Comédie humaine - Répertoire/S

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Sabatier, agent de police. — Corentin regrettait de ne pas l’avoir pour aide dans les perquisitions qu’il fit avec Peyrade, à Gondreville, en 1803 (Une Ténébreuse Affaire).

Sabatier (Madame), née en 1809. — Elle vendit d’abord des mules dans la galerie marchande du palais de Justice, à Paris ; veuve d’un mari tué par les excès alcooliques, devint garde-malade et se remaria avec un homme soigné par elle et guéri d’une affection des voies urinaires (« foies lurinaires », suivant madame Cibot), dont elle eut un enfant superbe. Elle habitait rue Barre-du-Bec[1]. — Madame Bordevin, sa parente, bouchère, rue Charlot, fut marraine de l’enfant (Le Cousin Pons).

Sagredo, sénateur vénitien, très riche, né en 1730 ; mari de Bianca Vendramini ; fut étranglé, en 1760, par Facino Cane, qu’il avait surpris avec Bianca, en conversation d’amour d’ailleurs innocente (Facino Cane).

Sagredo (Bianca), femme du précédent, née Vendramini, vers 1742 ; parut à tort, en 1760, aux yeux de son mari, entretenir des relations coupables avec Facino Cane, et ne voulut pas suivre hors de Venise son amant platonique après le meurtre de Sagredo (Facino Cane).

Saillard, commis très médiocre au ministère des finances, pendant les règnes de Louis XVIII et de Charles X ; d’abord teneur de livres au Trésor, où il succéda, croit-on, à Poiret aîné, il fut nommé plus tard caissier central, et conserva ce poste assez longtemps. — Saillard épousa mademoiselle Bidault, fille de marchands de meubles installés sous les piliers des halles de Paris, nièce de l’escompteur de la rue Greneta ; eut d’elle une fille, Élisabeth, devenue, par mariage, madame Isidore Baudoyer ; posséda un vieil hôtel place Royale ; y habita en commun avec les Isidore Baudoyer ; devint, durant le régime de Juillet, maire de son arrondissement et revit alors ses anciens camarades du ministère, les Minard et les Thuillier (Les Employés. — Les Petits Bourgeois).

Saillard (Madame), femme du précédent, née Bidault, en 1767, nièce de l’escompteur surnommé Gigonnet ; fut l’âme de la maison de la place Royale, et surtout le conseil de son mari ; éleva étroitement sa fille, Élisabeth, qui devint madame Isidore Baudoyer (César Birotteau. — Les Employés).

Sain, tenait, avec Augustin, « le sceptre de la miniature sous l’Empire ». — Il fit, en 1809, avant la campagne de Wagram, une miniature de Montcornet, alors jeune et beau ; cette peinture passa des mains de madame Fortin, maîtresse du futur maréchal, dans celles de leur fille, madame Valérie Crevel (ci-devant Marneffe) (La Cousine Bette).

Saint-Denis (De), nom d’emprunt du policier Corentin (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin).

Saint-Estève (De), nom de Jacques Collin devenu chef de la sûreté.

Saint-Estève (Madame de), nom d’emprunt commun à mesdames Jacqueline Collin et Nourrisson.

Saint-Foudrille (De), « illustre savant », habita Paris et sans doute le quartier Saint-Jacques, au moins vers 1840, époque où Thuillier désira le connaître (Les Petits Bourgeois).

Saint-Foudrille (Madame de), femme du précédent, recevait, vers 1840, la visite empressée du ménage bourgeois Thuillier (Les Petits Bourgeois).

Saint-Georges (Chevalier de) (1745-1801), homme de couleur, de taille et de figure superbes, fils d’un fermier général, capitaine des gardes du duc d’Orléans ; servit avec distinction sous Dumouriez ; arrêté, en 1794, comme suspect, puis rendu à la liberté, après le 9 thermidor, brillait dans les arts d’agrément, tels que la musique et surtout l’escrime. Le chevalier de Saint-Georges se fournit de drap à la maison du Chat qui pelote, rue Saint-Denis, mais fut un mauvais client : M. Guillaume avait obtenu une sentence consulaire contre lui (La Maison du Chat qui pelote). Plus tard, il fut popularisé par une comédie-vaudeville de Roger de Beauvoir, représentée aux Variétés sous le règne de Louis-Philippe, et interprétée par le comédien Lafont[2].

Saint-Germain (De), un des noms d’emprunt du policier Peyrade (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Saint-Héreen (Comte de), mari de Moïna d’Aiglemont, était l’héritier d’une des plus illustres maisons de France. — Il habitait, avec sa femme et sa belle-mère, un hôtel appartenant à celle-ci et situé rue Plumet (aujourd’hui rue Oudinot), en bordure du boulevard des Invalides ; vers le mois de décembre 1843, il quitta, seul, cet hôtel, pour aller accomplir une mission politique ; pendant ce temps, sa femme accueillit trop bien les visites fréquentes et compromettantes du jeune Alfred de Vandenesse, et sa belle-mère mourut subitement (La Femme de Trente Ans).

Saint-Héreen (Comtesse Moïna de), femme du précédent, survivait seule des cinq enfants de M. et madame d’Aiglemont, dans la seconde moitié du règne de Louis-Philippe. Aveuglément gâtée par sa mère, elle ne répondit à cette affection presque exclusive que par de la froideur, de la dureté même. Par un mot cruel, Moïna causa la mort subite de madame d’Aiglemont : elle osa, en effet, rappeler à sa mère ses anciennes relations avec le marquis Charles de Vandenesse, dont elle accueillait elle-même le fils, Alfred, avec trop de complaisance en l’absence de M. de Saint-Héreen (La Femme de Trente Ans). Dans une conversation sur l’amour entre la marquise de Vandenesse, lady Dudley, mademoiselle des Touches, la marquise de Rochefide et madame d’Espard, Moïna disait en riant : « Un amant, c’est le fruit défendu, mot qui pour moi résume tout » (Une Fille d’Ève). Madame Octave de Camps, jugeant Naïs de l’Estorade, encore enfant, faisait ce rapprochement : « Cette petite est inquiétante : elle me rappelle Moïna d’Aiglemont » (Le Député d’Arcis).

Saint-Martin (Louis Claude de), dit le Philosophe inconnu, né le 18 janvier 1743, à Amboise, mort le 13 octobre 1803 ; fut très souvent reçu à Clochegourde par madame de Verneuil, tante de madame de Mortsauf, qui l’y connut. — De Clochegourde, Saint-Martin surveilla la publication de ses derniers livres imprimés à Tours chez Letourmy (Le Lys dans la Vallée).

Saint-Vier (Madame de). — V. Gentillet.

Sainte-Beuve (Charles-Augustin), né à Boulogne-sur-Mer en 1805 ; mort à Paris, académicien et sénateur du second Empire, en 1869. — Célèbre littérateur français que pastichait assez méchamment Raoul Nathan devant Béatrix de Rochefide, au cours de son récit des aventures de Charles-Édouard Rusticoli de la Palférine (Un Prince de la Bohème).

Sainte-Sévère (Madame de), cousine de Gaston de Nueil, habitait Bayeux, où elle reçut, en 1822, son jeune parent, convalescent d’une maladie inflammatoire causée par des excès d’études ou de plaisirs (La Femme abandonnée).

Saintot (Astolphe de), l’un des habitués du salon des Bargeton à Angoulême ; président de la société d’agriculture de la ville ; « ignorant comme une carpe », il passait pour un savant de premier ordre et, quoiqu’il ne fît rien, laissait croire qu’il était occupé depuis plusieurs années à un traité sur la culture moderne. Il réussissait surtout dans le monde par des citations de Cicéron, apprises le matin par cœur et récitées le soir. Grand et gros homme haut en couleur, Saintot semblait dominé par sa femme (Illusions perdues).

Saintot (Madame de), femme du précédent ; elle avait pour prénom Élisa et était ordinairement appelée Lili, abréviation enfantine qui contrastait avec le caractère de cette personne, sèche, solennelle, extrêmement pieuse, joueuse difficile et tracassière (Illusions perdues).

Sallenauve (François-Henri-Pantaléon Dumirail, marquis de), Champenois, ruiné, perdu par le jeu, vint échouer, en sa vieillesse, comme balayeur de Paris, dans le service que Jacques Bricheteau contrôla ; consentit alors, moyennant espèces, à reconnaître Charles Dorlange, enfant naturel de Catherine-Antoinette Goussard et de Jacques Collin ; tâcha d’exploiter la mère et le fils, et, passager du trois-mâts la Rétribution, mourut dans un naufrage, en 1845, pendant une traversée de Fernambouc au Havre, à la hauteur des îles du Cap-Vert (Le Député d’Arcis. — La Famille Beauvisage).

Sallenauve (Comte de), fils légal du précédent, né en 1809 des relations de Catherine-Antoinette Goussard avec Jacques Collin, petit-fils de Danton par les femmes, condisciple de Marie Gaston dont il resta l’ami et pour lequel il se battit. — Longtemps il ne se connut aucune famille, et vécut, sous le nom de Charles Dorlange, jusqu’à près de trente ans. Il reçut, comme sculpteur, des leçons de Thorwaldsen et compléta ses études artistiques à Rome. Dans cette ville, Dorlange connut les Lanty ; donna des leçons à leur fille Marianina qu’il aima ; rencontra Luigia, la recueillit quand elle devint veuve de Benedetto, la prit pour gouvernante, la respecta ; accompagné d’elle, vint demeurer à Paris, logea 42 rue de l’Ouest[3]. Il avait auparavant habité, avec Marie Gaston, un logement situé, non loin de là, rue d’Enfer (actuellement rue Denfert-Rochereau). Il recevait des quartiers de rente suffisants pour assurer son existence, et les touchait par l’entremise de Gorenflot ou de Jacques Bricheteau, représentants mystérieux de Catherine-Antoinette Goussard. Suivant leurs instructions, il accepta, des ursulines d’Arcis, une commande artistique et se porta candidat législatif de l’arrondissement (1839) : il obtint alors l’appui d’Achille Pigoult, et fréquenta les Louis de l’Estorade. Sallenauve parut aimer ou du moins remarqua Renée de l’Estorade, sœur naturelle de Marianina de Lanty. Grâce au marquis François-Henri-Pantaléon de Sallenauve qui l’adopta, Dorlange devint comte de Sallenauve, fut élu député, brilla dans divers milieux mondains et politiques, rencontra Eugène de Rastignac, Maxime de Trailles, Martial de la Roche-Hugon. Discuté et contesté, il se démit de son mandat. Ayant appris le secret de sa naissance, il parcourut l’Amérique du Sud, à la recherche de Catherine-Antoinette Goussard, et montra, au contraire, une grande froideur à l’égard de Jacques Collin. Il regagna Rome, après la mort de ce dernier ; occupa, voisin de Thorwaldsen, le palais Barberini ; sculpta le tombeau de sa mère, Catherine-Antoinette ; reparut dans Arcis, lors de l’inauguration du monument, reconnut, pendant la cérémonie, madame de l’Estorade dans une femme pieusement agenouillée, et finit par épouser mademoiselle Jeanne-Athénaïs de l’Estorade, en 1847 (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Sallenauve (Comtesse de), femme du précédent, née Jeanne-Athénaïs de l’Estorade (Naïs, par une abréviation familière), en février 1827 ; enfant précoce et quelque peu gâtée du comte et de la comtesse Louis de l’Estorade. — Elle aima Sallenauve dès le jour de leur première rencontre, et, pour l’épouser, lutta victorieusement contre les résistances de son père, de sa mère et de son frère aîné Armand (Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Salmon, ancien expert du musée de Paris. — En 1826, de passage à Tours, oui il était venu voir sa belle-mère, il fut chargé d’estimer une vierge de Valentin et un christ de Lebrun, tableaux que l’abbé François Birotteau avait hérités de l’abbé Chapeloud et qu’il avait laissés dans un appartement récemment occupé par lui chez mademoiselle Sophie Gamard (Le Curé de Tours).

