Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Le recteur qui dit une messe servie par N.-S. J.-C.

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LE RECTEUR


QUI DIT UNE MESSE SERVIE PAR NOTRE-SAUVEUR J. C.
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   Ecoutez un exemple qui est vrai,
Qui s’est produit chez un recteur,
Lequel a eu l’honneur
De dîner avec notre Rédempteur.

   Le recteur est un homme saint,
Bon au pauvre, dévot à notre Sauveur.
Un jour il alla officier,
Ne trouva personne pour lui servir (la messe).

   La cloche sonnait, à diverses reprises,
Mais personne ne venait à l’église.
Un pauvre alors se présenta,
A lui servir (la messe) il s’offrit.

   Il se prosterna à genoux,
Pour saluer notre maître divin ;
Il se prosterna devant l’autel
Pour rendre grâces à Notre Sauveur.

   Quand la messe fut célébrée,
(Par le pauvre elle avait été servie)
Le recteur le pria
A déjeûner, à dîner.

   — Venez déjeûner, dîner,
Pour votre peine de m’avoir servi (la messe)...
La gouvernante se mit en colère,
Quand elle vit (venir) le pauvre avec son frère,

   Et elle dit au recteur :
— Quel polisson de compagnon,
Quel polisson de compagnon
Tu amènes à ta suite, haillon !...

   — Taisez-vous, ma sœur, ne dites mot,
Celui-ci m’a servi (la messe),

Et puisqu’il me l’a servie,
Il est juste qu’il en soit récompensé.

   Elle entra dans le jardin,
Et dans la suite eut triste fin.
Le recteur interrogea
Le pauvre, pendant le repas,

   S’il y aurait rien de nouveau,
Comme une guerre ou une peste ?
— Il y aura guerre, longtemps elle ne durera,
Et un août fécond il y aura.

   — Je souhaiterais que s’accomplît votre désir,
Que cette nouvelle pût être vraie.
— Aussi vraie, Monsieur, est cette nouvelle,
(Qu’il est vrai) que dans le jardin est morte

   Votre sœur, par suite d’un transport malheureux ;
Quatre couleuvres sucent son sang !
Le recteur, stupéfait de l’entendre,
Alla aussitôt voir.

   Quand il entra dans le jardin, elle était morte,
Et quatre couleuvres l’entouraient.
Il revint alors sur ses pas
Annoncer au pauvre la nouvelle.

   Quand il entra dans la maison,
A la place du pauvre il y avait un crucifix !
Il se prosterna à genoux,
Pour saluer notre maître divin.

   Voici la fille morte et enterrée,
Comme cela arrive à quantité de gens, dans le monde,
Lesquels sont durs envers les pauvres
Qui mendient l’aumône.

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