Colloque Sentimental entre Émile Zola et Fagus/LXXXIV
LXXXIV
HARMONIE DU SOIR
— Poète, prends ton luth et me donne un baiser !
— Non, pas ici ! Vervoort va se scandaliser !…
— Si je vous le disais pourtant que je vous aime ?
— Périvier nous ferait coffrer à l’instant même !…
— Rien n’égale en ennui les boiteuses journées…
— Si les proses de l’humble Coppée émanées !
— Dieu ! que ne suis-je assise à l’ombre des forêts !…
— Malheureuse, tais-toi ! Jean Rameau nous verrait !
— Voici le soir charmant ami du criminel…
— Vois-tu pas approcher Drumont et Croque-au-sel !
— Le Poète est semblable au prince des nuées ?
— Demande au Peuple-Roi qui le suit de huées !
— Il marche tout vivant dans son rêve étoilé !…
— Étoile des crachats dont son front ruisseler…
— Mais, Paris est la cité mère, âme de tout ?
— La race de Paris, c’est le pâle voyou !
— Mais, ses élus, tribuns, dictateurs légitimes ?
— Un tas d’hommes perdus de dettes et de crimes !
— Alors, jusqu’à la fin tu suivras ton Zola ?
— Et s’il n’en reste qu’un je serai celui-là…