Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1272

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Règne de Philippe III le Hardi (1270-1285)

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[1272]


Grégoire X, cent quatre-vingt-huitième pape, gouverna l’Église de Rome. Dans le même temps Raimond Bernard, comte de Foix, ayant fait, à la poursuite d’un de ses ennemis, une irruption à main armée dans une ville du roi de France, tua dans cette ville plusieurs des gens de son ennemi et beaucoup des gens du roi, qui s’étaient portés à sa défense ; c’est pourquoi le roi de France, Philippe, rassembla dans le pays de Toulouse une armée contre ledit comte, et attaqua le château de Foix. Comme il faisait élargir, en fendant de hautes roches, les chemins trop étroits pour les chevaux et les hommes, le comte, effrayé de la puissance du roi, se rendit vers lui avec humilité et piété, et le pria de lui pardonner ses torts. Par le conseil des siens, le roi l’envoya chargée de fers à Beauchène, où il le fit garder prisonnier pendant l’espace d’un an. Le roi munit de ses gens le château de Foix et d’autres châteaux de ce comte, et voulut les garder entre ses mains pour les besoins du royaume, pendant le temps convenable. Gaston de Béarn, homme noble et puissant dans ce pays, dont le comte de Foix avait épousé la fille, ayant appris qu’il avait encouru l’indignation et la colère du roi de France, parce qu’on disait que c’était par ses conseils que le comte de Foix s’était révolté, se rendit en tremblant auprès du roi, et fléchissant le genou et joignant les mains, il le supplia de ne plus le soupçonner de ce crime, dont on l’accusait sans fondement, promettant de se purger par le bouclier et la lance, ou de quelque autre manière, suivant le jugement des officiers du palais. Etant demeuré long-temps dans cet état à supplier le roi, il parvint avec peine à apaiser les soupçons de Philippe et à obtenir son pardon.