Chronique de la quinzaine - 30 avril 1887

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Chronique n° 1321
30 avril 1887


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 avril.

Y a-t-il donc une fatalité acharnée à ruiner les espérances de paix à mesure qu’elles se réveillent, à remettre le trouble dans les affaires des peuples dès que le calme semble renaître, à fatiguer l’opinion de perpétuelles alertes? Le fait est qu’aux jours où nous vivons, la corne d’abondance des incidens paraît aussi inépuisable que la corne d’abondance des fautes. On va, sans y songer, sans le vouloir, d’une crise à une autre crise. Il n’y a pas si longtemps encore, on a passé quelques semaines, près de deux mois, à interroger tous les matins les augures, à se demander, non sans une certaine anxiété, ce qui allait arriver, si on ne touchait pas par hasard à quelque effroyable conflit. Pourquoi? A quoi tenait cette situation troublée? On ne le savait même pas ; on sentait vaguement le danger, on ne pouvait pas le saisir. On nous disait galamment, il est vrai, que nous étions sous le tranchant du couteau, on ne nous disait pas pourquoi. Les vraies causes, les faits précis se dérobaient sous des prétextes frivoles ou d’artificieuses déclamations, et le péril, pour être mystérieux et insaisissable, n’en était pas évidemment moins grave. Puis un matin, sans doute sous l’influence des premiers souffles du printemps et des bonnes élections allemandes, les nuages ont paru se dissiper comme ils étaient venus ; on a dit que c’était la paix, que cette année encore serait sauvée du grand conflit. La paix a été certes saluée partout comme la bonne nouvelle! A peine, cependant, avait-on échappé à cette crise d’hiver et commençait-on à se reposer dans le sentiment d’une sécurité renaissante, l’alerte est venue d’un autre côté, à l’improviste. Cette fois, c’est une affaire de frontière, ou, pour mieux dire, une très délicate affaire d’arrestation sur la frontière lorraine; c’est l’incident de Pagny-sur-Moselle qui est venu renouveler l’épreuve des agitations d’opinion, remettre brusquement en présence les susceptibilités nationales promptes à s’émouvoir, les gouvernemens eux-mêmes devant le monde surpris et attentif.

Comment les choses se sont-elles passées réellement d’ans cette malencontreuse et pénible affaire, qui, une fois de plus, met pour ainsi dire brutalement à nu une situation difficile ? Dégagé de tous les commentaires, de tout ce qui peut le compliquer ou le dénaturer, l’incident par lui-même n’aurait eu sans doute qu’une importance relative et limitée s’il n’y avait des circonstances où tout s’aggrave et s’envenime d’un instant à l’autre. Prenons les faits pour ce qu’ils sont. Il y avait depuis bien des années, à Pagny-sur-Moselle, un commissaire de surveillance français, M. Schnæbelé, vieux et fidèle fonctionnaire, accoutumé au service de frontière, habile à remplir ses devoirs de sentinelle avancée, et qui, par cela même, était visiblement devenu dans ces derniers temps suspect aux autorités allemandes. Il avait été, paraît-il, enveloppé dans des poursuites dirigées par la cour de justice de Leipzig pour des faits qui se seraient passés dans l’Alsace-Lorraine, et il aurait même été, dit-on, sous le coup d’un mandat d’arrestation dans le cas où il pourrait être saisi sur le territoire allemand. Le savait-il lui-même? Connaissait-il la position délicate qui lui était faite? Toujours est-il que récemment, à la veille du 20 avril, il recevait pour la seconde fois de son collègue allemand, commissaire comme lui d’un poste voisin, un rendez-vous officiel sur la frontière pour une affaire de service commun. M. Schnæbelé n’hésitait pas à se rendre à l’appel qui lui était adressé; au moment voulu, il était à la limite, — Et c’est ici que le petit drame de Paguy se précipite. Peut-être le commissaire français, en attendant son collègue qui ne paraissait pas et qui n’a jamais paru, s’aventurait-il à quelques mètres sur le territoire allemand, lorsqu’il se voyait tout à coup assailli par deux agens jusque-là invisibles, qui se jetaient sur lui, remplaçant d’une étrange façon leur chef absent. Vainement il se débattait et il réussissait même un instant à se replier à l’abri de la frontière : il n’était pas moins poursuivi sur le territoire français, terrassé, garrotté et traîné prisonnier à Metz, où il est resté jusqu’à ces derniers jours. C’est là le fait simple et avéré. A peine l’arrestation de M. Schnæbelé dans ces conditions a-t-elle été connue, l’émotion, on le comprend, a été aussi vive que profonde sur la frontière, et de là elle a gagné avec une rapidité électrique la France entière. L’affaire s’est trouvée naturellement portée aussitôt devant les gouvernemens, et depuis ce jour, une négociation active, pressante, n’a cessé de se poursuivre entre Paris et Berlin, surtout à Berlin, où tout se décide. Le dernier mot ne pouvait qu’être à l’équité internationale ; c’est là tout ce que la France demandait.

