Chants de l’Atlantique suivis de Le ciel des Antilles/01/04
IV
CHANSONS D’UN ANACHORÈTE
Month after month, year after year.
I
CHANSON DE L’IMPOSSIBLE
Un soir, on voudrait être Heine,
|
II
CHANSON DU GRILLON
Mon grillon familier crisse dans ma maison ;
Et c’est un petit cœur sincère,
Mélancolique et solitaire,
Qu’enivre la saison.
Il me faut négliger la plume et le poème
Pour écouter ses chants.
C’est l’odeur des fleurs que l’on aime,
C’est le parfum des champs.
III
AU GRILLON
Petit grillon, chantre des soirs,
Vous évoquez Toulouse
Et Pech-David et la pelouse
Et mes plus beaux espoirs.
Petit grillon, chantez encore
Pour moi votre chanson ;
J’aime le frêle petit son,
Doux insecte sonore.
Sur le balcon, près de la rose,
Vous célébrez l’azur.
Pour un cœur devenu morose
C’est le chant le plus pur.
IV
CHANSON DU BEAU SPORTSMAN
La rose est morte d’avoir vu
|
V
CHANSON DE L’ENFANT MORT
Je suis seul et mon cœur médite
|
VI
CHANSON DE L’AMI
Si j’avais quelqu’un sur la terre
Qui m’aime encor vraiment ;
Je confesserais ma misère,
Je lui dirais mon grand tourment.
Il unirait son cœur d’artiste,
Son faible cœur au mien ;
Deux chiens noirs hurleraient au loin,
Sous une étoile triste.
VII
CHANSON DU RADIO
À mon voisin le Radio
Porte les concerts d’Amérique.
Mon âme entend l’adagio
Des vieux grillons grecs du Portique.
Qu’il est sensible le beau fil
Qui relie un cœur de poète
À l’Univers ; ce cœur fût-il
Celui d’un pauvre anachorète !
LA FIÈVRE
Les rivières de la quinine.
À midi, des frissons passèrent sur ma peau
Et ma chair a senti le grand froid de la fièvre.
Mes yeux brûlent, la soif me dessèche la lèvre.
Je cherche en mon hamac l’impossible repos…
Une étoile de sang brille. La nue est grise.
L’astre perce un trou d’or dans un arbre à pain noir.
La touffe d’un palmier que tourmente la brise,
Me semble une araignée immense au fond du soir…
Un lugubre ramier roucoule sous la lune ;
Et je songe soudain à la pire infortune.
Seigneur, faites cesser ce chant qui me fait peur.
La transpiration me délivre et, plus crâne,
J’entends les sourds marteaux du sang battre en mon crâne
Et galoper les chevaux ivres de mon cœur.