Chansons en sabots/Le Couteau

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Texte établi par Poésie-préface de Sullian-Collin, Georges Ondet, Éditeur (p. 109-114).


Le Couteau














LE COUTEAU


Musique de Théodore BOTREL

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textA = \lyricmode {
  …Par- don, Mon- sieur le
  Mé- tay- er, Si, de nuit, je dé- ran-ge_; Mais
  je vou- drais bien som- meil- ler Au fond de vo- tre
  grange_! Mon pauvre a- mi, la grange est pleine Du
  blé de la mois- son_: Don- ne- toi donc plu- tôt la
  pei __ ne D’en- trer dans la __ mai- son_! __
  mi- ches Où plan- ter leurs cou- teaux_!!! 
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I

— « Pardon, Monsieur le Métayer,
MaiSi, de nuit, je dérange ;
Mais, je voudrais bien sommeiller
MaiAu fond de votre grange !

— Mon pauvre ami, la grange est pleine
MaiDu blé de la moisson :
Donne-toi donc plutôt la peine
MaiD’entrer dans la maison ! »

II

— « Mon bon Monsieur, je suis trop gueux ;
MaiQué gâchis vous ferais-je !
Je suis pieds-nus, sale et boueux
MaiEt tout couvert de neige !
— Mon pauvre ami, quitte bien vite
MaiTes bardes en lambeaux :
Pouille-moi ce tricot, de suite
MaiChausse-moi ces sabots ! »

III

— « De tant marcher à l’abandon
MaiJ’ai la gorge bien sèche :
Mon bon Monsieur, baillez-moi donc
MaiUn grand verre d’eau fraîche !
— L’eau ne vaut rien lorsque l’on tremble,
MaiLe cidre… guère mieux :
Mon bon ami, trinquons ensemble ;
MaiGoûte-moi ce vin vieux ! »,

IV

— « Mon bon Monsieur, on ne m’a rien
MaiJeté, le long des routes ;
Je voudrais avec votre chien
MaiPartager deux, trois croûtes !

— Si, depuis ce matin, tu rôdes,
MaiTu dois être affamé :
Voici du pain, des crêpes chaudes,
MaiVoici du lard fumé ! »

V

— « Chassez du coin de votre feu
MaiCe rôdeur qui n’en bouge :
Êtes-vous “ Blanc ” ? êtes-vous “ Bleu ” ?
MaiMoi, je suis plutôt “ Rouge ” !
— Qu’importent ces mots : République,
MaiCommune ou Royauté.
Ne mêlons pas la Politique
MaiAvec la Charité ! »

VI

Puis, le Métayer s’endormit,
MaiLa mi-nuit étant proche…
Alors, le vagabond sortit
MaiSon couteau de sa poche,
L’ouvrit, le fit luire à la flamme.
MaiPuis, se dressant soudain,
Il planta sa terrible lame
MaiDans… la miche de Pain !

VII

Au matin-jour, le gueux s’en fut,
MaiSans vouloir rien entendre…
Oubliant son couteau pointu
MaiAu milieu du Pain tendre…

. . . . . . . . . .

Vous dormirez en paix, ô Riches !
MaiVous et vos Capitaux,
Lorsque les gueux auront des miches ;
MaiOù planter leurs couteaux !!!