Le vrai point, en effet, est là. Que la cour de Leipzig, sans se préoccuper des conséquences de son action, ait cru devoir instrumenter contre un fonctionnaire français accusé d’être trop zélé à remplir ses devoirs de sentinelle de frontière, c’est son affaire. Que M. Schnæbelé ait pu, à la première minute, être strictement, matériellement arrêté sur le territoire allemand, c’est encore une autre question sur laquelle les témoignages peuvent être contradictoires et difficiles à concilier; mais, tout examen de ces détails mis à part, il y a un fait qui domine tout, qui donne aux légitimes réclamations de la France le caractère évident d’une revendication de droit international. Le commissaire français a-t-il été officiellement convoqué par son collègue d’Allemagne sur la frontière pour une affaire de service? S’il l’a été, et on n’en peut plus douter, il était placé sous la sauvegarde de l’appel qui lui avait été adressé en sa qualité de fonctionnaire ; il n’a pu être arrêté que par une surprise inavouable, par un subterfuge qui a vicié d’avance son arrestation, et les agens clandestins qui l’ont attendu au piège pour le saisir, ont été, les premiers, les vulgaires violateurs de la garantie représentée par la parole de leur chef. On a cité justement un arrêté des consuls de l’an VIII refusant; de retenir des émigrés jetés par un naufrage sur la côte de Calais, et motivant leur décision par ce considérant : « qu’il est hors du droit des nations policées de profiter de l’accident d’un naufrage pour livrer, même au juste courroux des lois, des malheureux échappés aux flots. » A plus forte raison n’est-il pas permis d’attirer par un louche et équivoque stratagème de police, pour un délit dit politique, un fonctionnaire d’état sur le territoire voisin. S’il en était autrement, il n’y aurait plus ni traditions tutélaires, ni règles protectrices entre les peuples, ni bonne foi publique, ni droit international. Il est clair qu’il n’y aurait plus aucune garantie le jour où un fonctionnaire de frontière, qui est une espèce de plénipotentiaire à chaque instant exposé à traiter avec les fonctionnaires de l’état voisin, pourrait être pris dans un piège à loup au sortir d’une conférence. La frontière serait livrée à la force et la ruse. Le gouvernement de l’empire allemand, c’était à prévoir, ne pouvait se laisser compromettre par des agens subalternes dans ce qui n’apparaît plus que comme un médiocre guet-apens. Le chancelier de l’empereur Guillaume, avec ses saillies de génie et ses impatiences de domination, a l’esprit assez haut pour ne point hésiter à désavouer un acte maladroitement violent, fait pour émouvoir l’Europe autant que la France, et la constatation de l’irrégularité de l’arrestation du commissaire français ne pouvait qu’être le préliminaire de sa mise en liberté. C’est ce qui arrive aujourd’hui, c’est ce qui paraît être en définitive le résultat de la négociation suivie en toute simplicité, avec une patiente modération, à Berlin.

A en juger d’après les apparences, on aura échappé encore à une crise qui aurait pu être plus grave : c’est certainement ce qu’il y a de mieux. Tout ce qui est gagné pour la paix est un bienfait pour les peuples. Tel qu’il est, cependant, si tant est qu’il soit fini, cet incident de Pagny a sa moralité, peut-être même plus d’une moralité, et pour la France, qui peut y puiser, si l’on veut, des conseils de prudence pour sa conduite sur sa frontière, et pour l’Allemagne elle-même, qui peut être intéressée à réfléchir, à se défendre des entraînemens de sa propre puissance. Nous tenons à ne parler qu’avec la plus simple modération.

