Colloque Sentimental entre Émile Zola et Fagus/Préface

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Société libre d’édition des gens de lettres (p. 7).

Le lendemain de la condamnation d’Émile Zola par les Parisiens, j’allai déposer une pièce de vers chez lui : j’en ai fait autant chaque jour ; je poursuivrai jusqu’au triomphe de l’œuvre à laquelle il s’est voué ;

Non que l’iniquité qu’il a entrepris de révoquer me révolte plus spécialement que pas mal d’autres dont nous sommes témoins : j’avoue qu’Étiévant, par exemple, m’est plus sympathique que le capitaine Dreyfus, ne serait-ce que parce que celui-ci est un officier ;

Ni parce qu’il s’agit d’Émile Zola : ma profonde estime pour le littérateur n’empêche pas que je n’admire plus que n’aime sa littérature :

Mais parce qu’Émile Zola a héroïquement manifesté le rôle que la génération littéraire dont je suis attribue à l’Artiste : missionnaire du Beau sous toutes ses formes, éducateur-né du reste des hommes malgré eux-mêmes, et non le laquais amuseur qu’ils revendiquent ; vieille rébellion à réduire une fois de plus, de la foule contre ses maîtres naturels ; ainsi, c’est le principe même de l’Art qui est en cause : ne pas se déclarer est se déclarer contre, et l’Artiste qui reste neutre abjure son titre. Voilà le motif qui me fait publier un extrait de cette correspondance rimée.

Juin 98.