Salomon (Joseph), de Tours ou des environs de Tours ; oncle et tuteur de Pauline Salomon de Villenoix, Israélite très riche ; il aimait beaucoup sa nièce et voulait la marier brillamment. Louis Lambert, fiancé à Pauline, disait : « Ce redoutable Salomon me glace ; cet homme n’est pas de notre ciel » (Louis Lambert).

Samanon fit, en louche spéculateur, à Paris, pendant les règnes de Louis XVIII, de Charles X et de Louis-Philippe, les multiples métiers d’un manieur d’argent. En 1821, Lucien de Rubempré, encore novice, pénétra dans la boutique de Samanon cumulant alors, au faubourg Poissonnière, les diverses industries de bouquiniste, marchand d’habits, brocanteur, escompteur : il y trouva certain grand homme, resté inconnu, bohème cynique, qui venait emprunter ses propres vêtements déposés en gage (Illusions perdues). Près de trois ans plus tard, Samanon fut l’homme de paille de la société Jean-Esther-Gobseck-Bidault (Gigonnet) poursuivant pour dettes Chardin des Lupeaulx (Les Employés). Après 1830, l’usurier frayait avec les Cérizet et les Claparon, lorsqu’ils entreprirent de venir à bout de Maxime de Trailles (Un Homme d’Affaires). Le même Samanon, vers 1844, eut des lettres de change d’une valeur de dix mille francs contre le baron Hulot d’Ervy, devenu le père Vyder et caché sous ce pseudonyme (La Cousine Bette).

San-Esteban (Marquise de), nom d’emprunt exotique et aristocratique, sous lequel se déguisa Jacqueline Collin lorsqu’elle franchit le seuil de la Conciergerie, dans le mois de mai 1830, afin de voir le prévenu Jacques Collin, lui-même travesti en Carlos Herrera (La Dernière Incarnation de Vautrin).

San-Réal (Don Hijos, marquis de), né vers 1735, seigneur puissant, eut l’amitié de Ferdinand VII, roi d’Espagne, épousa une fille naturelle de lord Dudley, Margarita-Euphémia Porrabéril, née d’une Espagnole, vécut, avec elle, dans Paris, en 1815 ; habita, près de Nucingen, un hôtel de la rue Saint-Lazare (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

San-Réal (Marquise de), femme du précédent, née Margarita-Euphémia Porrabéril, fille naturelle de lord Dudley et d’une Espagnole, sœur d’Henri de Marsay ; eut l’énergie aventureuse de son frère, auquel elle ressemblait aussi physiquement. — Élevée à La Havane, elle fut ramenée ensuite à Madrid, en compagnie d’une jeune créole des Antilles, Paquita Valdès, avec qui elle eut de fougueuses relations lesbiennes que le mariage fut loin d’interrompre et qui se continuèrent à Paris, en 1815, moment où la marquise, rencontrant un rival dans son frère Henri de Marsay, tua Paquita. Après ce meurtre, madame de San-Réal se retira en Espagne au couvent de los Dolores (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

Sanson (Charles-Henri), exécuteur des « hautes œuvres » au temps de la Révolution et bourreau de Louis XVI, assistait à deux messes commémoratives de la mort du roi, célébrées en 1793 et 1794, par l’abbé de Marolles, à qui son identité fut révélée plus tard par Ragon (Un Épisode sous la Terreur).

Sanson, fils du précédent, né vers 1770, et descendant, comme lui, de bourreaux de Rouen. — Après avoir été capitaine de cavalerie, il aida son père dans l’exécution de Louis XVI, le seconda quand les places Louis XV et du Trône eurent simultanément leur échafaud, et lui succéda par la suite. Sanson allait « accommoder » Théodore Calvi, en mai 1830 ; il attendait l’ordre décisif, qui d’ailleurs n’arriva pas. Il avait l’aspect d’un Anglais relativement distingué. Sanson, du moins, donna de lui cette impression à Jacques Collin, lorsqu’il croisa l’ancien forçat alors détenu à la Conciergerie (La Dernière Incarnation de Vautrin). — Sanson habita dans la rue des Marais (quartier du faubourg Saint-Martin), aujourd’hui raccourcie.

Sarcus fut, sous Louis, juge de paix de Soulanges (Bourgogne), où il vécut de ses quinze cents francs d’appointements, du produit d’un immeuble habité par lui et de cent écus de rente. Sarcus épousa la sœur aînée du pharmacien de Soulanges, Vermut, dont il eut une fille, Adeline, plus tard madame Adolphe Sibilet. Beau petit vieillard gris pommelé, ce fonctionnaire, d’ordre inférieur, n’en était pas moins l’homme politique de la première société de Soulanges, sur laquelle régnait madame Soudry, et qui comptait presque tous les adversaires de Montcornet (Les Paysans).

Sarcus, cousin au troisième degré du précédent (surnommé Sarcus le Riche), fut, en 1817, conseiller de préfecture du département bourguignon qu’administrèrent, successivement, sous la Restauration, MM. de la Roche-Hugon, de Casteran, et dont dépendaient la Ville-aux-Fayes, Soulanges, Blangy, les Aigues. Il recommanda Sibilet, comme régisseur, pour les Aigues, propriété de Montcornet. M. Sarcus le Riche fut député ; on le disait aussi le bras droit du préfet (Les Paysans).

Sarcus (Madame), femme du précédent ; née Vallat, en 1778, d’une famille alliée aux Gaubertin, passait pour avoir, dans sa jeunesse distingué M. Lupin, qui courtisait encore, en 1823, cette femme de quarante-cinq ans, mère d’un ingénieur (Les Paysans).

Sarcus, fils des précédents, devait devenir, en 1823, l’ingénieur ordinaire des ponts et chaussées de la Ville-aux-Fayes et compléter ainsi le groupe de puissantes familles indigènes, hostile aux Montcornet (Les Paysans).

Sarcus-Taupin, meunier de Soulanges, possesseur de cinquante mille francs de rente, le Nucingen de la ville, père d’une fille dont la main fut recherchée par le notaire Lupin et le président Gendrin, pour leurs fils (Les Paysans).

Sarrasine (Matthieu ou Mathieu), laboureur au pays de Saint-Dié, père d’un riche procureur comtois, et aïeul du sculpteur Ernest-Jean Sarrasine (Sarrasine).

Sarrasine, riche procureur comtois du XVIIIe siècle, père du sculpteur Ernest-Jean Sarrasine (Sarrasine).

Sarrasine (Ernest-Jean), remarquable sculpteur français, né en 1736, à Besançon, fils et petit-fils des précédents. — Tout adolescent, il montra une vocation artistique capable de lutter contre la volonté paternelle, qui le destinait à la magistrature, gagna Paris, entra chez Bouchardon, trouva un protecteur et un ami dans ce maître ; connut madame Geoffrin, Sophie Arnould, le baron d’Holbach, J.-J. Rousseau. Devenu l’amant de la célèbre pensionnaire de l’Opéra, Clotilde, Sarrasine obtint le prix de sculpture fondé par Marigny, frère de la Pompadour, et reçut les compliments de Diderot. Il alla ensuite habiter Rome (1758) ; fréquenta Vien, Louthrebourg[4], Allegrain, Vitagliani, Cicognara, Chigi. Il s’éprit alors follement du castrat Zambinella, oncle des Lanty-Duvignon : croyant trouver en lui une femme, il fit un buste magnifique du singulier chanteur, entretenu par Cicognara, et, l’ayant enlevé, il périt assassiné, sur l’instigation de son rival, pendant cette même année 1758. — La vie de Sarrasine fut contée, sous la Restauration, à Béatrix de Rochefide (Sarrasine. — Le Député d’Arcis).

Sauteloup, familièrement appelé « le père Sauteloup », fut chargé, en mai 1830, de lire au condamné à mort, Théodore Calvi, détenu à la Conciergerie, le rejet de son pourvoi en cassation (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Sauvage (Madame), personne d’une figure repoussante, d’une moralité contestable, servante maîtresse de maître Fraisier, tint, à la mort de Pons, avec madame Cantinet, le ménage de Schmucke, légataire du collectionneur au préjudice des Camusot de Marville (Le Cousin Pons).

Sauvager, premier substitut du procureur du roi, à Alençon, jeune magistrat marié, âpre, sec, ambitieux, intéressé ; prit parti contre Victurnien d’Esgrignon dans la retentissante affaire dite d’Esgrignon du Bousquier ; après le célèbre procès, il fut envoyé en Corse (Le Cabinet des Antiques).

Sauvagnest, successeur du procureur Bordin, prédécesseur de maître Desroches, fut avoué à Paris (Un Début dans la Vie).

Sauvaignou, Marseillais, premier ouvrier menuisier, mêlé à la vente de la maison de la place de la Madeleine qu’achetèrent, en 1840, les Thuillier, poussés par Cérizet, Claparon, Dutocq et surtout par Théodose de la Peyrade (Les Petits Bourgeois).