L’Allemagne a la fierté de ses succès, c’est possible; elle en a aussi l’arrogance, c’est un fait tout humain. Elle encourage aisément ses serviteurs à tout oser, en croyant trop volontiers quelquefois que tout lui est permis. Quand on voit une cour de justice, qui a été la première cause des complications récentes, mandant devant elle, au besoin par voie d’arrestation, un fonctionnaire français comme prévenu de haute trahison contre l’empire, on se demande positivement ce que cela peut signifier. Si M. Schnæbelé s’était mêlé à des conspirations en Alsace-Lorraine, s’il avait été un agent d’agitation, il aurait eu assurément tort, il se serait gravement exposé, il serait sorti de son rôle : en réalité, le dernier rapport de justice qui vient d’être publié à Berlin n’articule rien de semblable contre lui. S’il s’est borné comme agent français à avoir les yeux ouverts sur ce qui se passait autour de lui, à se tenir informé et à informer son gouvernement, il n’a fait que ce qu’il devait, ce que font de leur côté les fonctionnaires allemands, sans qu’une cour française songe à les mander devant elle pour cause de trahison contre la France. Avec les procédés allemands, on peut aller loin : il n’y aurait pas un Français qui, accusé de relations suspectes, ayant eu par hasard l’occasion de s’exprimer un peu librement sur l’Allemagne et passant la frontière, ne fût exposé sans le savoir à être saisi pour crime de trahison. Cela rappelle un peu trop les décrets de Napoléon frappant le « nommé » Stein, déclaré coupable de haute trahison pour hostilité contre l’empire ! Il y a là évidemment une interprétation démesurée, un abus de la puissance souveraine, qui a été récemment une menace pour la France, qui peut être demain une menace pour d’autres, en attribuant à l’empire allemand une juridiction mal définie au-delà de ses frontières. Et qu’on ne dise pas que c’est un cas spécial, isolé : si le droit existait contre le commissaire français, il existerait contre d’autres; que devient la sécurité des relations? Cette triste affaire de Pagny a une autre moralité : elle dévoile malheureusement une situation des plus difficiles, des plus aiguës, que des rigueurs nouvelles ne peuvent guère adoucir. M. de Bismarck, qui n’agit jamais en homme vulgaire, a écarté de sa main puissante l’incident de Pagny par un acte de déférence pour le droit international. Soit, c’est l’essentiel aujourd’hui, si c’est fini; mais dans les conditions laborieuses qu’on crée, d’autres incidens peuvent à tout instant survenir. A mesure qu’ils se succèdent, les esprits s’aigrissent, les rapports se fatiguent, la diplomatie épuise ses efforts de plus en plus pénibles à détourner des complications toujours nouvelles. Et alors que devient la paix, objet d’un vœu universel ? Sur quelle base fragile et incertaine l’appuie-t-on ? Voilà la situation cruelle et dangereuse dont devraient s’occuper avant tout ceux qui ont la responsabilité des affaires des peuples et qui ne veulent pas, nous le supposons, mettre sans cesse le repos du monde à la loterie des incidens.

Par une fortune singulière, pendant que la France en était à ces préoccupations et à ces émotions d’un incident malheureux, une partie de nos ministres, et avec les ministres, des sénateurs, des députés, continuaient leur voyage d’agrément en Afrique. Ils avaient bien choisi leur moment; ils ont du moins montré à M. de Bismarck qu’ils ne songeaient pas à la guerre, à des agressions contre l’Allemagne. Ils avaient bien autre chose à faire ! Ils étaient occupés à organiser leurs caravanes algériennes, à se promener, allant porter la bonne parole chez les Kabyles, recevant les complimens des populations émues de voir tant de grands personnages, prodiguant les discours, promettant tout ce qu’on a voulu et encore plus. Ils ont fait leur tour complet à travers les ovations et les illuminations; ils reviennent l’un après l’autre comme des écoliers qui ont assez fait l’école buissonnière. La toile est déjà tombée sur cet intermède inutile des vacances parlementaires, sur cette médiocre représentation de politiques en tournée de plaisir, qui a disparu devant les affaires sérieuses du continent.

Que fera-t-on maintenant dès que les chambres vont être de nouveau réunies, d’ici à quelques jours? Va-t-on recommencer les luttes stériles, le jeu éternel des partis, les comédies entre opportunistes et radicaux, les agitations vaines, les expériences décousues aux dépens de tous les intérêts de la France ? Les incidens qui viennent de se passer, qui succédaient eux-mêmes à d’autres incidens, seraient assurément bien faits pour ramener nos politiques du gouvernement et des chambres au sentiment de la réalité, pour leur rappeler qu’il y a des situations avec lesquelles il faut enfin cesser de jouer. Il y a surtout deux ordres de questions pressantes où il faut absolument se défendre de tout ce qui est esprit d’aventure et de parti. On a présenté une loi de réorganisation militaire qu’une commission du parlement manie et remanie depuis assez longtemps déjà et dont elle se prépare à demander la discussion à la rentrée des chambres. Cette réorganisation sera bonne ou mauvaise, elle offrira des avantages ou des inconvéniens, la question aura son jour; mais il est bien clair, dans tous les cas, que la première nécessité est de maintenir ce qui existe en le fortifiant, que ce n’est pas le moment de s’engager dans une entreprise qui exige du temps, de la maturité, et de s’exposer à être surpris par les événemens en pleine transformation ou plutôt en pleine désorganisation. Ce serait jouer le sort même de la France pour quelques fantaisies de théoriciens. Il y a un autre point où il n’est pas moins nécessaire de revenir à la vigilance la plus sévère, à la plus stricte prudence, c’est l’ordre financier. On a assez répété depuis dix ans aux ministères et au parlement qu’ils abusaient de la fortune de la France, qu’ils épuisaient le crédit et qu’ils s’exposaient ainsi à se trouver, un jour ou l’autre, avec des finances embarrassées, en face d’événemens qu’on peut toujours prévoir. Ce jour est venu, et les finances, qui pourraient être une des forces du pays, sont aujourd’hui une de ses faiblesses. On ne sait plus comment refaire l’équilibre dans le budget, comment relever le crédit affaissé sous le poids de charges démesurées; il le faut absolument, cependant, et on ne le peut que par le plus sévère esprit d’économie et de prévoyance, en se mettant résolument à l’œuvre pour rétablir à tout prix les conditions essentielles de l’ordre financier. Ce n’est plus une affaire de parti, c’est une affaire de patriotisme, et les chambres qui vont se réunir, le gouvernement qui va les seconder, qui devrait les diriger, prendraient assurément la plus redoutable des responsabilités s’ils touchaient, pour les diminuer ou les affaiblir encore, à l’armée et aux finances, ces deux grands ressorts de la puissance française.

