Chansons populaires du Canada, 1880/p116

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Texte établi par Robert Morgan,  (p. 116-118).


bal chez boulé


M. Ph. Aubert de Gaspé m’a dit que ces couplets sont probablement originaires de Saint-François ou de Saint-Pierre de la Rivière-du-Sud. Voici, au reste, l’anecdote à l’occasion de laquelle ils furent composés, telle que racontée par M. de Gaspé dans Les Anciens Canadiens :

« … Ceci me rappelle l’aventure d’un pauvre diable d’amoureux qui avait mené sa belle à un bal, sans être invités ; ils furent quoique survenants, reçus avec politesse : mais le jeune homme eut la maladresse de faire tomber en dansant la fille de la maison, ce qui fut accueilli aux grands éclats de rire de toute la société ; mais le père de la jeune fille, un peu brutal de son métier, et indigné de l’affront qu’elle avait reçue, et fit ni un ni deux ; il prit mon José Biais par les épaules et le jeta à la porte ; il fit ensuite des excuses à la belle, et ne voulut pas la laisser partir. »

L’expression : soulier français, que le lecteur rencontrera dans ces couplets, est encore généralement usitée à la campagne pour désigner une chaussure à forme européenne, et par opposition avec le nom de soulier sauvage donné à une chaussure en cuir ordinaire affectant la forme des souliers de caribou fabriqués par les sauvagesses. Le mot « français » est ici synonyme d’« européen » ; c’est assez dire que cette expression remonte aux temps déjà éloignés où notre seul commerce avec l’Angleterre consistait dans l’échange de coups de canon.





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Di -- manche, a -- près les vêpr’s, yau -- ra bal 
chez Bou -- lé, Mais il n’i -- ra per -- sonn’ que 
ceux qui sav’nt dan -- ser, Vo -- gue, ma -- ri -- nier 
Vo -- gue, Vo -- gue beau ma -- ri -- nier. 
 
}


 
Dimanche, après les vêpr’ s, yaura bal chez Boulé ;
Mais il n’ira personn’ que ceux qui sav’ nt danser.
        Vogue marinier, vogue,
        Vogue, beau marinier.

Mais il n’ ira personn’ que ceux qui sav’ nt danser.
José Biais, comm’ les autr’ s, voulut itou yaller.
        Vogue, etc.

José Biais, comm’ les autr’ s, voulut itou yaller.
— Non, lui dit sa maîtress’, t’ iras quand l ’train s’ ra fé.
        Vogue, etc.

 
Non, lui dit sa maîtres’, t’ iras quand l’ train s’ ra fé.
Il s’en fut à l’établ’ ses animaux soigner.
        Vogue, etc.

Il s’en fut à l’établ’ ses animaux soigner ;
Prit Barrett’ par la corne et Rougett’ par le pied.
        Vogue, etc.

Prit Barrett’ par la corne et Rougett’ par le pied ;
Il saute à l’écuri’ pour les chevaux gratter.
        Vogue, etc.

Il saute à l’écuri’ pour les chevaux gratter ;
Se sauve à la maison quand ils fur’ nt étrillés.
        Vogue, etc.

Se sauve à la maison quand ils fur’ nt étrillés ;
Mit sa bell’ veste rouge et son capot barré.
        Vogue, etc.

Mit sa bell’ veste rouge et son capot barré ;
Mit son beau fichu noir et ses souliers francés.
        Vogue, etc.

Mit son beau fichu noir et ses souliers francés,
S’en va chercher Lisett’ quand il fut ben greyé.
        Vogue, etc.

S’en va chercher Lisett’ quand il fut ben greyé.
On le mit à la port’ pour apprendre à danser.
        Vogue, etc.

On le mit à la port’ pour apprendre à danser,
Mais on garda Lisett’, qui s’est ben consolée.
        Vogue marinier, vogue,
        Vogue beau marinier.