Sauviat (Jérôme-Baptiste), né en Auvergne, vers 1747 ; marchand forain de 1792 à 1796 ; nature commerçante, âpre, active, avare ; cœur profondément religieux ; fut emprisonné pendant la Terreur et faillit être exécuté pour avoir favorisé la fuite d’un évêque ; épousa mademoiselle Champagnac, à Limoges, en 1797 ; eut d’elle une fille, Véronique (madame Pierre Graslin) ; acheta, après la mort de son beau-père, dans cette même ville, la maison qu’il occupait comme locataire, et où il vendait de la ferraille, y continua son commerce ; quitta, riche, les affaires ; entra néanmoins comme surveillant, plus tard, dans la porcelainerie où travailla J.-F. Tascheron, s’occupa de cette fabrique trois ans au moins, et y mourut d’accident en 1827 (Le Curé de Village).

Sauviat (Madame), femme du précédent ; née Champagnac, vers 1767 ; fille d’un chaudronnier de Limoges, veuf en 1797, dont, plus tard, elle hérita. — Madame Sauviat habita successivement : près la rue de la Vieille-Poste, un faubourg de Limoges et Montégnac. Ainsi que Sauviat, elle fut laborieuse, âpre, avide, économe, dure, pieuse aussi, et, comme lui encore, elle adora Véronique, dont elle connut le terrible secret, une sorte d’affaire Marcellange[5] (Le Curé de Village).

Savaron de Savarus, noble et riche famille de Belgique, dont les divers membres connus au XIXe siècle furent : Savaron de Savarus (de Tournai), Flamand fidèle aux traditions flamandes, avec qui furent, sans doute, en relations les Claës, les Pierquin (La Recherche de l’Absolu) ; mademoiselle Savarus, Brabançonne, opulente héritière à marier ; Savarus (Albert), avocat français, descendant, mais en ligne naturelle, du comte de Savarus (Albert Savarus).

Savarus (Albert Savaron de) de la famille des précédents, mais fils naturel du comte de Savarus, né vers 1798 ; fut secrétaire d’un ministre de Charles X et maître des requêtes. — La Révolution de 1830 brisa une carrière bien commencée. Un amour partagé pour la duchesse d’Argaïolo, (madame Alphonse de Rhétoré dans la suite), rendit à Savarus son activité et son esprit d’entreprise : il se fit inscrire au barreau de Besançon, eut une clientèle, réussit brillamment, fonda la Revue de l’Est, où il publia une nouvelle autobiographique, l’Ambitieux par amour, et posa une candidature législative chaudement appuyée (1831). Albert Savarus, avec son masque de penseur puissant, aurait vu se réaliser tous ses rêves, sans les fantaisies romanesques et jalouses de Rosalie de Watteville, qui surprit et déjoua les plans de l’avocat en amenant le second mariage de madame d’Argaïolo (1842). Ses espérances une fois ruinées, Albert Savarus se fit chartreux de la maison mère, sise près de Grenoble, et devint frère Albert (La Recherche de l’Absolu. — Albert Savarus).

Schiltz épousa une Barnheim (de Bade) et eut d’elle une fille, Joséphine, par la suite, madame Fabien du Ronceret ; fut un « intrépide colonel, un chef de ces audacieux partisans alsaciens qui faillirent sauver l’Empereur dans la campagne de France ». Il mourut à Metz, pillé, ruiné (Béatrix).

Schiltz (Joséphine) dite madame Schontz. — V. Ronceret (madame Fabien du).

Scherbelloff, Scherbellof ou Sherbelloff (Princesse), grand’mère maternelle de madame de Montcornet (La Vieille Fille. — Le Cabinet des Antiques. — Les Paysans).

Schinner (Mademoiselle) mère du peintre Hippolyte Schinner, fille d’un fermier de l’Alsace ; après avoir été séduite par un homme riche et indélicat, refusa de l’argent offert en compensation d’un refus de légitimation de leurs amours et se réfugia dans la maternité, dont elle remplit les devoirs avec le plus entier dévouement. Au moment du mariage de son fils, elle habitait Paris et partageait avec lui un appartement, situé près de l’atelier de l’artiste, non loin de la Madeleine, rue des Champs-Élysées[6] (La Bourse).

Schinner (Hippolyte) peintre ; fils naturel de la précédente ; d’origine alsacienne, reconnu seulement par sa mère ; élève de Gros, dans l’atelier duquel il noua des relations étroites avec Joseph Bridau (La Rabouilleuse). — Schinner se maria sous Louis XVIII ; il était alors chevalier de la Légion d’honneur et déjà célèbre. Travaillant à Paris, près de la Madeleine, dans un immeuble appartenant à Molineux, il en connut des locataires, madame et mademoiselle Leseigneur de Rouville, imita sans doute à leur égard la délicate conduite de leur bienfaiteur et ami Kergarouët ; fut touché de la cordialité que la baronne sut lui témoigner malgré sa pauvreté ; il aima d’une passion partagée Adélaïde de Rouville, et l’épousa (La Bourse). Lié avec Pierre Grassou, il lui donna des conseils excellents, dont ce médiocre artiste ne sut guère profiter (Pierre Grassou). En 1822, le comte de Sérizy chargea Schinner de décorer son château de Presles ; Joseph Bridau, qui s’essayait encore, acheva les travaux du maître, et même, dans un fugitif accès de gaminerie, se para de son nom (Un Début dans la Vie). La nouvelle autobiographique, l’Ambitieux par amour d’Albert Savarus, mentionna Schinner (Albert Savarus). Il était l’ami de Xavier Rabourdin (Les Employés). Il fit des vignettes pour les œuvres de Canalis (Modeste Mignon). On lui doit les plafonds remarquables de l’hôtel d’Adam Laginski, situé rue de la Pépinière (La Fausse Maîtresse). Vers 1845, Hippolyte Schinner habitait non loin de la rue de Berlin, près de Léon de Lora dont il avait été le premier éducateur (Les Comédiens sans le savoir).

Schinner (Madame), femme d’Hippolyte Schinner, née Adélaïde Leseigneur de Rouville, fille de la baronne et du baron de Rouville, officier de marine, habitait Paris, pendant la Restauration, avec sa mère, locataire d’une maison située rue de Surène et appartenant à Molineux. Orpheline de père, la future madame Schinner aurait alors attendu, non sans difficultés, la tardive liquidation de la pension paternelle, si l’amiral de Kergarouët, un vieil ami, ne l’avait discrètement secourue, elle et sa mère. Vers le même temps, elle soigna, pour une chute, son voisin Hippolyte Schinner et l’aima d’un amour partagé ; le don d’une petite bourse brodée par la jeune fille amena le mariage (La Bourse).

Schirmer, Prussien jeune et blond, faux monnayeur, prit, à Paris, plusieurs noms d’emprunt, pendant les années 1840-41. Rue de Verneuil, hôtel du Cantal, il se fit passer pour un voyageur de commerce du nom de Raymond. Tombé sous la dépendance de Jacques Collin, Schirmer, devenu baron Werchauffen, séduisit, ou compromit, au moins, la comtesse de Trailles (née Beauvisage). La fortune de Schirmer cessa quand Jacques Collin, après avoir averti M. de Trailles, preuves épistolaires en mains, livra le malfaiteur allemand à la justice (La Famille Beauvisage).

Schmucke (Wilhelm), Allemand catholique, homme d’un grand sens musical, naïf, distrait, bon, candide, simple de mœurs, doux et probe de caractère. — Il fut, d’abord, maître de chapelle du margrave d’Anspach ; il avait connu l’étrange écrivain Hoffmann, de Berlin, en souvenir duquel il eut, plus tard, un chat appelé Mürr. Schmucke vint ensuite à Paris ; il y habitait, en 1835-36, un petit appartement sur le quai Conti, à l’angle de la rue de Nevers[7]. Précédemment, il donna, dans le quartier du Marais, des leçons d’harmonie très appréciées aux filles des Granville, par la suite mesdames de Vandenesse et du Tillet : il revit, plus tard, la première venant lui demander d’endosser des lettres de change destinées à sauver Raoul Nathan (Une Fille d’Ève). Schmucke fut aussi le professeur de Lydie Peyrade, avant son mariage avec Théodose de la Peyrade (Splendeurs et Misères des Courtisanes) ; mais, avec mesdames de Vandenesse et du Tillet, il regarda, comme la préférée de ses élèves, la future vicomtesse de Portenduère, mademoiselle Mirouet[8] (de Nemours), l’une de ses trois « Saintes-Céciles » qui se réunirent pour lui servir une rente viagère (Ursule Mirouet). L’ancien maître de chapelle, fort laid et de sénile apparence, obtint facilement accueil auprès des directrices de pensionnats de jeunes filles. Une distribution de prix le rapprocha de Sylvain Pons, qu’il aima promptement d’une affection payée de réciprocité (1834). Leur intimité les rassembla sous le même toit, rue de Normandie, comme locataires de C.-J. Pillerault (1836). Schmucke vécut neuf ans parfaitement heureux. Gaudissart devenu directeur de théâtre, l’employa dans son orchestre, lui confia l’entreprise des copies, ainsi que le soin de jouer du piano et des divers instruments qui n’étaient pas représentés dans les théâtres du boulevard : viole d’amour, cor anglais, violoncelle, harpe, castagnettes, sonnettes, inventions de Sax, etc. Pons fit de lui son légataire universel (avril 1845) ; mais le candide Allemand n’était pas de force à lutter contre maître Fraisier, l’agent des Camusot de Marville, dépouillés par ce testament. Malgré Topinard, à qui, désespéré de la mort de son ami, il alla demander l’hospitalité cité Bordin, Schmucke se laissa frustrer, et une apoplexie séreuse l’emporta rapidement (Le Cousin Pons).

Schontz (Madame), nom que porta mademoiselle Schiltz devenue, par son mariage, madame Fabien du Ronceret. — Voir ce dernier nom.

Schwab (Wilhem), né pendant les premières années du XIXe siècle, à Strasbourg, d’une famille allemande de Kehl, eut pour ami Frédéric (Fritz) Brunner dont il partagea les folies ou secourut la misère et avec lequel il gagna Paris ; ils y descendirent ensemble à l’hôtel du Rhin, rue du Mail, chez Graff (Johann), père d’Émilie, frère du célèbre tailleur Wolfgang. Schwab tint les livres de ce rival d’Humann et de Staub. Quelques années plus tard, il devint flûtiste au théâtre dont Sylvain Pons dirigeait l’orchestre. Pendant un entr’acte de la retentissante première de la Fiancée du Diable, donnée durant l’automne de 1844, Schwab fit inviter Pons, par Schmucke, à sa noce prochaine ; il épousait, d’inclination réciproque, mademoiselle Émilie Graff et allait se trouver l’associé de Frédéric Brunner, enrichi de l’héritage paternel et devenu banquier (Le Cousin Pons).

Schwab (Madame Wilhem), femme du précédent ; née mademoiselle Émilie Graff ; d’une beauté accomplie ; nièce de Wolfgang Graff ; dotée par ce tailleur opulent (Le Cousin Pons).