Les affaires de l’Angleterre offrent certainement, depuis quelques semaines, un spectacle curieux au milieu des agitations, des diversions et des incidens qui remuent ou occupent le monde. Rien ne se dessine clairement, rien ne finit, tout se complique au contraire, tout se traîne dans une indécision agitée. Les partis sont plus divisés que jamais, les esprits s’aigrissent ou se troublent, et le désordre envahit le parlement lui-même, où les scènes violentes se succèdent, où les votes ne sont enlevés que par des coups de majorités accompagnés d’injures, de défis et d’expulsions. L’Angleterre n’est pas dans un de ses plus beaux momens, sous le consulat conservateur de lord Salisbury !

Si le ministère n’avait à s’occuper que de l’Egypte, éternel objet de négociation à Constantinople, avec le divan, ou à Londres, avec l’ambassadeur de France, il pourrait être tranquille. Ce n’est pas que la question ait cessé d’être délicate et qu’elle ne puisse retrouver un jour ou l’autre quelque gravité ; elle n’a du moins pour le moment rien d’inquiétant ou d’irritant. Le ministère négociera, comme il a déjà négocié à la suite de ses prédécesseurs, prolongeant, en attendant, une occupation de l’Egypte, qui, à la vérité, ne résout rien, qui laisse tout en suspens aux bords du Nil. Si le gouvernement de la reine n’avait encore, pour exercer son activité, que l’Afghanistan, redevenu depuis quelques jours un objet de polémiques et de préoccupations, il pourrait ne pas trop s’émouvoir. L’insurrection qui a éclaté contre son protégé, l’émir de Caboul, n’est pas un danger bien pressant, et la question de délimitation qui s’agite depuis plusieurs années entre l’Angleterre et la Russie est maintenant transférée à Saint-Pétersbourg. Les commissaires envoyés par les deux gouvernemens ont fait leur travail, la diplomatie étudiera la frontière à tracer sur ce théâtre lointain éternellement disputé entre Turcomans russes et Afghans plus ou moins anglais. C’est une affaire de temps, de patience. Le grand conflit qui doit mettre aux prises l’Angleterre et la Russie en Asie peut traverser encore bien des phases avant de se dénouer. L’impératrice des Indes, la reine Victoria, qui vient de passer quelques jours de villégiature en terre française, sur les bords de la Méditerranée et sur les rives gracieuses du lac du Bourget, n’en paraît pas jusqu’ici plus émue que lord Salisbury à Londres. Avec l’Afghanistan et l’Egypte, on peut vivre encore plus ou moins longtemps sans être en péril; mais avec l’Irlande on n’est jamais en paix, il n’y a ni diplomatie ni temporisation. L’Irlande n’attend pas, elle ne laisse aucun repos ; elle ébranle gouvernement et parlement en les obligeant à s’occuper d’elle. Le ministère, avec son nouveau bill agraire et son nouveau bill de coercition, s’est engagé dans une campagne qu’il ne peut plus interrompre, qui est pour lui une occasion de difficultés toujours renaissantes et de luttes de plus en plus violentes.

