














 


 

L’HORATIUS COCLÈS BRETON

À la vaillante mémoire du Capitaine Le Goaziou
(de Dinan) qui, de même que le héros romain
au pont de Sublicius, mourut en défendant celui
de Stenstraete
.

Dans un décor sinistre où notre œil ne distingue
Que des morts dans la fange et des logis sans toits
C’est au bord de l’Yser, en face de Bœsinghe[29],
Que je vis le Héros pour la dernière fois.

Oh ! qu’il était encor d’allure jeune et svelte !
Un ruban glorieux ensanglantait son cœur ;
Et je voyais briller dans son œil clair de Celte
Son invincible Espoir en l’Avenir vainqueur.


J’avais chanté devant son Bataillon, la veille
Et je l’entends toujours si je ne le vois plus,
Car, depuis, j’ai gardé, vibrant à mon oreille,
L’accent dont il me dit : « Merci… pour mes Poilus ! »

Ah ! c’est qu’il les aimait, le brave capitaine,
Ses gâs, ainsi que lui taillés, tous, en plein roc !
Aussi nul ne boudait, en revanche, à la peine :
Quand il criait : « Debout ! », tous répondaient : « Arok ![30] »

Et pour vaincre ce Preux sans peur et sans reproche,
Stoïque et résolu, toujours le défiant,
Il fallut que, sournois, l’infâme et lâche Boche
Fît ramper jusqu’à lui le gaz asphyxiant !

Tous ses hommes tombés, sur le pont de Stenstraete[31]
Devant mille démons masqués, il est debout :
Il suffoque, il chancelle… et pourtant rien n’arrête
L’Horatius Coclès breton, Le Goaziou.

Prenant son revolver, il vise : il a la joie
De voir six ennemis tomber ; puis, ferme encor,
Il tire alors son sabre ; et le glaive tournoie ;
Et le Héros têtu frappe jusqu’à la mort !

Il croule enfin — ton Nom, douce France, à la bouche —
Le crâne ouvert, mais beau toujours, mais triomphant,
Ayant tenu, jusques au bout, Breton farouche,
Le serment que « jamais ils ne l’auraient vivant ».

Dors, ô Le Goaziou ! Dors, mon bon camarade !
Là-haut, parmi les Preux où tu viens te ranger,
Beaumanoir et Guesclin te donnent l’accolade :
Ici-bas, tes amis jurent de te venger !


NOËL À JEANNE !














 


 

NOËL À JEANNE !

Hymne.
Musique de THÉODORE BOTREL[32].

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textA = \lyricmode {
  Qui donc a dit qu’elle é -- tait mor -- te 
  La vier -- ge si douce et si for -- te Qui bou -- ta 
  de- hors l’en -- ne -- mi_? La voi- ci ve -- nir, tri-- om -- 
  phan -- te. Plus ra -- di -- euse et plus vi -- 
  van -- te Qu’à son ma -- tin de Dom -- ré -- my_! 
  Tous u -- nis, dans un chœur im -- men -- - se, É -- 
  mus et joy -- eux tour à tour. Aux cieux je -- 
  tons ce cri d’a -- mour, De noble or -- gueil et d’es -- pé -- 
  ran -- ce_: «_No -- ël à Jean -- ne_! Gloire à la 
  Fran -- - ce_! Fran -- - ce_! 
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\header { tagline = ##f}
I

Qui donc a dit qu’elle était morte
La vierge si douce et si forte
Qui bouta dehors l’Ennemi ?
La voici venir, triomphante,
Plus radieuse et plus vivante
Qu’à son matin de Domrémy !

Chœur :

Tous unis, dans un chœur immense,
Émus et joyeux tour à tour,
Aux Cieux jetons ce Cri d’Amour,
De noble Orgueil et d’Espérance :
« Noël à Jeanne ! Gloire à la France ! »

II

Au milieu de ses gens de guerre
Elle écoute ainsi que naguère
Des Voix que nous n’entendons pas ;
Bannière au poing, le casque en tête,
Nous la devinons toujours prête
À nous guider aux bons combats !

Tous unis,…
III

La glorieuse et sainte Jeanne
Est toujours l’humble paysanne,
La pastourelle d’autrefois…
Et c’est pourquoi tenant le glaive
Sa main protectrice se lève
Sur les sillons des champs gaulois !

Tous unis,…
IV

En songeant que vivait son père
Par la faulx, la houe et l’araire,
Elle bénit nos forgerons ;
Songeant aux pampres de Lorraine
Couvrant les coteaux et la plaine,
Elle sourit aux vignerons !

