Chansons rouges/Et puis après

La bibliothèque libre.
Maurice Boukay (
Ernest Flammarion, éditeur (p. 183-188).


ET PUIS APRÈS ?


À Gyp, comtesse de Martel,
arrière-petite-nièce de Mirabeau.
Un gamin de Paris chante :



<<
  \relative c' {
  \override Rest #'style = #'classical
  \set fontSize = #-1
  \key g \major
  \time 6/8
  \set Score.tempoHideNote = ##t
    \tempo Moderato 4 = 100
  \autoBeamOff
  \set Staff.midiInstrument = #"piccolo"
\compressEmptyMeasures
R8*18 \bar "||" r4 r8 fis^\< \( fis fis \! | a4. \) r4 r8
  r4 r8 \tempo "Allegretto" 4=120 fis fis fis
b4 b8 e,4 e8 | g4 g8 g e e | g4. g4 a8
b4 b8 fis fis g | e4. e8 g a | b4 b8 b4 ais8
b4 b8 r b b | c4 g8 g a b | a4 a8 a4 a8 | a4. r4 r8

}

\addlyrics {
«_Et puis a -- près_?_» C’est ta de -- vi -- se,
C’é -- tait cel -- le de Mi -- ra -- beau. 
C’est la nô -- tre jus -- qu’au tom -- beau 
Qui ré -- u -- nit quand tout di -- vi -- se.
L’i -- ro -- nie en est forte ex -- près
«_Et puis a -- près_?_»
}
>>
\layout {
  indent = #0
  line-width = #120
  \context {
    \Score
    \remove "Bar_number_engraver"
  }
}


I

« Et puis après ? » C’est ta devise ;
C’était celle de Mirabeau.
C’est la nôtre jusqu’au tombeau
Qui réunit quand tout divise.

L’ironie en est forte exprès :
          « Et puis après ? »

II

« Et puis après ? C’est le Déluge ! »
Disait le roi d’un ton charmant ;
Et les nobles couraient gaîment
Au déluge, dernier refuge,
Avant l’éclair des couperets.
          Et puis après ?

III

Et puis après ? La bourgeoisie,
Singe des nobles, s’en alla
De Voltaire chez Loyola,
Monnayant son hypocrisie.
S’enrichir, voilà le progrès !
          Et puis après ?

IV

Et puis après ? Le clergé prêche :
« Après, après, craignez l’enfer !
Il pleuvra du soufre et du fer,
Si l’or ne pleut dans notre crèche. »
Le bourgeois donne… avec regrets.
          Et puis après ?


V

Et puis après ? Le peuple gronde
Et rit des sinistres pantins,
Qui voudraient régir les destins,
Sur la scène du nouveau monde.
Il tire la ficelle exprès.
          Et puis après ?

VI

Et puis après ? Marionnettes,
Pierrots, polichinelles font
Deux, trois petits tours et s’en vont,
Dans leurs petites maisonnettes,
Dormir au pied des grands cyprès.
          Et puis après ?