Chansons populaires du Canada, 1880/p050
digue dindaine
Ne dirait-on pas que cette mélodie d’une si délicate beauté se termine sur la dominante tout exprès pour imiter le son continu du petit bourdon de la musette, qui fait encore entendre sa note dominante alors que le musicien a fini d’exécuter son air ? Cette chanson, aussi belle comme poésie que comme musique, nous vient de la France, où elle n’est pas non plus tout-à-fait oubliée. L’air sur lequel M. Wekerlin (collaborateur de M. Champfleury,) l’a notée, dans les Chansons populaires des provinces de France, est fort joli, mais ressemble peu au nôtre ; quant aux paroles, publiées dans le même ouvrage, et qui se chantent dans le Nivernais, elles sont loin d’être aussi poétiques que celles de notre version canadienne. Comme dans notre chanson, il s’agit, dans la version française, d’une petite fille « encore jeunette » qui part pour garder son troupeau et qui oublie son déjeuner. « Un valet de chez son père » va le lui porter et la trouve tout attristée de la dispersion des intéressants quadrupèdes commis à sa garde ; le galant valet embouche alors un instrument champêtre et fait revenir comme par enchantement le troupeau au pied de la bergère. Mais ici commence la bifurcation : le troupeau de la chanson française n’est pas composé de moutons mais bien de prosaïques enfants de la race porcine…, lesquels se mettent, eux aussi, à danser, mais sans se tenir par la patte, — ce qui est beaucoup moins élégant.
Qui ne voulait pas danser,
ajoute la chanson française ; mais le chef de la bande
vient la prendre par l’oreille et lui dit :
acte d’une autocratie révoltante, en opposition directe
avec les immortels principes de 89, comme diraient certains grands journaux de Paris, et qui dut soulever une bien grande indignation parmi toute la gent soyeuse… ce
que, cependant, la chanson ne dit point.
Quand j’étais de chez mon père, digue dindaine, Il m’envoie de sur ces plaines, digue dindaine, |