Tous unis,…
V

Jadis, la France à l’agonie
En Jeanne incarna son Génie
Pour mieux se battre et vaincre mieux
Et, par Jeanne, aujourd’hui la France
Nous prépare encore en silence
Des Lendemains plus Glorieux !

Chœur :

Tous unis, dans un chœur immense,
Émus et joyeux tour à tour,
Aux Cieux jetons ce cri d’Amour,
De noble Orgueil et d’Espérance :
« Noël à Jeanne ! Gloire à la France ! »


SALUT À TOI,
MON RÉGIMENT !…














 

SALUT À TOI, MON RÉGIMENT !…

Salut à toi, mon Régiment,
Quarante et unième de Ligne !
Je réclame l’honneur insigne
De te chanter, bien que, vraiment,
Moi qui te sers si pauvrement,
D’un tel honneur je sois indigne !…
Salut à toi, mon Régiment !

Salut à vous, mon Colonel,
Fier jouteur aux Vertus antiques.
Vous dont les Gestes héroïques
Vous auront fait un renom tel
Qu’il va resplendir, immortel,
Près de ceux de nos Preux antiques !…
Salut à vous, mon Colonel !

Salut à vous, beaux officiers
Qui, braves entre les plus braves,
Hors de vos abris, poudreux, hâves,
Avant-hier encor bondissiez,
Et, pointant vos lames d’acier,
Voliez aux postes les plus graves !…
Salut à vous, beaux officiers !

Salut à toi, porte-Drapeau,
Dont l’âme est de si bonne trempe !
Ces Couleurs qui frôlent ta tempe
Brandis-les, haut, toujours plus haut…
Car c’est notre Espoir fier et beau
Qui frissonne au bout de ta hampe !…
Salut à toi, porte-Drapeau !


Salut à vous, mes Compagnons,
Duguesclins de petite taille,
Si forts, si grands dans la mitraille.
En courant sus aux vils Teutons
Grincez des dents, mes Loups bretons,
Et vous gagnerez la bataille !…
Salut à vous, mes compagnons !

Salut, brancardier calme et doux
Dont la tâche est sublime et sainte !
Attentif à la moindre plainte
Des Blessés terrés en leurs trous,
Tu vas à ton Devoir, sans crainte !…
Salut, brancardier calme et doux !

Salut à vous, nos Morts d’hier
Aux champs de Belgique et de France !
Héros et martyrs, patience :
Morts de la Marne et de l’Yser
De Neuville et de Chantecler
Nous préparons votre Vengeance !…
Salut à vous, nos Morts d’hier !

Salut aux Vengeurs de demain !
Voyez : sortant de leur nuit noire,
Les Morts tout rayonnants de Gloire
Vous montrent, de leur pâle main,
Le large, et rouge, et pur chemin
Qui mène à l’ultime Victoire :
Salut, les Vainqueurs de Demain !

(Rebreuviette (Pas-de-Calais) le 12 juillet 1915.)


LE « LUSITANIA »














 


 

LE « LUSITANIA »

Sur l’air de « En ramant » de Désiré Dihau[33].

\language "italiano"
melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"trumpet"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  \tempo \markup "Tranquillo" 4=90
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textA = \lyricmode {
  Sur la mer câ  --  li  --  ne Le voi  --  là par --  
  tit, É -- norme et pe  --  tit, Dans la main di --  
  vi  --  ne. «_Lu  --  si  --  ta  --  ni  --  a_», La Ger --  ma  --  ni --  
  a Te guet  --  te là  --  bas. Hé  --  las_! 

  }
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  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}
I

Sur la Mer câline
Le voilà parti
Énorme… et petit
Dans la main divine.

« Lusitania »,
La Germania
Te guette, là-bas.
Hélas !

II

Sur la Mer qui chante
La Chanson de Mai,
Il vole, embaumé,
Vers la Mort méchante !

« Lusitania »,…
III

Sur la Mer jolie
Il va, triomphant ;
De femmes, d’enfants
Sa coque est remplie !

« Lusitania »,…
IV

Sur la Mer sans ride
Vers l’insoucieux
S’élança, visqueux,
Le requin rapide !

« Lusitania »,…
V

Sur la Mer sereine,
Du pauvre bateau
Torpillé bientôt,
S’ouvrit la carène I

« Lusitania »,…
VI

Sur la Mer qui roule,
Avec quinze cents
Martyrs innocents,
Il s’incline et coule !

« Lusitania »,…
VII

Sur la Mer immense
Le bon Géant meurt
Jetant sa clameur
Au Dieu de Clémence !