C’est la grande affaire anglaise. Elle se déroule au milieu de toutes les péripéties, des agitations d’opinion, des manifestations, des contradictions passionnées, des conflits parlementaires, et elle n’est pas au bout. La majorité ministérielle, composé des conservateurs et des unionistes libéraux, se maintient, il est vrai, et elle unit par avoir raison de toutes les résistances des Irlandais et des libéraux amis de M. Gladstone; mais elle est obligée d’emporter chaque vote d’assaut, et la lutte est aussi dramatique que laborieuse. Depuis un mois que la discussion a commencé et qu’elle se prolonge presque sans interruption, elle n’en est qu’à la seconde lecture, c’est-à-dire au vote du principe du bill de coercition, dans la chambre des communes. Elle est à chaque instant entrecoupée d’incidens imprévus, et les dernières séances ont été marquées par des scènes de la plus étrange violence. L’autre jour, un conservateur, le colonel Saunderson, a cru devoir associer les noms de quelques députés irlandais, membres de la ligue, aux noms des meurtriers et des assassins. Aussitôt un Irlandais, M. Healy, emporté par la colère, a rendu injure pour injure, apostrophant grossièrement le colonel Saunderson. Il a été naturellement appuyé par tous les Irlandais, et pendant quelques instans, dans un tumulte indescriptible, ont été échangés les défis, les menaces, les accusations de mensonge, de lâcheté, opposées à l’accusation de complicité dans les meurtres. Le speaker M. Arthur Peel, un fils de l’illustre Robert Peel, armé du droit de police que lui a récemment attribué le nouveau règlement, a été ou s’est cru obligé d’intervenir, et la scène a fini provisoirement par une mesure des plus graves, inusitée jusqu’ici, par l’expulsion de M. Healy. Les autres députés irlandais se sont hâtés, on le pense bien, de prendre fait et cause pour leur collègue expulsé, de répéter et d’aggraver ses paroles, bravant à l’envi les foudres du speaker. Pour la première fois peut-être, dans une chambre des communes d’Angleterre, le speaker a été insulté, et c’est là un des plus dangereux effets du nouveau règlement: on a prétendu armer le speaker d’un droit plus efficace de police dans la direction des débats, et on l’a, en réalité, compromis en le faisant sortir de la neutralité impartiale et toute pacifique à laquelle il devait une autorité jusqu’ici respectée. M. Peel a été, dit-on, malade de l’expulsion de M. Healy, qui, dans tous les cas, reste un fait curieux et nouveau, un signe caractéristique dans l’évolution des mœurs parlementaires en Angleterre.

Ce n’est pas tout. La guerre continue sous toutes les formes. Comme pour justifier et confirmer l’accusation lancée par le colonel Saunderson contre les Irlandais, on a produit dans la presse une lettre intime que M. Parnell aurait écrite il y a quelques années, à l’époque de l’attentat de Phœnix-Park, de l’assassinat de lord Frédéric Cavendish et de M. Burke. M. Parnell, en témoignant quelque regret de « l’accident » dont lord Cavendish était la victime, aurait ajouté qu’après tout M. Burke n’avait que ce qu’il méritait, et il se serait disculpé en secret de la réprobation dont il croyait devoir frapper publiquement le crime. Voilà donc le chef des Irlandais, M. Parnell, de par la lettre divulguée aujourd’hui, rangé à son tour parmi les alliés et complices des assassins! M. Parnell désavoue la lettre qu’on lui prête; on ne maintient pas moins l’accusation, qui a évidemment un double objet : on croit ruiner la cause irlandaise et on veut montrer quels alliés se donne M. Gladstone dans la campagne qu’il poursuit. Tout cela ne prouve que l’exaspération croissante des partis. C’est à travers ces incidens et ces scènes que se déroule cette discussion du bill de coercition. Elle a doublé le cap de la seconde lecture, c’est un succès pour le ministère et pour ceux qui le soutiennent, si l’on veut; mais rien n’est évidemment fini. C’est maintenant, au contraire, à la troisième lecture, avec la discussion des articles, que les vraies difficultés vont commencer : elles peuvent être inextricables. Il y a, dit-on, près de six cents amendemens proposés : ne fussent-ils pas tous sérieux, ce qui est bien probable, il en restera toujours assez pour provoquer de longues et ardentes discussions. La lutte sera soutenue non-seulement par les Irlandais, mais par M. Gladstone et ses amis; les uns et les autres paraissent résolus à disputer le terrain pied à pied, à combattre jusqu’à la dernière extrémité la politique de répression en Irlande. Ceux-là forment le camp de l’opposition à outrance, et de plus, parmi les libéraux unionistes qui ont voté jusqu’ici avec le ministère, qui ont admis le bill dans son principe, il en est qui ne cachent pas leur désir d’en atténuer quelques dispositions, qui reculent devant certains excès de coercition. De sorte qu’après avoir eu l’avantage sur l’ensemble, dans les deux premières lectures, le ministère peut le perdre dans les détails, à la troisième lecture, à propos de quelque amendement calculé avec habileté.

Tout dépendra de ce que feront les amis de lord Hartington et de M. Chamberlain. La meilleure chance pour le ministère est qu’il n’y a jusqu’ici aucune apparence de rapprochement entre M. Gladstone et ceux de ses anciens alliés qui ont refusé de le suivre dans sa politique irlandaise. M. Chamberlain, dans une tournée récente en Écosse, appelait sans doute de ses vœux le moment où le parti libéral pourrait se reconstituer dans son intégrité ; mais ce moment paraît encore assez loin, à en juger par la vivacité des dissidences entre les deux fractions libérales. Ces dissidences sont une garantie pour le ministère : elles peuvent le sauver dans les défilés de la discussion qui se rouvre en ce moment. La lutte ne menace pas moins d’être singulièrement compliquée, et, le bill fût-il voté d’ailleurs, le ministère se trouverait en face de difficultés plus inextricables encore peut-être, puisqu’il aurait à l’appliquer dans un pays où toutes les répressions se sont épuisées à vaincre une force de résistance jusqu’ici inépuisable. De toute façon, l’Angleterre n’est pas près d’en finir avec l’Irlande.

