Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée - 05
(p. 1-3).
Considérations générales sur le Coït
Louange à Dieu qui a mis le plus grand plaisir des hommes dans les parties naturelles des femmes et qui a fait consister celui des femmes dans les parties naturelles des hommes.
Il n’a donné de bien-être aux parties des femmes, il ne leur a accordé de satisfaction et de bonheur qu’elles n’aient été pénétrées par les organes du mâle, de même les parties sexuelles du mâle n’ont ni repos, ni tranquillité qu’elles ne soient entrées sans celles de la femme.
Lorsque cette opération mutuelle a lieu surviennent, entre les deux opérants, les ébats, les entrelacements[1], ainsi qu’un combat animé. La jouissance ne tarde pas à arriver par suite du contact des parties inférieures des deux ventres[2]. L’homme travaille dans le pilement et la femme le seconde par un remuement excitant[3] ; enfin l’éjaculation arrive !
Dieu a fait le baisement sur la bouche, sur les deux joues et sur le cou, ainsi que le sucement des lèvres fraîches, afin de provoquer l’érection dans le moment favorable. C’est lui qui, dans sa sagesse, a embelli la poitrine de la femme par les seins, son cou par un double menton[4] et des joues par des joyaux et des brillants.
Il lui a donné ainsi des yeux inspirant l’amour avec des cils tranchants comme des glaives étincelants.
Il l’a douée d’un ventre rebondi, d’un nombril admirable, les plis et les flancs en font ressortir la beauté ; il l’a dotée aussi d’une croupe majestueuse, et toutes ces merveilles sont supportées par les cuisses. C’est entre celles-ci que Dieu a placé l’arène du combat : lorsqu’elle est abondante en chair, elle ressemble dans son amplitude à la tête du lion : on la nomme vulve. Oh ! quelle quantité innombrable d’hommes sont morts à cause d’elle ! et ô douleur ! combien de héros parmi eux !
Dieu a fait à cet objet une bouche, une langue[5], deux lèvres ; il ressemble à l’empreinte du pied de la gazelle sur le sable du désert.
Tout cela est supporté par deux colonnes merveilleuses par la puissance et par la sagesse de Dieu ; elles ne sont ni trop longues, ni trop courtes, et il les a armées de genoux, de mollets, de jarrets et de talons sur lesquels reposent des anneaux précieux.
Le tout-Puissant a ensuite plongé les femmes dans une mer de splendeur, de volupté et de bonheur, il les a couvertes de vêtements précieux, avec des ceintures éclatantes et avec des sourires excitants.
Qu’il soit donc exalté et élevé celui qui a créé les femmes et leurs beautés avec des chairs appétissantes ; qui les a dotées de cheveux, de gorge, de taille, de seins qui se gonflent, et de gestes amoureux appelant le désir !
Le maître de l’Univers leur a donné l’empire de la séduction sur tous les hommes ; faibles ou puissants, il a, sans distinction, asservi leur faiblesse à l’amour des femmes. C’est par elles qu’existe la société ou la dispersion, le séjour ou l’émigrement.
L’état d’humilité dans lequel sont tenus les cœurs de ceux qui aiment et qui sont séparés de l’objet de leur affection, fait brûler leurs poitrines du feu de l’amour, il fait peser sur eux l’asservissement, le mépris et la misère, et les soumet à toutes les vicissitudes, conséquence de leur passion, et tout cela par suite du désir ardent du rapprochement.
Moi, serviteur de Dieu, je lui rends grâces de ce que nul ne peut se défendre de l’amour pour les belles femmes, et de ce que nul ne peut se soustraire au désir de les posséder, ni par le changement, ni par la fuite, ni par la séparation !
Je témoigne qu’il n’y a pas d’autre Dieu que Dieu seul et qu’il n’a point d’associé ! Ce témoignage, je le conserve précieusement pour le jour du jugement dernier.
Je témoigne également, en ce qui concerne notre Seigneur et notre Maître Mohammed, serviteur et envoyé de Dieu, le Seigneur des Prophètes, que la bénédiction et la miséricorde de Dieu soient sur lui, ainsi que sur sa famille et sur ses disciples ![6] Je réserve les prières et les bénédictions pour le jour de la rétribution, pour ce moment terrible.
- ↑ (5) Le mot Ilitah employé par l’auteur signifie l’attaque mutuelle de deux bêtes à cornes qui, après s’être frappé la tête l’une contre l’autre, se retirent aussitôt après avoir cherché à entrelacer leurs cornes : c’est un coup sec entre deux combattants. L’expression de l’auteur arabe fait image. Je n’ai pu rendre l’équivalent en français.
- ↑ (6) Le mot arabe ana veut dire la partie inférieure du ventre où croissent les poils près des parties de la génération.
- ↑ (7) L’auteur pour exprimer le mouvement qui a lieu dans le coït se sert du mot Dok qui s’applique à l’homme et Kez qui s’applique à la femme — Le premier de ces mots signifie concasser, briser, piler, broyer ; c’est l’action du pilon qui fonctionne dans le mortier. Le second exprime un mouvement, un branlement excitant, exhilarant et lascif à la fois.
- ↑ (8) Le mot arabe Pheba signifie bavolet ou partie de chair pendante sous le menton. Les Arabes ayant une prédilection marquée pour les femmes grosses, il en résulte que tout ce qui est une conséquence de cette complexion est considéré par eux comme une beauté.
C’est par suite de ce goût que les plis formés sur le ventre d’une femme, par suite du développement de son système graisseux, sont d’une grande séduction pour les Arabes.
- ↑ (9) C’est-à-dire le Clitoris (Voyez note 121)
- ↑ (10) Mohammed dans le verset 56 du Chapitre xxxiii, intitulé les confédérés, recommande aux croyants d’adresser pour lui des prières au Seigneur et de toujours prononcer son nom avec salutation. C’est en conformité de ce principe que les Musulmans ne prononcent, ni n’écrivent jamais le nom de leur prophète sans ajouter la formule sacramentelle dont la traduction est : Sur qui soient les bénédictions et les saluts de Dieu !