Chansons rouges/La Chanson du Laboureur

La bibliothèque libre.
Maurice Boukay (
Ernest Flammarion, éditeur (p. 145-151).


LA CHANSON DU LABOUREUR


À la mémoire d’Auguste Burdeau.
Un laboureur chante :

\relative c'' {
  \override Rest #'style = #'classical
  \set fontSize = #-1
  \key ees \major
  \time 6/8
  \set Score.tempoHideNote = ##t
    \tempo 4 = 90
  \autoBeamOff
  \set Staff.midiInstrument = #"piccolo"
  \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }
  \compressEmptyMeasures
  R8*18 \bar "||" 
r4 g8 bes4 bes8 | g4 g8 ees4 ees8
bes8. bes16 g'8 bes4 bes8 | aes4 g8 f4 ees8
f4.~ f8 r f | bes \( ^\> aes g \! \) bes \( ^\> aes g \! \)
f4.~ f8 r f | f \( ^\> ees f \! \) g \( ^\> f g \! \)
bes4 bes8 r4 bes8^\markup { REFRAIN } \bar "||"
  c4\cresc c8 d4 d8 \(
c4 \) c8 \( bes4 \) g8 \( | bes^\> aes g\! f^\< g aes\!
% {page suivante}
bes4.~ \) bes8 r bes | c4 c8 d4 d8 \(
c4 \) c8\( bes4 \) g8 | bes^\> \( aes g\! \) f^\< \( g f\! \)
  \acciaccatura f ees4.~ ees4 r8
\bar "||" \mark \markup { \musicglyph #"scripts.segno" }
}
\addlyrics {
O -- "hé !" mes bœufs, tou -- jours, en -- co -- "re !"
O -- "hé !" Gri -- "vel !" O -- "hé !" Gou -- "beau !"
Il fait clair et le temps est beau.
L’a -- lou -- ette é -- veil -- le l’au -- ro -- re.
O -- hé, mes bœufs, ti -- rez, ti -- rez,
Ti -- rez le soc et la -- bou -- "rez !"
O -- hé, mes bœufs, ti -- rez, ti -- rez,
Ti -- rez le soc et la -- bou -- "rez !"
}
\layout {
  \context {
    \Score
    \remove "Bar_number_engraver"
  }
}


I

Ohé ! mes bœufs, toujours, encore !
Ohé ! Grivel. Ohé ! Goubeau !
Il fait clair et le temps est beau ;
L’alouette éveille l’aurore.
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !

II

Fouillez la plaine tout entière !
Éventrez-la jusqu’au nombril !
Vous boirez l’eau de mon baril.
Vous aurez mon foin pour litière.
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !


III

Le soleil est père du monde.
Importe peu s’il cuit nos reins !
C’est lui qui fait germer les grains,
C’est ma sueur qui les féconde.
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !

IV

Le grain sera de la farine,
La farine du sang nouveau,
Qui coulera dans mon cerveau
Et dans le cœur de Catherine.
Ohé, mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !

V

Que deviendra le sang de France ?
Il deviendra trois forts lurons,
Trois filles que nous marierons :
L’Amour, la Force et l’Espérance.
Ohé ! mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !


VI

Là-bas, au bout du territoire,
Le Coq a chassé le Corbeau.
Ohé ! Grivel ! Ohé ! Goubeau,
Pour la moisson ! Pour la victoire !
Ohé ! mes bœufs, tirez ! tirez !
Tirez le soc et labourez !