collectionRêve de nos jeunes fillesPierre-Jean de BérangerPerrotin1866ParisCRêve de nos jeunes fillesBéranger - Chansons anciennes et posthumes.djvuBéranger - Chansons anciennes et posthumes.djvu/4617-618
Le petit oiseau sur la branche
Laisse mourir son chant d’amour ;
Et midi voit le lis qui penche
S’alanguir sous les feux du jour.
Le petit oiseau sur la branche
Laisse mourir son chant d’amour.
Comme elle dort, la jeune fille,
Sur les coussins de ce boudoir !
Elle a mis bas coiffe et mantille ;
Près d’elle en vain brille un miroir.
Comme elle dort, la jeune fille,
Sur les coussins de ce boudoir !
Là, de sa dernière pensée
Sa bouche encor garde un souris.
Le ciel brûlant l’aura forcée
De quitter ses jeux favoris.
Là, de sa dernière pensée
Sa bouche encor garde un souris.
De sa paupière demi-close
S’échappe un vague et doux regard.
Quelle élégance dans sa pose !
C’est un modèle offert à l’art.
De sa paupière demi-close
S’échappe un vague et doux regard.
Un songe vient du bout de l’aile
Effleurer ce lac endormi.
Quel sentiment s’éveille en elle ?
Son corps se soulève à demi.
Un songe vient du bout de l’aile
Effleurer ce lac endormi.
Peut-être elle s’affole en rêve
D’un beau page au blanc palefroi.
Qui dit : Dame, je vous enlève ;
Montez vite en croupe avec moi.
Peut-être elle s’affole en rêve
D’un beau page au blanc palefroi.
Peut-être aux pieds de cette Laure
Un nouveau Pétrarque a chanté.
Fière du chantre qui l’adore,
Elle embellit sa pauvreté.
Peut-être aux pieds de cette Laure
Un nouveau Pétrarque a chanté.
Peut-être au ciel s’envole-t-elle ?
Du ciel son âge a souvenir.
Au toit natal c’est l’hirondelle
Que le printemps voit revenir.
Peut-être au ciel s’envole-t-elle ?
Du ciel son âge a souvenir.
Ma dormeuse enfin se réveille.
Son cœur bat à rompre un lacet.
— Que murmurait à ton oreille
Le bon ange qui te berçait ?
Ma dormeuse enfin se réveille.
Son cœur bat à rompre un lacet.
— Le sort me faisait ses largesses.
De bonheur je poussais un cri
Dans l’enivrement des richesses
Que m’apportait un vieux mari.
Le sort me faisait ses largesses.
De bonheur je poussais un cri.
— Quoi ! des trésors sont ta rosée,
Fleur brillante au parfum si doux ?
— Oui, de la foule jalousée,
J’avais de l’or jusqu’aux genoux.
— Quoi ! des trésors sont ta rosée,
Fleur brillante au parfum si doux !
Devant ce rêve du jeune âge,
Adieu nos rêves d’avenir !
L’enfant en remontre au vieux sage ;
L’or aujourd’hui vient tout ternir.
Devant ce rêve du jeune âge,
Adieu nos rêves d’avenir !