« Lusitania »,…
VIII

« Sur Terre et sur l’Onde
» Battant le Germain
» Libérons, demain,
» L’Europe et le Monde :

» Lusitania »,
» L’heure du combat
» Qui te vengera,
» Viendra ! »

(10 mai 1915.)


LES GAS ASPHYXIANTS














 


 

LES GAS ASPHYXIANTS

{Ballade.)

Jadis, l’arme au poing, l’adversaire
Vous livrait de loyaux combats ;
Aujourd’hui, c’est une autre affaire :
Il vous empoisonne à cent pas ;
Sournoisement, il vous décoche
Un nuage stupéfiant !…
Ah ! méfions-nous du gâs boche
Car c’est un gàs asphyxiant !

Sa louche et froussarde tactique
L’obligeant à vivre terré,
Comme un sanglier domestique
Dans son ordure il est vautré :
Lorsque de sa bauge on s’approche
Qu’est-ce qu’avec son nez l’on prend ?…
… Ah ! méfions-nous du gâs boche
Car c’est un gâs asphyxiant !


Quant à sec chefs, c’est encor pire :
Chez nous, les cyniques sagouins,
Princes et Barons de l’Empire,
Vont s’oubliant dans tous les coins :
Après leurs ignobles bamboches
Nous en faut des désinfectants !…
… Ah ! méfions-nous des gâs boches :
Ce sont des gâs asphyxiants !

Et ça veut imposer au Monde
Sa Kulture avec un grand K !
D’y songer la nausée abonde
Et le Monde a crié : « Raca !
« Mais regarde-toi donc, Trop-Moche !
Ton culot est déconcertant ! »
… Ah ! méfions-nous du gâs boche
Car c’est un gâs asphyxiant !

Envoi :

Princes, Neutres lointains ou proches,
Notez ces faits édifiants…
Et méfiez-vous des gâs boches :
Ce sont des gâs asphyxiants !


LES VINS DU RHIN
« Il nous faut la frontière du Rhin,
il nous faut nos frontières naturelles :
il nous faut les clés de notre maison. »
xxxxxxxxxxxxxx(Maurice Barrès.)












 


 

À Maurice Barrès.

 

LES VINS DU RHIN

Musique de ÉMILE SPENCER.

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}
textA = \lyricmode {
Har -- di_! les gâs_! car l’heure est pro -- che Où
nous al -- lons clou -- er le Bo -- che Sur sa fron -- 
tiè -- re de ja -- dis_; Droit de -- vant nous s’ou -- vre la
rou -- te, Ga -- gnons le Rhin coù -- te que coù -- te. Car
c’est la clef du vieux lo -- gis. Quand nous se -- 
rons au bord du Rhin. Nous chan -- te -- rons le
gai re -- frain Qui mène à l’ul -- ti -- me vic -- 
toi -- - re, Quand nous se -- rons au bord du Rhin,
Le vin d’or -- gueil nous pour -- rons boi -- - re Quand
nous se -- rons, quand nous se -- rons au Rhin_! au Rhin_! 
  }
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I

Hardi les gâs ! car l’Heure est proche
Où nous allons clouer le Boche
Sur sa frontière de jadis…
Droit devant nous s’ouvre la route :
Gagnons le Rhin, coûte que coûte,
Car c’est la clé du vieux logis.

Quand nous serons au bord du Rhin
Nous chanterons le gai refrain
Qui mène à l’ultime Victoire…
Quand nous serons au bord du Rhin
Le Vin d’Orgueil nous pourrons boire…
Quand nous serons au Rhin !

II

Quarante et cinq ans dans la peine,
L’Alsace en deuil et la Lorraine
Ont espéré notre Retour :
Nous chanterons un beau Dimanche,
Le Te Deum de la Revanche
Dans ta Cathédrale, ô Strasbourg !

Quand nous serons au bord du Rhin
Le Martyre alsacien-lorrain
Sera rayé de notre Histoire…
Quand nous serons au bord du Rhin
Le Vin d’Oubli nous pourrons boire…
Quand nous serons au Rhin !

III

Puis, déposant, alors, nos Glaives,
Nous reprendrons nos tendres Rêves
De Paix et de Fraternité :
Terrassés le Mal et la Haine,
À la grande Famille humaine
Nous donnerons la Liberté !

Quand nous serons au bord du Rhin,
Quand l’Aigle noire au bec d’airain
Sera sombrée en la nuit noire,
Quand nous serons au bord du Rhin
Le Vin d’Amour nous pourrons boire !…
Quand nous serons au Rhin !…
Au Rhin !


