Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1225

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Règne de Louis VIII (1223-1226)

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[1225]


Au temps de Pâques, il vint en Flandre un homme vêtu en pèlerin, qui se faisait passer pour Baudouin, empereur de Constantinople, qui avait disparu ; et il prétendait avoir été délivré, comme par miracle, des prisons des Grecs. Un grand nombre de nobles de Flandre, l’ayant vu, se rangèrent de son parti, frappés de quelques particularités qu’il leur rapportait, ainsi que de plusieurs façons de parler et gestes familiers au comte Baudouin ; mais Jeanne, comtesse de Flandre, qu’il avait privée du comté, se rendit vers le roi de France Louis, et le pria de la remettre en possession de son comté. Le roi ayant appris ce qui se passait, appela cet homme à Péronne, lui demanda qui l’avait fait chevalier, et dans quel endroit il avait fait hommage à son père le roi Philippe : comme il réclama un délai à ce sujet, et ne voulut point répondre, on lui ordonna de sortir du royaume de France dans l’espace de trois jours. Pendant qu’il s’en retournait il fut abandonné par les siens à Valenciennes. Enfin, s’étant enfui à travers la Bourgogne, sous le déguisement d’un marchand, il fut pris par un certain chevalier et livré à la comtesse de Flandre, dont les partisans lui infligèrent différens supplices et le pendirent enfin à un gibet.

Comme le roi de France Louis avait rassemblé une armée à Chinon pour soumettre le vicomte de Thouars, en cette ville arriva vers lui, à la fête des apôtres Pierre et Paul, Romain, diacre-cardinal de Saint-Ange. Le légat étant arrivé en France, le roi pour l’amour de lui, accorda une trêve au vicomte de Thouars jusqu’à la fête de sainte Madeleine, et, se rendant à Paris avec le légat, appela ses grands â une assemblée à laquelle se rendit le vicomte de Thouars, qui fit hommage au roi en présence du légat et des barons, et fit réparation de tous ses méfaits envers lui. Vers la Purification de la sainte Vierge Marie, Louis, roi des Français, et beaucoup de grands, d’archevêques et d’évêques et un grand nombre d’autres du royaume de France, s’étant réunis à Paris, prirent la croix de la main du cardinal Romain pour aller, combattre les hérétiques Albigeois.