Scio (Madame), cantatrice réputée du théâtre Feydeau en 1798, fut très belle dans les Péruviens, opéra-comique de Mongenod, représenté avec un très médiocre succès (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Scœvola (Mucius). — Derrière ce nom d’emprunt se cachait, sous la Terreur, un homme qui fut le piqueur du prince de Conti et lui dut sa fortune. Plâtrier, propriétaire d’une petite maison dans Paris vers le haut du faubourg Saint-Martin[9], près de la rue d’Allemagne, il afficha un civisme exagéré, qui masquait une fidélité persistante aux Bourbons, et il protégea mystérieusement sœur Marthe et sœur Agathe (mesdemoiselles de Beauséant et de Langeais), religieuses échappées de l’abbaye de Chelles, et réfugiées chez lui avec l’abbé de Marolles (Un Épisode sous la Terreur).

Séchard (Jérôme-Nicolas), né en 1743. — Après avoir été ouvrier dans une imprimerie d’Angoulême située place du Mûrier, bien que très illettré, il en devint le patron au moment de la Révolution ; connut à cette époque le marquis de Maucombe ; se maria avec une femme pourvue d’une certaine aisance, mais la perdit assez promptement, après avoir eu d’elle un fils, David. Sous Louis XVIII, craignant la concurrence de Cointet, J.-N. Séchard se retira en vendant son établissement à son fils qu’il trompa sciemment dans le marché, et, viticulteur ivrogne, habita Marsac, près d’Angoulême. Pendant toute la fin de sa vie, Séchard aggrava sans pitié les difficultés commerciales au milieu desquelles se débattait son fils David. Le vieil avare mourut vers 1859, laissant un avoir de quelque valeur (Illusions perdues).

Séchard (David), fils unique du précédent, condisciple et ami de Lucien de Rubempré, apprit la typographie chez les Didot à Paris. Une fois de retour au pays natal, il donna maintes preuves de bonté et de délicatesse : ayant acheté l’imprimerie de son père, il se laissa sciemment duper et exploiter par lui ; prit pour prote, par discrète charité, Lucien de Rubempré, dont il adora, d’une passion payée de retour, la sœur, Ève Chardon, qu’il épousa malgré leur commune pauvreté, car son imprimerie dépérissait. Les frais assumés, la concurrence des Cointet, et surtout ses recherches d’inventeur poursuivant le secret d’un procédé particulier de fabrication du papier, le réduisirent à une situation très embarrassée. Tout acheva, d’ailleurs, de perdre Séchard : l’habileté et la puissance de la maison Cointet, l’espionnage de l’ingrat Cérizet, son ancien apprenti, l’existence désordonnée de Lucien de Rubempré, la cupidité jalouse de Jérôme-Nicolas Séchard. Victime des manœuvres de Cointet, Séchard livra sa découverte, vécut résigné, hérita de son père, et, entouré du dévouement des Kolb, habita Marsac, où le relança maître Derville, conduit par Corentin, en vue de se renseigner sur l’origine du million de Lucien de Rubempré (Illusions perdues. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Séchard (Madame David), femme du précédent, née Chardon (Ève) en 1801, fille d’un pharmacien de l’Houmeau (faubourg d’Angoulême) et d’une demoiselle de la maison de Rubempré, travailla d’abord chez madame Prieur, blanchisseuse de fin, à raison de quinze sous par jour ; se montra toute dévouée pour son frère Lucien, et, mariée, en 1821, avec David Séchard, reporta sur lui son dévouement : amenée à diriger l’imprimerie, elle lutta contre Cérizet, Cointet, Petit-Claud, et parvint presque à humaniser Jérôme-Nicolas Séchard. Madame David Séchard recueillit avec son mari l’avoir du vieux J.-N. Séchard, et fut alors la modeste châtelaine de la Verberie, à Marsac. Elle eut de son mari au moins un enfant ; il portait le prénom de Lucien. — Madame David Séchard était une grande brune aux yeux bleus (Illusions perdues. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Séchard (Lucien), fils des précédents (Illusions perdues).

Ségaud, avoué d’Angoulême, fut le successeur de Petit-Claud, passé magistrat vers 1824 (Illusions perdues).

Sélérier, dit l’Auvergnat, le père Ralleau, le Rouleur et surtout Fil-de-Soie, appartenait à l’aristocratie du bagne et au groupe des « dix mille » dont Jacques Collin fut le chef ; celui-ci soupçonnait pourtant Sélérier de l’avoir vendu à la police, vers 1819, lorsque Bibi-Lupin l’arrêta, maison Vauquer (Le Père Goriot). Dans ses attentats, Sélérier ne versa jamais le sang. Philosophe, très égoïste, incapable d’amour, ignorant l’amitié, en mai 1830, prisonnier à la Conciergerie, il était sur le point d’être condamné à quinze ans de travaux forcés, quand il vit et reconnut Jacques Collin, faux Carlos Herrera, incriminé lui-même (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Senonches (Jacques de), noble Angoumoisin, grand chasseur, sec et hautain, sorte de sanglier, vécut en très bons termes avec l’amant de sa femme, Francis du Hautoy, et fréquenta le salon de madame de Bargeton (Illusions perdues).

Senonches (Madame Jacques de), femme du précédent, portait le prénom de Zéphirine (Zizine, par abréviation). Elle eut de Francis du Hautoy, son amant adoré, une fille, Françoise de la Haye, présentée comme sa pupille et qui devint madame Petit-Claud (Illusions perdues).

Sepherd (Carl), pseudonyme pris par Charles Grandet, aux Indes, aux États-Unis, en Afrique, etc., quand il faisait la traite des nègres (Eugénie Grandet).

Serboni (La), prima donna du Théâtre-Italien de Londres, en 1839, fut remplacée par Luigia (Le Comte de Sallenauve).

Sérizy ou Sérisy (Comte Hugret de), né en 1765, descendait en droite ligne du fameux président Hugret[10], anobli sous François Ier. La devise de cette famille était I, semper melius eris, devise qui, par l’s final de melius, le mot eris et l’I du commencement représente le nom (Sérizy) de la terre érigée en comté. Fils d’un premier président de Parlement (mort en 1794), Sérizy fut, lui-même, dès 1787, conseiller au Grand Conseil ; il n’émigra point pendant la Révolution ; habita sa terre de Sérizy, près d’Arpajon ; devint membre du conseil des Cinq-Cents et du conseil d’État ensuite. L’Empire le fit comte, le nomma sénateur. Hugret de Sérizy se maria, en 1806, avec Léontine de Ronquerolles, veuve du général Gaubert. Cette union le rendit le beau-frère des marquis de Ronquerolles et du Rouvre. Tous les honneurs lui échurent successivement : chambellan sous l’Empire, il devint ensuite vice-président du conseil d’État, pair de France, grand-croix de la Légion d’honneur, ministre d’État, membre du conseil privé. La gloire de Sérizy, personnage laborieux et remarquable, ne le dédommagea point de ses malheurs domestiques. Des travaux, des veilles prolongées vieillirent promptement le haut fonctionnaire qui ne sut jamais conquérir le cœur de sa femme, mais l’aima néanmoins et la protégea constamment. Ce fut, surtout pour la venger des indiscrétions du jeune étourdi Oscar Husson, filleul de Moreau, qu’il congédia l’indélicat régisseur de Presles (Un Début dans la Vie). Les régimes postérieurs à l’Empire augmentèrent l’influence et le renom de Sérizy, intime ami des Bauvan et des Granville (La Rabouilleuse. — Honorine. — Modeste Mignon). Sa faiblesse pour sa femme fut telle, qu’il l’accompagna et l’assista lorsqu’en mai 1830, elle accourut à la Conciergerie dans le but de sauver Lucien de Rubempré, son amant, et pénétra dans la prison où le jeune homme venait de se suicider (Splendeurs et Misères des Courtisanes). Sérizy accepta, même, d’être l’exécuteur testamentaire du poète (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Sérizy (Comtesse de), femme du précédent, née Léontine de Ronquerolles vers 1784, sœur du marquis de Ronquerolles, épousa, en premières noces, toute jeune, le général Gaubert, un des plus illustres militaires de la République ; se remaria très jeune encore, mais ne put jamais que respecter M. de Sérizy, son second mari, dont elle eut cependant un fils, mort officier pendant le règne de Louis-Philippe (Un Début dans la Vie). Mondaine, brillante, digne de rivaliser avec mesdames de Beauséant, de Langeais, de Maufrigneuse, de Carigliano, d’Espard, Léontine de Sérizy eut plusieurs amants : Auguste de Maulincour, Victor d’Aiglemont, Lucien de Rubempré (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais. — Ursule Mirouet. — La Femme de Trente Ans). Cette dernière liaison fut des plus agitées. Lucien prit un empire considérable sur madame de Sérizy, et il se servit d’elle pour atteindre la marquise d’Espard, en faisant casser l’arrêt d’interdiction qu’elle avait d’abord obtenu contre le marquis d’Espard, son mari. Aussi, durant la détention et après la mort de Rubempré subit-elle les plus poignantes angoisses. Léontine de Sérizy brisa presque les grilles de la Conciergerie, maltraita le juge d’instruction Camusot, et sembla devenir folle. L’intervention de Jacques Collin la sauva et la guérit, quand trois médecins fameux, MM. Bianchon, Desplein, Sinard se déclaraient impuissants à la soulager (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin). La comtesse de Sérizy habita, l’hiver, chaussée d’Antin ; l’été, Sérizy, son domaine préféré, ou bien encore Presles ; quelquefois, près de Nemours, le Rouvre, terre de la famille de ce nom. À Paris, voisine de Félicité des Touches (Camille Maupin), elle fréquenta cette émule de George Sand, se trouva chez elle quand Marsay raconta l’histoire de son premier amour, et prit aussi part à la conversation (Autre Étude de femme). Tante maternelle de Clémentine du Rouvre, madame de Sérizy la dota richement quand elle épousa Laginski, et vit avec Ronquerolles, son frère, rue de la Pépinière, Thaddée Paz, le compagnon du Polonais (La Fausse Maîtresse).