NOUS PLEURERONS NOS MORTS, DEMAIN !…














 


 

NOUS PLEURERONS NOS MORTS, DEMAIN !…

I

Nous sommes toujours en pleine bataille :
N’amollissons pas encore nos cœurs ;
Haussons notre front, cambrons notre taille
Ainsi qu’il convient aux futurs vainqueurs.
De Joie et d’Orgueil ayons l’âme pleine !
Que notre gaieté glace le Germain !…
Comptons nos Héros couchés dans la plaine :
Nous compterons nos Morts, demain !

II

Ah ! le beau trépas que celui des braves
Tombés en chantant, face aux Ennemis !
Ils sont délivrés de nos pensers graves
Eux qui, fous d’Espoir, se sont endormis.

Ainsi que des Preux, jeunes, purs, superbes,
Ils ont trépassé, le glaive à la main !…
Chantons nos Héros couchés sous les herbes :
Nous pleurerons nos Morts, demain !

III

Des palmes, un jour, leur seront tressées
D’olivier, de chêne et de laurier d’or…
Épouses et sœurs, mères, fiancées,
Ne leur cueillez pas l’immortelle encor :
Effeuillez sur eux aux soirs de Victoire
La rose orgueilleuse et le gai jasmin !…
Fêtez vos Héros couchés dans la Gloire :
Vous pleurerez vos Morts, demain !


EN PASSANT PAR TON BERLIN














 


 


EN PASSANT PAR TON BERLIN[34]

Sur l’air de la chanson de route « En passant par ton moulin ».

\language "italiano"

melody = \relative do'' {
  \set Staff.midiInstrument = #"accordion"
  \set Staff.instrumentName =  \markup \fontsize #-2 #" "
  %\tempo 4=90
  \clef treble
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}

textA = \lyricmode {
  Kai -- ser, Kai -- ser, tu es per -- du,
  Kai -- ser, Kai -- ser, tu es per -- du_! Nous di -- rons
  même, un jour, f… -- tu. Et ru, et ru ton -- tai -- ne.
  En pas -- sant par ton Ber -- lin, Et
  rin tin tin_! La guerre a
}

\score {
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    {  \autoBeamOff \melody }
    \new Lyrics \lyricsto mel \textA
  >>
  \layout {
    \context { \Staff \RemoveEmptyStaves }
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    \override Score.BarNumber #'stencil = ##f
    line-width = #120
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  }
  \midi { }
}
\header { tagline = ##f}

 

I


Kaiser, Kaiser, tu es perdu, (bis)
Nous dirons même, un jour f…tu
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

II


La Guerre atroc’ tu l’as voulue : (bis)
Nous t’en f’rons goûter les vertus
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

III


Nous prendrons ton casque pointu (bis)
Et nous t’empalerons dessus
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

IV


Ton Kron de Prinz toujours battu (bis)
Nous lui refouett’rons le tutu
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

V


Nous enverrons tout’ ta tribu (bis)
Régner sur l’Empir’ des Ubus
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

VI


Nos cinq milliards nous s’rons rendus… (bis)
Et les intérêts en surplus
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

VII


Tes palais tocs de parvenu, (bis)
Devront s’attendre à d’ l’imprévu
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

VIII


Mais tes Églis’s par nos obus (bis)
Ne seront jamais abattues
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

IX


Mais tes vieux Boch’s demi perclus, (bis)
Ne s’ront ni brûlés, ni pendus
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

X


Tes p’tits Pruscots blonds et dodus (bis)
Ne s’ront pas massacrés non plus
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

XI


Mais tes soldats — pauvres vaincus ! — (bis)
Nous ne les ferons pas co…rnus
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin.
Nous Et rin tin tin !

XII


Nous n’ voulons pas, chez toi, vois-tu, (bis)
Laisser d’ la bonn’ grain’ de « poilus »
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

XIII


D’autant qu’nos bell’s, qui compt’nt dessus, (bis)
Pleureraient ces baisers perdus
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !

XIV


Nous r’viendrons vit’, fiers d’avoir pu (bis)
Du Monde assurer le Salut
Nous Et ru, et ru tontaine,
xxEn passant par ton Berlin,
Nous Et rin tin tin !



TANT PIS POUR EUX !…

J’ai vécu, j’ai chanté, j’aimais.
Fou de joie, ivre d’espérance,
Sans chercher ce qu’était la France,
Sans savoir si j’étais Français,
J’ai vécu, j’ai chanté, j’aimais.

