En ce temps mourut Roger, roi de Sicile, qui se rendit célèbre par d’utiles actions, après avoir remporté sur les Sarrasins d’illustres victoires et s’être emparé de leurs terres. Il laissa un fils, nommé Guillaume, qui ne lui fut pas inférieur, et hérita de son trône comme de ses victoires. Etienne, roi d’Angleterre, étant mort, Henri, duc de Normandie et d’Aquitaine, et comte d’Anjou et de Poitou, fut élevé au trône. Dans la suite, il s’empara de la plus grande partie de l’Irlande. Le pape Anastase étant mort Adrien IV, cent soixante-treizième pape, gouverna l’Église de Rome. Anglais de nation, il couronna aussitôt empereur Frédéric, roi des Romains. Les Romains s’étant opposés à ce couronnement, ils furent puissamment repoussés par les Allemands. Louis, roi des Français, prit en mariage à Orléans Constance, fille de l’empereur d’Espagne, distinguée par l’honnêteté de ses mœurs. Elle fut en cette ville sacrée reine par Hugues, archevêque de Sens, ce qui fut mal pris de Samson, archevêque de Rheims, qui le supporta avec peine, disant que le sacre du roi et de la reine de France lui appartenait, en quelque endroit qu’il se fît. Ives, évêque de Chartres, très-instruit dans les décrets et les lois, soutint contre lui, autant par des raisonnemens que par des exemples, que le sacre des rois de France ne lui appartenait pas exclusivement, disant qu’il ne pourrait prouver par aucun écrit ou exemple que lui, ou aucun de ses prédécesseurs, eût sacré quelque roi ou quelque reine de France hors de la province belgique de la France, et qu’il ne lui était pas permis, d’après le droit commun, de s’approprier un droit particulier dans la métropole où le diocèse d’un autre. Le roi Louis eut de la reine Constance une fille, nommée Marguerite, qui fut mariée à Henri le Jeune, roi d’Angleterre, et, après la mort de celui-ci, à Bêle, roi de Hongrie.