Sérizy (Vicomte de), fils unique des précédents, sorti dans les derniers de l’École polytechnique, en 1825, entra par faveur sous-lieutenant au régiment de cavalerie de la garde royale, que commandait le duc de Maufrigneuse, et où, dans le même temps, passa, comme simple soldat, Oscar Husson, le neveu de Cardot (Un Début dans la Vie). En octobre 1829, officier de la compagnie des gardes d’Havré, Sérizy eut mission de prévenir M. de Verneuil, propriétaire de giboyeuses « réserves » normandes, que Madame ne pourrait suivre la chasse organisée par lui. Épris de Diane de Maufrigneuse, le vicomte retrouvait, chez Verneuil, la future princesse de Cadignan qui se laissa courtiser, afin d’exercer une vengeance contre Léontine de Sérizy, alors maîtresse de Lucien de Rubempré (Modeste Mignon). Parvenu au grade de lieutenant-colonel dans un régiment de cavalerie, il fut blessé grièvement au désastre de la Macta, en Afrique (26 juin 1835) et mourut à Toulon des suites de ses blessures (La Fausse Maîtresse. — Un Début dans la Vie).

Servais, le seul bon doreur de Paris, d’après Élie Magus, dont il écouta les conseils : il sut employer l’or anglais, de beaucoup supérieur au français. — Comme le relieur Thouvenin, il était amoureux de ses œuvres (Le Cousin Pons).

Servien (Prudence), née en 1806 à Valenciennes, fille de tisserands très pauvres, occupée, dès l’âge de sept ans, dans une filature ; corrompue de bonne heure par le séjour de l’atelier, elle était mère à treize ans ; ayant eu à témoigner en cour d’assises contre Jean-François Durut, elle se fit de lui un ennemi redoutable, et tomba sous la dépendance de Jacques Collin, qui lui promit de la soustraire à l’animosité du forçat. D’abord figurante, elle servit ensuite à Paris, comme femme de chambre, Esther van Gobseck sous le nom d’Eugénie et sous celui d’Europe ; fut la maîtresse de Paccard, qu’elle épousa, sans doute, plus tard ; aida Vautrin à jouer et à exploiter Nucingen ; vola mademoiselle Gobseck après la mort de la courtisane ; restitua une partie de la somme dérobée, et enfin remplaça madame Nourrisson, qui tenait une maison de tolérance rue Sainte-Barbe (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin. — La Famille Beauvisage).

Servin, né vers 1775, peintre distingué, mari par inclination de la fille d’un général sans fortune, dirigeait en 1815, à Paris, un atelier que fréquentèrent mademoiselle Laure, et mesdemoiselles Mathilde-Mélanie Roguin, Amélie Thirion, Ginevra di Piombo, devenues plus tard mesdames Tiphaine, Camusot de Marville, Porta. Servin cachait alors un banni recherché par la police, Luigi Porta, qui, précisément, épousa l’élève préférée du maître, mademoiselle Ginevra di Piombo (La Vendetta).

Servin (Madame), femme du précédent, se souvenant que le roman d’amour de Porta et de Ginevra avait fait déserter par toutes les élèves l’atelier de son mari, repoussa mademoiselle di Piombo chassée du toit paternel (La Vendetta).

Sévérac (De), né en 1764, gentilhomme campagnard, maire d’un village du canton d’Angoulême, auteur d’un mémoire sur les vers à soie, était reçu chez madame de Bargeton en 1821. — Veuf, sans enfants, et sans doute assez riche, mais n’ayant pas l’usage du monde, il ne trouva, un soir, dans le salon de la rue du Minage[11], pour auditeurs complaisants, que la noble et pauvre madame du Brossard et sa fille Camille, âgée de vingt-sept ans (Illusions perdues).

Sibilet, greffier du tribunal de la Ville-aux-Fayes (Bourgogne), petit-cousin de François Gaubertin, épousa une Gaubertin-Vallat, et, de ce mariage, eut six enfants (Les Paysans).

Sibilet (Adolphe), l’aîné des six enfants du précédent, né vers 1793, fut d’abord clerc de notaire, et ensuite chétif employé du cadastre ; puis, sur la fin de 1817, succéda à son petit-cousin François Gaubertin, dans la régie des Aigues, propriété du général de Montcornet, en Bourgogne. — Sibilet avait épousé mademoiselle Adeline Sarcus (de la branche pauvre), qui le rendit père deux fois en trois ans ; son intérêt et ses charges personnelles l’amenèrent à servir les rancunes de son prédécesseur, en trahissant Montcornet (Les Paysans).

Sibilet (Madame Adolphe), femme du précédent, née Adeline Sarcus, fille unique du juge de paix Sarcus, riche de sa beauté pour toute fortune, fut élevée par sa mère, dans la petite ville de Soulanges (Bourgogne), avec tout le soin possible. N’ayant pu épouser Amaury Lupin, fils du notaire Lupin, dont elle était éprise, trois ans après avoir perdu sa mère, elle se laissa, de désespoir, marier, par son père, au disgracieux et déplaisant Adolphe Sibilet (Les Paysans).

Sibilet, fils du greffier, commissaire de police de la Ville-aux-Fayes, en 1821 (Les Paysans).

Sibilet (Mademoiselle), fille du greffier, devenue madame Hervé (Les Paysans).

Sibilet, fils du greffier ; premier clerc de maître Corbinet, notaire à la Ville-aux-Fayes, et son successeur désigné (Les Paysans).

Sibilet, fils du greffier, employé des domaines, successeur présumé du receveur d’enregistrement de la Ville-aux-Fayes (Les Paysans).

Sibilet (Mademoiselle), fille du greffier, née vers 1807, directrice de la poste aux lettres de la Ville-aux-Fayes ; promise au capitaine Corbinet, frère du notaire (Les Paysans).

Sibuelle, fournisseur riche et quelque peu taré du temps du Directoire et du Consulat, donna sa fille en mariage à Malin de Gondreville, et, par le crédit de son gendre, devint, avec Marion, co-receveur général du département de l’Aube (Une Ténébreuse Affaire).

Sibuelle (Mademoiselle), fille unique du précédent, devint madame Malin de Gondreville (Une Ténébreuse Affaire).

Sieyès (Emmanuel-Joseph), né en 1748 à Fréjus, mort à Paris en 1836, successivement vicaire-général de Chartres, député aux États généraux et à la Convention, membre du Comité de Salut public, membre des Cinq-Cents, membre du Directoire, consul et sénateur ; célèbre aussi comme publiciste. — Il assistait et prenait part, en juin 1800, au ministère des relations extérieures[12], rue du Bac, avec Talleyrand et Fouché, à un conciliabule où se méditait le renversement du premier consul Bonaparte (Une Ténébreuse Affaire).

Signol (Henriette), belle fille ; d’une bonne famille de cultivateurs ; ouvrière chez Basine Clerget, blanchisseuse d’Angoulême ; fut la maîtresse de Cérizet, l’aima, crut en lui et le servit contre l’imprimeur David Séchard (Illusions perdues).

Simeuse (Amiral de), père de Jean de Simeuse, fut l’un des marins français les plus éminents du XVIIIe siècle (La Vieille Fille. — Béatrix. — Une Ténébreuse Affaire).

Simeuse (Marquis Jean de), dont le nom « Cy meurs » ou « Si meurs » était la devise nobiliaire, descendait d’une grande maison de Bourgogne, jadis propriétaire d’un fief lorrain appelé Ximeuse, devenu Simeuse par corruption. M. de Simeuse comptait dans sa famille un certain nombre d’illustrations ; il épousa Berthe de Cinq-Cygne ; il était le père de deux jumeaux, Paul-Marie, Marie-Paul. — Il fut guillotiné, sous la Terreur, à Troyes : le beau-père de Michu présida le tribunal révolutionnaire qui rendit la sentence de mort (Une Ténébreuse Affaire).

Simeuse (Marquise de), femme du précédent, née Berthe de Cinq-Cygne, fut exécutée à Troyes, en même temps que son mari (Une Ténébreuse Affaire).

Simeuse (Paul-Marie et Marie-Paul de), frères jumeaux, fils des précédents, nés en 1773, petits-fils (du côté paternel) de l’amiral fameux par ses dissipations comme par sa vaillance, descendaient des premiers possesseurs de la célèbre terre de Gondreville, dans l’Aube, et appartenaient à la noble famille champenoise des Chargebœuf, dont leur mère, Berthe de Cinq-Cygne, représentait la branche cadette. Paul-Marie et Marie-Paul émigrèrent ; ils reparurent en France, vers 1803. Amoureux tous deux de leur cousine, Laurence de Cinq-Cygne, royaliste fervente, ils chargèrent le sort de décider qui deviendrait son mari ; la chance favorisa Marie-Paul, c’est-à-dire le cadet, mais les événements ne permirent pas la réalisation du mariage. Les deux jumeaux ne différaient qu’au moral, et sur un seul point : Paul-Marie était mélancolique, Marie-Paul était gai. Malgré les conseils de leur vieux parent, M. de Chargebœuf, MM. de Simeuse se compromirent avec les Hauteserre ; guettés par Fouché, qui envoya Peyrade et Corentin pour les surveiller, accusés de l’enlèvement de Malin, dont ils n’étaient pas coupables, ils encoururent une condamnation à vingt-quatre ans de travaux forcés, furent graciés par Napoléon, envoyés, comme sous-lieutenants, dans le même régiment de cavalerie, et tués ensemble à la bataille de Sommo-Sierra (près de Madrid), le 30 novembre 1808 (Une Ténébreuse Affaire).

Simonin, loueur de voitures, à Paris, dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré, cour des Coches[13] : vers 1840, il loua une berline à madame de Godollo, qui feignit un voyage d’après les instructions de Corentin, le policier, mais ne dépassa pas le bois de Boulogne (Les Petits Bourgeois).

Simonnin était, sous Louis XVIII, à Paris, dans la rue Vivienne, « saute-ruisseau » de maître Derville, quand cet avoué reçut Hyacinthe-Chabert (Le Colonel Chabert).

Sinard, médecin de Paris, appelé, dans le mois de mai 1830, avec MM. Desplein et Bianchon, auprès de Léontine de Sérizy, devenue comme folle après la fin tragique de Lucien de Rubempré, son amant (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Sinet (Séraphine), lorette célèbre, née en 1820, connue sous le sobriquet de Carabine, assista, en 1838, à Paris, à la fête d’inauguration de l’hôtel de Josépha Mirah, rue de la Ville-l’Évêque. Cinq ans plus tard, maîtresse du riche F. du Tillet, qui l’entretint et qu’elle domina longtemps, mademoiselle Sinet remplaça la spirituelle Marguerite Turquet comme reine des lorettes (La Cousine Bette). Femme splendide, Séraphine fut marcheuse de l’Opéra, et occupa, rue Saint-Georges, le bel appartement où trônèrent, avant elle, Suzanne du Val-Noble, Esther van Gobseck, Florine et madame Schontz. D’esprit vif, de manières cavalières, d’un brillant dévergondage, Carabine recevait beaucoup et bien. Tous les jours, la table était servie magnifiquement, pour dix convives. Des artistes, des littérateurs, des gens du monde fréquentaient la maison. — S.-P. Gazonal y fut amené, en 1845, par Léon de Lora et Bixiou, en compagnie de Jenny Cadine, du théâtre du Gymnase, et il y vit Massol, Claude Vignon, Maxime de Trailles, Nucingen, F. du Bruel, Malaga, M. et madame Gaillard, Vauvinet, avec une foule d’autres personnes, sans omettre F. du Tillet lui-même (Les Comédiens sans le savoir).

