collectionLe SaintPierre-Jean de BérangerPerrotin1866ParisCLe SaintBéranger - Chansons anciennes et posthumes.djvuBéranger - Chansons anciennes et posthumes.djvu/4565-566
Chez un saint qu’épouvante
Le mot d’amour,
Le diable, un jour,
Vient en jeune servante.
Le saint lui dit : Satan,
Va-t’en !
Va-t’en, Satan, va-t’en !
Il revient en grisette
Au ton aisé,
Au teint rosé,
Au menton à fossette.
Le saint lui dit : Satan,
Va-t’en !
Va-t’en, Satan, va-t’en !
Il revient en danseuse
Au sein fripon,
Au court jupon,
À la jambe amoureuse.
Le saint lui dit : Satan,
Va-t’en !
Va-t’en, Satan, va-t’en !
En muse jeune et belle
Il vient encor ;
Sa lyre d’or
Chante l’amour fidèle.
Le saint lui dit : Satan,
Va-t’en !
Va-t’en, Satan, va-t’en !
Puis il vient en comtesse
Aux blanches dents,
Aux yeux ardents,
Au cœur troublé d’ivresse.
Le saint lui dit : Satan,
Va-t’en !
Va-t’en, Satan, va-t’en !
Satan prend d’autres armes :
Madame, un soir,
Le saint croit voir
Apparaître vos charmes.
Il ne dit plus : Satan,
Va-t’en !
Va-t’en, Satan, va-t’en
Grâce, esprit, tout le brûle,
Tout l’enhardit ;
Même il vous dit :
Au fond de ma cellule,
Viens me damner, Satan ;
Viens-t’en !
Viens-t’en, Satan, viens-t’en !