Cheikh Nefzaoui - La Prairie Parfumée - 23

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La Prairie parfumée où s’ébattent les plaisirs (الروض العاطر في نزهة الخاطر)
Traduction par Baron R***.
(p. 250-252).


Chapitre XVIe

relatif aux causes d’impuissance
de l’homme.

Séparateur

Sache, ô Vizir, que Dieu te fasse miséricorde ! qu’il y a des hommes dont le sperme est vicié par suite d’une froideur naturelle de leur complexion, de maladies des organes[nde 1], d’écoulements purulents et de fièvres. Il y a aussi des hommes qui ont la verge déviée, de telle sorte que le méat urinaire regarde vers le bas ; il résulte de cette conformation que le liquide séminal n’est pas lancé en avant au moment de l’éjaculation, mais tombe en dessous[1].

D’autres ont le membre trop court et trop petit pour atteindre le col de la matrice, ou ont des ulcères à la vessie, ou sont atteints d’infirmités qui les empêchent de se livrer au coït.

Enfin, il y en a qui éprouvent la jouissance avant la femme, de sorte que les deux émissions ne sont pas simultanées, cas dans lequel il n’y a pas de conception.

Toutes ces circonstances particulières expliquent la rareté des conceptions de la femme ; mais, de toutes ces causes, la principale est le peu de longueur du membre viril.

On peut encore citer, comme cause d’impuissance, les transitions brusques du chaud au froid, et réciproquement, et un grand nombre de causes analogues.

Dans certains cas, la guérison est possible, mais dans beaucoup d’autres il n’y a pas de traitement efficace.

Sont susceptibles d’être guéris ceux dont l’impuissance est due soit à la corruption du sperme occasionnée par leur état naturel de froideur, par les maladies des organes, par les écoulements, par les fièvres et par d’autres maux semblables, soit à la promptitude excessive dans l’éjaculation. Ils doivent manger des pâtes excitantes dans lesquelles entreront des condiments tels que le miel, le gingembre, le pyrèthre, le sirop de vinaigre ســكنجبيـن l’ellébore كندس, l’ail, la cannelle, la noix muscade جـوز الشرك ou جـوز الرنج ou جـوز الطيب le cardamome[2], la langue de passereau لسـان زعصفور[3], la cannelle de Chine, le poivre long دار فلفل et autres assaisonnements épicés. C’est de leur usage qu’ils obtiennent leur guérison.

Quant aux autres affections que nous avons signalées, la courbure du canal de l’urètre, la petite taille du membre viril, les ulcères de la vessie et les infirmités s’opposant au coït, il n’appartient qu’à Dieu de les guérir.

  1. (d’’) Note de l’éditeur. Le mot Seulss سـلـس voudrait dire plus particulièrement écoulement d’urine ou diabète, mais dans le cas présent il semble s’appliquer aux maladies des organes génito-urinaires en général.
  1. (146) Cette affection s’appelle hypospadias. Quand, au contraire, l’ouverture du canal de l’urètre regarde en dessus, elle se nomme épispadias.
  2. (147) Le Cardamome, dont il a déjà été question, est une graine médicinale très aromatique qui vient d’Italie et entre dans la composition de la thériaque. C’est le fruit de plusieurs espèces du genre amome, et en particulier de l’amomum cardamomum.
  3. (148) La langue de passereau est la stallène passerine et la renouée.

    Observations de l’éditeur. Nous ne partageons pas cet avis. La langue de passereau ne paraît pas être autre chose que la semence du frêne. (Voir les Dictionnaires de Kazimirski et de Beaussier, et l’ouvrage de médecine d’Abd er Rezeug.