Chants et chansons politiques/Sédan

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G. Guérin, libraire (p. 63-64).
SÉDAN
La Culbute du second empire.


Cet empire honteux que la France renie
Où trônait Marguerite à côté d’Eugénie,

Dont la cour descendue aux pudeurs de hasard
Ne faisait plus rougir la pourpre de César,
Où les plats courtisans transformés en sicaires
N’étaient que des bandits et de hardis faussaires,
A donc enfin glissé dans son gouffre béant !…
Après Strasbourg, Boulogne, il lui fallait Sedan.
Néron, Caracalla, monstres de Rome-empire,
Dans leur ignominie, hélas ! n’ont pas fait pire !
Ces empereurs étaient de bien vils scélérats
Mais ils ne vendaient point l’honneur de leurs soldats ;
Le nôtre, a trafiqué de la France envahie,
Il l’a déshonorée après l’avoir trahie ;
Il est resté toujours voleur de grands chemins
En voulant égaler les empereurs romains.
France, console-toi. La République crie :
« J’ai dans le cœur l’amour sacré de la patrie !
« À moi d’anéantir les Vandales du Rhin
« Pour mieux glorifier le Peuple souverain !
« Aux armes, Citoyens ! À nous la rude tâche !
« Le Napoléon III s’est rendu comme un lâche.
« Serrons les rangs ! Sauvons la Patrie en danger,
« C’est aux Républicains de chasser l’étranger.
Marchons tous aux remparts. Défendons la muraille.
Affrontons, sans pâlir, l’obus et la mitraille.
Tous sont égaux au feu : Richesse et Pauvreté ;
Frères, devant la mort, aimons la Liberté.
Paris, fils belliqueux de la brave Lutèce ;
Découvre sa poitrine à Berlin qui le blesse,
Il sera Saragosse ou Moscou s’il le faut.
Mais il veut, en tombant, relever le front haut !

Siége de Paris septembre 1870.