Sinot, avoué d’Arcis-sur-Aube, possédait la clientèle des « henriquinquistes » en 1839, à l’époque où la ville avait à élire un député pour le remplacement de M. François Keller (Le Député d’Arcis).

Socquard fut, sous l’Empire et sous la Restauration, limonadier (café de la Paix) à Soulanges (Bourgogne). — Milon de Crotone de la vallée de l’Avonne, gros petit homme, de visage placide, possédant un petit filet de voix limpide. — Il dirigea le Tivoli, salle de bal annexe du café. MM. Vermichel, violon, et Fourchon, clarinette, étaient de l’orchestre. Plissoud, Bonnébault, Viallet, Amaury Lupin fréquentaient la maison, célèbre longtemps pour son billard, son punch et son vin cuit. En 1823, Socquard était veuf (Les Paysans).

Socquard (Madame Junie), femme du précédent, compta beaucoup d’aventures galantes sous l’Empire. Elle était fort belle, et son luxe auquel contribuèrent les gros bonnets de Soulanges, fut célèbre dans la vallée de l’Avonne. Le notaire Lupin avait fait des folies pour elle, et Gaubertin, qui la lui enleva, eut certainement d’elle son fils naturel, le petit Bournier. Junie fit la prospérité de la maison Socquard. Elle apporta à son mari la propriété d’un clos de vignes, de la maison qu’il habitait et du Tivoli. — Elle mourut sous Louis XVIII (Les Paysans).

Socquard (Aglaé), fille des précédents, née en 1801, tenait de son père un ridicule embonpoint. — Recherchée par Bonnébault, qui était fort prisé du père comme consommateur mais peu comme gendre, elle excita la jalousie de Marie Tonsard, et eut maille à partir avec elle (Les Paysans).

Soderini (Prince), père de madame d’Argaïolo, qui devint ensuite la duchesse Alphonse de Rhétoré, à Besançon, en 1834, réclama d’Albert Savarus les lettres et le portrait de sa fille. Son arrivée soudaine fit quitter précipitamment le chef-lieu du Doubs à Savarus, candidat à la députation, qui ignorait le prochain second mariage de madame d’Argaïolo (Albert Savarus).

Solis (L’abbé de), né vers 1733, dominicain, grand pénitencier de Tolède, vicaire général de l’archevêché de Malines ; prêtre vénérable, simple, bon et grand. — Il recueillit et adopta le fils de son frère, Emmanuel de Solis, et, retiré à Douai, protégé reconnaissant des Casa-Réal, confessa et dirigea leur dernière descendante, madame Balthazar Claës. L’abbé de Solis mourut en décembre 1818 (La Recherche de l’Absolu).

Solis (Emmanuel de), neveu et fils adoptif du précédent. — Pauvre, d’une famille originaire de Grenade, il répondit bien à l’excellente éducation qu’il reçut, prit la carrière du professorat, enseigna les humanités au lycée de Douai, dont, plus tard, il fut le proviseur, et donna des leçons aux deux frères de Marguerite Claës, qu’il aima et dont il fut aimé. Il l’épousa en 1825 : pour mieux jouir de son bonheur, il se démit des fonctions d’inspecteur de l’Université, qu’il remplissait alors. Il hérita, un peu plus tard, du titre de comte de Nourho, acquis par la maison de Solis (La Recherche de l’Absolu).

Solis (Madame Emmanuel de), femme du précédent, née Marguerite Claës en 1796, sœur aînée de madame Félicie Pierquin, dont le mari l’avait d’abord recherchée, reçut de sa mère mourante la mission de lutter avec une fermeté respectueuse contre les folles tentatives d’inventeur de son père, et, se conformant aux ordres maternels, parvint, par une rare énergie, à rétablir la fortune, plus que compromise, de la famille. — Madame de Solis accoucha d’un enfant, pendant un voyage en Espagne où elle visita Casa-Réal, berceau de sa famille maternelle (La Recherche de l’Absolu).

Solonet, né en 1795, obtint la décoration de la Légion d’honneur pour avoir contribué très activement à la seconde rentrée des Bourbons ; fut le notaire jeune et mondain de Bordeaux ; triompha, dans la rédaction du contrat de mariage de Natalie Évangélista avec Paul de Manerville, des résistances de son collègue Mathias, défenseur des intérêts Manerville. Solonet servit avec un empressement amoureux, non payé de retour, madame Évangélista, dont il demanda vainement la main (Le Contrat de Mariage).

Solvet, jeune homme d’une jolie figure, joueur et vicieux, aimé de Caroline Crochard de Bellefeuille et préféré par elle à M. de Granville, son généreux protecteur. — Solvet rendit mademoiselle Crochard fort malheureuse, la ruina, et resta cependant adoré. — Faits connus de Bianchon et racontés par lui au comte de Granville, rencontré, un soir, près de la rue Gaillon, sous Louis-Philippe (Une Double Famille).

Sommervieux (Théodore de), peintre, prix de Rome, chevalier de la Légion d’honneur, réussit particulièrement les intérieurs ; excella dans les effets de clair-obscur, à la manière des Hollandais. — Il reproduisit avec talent l’intérieur du Chat qui pelote de la rue Saint-Denis, qu’il exposa au salon, en même temps qu’un ravissant portrait de sa future femme, née Guillaume, dont il s’éprit follement, et qu’il épousa vers 1808, presque malgré les parents et grâce aux bons offices de madame Roguin, avec laquelle il était en relations mondaines. Le mariage ne fut pas heureux : la fille des Guillaume adora Sommervieux sans le comprendre. Le peintre délaissa fréquemment son appartement de la rue des Trois-Frères (portion actuelle de la rue Taitbout), et porta ses hommages au faubourg Saint-Germain chez la maréchale de Carigliano. — Il possédait douze mille francs de rente ; son père, avant la Révolution, s’appelait le chevalier de Sommervieux (La Maison du Chat qui pelote). Théodore de Sommervieux dessina un ostensoir pour Gohier, orfèvre du roi ; cet ostensoir fut acheté et donné par madame Baudoyer à l’église Saint-Paul, au moment de la mort du chef de division F. de La Billardière, dont elle désirait la place pour son mari (Les Employés). Sommervieux fit aussi des vignettes pour les œuvres de Canalis (Modeste Mignon).

Sommervieux (Madame Théodore de), femme du précédent, née Augustine Guillaume, vers 1792, seconde fille des Guillaume de la Maison du Chat qui pelote (magasin de draperies, à Paris, dans la rue Saint-Denis), eut une triste vie, promptement brisée : car sa famille, madame Roguin exceptée, ne comprit jamais ses aspirations vers un idéal plus relevé, ni le sentiment qui lui fit choisir Théodore de Sommervieux. Mademoiselle Guillaume se maria vers le milieu de l’Empire, à Saint-Leu, sa paroisse, le même jour que sa sœur aînée et immédiatement après l’union de celle-ci avec le commis Lebas. Un peu moins vulgaire d’instincts que ses parents et que leur entourage, mais cependant assez insignifiante, elle déplut insensiblement au peintre et refroidit la verve des amis d’atelier de Sommervieux, Schinner, Bridau, Bixiou, Lora. Seul, Grassou, très bourgeois, pouvait lui ménager les railleries. La délaissée tenta de ressaisir un cœur devenu le bien de madame de Carigliano ; elle vint même consulter sa rivale, mais elle ne sut pas user des armes que lui fournit la coquette maréchale et mourut de chagrin peu de temps après le célèbre bal où la convia, rue Saint-Honoré, le parfumeur César Birotteau. — Elle est enterrée au cimetière Montmartre (La Maison du Chat qui pelote. — César Birotteau).

Sonet, entrepreneur de monuments funéraires et marbrier, à Paris, sous la Restauration et sous Louis-Philippe. — Lorsque Pons mourut, le marbrier détacha près de Schmucke son courtier, avec mission d’obtenir commande pour deux statues de l’Art et de l’Amitié réunies en groupe. Sonet avait pour associé le dessinateur Vitelot. La raison sociale de la maison était : Sonet et Cie (Le Cousin Pons).

Sonet (Madame), femme du précédent, sut entourer de soins empressés autant qu’intéressés W. Schmucke, quand il revint du Père-Lachaise, brisé d’émotions, en avril 1845, et lui proposa, avec quelques modifications, des tombeaux allégoriques dont n’avaient pas voulu précédemment les familles Marsay et Keller, qui préférèrent s’adresser à un véritable artiste, le sculpteur Stidmann (Le Cousin Pons).

Sophie, émule et homonyme de la fameuse Sophie, le « cordon-bleu » du docteur Véron, et sa contemporaine, fut, à Paris, vers 1844, dans la rue Basse-du-Rempart, cuisinière du comte Popinot. Elle devait être une remarquable artiste culinaire, car Sylvain Pons, réduit, par suite de sa brouille avec les Camusot, à dîner tous les jours chez lui, rue de Normandie, s’écriait parfois, dans des accès de mélancolie : « Ô Sophie ! » (Le Cousin Pons).

Sorbier, notaire parisien, à qui, de sa Normandie, Chesnel (Choisnel) écrivit en 1822, pour recommander l’écervelé Victurnien d’Esgrignon. Malheureusement Sorbier était mort, et la lettre fut remise à sa veuve (Le Cabinet des Antiques).

Sorbier (Madame), femme du précédent, mentionnée dans la missive de Chesnel (Choisnel) datée de 1822 et concernant Victurnien d’Esgrignon. — Elle lut à peine le billet et le remit simplement au successeur de son mari défunt, maître Cardot. Inconsciemment, la veuve servit ainsi M. du Bousquier (du Croisier), adversaire des d’Esgrignon (Le Cabinet des Antiques).

