Commentaire sur la grammaire Esperanto 1903/Ch18

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SUPPLÉMENT

Compléments des participes-substantifs. — Ces participes étant, comme l’indique leur finale caractéristique o, de véritables substantifs suivent en tout la règle générale des noms. Par conséquent leurs compléments sont toujours précédés de la préposition voulue par l’idée à rendre et, pas plus que n’importe quel autre complément de nom, ils ne se mettent à l’accusatif sans préposition. On ne peut donc dire la konsilanto mian patron, la tradukinto tiun libron ; il faut absolument la konsilanto de mia patro, la tradukinto de tiu libro.

Note sur POR, ANSTATAŬ, ANTAŬ OL.

Pourquoi les prépositions por, anstataŭ, antaŭ ol, se rencontrent-elles devant l’infinitif présent, en Esperanto, quand, d’après tous les exemples fournis par le docteur Zamenhof, ni sen, ni post, pas plus d’ailleurs qu’aucune autre préposition, ne figurent jamais devant aucun infinitif de cette langue ?

Por, anstataŭ, antaŭ ol précèdent, selon les cas, l’infinitif présent de l’Esperanto, parce que l’idée qu’elles servent à exprimer ne peut être rendue par aucune forme particulière du verbe. Il n’y a en effet, dans la conjugaison esperanto, aucune forme spéciale exprimant à elle seule l’idée de pour faire telle ou telle chose, au lieu de faire telle ou telle chose, avant de faire telle ou telle chose. Force est donc de dire por, anstataŭ, antaŭ ol dormi, manĝi, trinki, etc., pour au lieu de, avant de dormir, manger, boire, etc.

Mais il n’en est pas de même pour sen et post. L’idée qu’exprimerait leur combinaison avec l’infinitif se trouve logiquement rendue par le participe adverbe présent ou passé, actif ou passif. Ex. : Ne timante en ne craignant pas = sans craindre ; ne timinte en n’ayant pas craint = sans avoir craint ; ne amate en n’étant pas aimé = sans être aimé ; ne amite en n’ayant pas été aimé = sans avoir été aimé ; ferminte ayant fermé = après avoir fermé ; salutite ayant été salué = après avoir été salué ; ne salutite n’ayant pas été salué = sans avoir éié salué. Si l’anglais dit after eating et le français après avoir mangé et si d’autres langues agissent de même, c’est parce qu’il leur est impossible d’exprimer l’idée d’une manière plus simple. Ces langues imiteraient certainement l’Esperanto, si leur conjugaison possédait comme la sienne une forme spéciale les dispensant d’employer sen et post devant le participe présent comme en anglais, ou l’infinitif passé comme en français. Si nous les imitions en Esperanto, nous y ferions passer sans aucune raison de vrais idiotismes de nos langues.