Avant qu’un mois soit passé, le jeune roi d’Espagne Alphonse XIII comptera, sans le savoir, une année de règne. On ne peut pas dire que la jeune royauté n’ait point eu son épreuve dès sa première année, puisqu’il y a eu, au-delà des Pyrénées, une tentative d’insurrection militaire; mais cette tentative, promptement et heureusement réprimée, est restée sans écho. Elle n’a eu d’autre résultat que de montrer le travail incessant des propagandes révolutionnaires dans l’armée espagnole et l’impuissance des agitateurs devant la raison publique. La régence de la reine Marie-Christine n’en a pas été sérieusement ébranlée ; elle reste paisible et respectée au milieu des partis. Toute la question est de savoir si la situation est également favorable et sûre pour le ministère de M. Sagasta, qui est au pouvoir depuis la mort du roi Alphonse XII, qui a eu déjà le temps de préciser sa politique, de réaliser quelques-unes des idées libérales avec lesquelles il est arrivé au gouvernement dans une heure de crise. Le ministère espagnol, qui se résume surtout en M. Sagasta, n’a pas tant duré sans subir quelques modifications partielles; il a vécu dans tous les cas et il vit encore. Il a évidemment profité d’une certaine trêve des partis à la suite de la mort du dernier roi. Peut-être touche-t-il maintenant au moment où il va rencontrer des difficultés plus sérieuses, une opposition plus vive, des adversaires plus résolus. Il vient d’avoir, il est vrai, quelques avantages parlementaires, notamment à propos de deux questions qui ont pris une certaine importance. Il avait proposé au sénat une loi assez libérale sur les associations qu’il a eu à défendre contre les conservateurs, et il a fini par obtenir tout au moins le vote du principe de la loi. En même temps, il a réussi à faire sanctionner, par la chambre des députés, un acte par lequel il a concédé directement, sans adjudication, un service postal assez étendu, assez considérable à la compagnie des paquebots transatlantiques; la question spéciale cachait peut-être ici une question politique. Le cabinet de Madrid a obtenu ce qu’il voulait, il a eu son double succès dans des affaires qui passaient pour délicates. Ce n’est cependant pas sans peine qu’il est arrivé à rallier une majorité, et il est clair que plus il va, plus sa situation devient incertaine et embarrassée.

Le ministère espagnol a devant lui des difficultés de plus d’un genre. Il est exposé à en trouver même dans une fraction de libéraux, parmi les alliés et amis de M. de la Vega y Armijo, dont il été jusqu’ici l’appui. M. Sagasta en a fait l’autre jour l’expérience à l’occasion du débat sur les services maritimes. Le président du conseil sentait visiblement quelque résistance, et, dans un mouvement d’irritation, il a essayé de faire violence aux dissidens; il a posé avec un certain accent de défi hautain une question de cabinet. Il n’a réussi qu’à blesser ceux qu’il voulait rallier en les intimidant, et la scène eût peut-être mal fini s’il n’y avait eu bien à propos un petit congé de quelques jours, qui a permis aux conciliateurs de ménager un rapprochement et au président du conseil lui-même de désavouer ce qu’il y avait eu de provocateur dans son langage. Encore bon nombre de libéraux se sont-ils bornés à s’abstenir d’attaquer le cabinet, sans aller toutefois jusqu’à voter pour lui ; il sont restés neutres, ils n’ont pas voté. Cela pourrait bien être le commencement d’une scission embarrassante pour M. Sagasta. D’un autre côté, le ministère est exposé à avoir un jour ou l’autre contre lui l’opposition conservatrice dont M. Canovas del Castillo reste le chef éloquent et habile dans le congrès. Les conservateurs, depuis la mort du roi Alphonse XII, ont mis un zèle patriotique à s’abstenir de toute opposition déclarée, à se défendre de créer des difficultés au gouvernement de la régence ils ont même soutenu plus d’une fois le ministère. S’ils se sont effacés, en pensant mieux servir ainsi pour le moment la monarchie, ils n’ont pas cependant abdiqué, et ils semblent maintenant assez disposés à rentrer dans la lutte pour combattre quelques-unes des lois nouvelles sur les associations, sur le jury, que M. Sagasta croit devoir proposer pour faire honneur à son programme de libéralisme. Il y a enfin un parti nouveau qui ne cache pas son hostilité. Il est né d’une coalition entre un des chefs de la gauche dynastique, le général Lopez Dominguez, et un dissident du parti conservateur, M. Romero Robledo. Il y a petit-être dans ce parti plus de chefs que de soldats : ils ne sont pas nombreux, mais ils sont actifs et ils ne manquent pas de talent. De sorte que M. Sagasta est exposé à se trouver pris entre des adversaires de toutes couleurs, ne pouvant pas rallier tous les libéraux, ne voulant pas se livrer aux conservateurs, il a été jusqu’ici assez habile pour manœuvrer entre les partis en changeant au besoin de collègues. La tactique a réussi encore dans cette session, elle risque de ne plus réussir dans une session nouvelle, si d’ici là elle n’a pas échoué devant l’imprévu.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Au milieu d’avril, la rente 3 pour 100 était cotée 81.45. La Banque d’Angleterre venait d’abaisser le taux de son escompte de 3 à 2 1/2 pour 100, et si quelque chose étonnait dans cette mesure, ce n’est pas qu’elle eût été adoptée, mais qu’elle n’eût pas été plus complète, car l’extrême aisance du marché monétaire, de l’aveu des journaux économistes anglais, aurait justifié une réduction immédiate à 2 pour 100. Les consolidés s’élevaient à 102 3/4. Rien de grave ne semblait plus menacer la paix en Europe. La question de la Bulgarie elle-même tendait à s’assoupir, la Russie étant résolue à ne point se départir d’une politique purement expectante. On commençait à peine à parler de troubles en Afghanistan. Dans le conflit d’influence engagé à Saint-Pétersbourg entre M. Katkow et M. de Giers, le tsar semblait vouloir tenir la balance égale entre le représentant des idées de paix et d’entente amiable avec l’Allemagne et l’apôtre du panslavisme.

