Chansons en sabots/Bonheur manqué

Texte établi par Poésie-préface de Sullian-Collin, Georges Ondet, Éditeur, 1912 (p. 205-210).

bookChansons en SabotsThéodore BotrelGeorges Ondet, Éditeur1912ParisVBonheur manquéBotrel - Chansons en sabots, 1912.djvuBotrel - Chansons en sabots, 1912.djvu/15205-210

Bonheur manqué

BONHEUR MANQUÉ

Musique de Désiré DIHAU

$\language "italiano" melody = \relative do'' { \set Staff.midiInstrument = #"accordion" \set Staff.instrumentName = \markup \fontsize #-2 #" " \tempo 4=90 \clef treble \key sol \major \time 2/4 \autoBeamOff \compressMMRests { R1*2/4*6 } | r8\fermata si re mi \mark \markup \halign #-5 \fontsize #-4 { \musicglyph #"scripts.segno" } \bar "||" re \stemUp si sol la | \break si2~ | si8 sol si \once \stemDown do | si sol mi fad | \break sol2~ | sol8 sol sol sol | sol sol fad sol | \break si2$ | la8$ la \stemNeutral do re | mi do la \once \stemUp si | \break do2~ | do8 la \once \stemUp si do | re si sol la | \break \stemUp si2~ | si8 sol fad sol^\markup \halign #-2 "rall." | <mi mi'>8^\< sol8 la do^\! | \break si4.\fermata(^\> la8)^\! | sol4 r \bar "||" r8 \bar "|" si^\markup \halign #0 \concat { 2 \super e " C" \super t } \stemNeutral re mi \mark \markup \halign #-5 \fontsize #-4 { \musicglyph #"scripts.segno" } \bar "||" \break } textA = \lyricmode { Quand je quit -- tai les pa -- y -- sans __ Qui veil -- laient sur mes jeu -- nes ans __ Dans u -- ne bour -- gade en -- dor -- mi -- e, Je ne pleu -- rai pas les bons vieux __ Mais Li -- son, l’en -- fant aux beaux yeux __ Que j’ap -- pe -- lais «_ma bonne a -- mi -- e_!_» Je l’em -- me- } \score { << \new Voice = "mel" { \melody } \new Lyrics \lyricsto mel \textA >> \layout { \context { \Staff \RemoveEmptyStaves } \override Score.BarNumber #'stencil = ##f indent = 0.5\cm line-width = #120 \set fontSize = #-1 } \midi { } } \header { tagline = ##f}$

I

Quand je quittai les paysans
Qui veillaient sur mes premiers ans
Dans une bourgade endormie,
Je ne pleurai pas les bons vieux
Mais Lison, l’enfant aux beaux yeux
Que j’appelais « ma bonne amie ! »

II

Je l’emmenai, le dernier soir,
À travers les champs de blé noir
Promener dans le clair de Lune
Et lui jurai, dans un baiser,
De m’en revenir l’épouser
Quand j’aurais trouvé la Fortune !

III

Mais à la chercher, comme un fou
De ci, de là…, je ne sais où,
Mon existence s’est passée ;
Et ce n’est que de loin en loin
Que je songeais au petit coin
Où m’ « espérait » ma fiancée !

IV

Enfin, par un beau jour d’été,
Vieilli sans m’en être douté,
Je revins dans notre village :
Une petite fille en deuil
Jouait au soleil sur un seuil,
Près d’une vieille au doux visage.

V

Et la fillette, trait pour trait,
Me parut le vivant portrait
De ma camarade d’enfance :
C’était bien l’azur de ses yeux
Et l’or de ses cheveux soyeux
Et son sourire d’innocence !

VI

« Ta maman, lui dis-je tout bas,
« Se nomme Lison, n’est-ce pas ?
— Maman ? Elle est au cimetière.
« Mais si Lison, certainement,
« N’était pas le nom de Maman…
« C’est celui de bonne Grand’mère ! »

VII

Et, le cœur empli de remords,
Je me penchai vers les yeux morts
De l’aïeule assise à sa porte
Où, comme dans un vieux miroir,
Un court instant je crus revoir,
Notre Jeunesse à jamais morte !

VIII

Puis j’embrassai, comme jadis,
Un front d’enfant, et je partis
Très vite, sans tourner la tête…
Mais seul, au bout du grand chemin,
Très longtemps, le front dans la main,
J’ai sangloté… comme une bête !…