J’ai vécu, j’ai souffert, je hais.
Enrôlé pour sa délivrance,
Je sais que la France est ma France ;
Je suis sûr que je suis Français…
J’ai vécu, j’ai souffert, je hais !


xxxxxxxxxxxxxxxxxx(Paul Déroulède.)












 


 

TANT PIS POUR EUX !…


« Œil pour œil, désormais, dent pour
dent, Science pour Science !… »
(Les Journaux)
I

Nous chantions !…
…et, souvent, nous dansions en chantant
Des valses de chez eux, berceuses et lascives,
Durant que ces bandits, dans l’ombre nous guettant,
Ne songeaient qu’à nous vaincre aux heures décisives.
…Mais, se resaisissant, et bouclant à leur taille
L’Épée, avec, déjà, des regards glorieux,
Et jurant de leur rendre entaille pour entaille,
Nos fils n’entonnent plus que des chants belliqueux.
Nous chantions !…
…Ces gens-là nous ont livré bataille :
Tant pis pour eux

II

Nous rêvions !…
(…Et, chez nous, les rêveurs sont sacrés
Qui déclaraient, ingénument, la Paix au Monde)
Pendant que, ricanants, ces chacals exécrés
Tendaient vers Toi, déjà, France ! leur mufle immonde !
…Mais, où sont leurs élans farouches de naguère ?
Depuis des mois, ils sont terrés, mornes, peureux ;
Ils menaçaient, hier : ils ne l’osent plus guère
Tant ils nous sentent prêts, et forts, et courageux.
Nous rêvions !…
…Ces gens-là nous ont appris leur Guerre :
Tant pis pour eux !
Tant pis pour eux !

III

Nous aimions !…
…et pour être aimés à notre tour,
De tous les cœurs nous entamions le tendre siège
Alors que ces Judas, bafouant notre Amour,
N’esquissaient un baiser que pour nous tendre un piège.
…Et ce fut la Ruée, enfin, à perdre haleine,
Le Massacre féroce et le Viol hideux ;
Flandre, Artois, Picardie, et Champagne et Lorraine ;
Louvain, Senlis, Arras, Albert, Reims… Ah ! les gueux !!

Nous aimions !…

…Ces gens-là nous ont appris la Haine :
Tant pis pour eux !

TANT PIS POUR EUX !!
(31 août 1915.)
  1. Voir dans les « Chants du Bivouac » (mêmes éditeurs) la chanson de Rosalie.
  2. La musique d’accompagnement est éditée par M. Georges Ondet, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  3. Publié avec son autorisation.
  4. La musique d’accompagnement est éditée par M. Émile Benoit, 73, Faubourg Saint-Martin.
  5. La musique d’accompagnement est éditée chez M. Ondet, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  6. Demander l’accompagnement pour piano à la « Bonne Chanson » 6, place Saint-Sulpice, Paris.
  7. La musique d’accompagnement est éditée par G. Ondet, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  8. Joubert, éditeur, 25, rue d’Hauteville, Paris.
  9. La musique d’accompagnement est en vente à la « Lyre bretonne », 85, Faubourg Saint-Denis. (Ces couplets peuvent se chanter également sur l’air des « Petits Chagrins », de Delmet.)
  10. La musique d’accompagnement est éditée par M. Eveillard, Boulevard Magenta.
  11. Prononcer pogne.
  12. G. Ondet, éditeur, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  13. La musique d’accompagnement est éditée par F. Jaffrennou, à Carhaix (Finistère).
  14. La musique d’accompagnement est éditée par la Librairie de la « Bonne Chanson », 6, Place Saint-Sulpice.
  15. Musique d’accompagnement à la « Lyre bretonne », 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  16. La musique d’accompagnement est éditée par M. G. Ondet, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  17. Musique d’accompagnement à la « Lyre bretonne », 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  18. E. Benoit, éditeur. Faubourg Saint-Martin. Paris.
  19. Fusil.
  20. Georges Ondet, éditeur, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  21. En Langue bretonne.
  22. Adieux.
  23. Les Cuisiniers.
  24. Je n’en pense pas un mot, mais il faut bien taquiner un peu ses amis !Th. B.
  25. La mangeaille.
  26. Les « poteaux » : les amis.
  27. Du breton : Yann-Guinn (Jean-le-Vin).
  28. En avant !
  29. Prononcer : Bousinsgue.
  30. En avant !
  31. Prononcer : Schtenstrette.
  32. La musique d’accompagnement est éditée à la Lyre bretonne, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  33. Georges Ondet, éditeur, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.
  34. L’accompagnement se trouve chez Georges Ondet, éditeur, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.