Le 16, jour de la liquidation de quinzaine, des dépêches relatives au progrès de l’insurrection des Ghilzais contre l’émir afghan ont causé quelque préoccupation. Cependant les fonds étrangers n’étaient guère émus, les Consolidés reculaient à peine de 1/8, le Hongrois se maintenait au-dessus de 82 francs, l’italien à 98.50. La rente française 3 pour 100 valait 81.30, l’amortissable 84.75, et le 4 1/2 110 francs.

Sur les valeurs, la liquidation s’effectuait plutôt un peu en baisse, malgré le bon marché des reports et le peu d’importance des engagemens. Les affaires, en général, étaient fort inactives, et la spéculation, très réservée, ne manifestait que peu de dispositions à manœuvrer dans un sens ou dans l’autre.

Le 19, les fonds russes ont baissé d’une unité à Berlin, et le 3 pour 100 français a reculé de 81.25 à 81 francs. Le faux bruit de la retraite imminente de M. de Giers avait causé cette alerte, qui apportait une nouvelle preuve du peu de solidité de la hausse survenue pendant la première moitié du mois. Le lendemain, on ne pensait même plus aux nouvelles fantaisistes du jour précédent, et les cours tendaient à se relever dans la proportion exacte où ils avaient fléchi. Le 21 éclatait sur le marché la nouvelle de l’incident de Pagny-sur-Moselle.

La place était trop mal préparée pour qu’un incident quelque peu sérieux ne la troublât pas profondément. Le 3 pour 100 a baissé seulement de 0 fr. 45 le premier jour ; mais le lendemain les offres ont afflué, et comme il n’y avait plus de contrepartie, la rente est tombée brusquement de 80.90 à 78.60, pour se relever aussitôt à 79.70. Cette baisse n’a pas amené le moindre surcroit d’activité dans les transactions. Personne dans le monde financier n’a voulu admettre qu’une guerre entre l’Allemagne et la France pût sortir de cette aventure fâcheuse, où, de l’aveu spontané de toute l’Europe, les torts étaient manifestement du côté allemand. Malgré cette conviction, la prudence était opportune, et, pendant quelques jours, on s’est tenu sans variation sensible entre 79.50 et 80 francs, c’est-à-dire à 1 franc au moins au-dessous du niveau si promptement abandonné.

C’est dans les derniers jours du mois seulement, alors que l’affaire parut s’acheminer vers sa solution logique, et que le cabinet de Berlin annonça son intention de mettre en liberté le commissaire français, que la spéculation a repris un peu courage. Le cours de 80 francs a été regagné et dépassé, et la lutte pour la réponse des primes a pu s’engager entre 80 et 80.50.

