Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1260

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Règne de Louis IX (1226-1270)

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[1260]


Au temps de Pâques, saint Louis, roi de France, rassembla à Paris les barons, les prélats et les chevaliers de son royaume, parce que le pape lui avait écrit que les Tartares s’étant jetés sur le pays de la Terre-Sainte, avaient vaincu les Sarrasins, subjugué l’Arménie, Antioche, Tripoli, Damas, Alep et d’autres terres, et menaçaient de grands dangers la ville d’Acre et toutes les possessions chrétiennes dans ce pays. C’est pourquoi il fut ordonné dans cette assemblée de faire beaucoup de prières et de processions, de punir les blasphèmes envers Dieu, de réformer ses péchés et le superflu des mets et des habits. On ne permit d’autres jeux que l’exercice à l’arc et à l’arbalète.

Une dissension s’étant élevée entre les rois de Hongrie et de Bohême, au sujet de quelques terres, ils rassemblèrent chacun une armée innombrable sur les frontières du royaume, et combattirent avec audace mais enfin le roi de Hongrie ayant été blessé, les Hongrois commencèrent à fuir, et outre ceux qui furent tués, quatorze mille furent submergés dans un fleuve qu’ils étaient obligés de traverser. Le roi de Bohême étant entré en Hongrie, le roi des Hongrois, qui s’était échappé, demanda la paix, et restituant les terres qui avaient occasioné cette discorde, il confirma pour l’avenir son amitié avec le roi de Bohême au moyen d’un mariage. Les Florentins d’Italie, ayant rassemblé une armée pour détruire la ville de Sienne, furent vaincus et pris par les chevaliers de Mainfroi, usurpateur du royaume de Sicile, et par le comte Jourdan, qui défendait là ville, laquelle avait été livrée à Mainfroi. La cité des Florentins fut prise et détruite en grande partie, et soumise à la domination des Siennois et de Mainfroi.

En ce temps mourut Philippe, archevêque de Bourges, dont le Seigneur, après sa mort, révéla la sainteté par divers signes et miracles. Il eut pour successeur Jean de Souilly, doyen de l’église de Bourges.