Colloque Sentimental entre Émile Zola et Fagus/CI
CI
DÉCLARATION D’AMOUR À GYP
Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
Si je vous le disais pourtant que je vous aime,
Qui sait, brune aux bas bleus, ce que vous en diriez ?
Que je mens ? Dieu ! ne proférez pas ce blasphème !
Dites, dites-le moi, vous ! que vous me croiriez !
Je vous aime tant, moi ! j’adore, adore, adore,
Votre héroïsme à sans haut de cœur ressasser
L’éternelle anecdote, encore ! encore ! encore !
Toujours la même, et qu’on voit toujours repasser !
Ô souvenus ! je revois tante Apollinaire
Et le bas qu’elle tricotait sans fin… elle mourut
Sans l’avoir achevé, presque nonagénaire :
Que toutes deux, Dieu vous accorde le salut !
J’adore cet esprit qu’adora ma grand’mère,
Cet esprit vénérable, éminemment français
Rappelant Sévigné comme rappelle Homère
Ou les frères Goncourt, ce sémillant Sarcey !
J’adore vos enfants, plus que les grains du sable
Germain, Jean Lorrain, et ces flots intarissables
De vos petits, petits, tout petits Lavedans !
J’adore ce français renouvelé de Scribe
Et d’Edmond About, vos respectables papas…
Et c’est en vain, cruelle ! ô vermicelleux scribe :
Je meurs d’amour pour vous, et vous ne m’aimez pas !
Vous ne pouvez m’aimer puisque tout ce que j’aime
Vous l’abhorrez sans y rien comprendre — (ou si peu !)
L’héroïsme, le beau, l’Art, mon culte suprême,
Cuit, pauvre oiseau plumé, dans votre pot-au-feu !
....................