Rarement on a vu une quinzaine aussi vide d’affaires, et le marché aussi complètement soumis à l’influence d’impressions d’ordre exclusivement politique. Fonds d’état et valeurs ont reculé ou progressé tour à tour au gré des nouvelles du moment, et toujours avec le plus parfait ensemble. En général, cependant, les valeurs étrangères ont montré moins de facilité à prendre peur, moins de nervosité que le marché de nos fonds publics. L’attitude des places de Berlin et de Vienne a prouvé que, dans les cercles financiers et politiques de ces deux villes, on n’a pas eu la pensée que l’arrestation de M. Schnæbelé pût être maintenue. Il n’y avait d’incertitude qu’au sujet de la promptitude avec laquelle le gouvernement allemand saurait reconnaître l’illégalité de ses procédés et réparer la maladresse ou l’excès de zèle de ses agens.

L’Italien est après notre rente 3 pour 100 le fonds qui a eu les plus larges fluctuations. A la rentrée de la chambre, à Rome, M. Depretis et M. Magliani ont fait d’intéressantes déclarations sur la mesure dans laquelle les dépenses projetées, soit pour l’accroissement des forces militaires du pays, soit pour la colonie de la Mer-Rouge, affecteraient la situation des finances. Il a été promis qu’on ne se laisserait pas entraîner en Afrique à des entreprises téméraires. Les ressources nécessaires seront demandées à l’impôt et non à l’emprunt. Vendredi soir, le bruit a couru à la Bourse que les Italiens avaient subi un échec à Massaouah. La rente, que les acheteurs avaient réussi à relever à 98.25, a reculé aussitôt à 97.75.

Si nous comparons, à quinze jours d’intervalle, le cours des valeurs principales, nous relevons les différences suivantes en baisse : 1 franc sur le 3 pour 100 et l’amortissable, 0 fr. 40 sur le 4 1/2, 0 fr. 80 sur l’Italien, 1/2 pour 100 sur le Hongrois, 3/4 sur l’Extérieure, 5 francs sur l’Unifiée, 23 francs sur le Crédit foncier et sur le Gaz, 10 francs sur l’Orléans, 30 francs sur le Suez, 12 sur la Banque de Paris, 11 sur le Crédit lyonnais, 17 sur la Banque d’escompte, la Banque franco-égyptienne et le Crédit mobilier, 5 francs sur les Chemins autrichiens, 10 sur le Nord de l’Espagne, 7 sur la Banque ottomane.

Les valeurs d’épargne n’ont accusé qu’une assez faible émotion dans les rangs de la clientèle du marché au comptant. Les obligations du Crédit foncier ont baissé de 3 à 5 francs, celles des chemins de fer de 1 à 2 francs.

Les fonds russes, dont le marché est aujourd’hui à peu près exclusivement à Berlin, ne se sont pas relevés de la baisse du 19. Toutes les catégories restent en réaction de 1 à 1 1/2 pour 100. Les obligations du Crédit foncier de Russie sont toujours très offertes. Il a été ouvert, du 26 au 28 avril, en Russie, une souscription publique à un emprunt intérieur 4 pour 100 papier à 84 pour 100, pour un montant de 100 millions de roubles. Dès la fin de la première journée, les demandes s’élevaient à 2 milliards de roubles.

Le 23 avril a eu lieu à Vienne l’assemblée générale des actionnaires de la Banque des Pays-Autrichiens. Le revenu net de 1886 s’est élevé à 3,800,000 florins et a permis la répartition d’un dividende de 30 florins par action.

Le rapport présenté aux actionnaires du chemin de fer de l’Est algérien, réunis en assemblée générale, leur a annoncé le fait intéressant de l’achèvement et de la mise en exploitation, vers la fin de l’année 1886, de la ligne de Sétif à Ménerville, qui relie la section d’Alger à la section de Constantine. Le rendement net de l’ensemble des lignes du réseau a été de 267,000 francs. Le revenu net garanti étant de 4,937,000 fr., l’état doit à la compagnie, du fait de la garantie, 4,670,000 francs. La longueur moyenne exploitée en 1886 a été de 497 kilomètres. La compagnie a placé dans l’année 35,000 obligations au prix moyen de 362 fr. 50, sans avoir eu recours à une émission publique.

Il y a plus d’un an, le conseil municipal de Paris a voté un emprunt de 250 millions, réalisable par fractions jusqu’à l’année 1897. Une première fraction, s’élevant à 40 millions, vient d’être émise le 30 avril par voie de souscription publique. Cette souscription comprenait des obligations entières et des quarts d’obligations, les premières remboursables à 400 francs, produisant 12 francs d’intérêt annuel, et offertes à 375 francs, les autres remboursables à 100 francs, produisant un intérêt de 3 francs et offerts à 93.75. L’attrait principal de ces titres, en dehors de l’intérêt et de la sécurité du placement, consiste dans la participation à quatre tirages annuels de lois, chacun de ces tirages comportant 50 lots pour une valeur totale de 250,000 francs. Les obligations nouvelles se sont négociées par anticipation, avec une prime qui a varié de 12 à 8 francs. Les obligations 1869 et 1871 du même type valent les unes 407 francs, les autres 393 francs.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.