Soria (Don Fernand, duc de), frère cadet de don Felipe de Macumer, comblé des bontés de son frère aîné, lui dut, par l’effet d’un abandon volontaire, le duché de Soria, ainsi que la main de Marie Hérédia. Soria ne fut point ingrat ; il accourut au chevet d’agonie de Macumer, en 1829. — La mort de celui-ci fit don Fernand baron de Macumer (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Soria (Duchesse de), femme du précédent, née Marie Hérédia, fille du riche comte Hérédia, fut aimée de deux frères : don Fernand, duc de Soria, et don Felipe de Macumer. Destinée au second, elle épousa le premier, suivant le penchant de son cœur, le baron de Macumer ayant généreusement renoncé à sa main, en faveur de don Fernand. La duchesse lui conserva une vive reconnaissance de son dévouement, et, plus tard, elle entoura de soins son lit de mort (1829) (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Sormano, serviteur « farouche » des Argaïolo[14] au temps de leur exil en Suisse, figure, comme personnage féminin, sous le nom de Gina, dans la nouvelle autobiographique d’Albert Savarus, intitulée : l’Ambitieux par amour (Albert Savarus).

Souchet, agent de change de Paris, dont la faillite ruina Guillaume Grandet, frère du célèbre tonnelier de Saumur (Eugénie Grandet).

Souchet (François), prix de Rome pour la sculpture vers le commencement du règne de Louis XVIII, ami intime d’Hippolyte Schinner, reçut la confidence de son amour pour Adélaïde Leseigneur de Rouville et le railla (La Bourse). Vers 1835, avec Steinbock, Souchet fit les dessus de portes et les cheminées du somptueux hôtel de Laginski, situé, à Paris, rue de la Pépinière (La Fausse Maîtresse). Il avait donné à Florine (plus tard madame Raoul Nathan) le plâtre d’un groupe représentant un ange tenant un bénitier, qui ornait, en 1831, le fastueux appartement de l’actrice (Une Fille d’Ève).

Soudry, né en 1773, fourrier dans l’artillerie, se fit un protecteur de M. de Soulanges, alors adjudant général, en le défendant au péril de sa vie. Devenu brigadier de la gendarmerie de Soulanges (Bourgogne), Soudry, en 1815, épousa mademoiselle Cochet, ancienne femme de chambre de Sophie Laguerre. Six ans plus tard, il fut mis à la retraite, sur la demande de Montcornet, et remplacé dans sa brigade par Viallet ; mais, soutenu par l’influence dont disposait François Gaubertin, il fut nommé maire de Soulanges et devint l’ennemi redoutable des Montcornet. Comme Grégoire Rigou, le beau-père de son fils, l’ancien gendarme eut pour maîtresse, sous le toit conjugal, sa servante Jeannette, plus jeune que madame Soudry (Les Paysans).

Soudry (Madame), femme du précédent, née Cochet en 1763. — Femme de chambre de Sophie Daguerre, propriétaire des Aigues avant Montcornet, elle s’entendit avec l’intendant du domaine, François Gaubertin, pour exploiter l’ex-pensionnaire de l’Opéra. Vingt jours après l’enterrement de sa maîtresse, la Cochet épousa le brigadier Soudry, son amant, homme superbe, quoique marqué de la petite vérole. Sous Louis XVIII, madame Soudry, qui s’attachait maladroitement à copier la défunte Sophie Laguerre, trôna au milieu de la première société de Soulanges, dans son salon fréquentaient les adversaires de Montcornet (Les Paysans).

Soudry, fils naturel du brigadier de gendarmerie Soudry, légitimé lors du mariage de son père avec mademoiselle Cochet, en 1815. — Le jour où Soudry acquit officiellement une mère, il venait d’achever son droit à Paris. Il y connut le fils de Gaubertin, pendant un séjour qu’il devait d’abord prolonger pour faire son stage d’avocat et passer ensuite magistrat ; mais il regagna la Bourgogne afin d’occuper une charge d’avoué que son père paya trente mille francs. Néanmoins, abandonnant la chicane, Soudry se trouva bientôt substitut du procureur du roi dans un département bourguignon, et, vers 1817, procureur du roi sous les ordres du procureur général Bourlac, qu’il remplaça d’ailleurs en 1821, grâce à la protection de François Gaubertin. Il épousa alors mademoiselle Rigou (Les Paysans).

Soudry jeune (Madame), femme du précédent, née Arsène Rigou, fille unique du riche Grégoire Rigou et d’Arsène Rigou, rappela son père par son caractère sournois, et, par sa beauté, sa mère, née Arsène Pichard (Les Paysans).

Soulanges (Comte Léon de), né en 1777, était colonel de l’artillerie de la garde en 1809. — Au mois de novembre de cette année, il se trouva chez les Malin de Gondreville, dans leur hôtel, à Paris, un soir de grande fête : il y rencontra Montcornet, ami de régiment ; madame de Vaudremont, qu’il avait eue pour maîtresse, accompagnée de Martial de la Roche-Hugon, son nouvel amant ; enfin, sa femme délaissée, madame de Soulanges, qui avait cessé de fréquenter le monde, mais amenée chez le sénateur par madame de Lansac, en vue d’une réconciliation qui se produisit effectivement (La Paix du Ménage). Léon de Soulanges eut, de son mariage, plusieurs enfants : un fils, des filles ; ayant refusé l’une d’elles, comme étant trop jeune, en mariage à Montcornet, il se fit un ennemi du général. Le comte, resté fidèle aux Bourbons pendant les Cent-Jours, fut nommé pair de France et devint général d’artillerie. Distingué par le duc d’Angoulême, il fut pourvu d’un commandement pendant la guerre d’Espagne (1823), se fit remarquer au siège de Cadix, et atteignit les plus hauts grades de la hiérarchie militaire. M. de Soulanges, qui était très riche, posséda, sur le territoire de la commune de Blangy (Bourgogne), une forêt et un château dépendant des Aigues, propriété qui, du reste, avait autrefois appartenu à la maison de Soulanges : du temps des croisades, un ancêtre du comte avait créé ce domaine. — Soulanges avait comme devise : « Je soule agir ». Ainsi que M. de Ronquerolles, il eut avec Montcornet d’assez mauvais rapports de voisinage et parut soutenir François Gaubertin, Grégoire Rigou, et Soudry, adversaire du futur maréchal (Les Paysans).

Soulanges (Comtesse Hortense de), femme du précédent et nièce des duchesses de Lansac et de Marigny. — En novembre 1809, dans un bal, donné par Malin de Gondreville, conseillée par madame de Lansac, la comtesse, alors en froid avec son mari, sut triompher de sa timidité fière et reprit à Martial de la Roche-Hugon une bague qu’elle avait d’abord reçue de son mari ; M. de Soulanges l’avait ensuite passée à madame de Vaudremont, sa maîtresse, qui l’avait donnée à son amant, M. de la Roche-Hugon : cette restitution amena la réconciliation du ménage (La Paix du Ménage). Hortense de Soulanges reçut en héritage, de madame de Marigny (qui mourut vers 1820), la terre de Guébriant, sous réserve de viager (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais). — Madame de Soulanges suivit son mari en Espagne, lors de la guerre de 1823 (Les Paysans).

Soulanges (Amélie de), la plus jeune des filles des précédents, aurait épousé, en 1828, le comte Philippe de Brambourg, sans les désastreuses révélations fournies par Bixiou sur le frère de Joseph Bridau (La Rabouilleuse).

Soulanges (Vicomte de), sans doute frère de la précédente, était, en 1836, chef d’escadrons de hussards à Fontainebleau ; il devait alors, en compagnie de Maxime de Trailles, assister Savinien de Portenduère dans un duel avec Désiré Minoret, duel empêché par la mort imprévue de ce dernier, et qui aurait eu pour motif les procédés infâmes des Minoret-Levrault envers Ursule Mirouet, future vicomtesse de Portenduère (Ursule Mirouet).

Soulas (Amédée-Sylvain-Jacques de), né en 1809, gentilhomme de Besançon, d’origine espagnole (le nom s’écrivait Souleyas, au temps où la Franche-Comté appartenait à l’Espagne), trouva le moyen de briller dans le chef-lieu du Doubs, avec un revenu de quatre mille francs, qui lui permettait de se faire servir par « le tigre Babylas ». Un pareil désaccord entre sa fortune et son train de vie peut faire pressentir le caractère de ce personnage, qui rechercha vainement la main de Rosalie de Watteville, mais épousa, vers le mois d’août 1837, madame de Watteville, mère, devenue veuve (Albert Savarus).

Soulas (Madame Amédée de), née Clotilde-Louise de Rupt en 1798, traits et caractère durs, blonde d’un blond ardent, fut mariée, en 1815, au baron de Watteville, qu’elle sut aisément gouverner. Elle domina moins facilement Rosalie, sa fille, à qui elle essaya inutilement de faire épouser M. de Soulas. La présence à Besançon d’Albert Savarus, aimé secrètement de Mademoiselle de Watteville, donna, pendant le règne de Louis-Philippe, une couleur politique au salon des parents de Rosalie. Lassée de l’obstination de sa fille, madame de Watteville, alors veuve, épousa M. de Soulas : elle vécut à Paris, du moins l’hiver, et sut rester la maîtresse du logis (Albert Savarus).

Sparchmann, chirurgien de l’hôpital d’Heilsberg, soigna le colonel Chabert après la bataille d’Eylau (Le Colonel Chabert).

Spencer (Lord) acheta, vers 1830, à la vente faite par Balthazar Claës, de magnifiques boiseries sculptées par van Huysum, ainsi que le portrait du président van Claës, Flamand du XVIe siècle ; trésors de famille dont le père de mesdames de Solis et Pierquin se trouvait forcé de se séparer (La Recherche de l’Absolu).

Spieghalter, mécanicien allemand demeurant à Paris, rue de la Santé, au commencement du règne de Louis-Philippe, essaya vainement de distendre, par la pression, le battage et le laminage les plus énergiques, la singulière peau de chagrin que lui soumit Raphaël de Valentin, amené par le professeur de mécanique Planchette (La Peau de Chagrin).

Sponde (L’abbé de), né vers 1746, fut grand vicaire de l’évêque de Séez. — Oncle maternel, tuteur, hôte, commensal de madame Rose-Victoire du Bousquier (d’Alençon), née Cormon, il mourut en 1819, presque aveugle, et singulièrement attristé par le récent mariage de sa nièce. Détaché entièrement des intérêts mondains, il menait une vie ascétique, sans emphase, uniquement préoccupé de son salut, de mortifications, d’œuvres de charité tenues secrètes (La Vieille Fille).

