Colloque Sentimental entre Émile Zola et Fagus/XCIII

La bibliothèque libre.
Société libre d’édition des gens de lettres (p. 91).


XCIII

À M. GABRIEL M.



Parce que je me suis levé pour la Justice,
Que je me suis dressé contre l’iniquité,
Et parce que mon cœur n’a pas pu supporter
Que le crime triomphe et l’innocent pâtisse,

Les hommes m’ont gorgé de malédictions,
M’ont piétiné, foulé, comme le grain sur l’aire ;
Je ne leur en veux point, ils ne me pourront faire
Abandonner ce que je sais ma mission ;

Je persévérerai sans perdre confiance
Dans le chemin que m’a marqué ma conscience,
Inextinguible et jamais vacillant flambeau,

Et je vais calmement : que je vive ou je meure,
La justice marche à ma rencontre : à son heure
Venue, elle prendra pour siège mon tombeau.

26 mai 1898.