Chronique de Guillaume de Nangis/Année 1279

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Règne de Philippe III le Hardi (1270-1285)

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[1279]


Bendocbar, soudan de Babylone, qui avait détruit la ville d’Antioche et causé beaucoup de maux à la chrétienté dans ce pays, rassembla en Turquie une innombrable armée avec laquelle il livra bataille aux Tartares. La plus grande partie de son armée ayant été taillée en pièces, blessé lui-même mortellement, il fut forcé de retourner â Damas, et mourut peu de temps après. Son fils lui succéda, mais il ne jouit pas long-temps en paix de l’Empire, car plusieurs grands émirs, conspirant contre lui, l’assiégèrent avec les siens dans un château très-fortifié appelé le Crac, et situé près de Babylone. La discorde fit peu à peu de tels progrès parmi eux, que partout ils se tuaient les uns les autres.

Le pape Nicolas envoya un cardinal à Charles, roi de Sicile, pour sonder de quelle manière il prenait sa révocation de la lieutenance de Toscane ; lorsqu’il apprit que Charles avait reçu ce messager avec honneur et respect, et lui avait répondu avec calme et modestie, on rapporte qu’il dit : « Charles tient « de la maison de France la fidélité, du royaume d’Espagne la pénétration d’esprit et de la fréquentation de la cour de Rome la sagesse dans ses paroles ; nous pourrions prévaloir sur les autres, mais jamais nous ne pourrons remporter sur lui. » Baudouin, renversé du trône de l’Empire, étant mort, Philippe son fils prit en mariage la fille de Charles, roi de Sicile ; dont il eut Catherine, sa fille unique.