Staël-Holstein (Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de), fille du fameux Genevois Necker, née à Paris en 1766 ; devenue la femme de l’ambassadeur de Suède en France ; auteur de l’Allemagne, de Corinne, de Delphine ; célèbre par sa lutte contre Napoléon Bonaparte ; belle-mère du duc Victor de Broglie et grand’mère des Broglie actuels ; morte durant l’année 1817. — Elle séjourna, à différentes reprises, dans le Vendômois, momentanément exilée. Pendant un premier séjour aux bords de la Loire, elle fut saluée par cette singulière formule admirative : « Fameuse garce ! » (Les Chouans). Plus tard, madame de Staël rencontra Louis Lambert, enfant et déguenillé, plongé dans la lecture de la traduction de : Le Ciel et l’Enfer, de Swedenborg, le remarqua, le fit élever au collège de Vendôme, où il eût, comme camarade (1811), le futur ministre Jules Dufaure ; mais elle oublia son protégé, perdu plutôt que servi par cette illustre recommandation (Louis Lambert). Vers 1823, Louise de Chaulieu (madame Marie-Gaston) croyait encore vivante madame de Staël, décédée en 1817 (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Stanhope (Lady Esther), nièce de Pitt, rencontrée en Syrie et dépeinte par l’auteur du Voyage en Orient (Lamartine), avait envoyé à lady Dudley un cheval arabe que celle-ci céda à Félix de Vandenesse en échange d’un Rembrandt (Le Lys dans la Vallée). Madame de Bargeton, s’ennuyant à Angoulême dans les premières années de la Restauration, portait envie à ce « bas-bleu du désert », — Le père de lady Esther, le comte Charles Stanhope, vicomte de Mahon, pair d’Angleterre, savant distingué, inventa une presse à imprimer, célèbre sous le nom de presse Stanhope, dont l’avare et routinier Jérôme-Nicolas Séchard parlait avec mépris devant son fils (Illusions perdues).

Staub, Allemand, célèbre tailleur de Paris, en 1821, fit pour Lucien de Rubempré, à crédit sans doute, des vêtements qu’il vint essayer, lui-même, au poète, à l’hôtel du Gaillard-Bois, rue de l’Échelle. Un peu plus tard encore, il habilla Lucien, amené chez lui par Coralie (Illusions perdues).

Steibelt, célèbre musicien, fut, à Nantes, pendant l’Empire, le professeur de Félicité des Touches (Béatrix).

Steinbock (Comte Wenceslas), né à Prélie (Livonie) en 1809 ; petit-neveu d’un des généraux de Charles XII. Exilé dès sa jeunesse, il vint habiter à Paris, et, par vocation autant que par misère, se fit ciseleur et sculpteur. Collaborateur de François Souchet, compatriote de Laginski, Wenceslas Steinbock travailla à la décoration de l’hôtel du Polonais, dans la rue de la Pépinière (La Fausse Maîtresse). Installé chétivement, rue du Doyenné, et devenu le voisin de Lisbeth Fischer, il fut sauvé du suicide par la vieille fille, qui lui rendit le courage, la volonté et lui procura des ressources. Wenceslas Steinbock travailla donc et réussit. Un hasard ayant fait connaître une de ses œuvres aux Hulot d’Ervy, le mit en rapport avec eux ; il aima leur fille, en fut aimé, et l’épousa. Les commandes affluèrent alors chez Wenceslas, demeurant rue Saint-Dominique-Saint-Germain, près de l’Esplanade des Invalides, non loin du dépôt des marbres, où l’État lui avait accordé un atelier. Il fut chargé du monument élevé au maréchal de Montcornet. Mais la rancune vindicative de Lisbeth Fischer, autant que sa propre faiblesse de caractère, le firent tomber sous la funeste domination de Valérie Marneffe, dont il devint l’amant ; comme Stidmann, Vignon, Massol, il fut témoin du second mariage de cette femme. Steinbock réintégra le domicile conjugal, rue Louis-le-Grand, sur la fin du règne de Louis-Philippe ; artiste épuisé, il se confina dans le rôle stérile de critique : la rêverie paresseuse remplaça la puissance de conception (La Cousine Bette).

Steinbock (Comtesse Wenceslas), femme du précédent ; née Hortense Hulot d’Ervy en 1817 ; fille d’Hector Hulot d’Ervy et d’Adeline Fischer ; sœur cadette de Victorin Hulot. — Belle, ayant par ses parents une brillante situation dans le monde, mais dépourvue de dot, elle choisit, elle-même, son mari. Douée de la fermeté des âmes fières, madame Steinbock excusa difficilement Wenceslas infidèle et lui pardonna seulement sur le tard sa trahison conjugale. Ses épreuves finirent avec les dernières années du règne de Louis-Philippe. La prévoyante sagesse de son frère Victorin, les dispositions testamentaires du maréchal Hulot, de Lisbeth Fischer et de Valérie Crevel amenèrent enfin l’opulence dans le ménage de la comtesse, qui habita successivement les rues de l’Université, Saint-Dominique-Saint-Germain, Plumet et Louis-le-Grand (La Cousine Bette).

Steinbock (Wenceslas), fils unique des précédents, né quand ses parents vivaient unis, resta chez sa mère, après leur séparation (La Cousine Bette).

Steingel, Alsacien, fils naturel du général Steingel, qui succomba au début des campagnes d’Italie pendant la République, fut, en Bourgogne, vers 1823, sous les ordres du garde général Michaud, l’un des trois gardes des propriétés de Montcornet (Une Ténébreuse Affaire. — Les Paysans).

Stevens (Miss Dinah), née en 1791, fille d’un brasseur anglais, assez laide, économe, puritaine, possédait deux cent quarante mille francs de rente et en attendait autant de son père ; la marquise de Vordac, qui la rencontra dans quelque ville d’eau, en 1827, parlait d’elle à son fils, Marsay, comme un bon parti, et Marsay prétendait alors épouser l’héritière ; ce qu’il fit probablement, car il laissa une veuve qui lui éleva, au Père-Lachaise, un superbe monument, œuvre de Stidmann (Le Contrat de Mariage. — Le Cousin Pons).

Stidmann, célèbre ciseleur et sculpteur parisien au temps de la Restauration et de Louis-Philippe, maître de Wenceslas Steinbock, grava, moyennant sept mille francs, une chasse au Renard sur le pommeau d’or, enrichi de rubis, d’une cravache qu’Ernest de la Brière donna à Modeste Mignon (Modeste Mignon). À la demande de Fabien de Ronceret, Stidmann se chargea de lui décorer un appartement, rue Blanche (Béatrix) ; composa les modèles d’une garniture de cheminée destinée aux Hulot d’Ervy ; fut au nombre des invités de mademoiselle Brisetout inaugurant son petit hôtel de la rue Chauchat (1838) ; dans la même année, assista à la célébration du mariage de Wenceslas Steinbock avec Hortense Hulot ; connut Dorlange (Sallenauve) ; comme Vignon, Steinbock, Massol, il fut encore témoin du second mariage de Valérie Marneffe avec Célestin Crevel ; devint secrètement amoureux de madame Steinbock négligée par son mari (Le Député d’Arcis. — La Cousine Bette) ; exécuta les monuments funèbres de Charles Keller et de Marsay (Le Cousin Pons). En 1845, Stidmann entra à l’Institut (Les Comédiens sans le savoir).

Stopfer (M. et madame), anciens tonneliers de Neuchâtel, tenaient à Gersau (canton de Lucerne), près du lac, en 1823, l’auberge du Cygne, où descendit Rodolphe, tandis que le même village abritait les Gandolphini, dissimulés sous le nom de Lovelace (L’Ambitieux par amour dans Albert Savarus).

Sucy (Général baron Philippe de), né en 1789, servit sous l’Empire ; il était au passage de la Bérésina, où il essaya d’assurer le salut de Stéphanie de Vandières, sa maîtresse, femme d’un général, dont il perdit ensuite les traces. Sept ans plus tard cependant, colonel, officier de la légion d’honneur, chassant avec un ami, le marquis d’Albon, près de l’Isle-Adam, Sucy retrouva, chez le docteur aliéniste Fanjat, madame de Vandières atteinte de folie, et il entreprit de lui rendre la raison. Dans ce but, il organisa, au milieu d’une de ses propriétés, à Saint-Germain, la reproduction exacte de la scène des adieux de 1812 : la folle le reconnut, en effet, mais mourut immédiatement. Promu général, Sucy, en proie à un incurable désespoir, finit par se tuer (Adieu).

Suzanne, prénom réel de madame Théodore Gaillard, sous lequel seul, en 1816, elle fut connue des gens d’Alençon : les Valois, Granson, Bousquier, Lardot (La Vieille Fille).

Suzannet fut, ainsi que l’abbé Vernal, le comte de Fontaine et M. de Châtillon, l’un des quatre chefs vendéens, lors du soulèvement de l’Ouest, en 1799 (Les Chouans).

Suzette fut, pendant les premières années du règne de Louis XVIII, à Paris, femme de chambre d’Antoinette de Langeais, vers le temps où la duchesse recevait Montriveau (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Suzon fut longtemps valet de chambre de Maxime de Trailles (Un Homme d’Affaires. — Le Député d’Arcis).

Sylvie, cuisinière dans la maison de madame veuve Vauquer, rue Neuve-Sainte-Geneviève, entre les années 1819 et 1820, époque où Jean-Joachim Goriot, Eugène de Rastignac, Jacques Collin, Horace Bianchon, les Poiret, madame Couture, Victorine Taillefer y prenaient pension (Le Père Goriot).


  1. Partie de la rue du Temple actuelle entre les rues de la Verrerie et Saint-Merry.
  2. Vanté, en 1836, au château de madame de la Baudraye par Étienne Lousteau, Horace Bianchon, etc.
  3. Aujourd’hui rue d’Assas.
  4. Ou Lutherbourg, ou encore Lauterbourg, et omis à dessein dans le Répertoire, en raison des divergences d’orthographe du nom.
  5. Fameux procès criminel du temps.
  6. Aujourd’hui, rue Boissy-d’Anglas.
  7. Peut-être l’ancien logis de Napoléon Bonaparte.
  8. Ou Mirouët, l’orthographie exacte du nom est assez incertaine. — L’édition définitive donne néanmoins Mirouët.
  9. Sa paroisse était l’église Saint-Laurent, qui prit, un moment, pendant la Révolution, le nom de Temple de la Fidélité.
  10. La famille de Sérizy porte parti d’or et de sable à un orle de l’un à l’autre et deux losanges de l’un en l’autre. — Les auteurs de ce Répertoire croient utile d’avertir le lecteur qu’ils n’ont pu y faire figurer l’armorial d’une manière complète, M. de Lovenjoul, se réservant de le publier en entier.
  11. Voie aujourd’hui peu aristocratique.
  12. Ce ministère fut ensuite transporté successivement boulevard des Capucines et quai d’Orsay, où il est actuellement situé.
  13. Actuellement cité du Retiro.
  14. Ce nom s’écrit aussi Argaiolo, sans tréma.