Commission du Vieux Paris/18 janvier 1900

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Procès-verbal de la Commission du Vieux Paris, 18 janvier 1900
Commission du Vieux Paris

procès-verbal


1. — Liste des membres présents et excusés.

2. — Offre, pour l’exposition de la Commission du Vieux Paris, d’un travail de tapisserie à l’aiguille représentant le plan dit « Plan de la tapisserie ».

3. — Vœu relatif aux Amènes de Lutèce.

4. — Offre d’une photographie de l’ancienne mairie du 10e arrondissement.

5. — Don de photographies prises dans le quartier de la Bièvre.

6. — Remerciements au Conseil municipal de Paris et au Conseil général de la Seine pour le vote du budget de la Commission du Vieux Paris.

7. — Dégagement du Conservatoire des arts et métiers.

8. — Verrières de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.

9. — Incident relatif au déplacement du regard Saint-Martin (anciennes eaux de Belleville).

10. — Observations relatives aux fontaines marchandes.

11. — Demande d’identification d’une épée suspendue dans l’église de Montereau.

12. — Communication relative au numérotage des maisons en 1726.

13. — Communication relative à la sépulture de Le Peletier de Saint-Fargeau.

14. — Photographie de l’ancienne mairie de La Chapelle.

15. — Vœu tendant à la réfection du dallage du Pont-Neuf.

16. — Nomination d’une commission spéciale .chargée d’organiser l’exposition des travaux de la Commission du Vieux Paris.

17. — Présentation d’un album contenant des reproductions de l’ancienne prison de Sainte-Pélagie.

18. — Transmission, aux services compétents et aux personnes intéressées, des décisions prises au cours de la séance du 7 décembre 1899.

19. — Rapport sur le livre offert à la Commission du Vieux Paris par M. Dariès.

20. — Visite du nouveau square de la Sorbonne.

21. — Communication au sujet du palais de la Chambre des députés.

22. — Découverte de vestiges anciens sous le théâtre de l’Odéon.

23. — Visite de caves anciennes rue de Cluny, n°11.

24. — Rapport présenté par M. Lucien Lambeau, au nom de la lre Sous-commission, sur un tableau placé dans l’église Saint-Gervais et attribué à Albert Durer par l’administration de l’église.

25. — Communication de M. Charles Sellier relative à la dénomination de la rue du Château-Landon et observations sur les noms des rues.

26. — Vœu relatif aux inscriptions à placer sur les monuments.

27. — Rapport sur les travaux exécutés par le service de l’Inspection des carrières relativement à l’étude de l’ancien sol de Paris.

28. — Un cimetière gallo-romain et mérovingien à Bry-sur-Marne.

29. — Question de la création de membres correspondants de la Commission du Vieux Paris.

30. — Fouilles exécutées dans Paris.

31. — Communication au sujet de la reproduction d’un cortège royal sous Louis XV.

32. — Communication relative à la chapelle de la prison de Sainte-Pélagie.

33. — Communication relative aux monuments de Paris classés comme historiques : relevés, dessins et aquarelles des Archives de la Commission des monuments historiques.

34. — Au sujet de la tombe de l’abbé Groult, au cimetière de Vaugirard.

35. — Observations relatives au pavillon de Hanovre.


La séance est ouverte à deux heures et demie, sous la présidence de M. le Préfet de la Seine, président.

1. — Liste des membres présents et excusés.

Assistent à la séance : MM. Alfred Lamouroux, Louis Lueipia, Quentin — Bauchart, Lampué, Breuillé, Froment-Meurice, Bruman, Auge de Lassus, Bunel, Gosselin-Lenôtre, Guiffrey, André Laugier, Edgar Mareuse, Georges Montorgueil, Charles Normand, Jules Périn, Tourneux, Le Roux, Brown, Le Vayer, Hyérard, le docteur Capitan, Guillemet, Selmersheim, Garnier, Doniol.

Secrétaires : MM. Lucien Lambeau, Charles Sellier, Tesson.

Excusés : MM. Chassaigne Goyon, A. Longnon, Edouard Détaille, Georges Gain.

2. — Offre, pour l’exposition de la Commission du Vieux Paris, d’un travail de tapisserie à l’aiguille représentant le plan de Paris dit « Plan de la tapisserie. »

M. Alfred Lamouroux, vice-président, donne lecture d’une lettre de Mmes Lépine, 18 bis, rue Denfert-Rochereau, offrant d’exposer, dans la partie affectée à l’exposition des travaux de la Commission du Vieux Paris, à l’Exposition universelle, une reproduction faite par elles du plan de Paris, dit « Plan de la tapisserie », de 1512 à 1547, exécutée en tapisserie à l’aiguille.

M. Le Vayer dit qu’il a eu la bonne fortune de pouvoir examiner le travail en question et qu’il le considère comme tout à fait remarquable et d’une exactitude absolue.

M. Edgar Mareuse pense qu’avant de s’engager il faudrait peut-être examiner si le plan reconstitué est conforme avec les données que l’on peut avoir de l’original.

M. Alfred Lamouroux dit que l’identification du plan reconstitué et son exactitude plus ou moins parfaite ne sont pas l’affaire de la Commission du Vieux Paris. Elle n’a pas eu à intervenir pour sa confection et ne saurait prendre aucune responsabilité à ce sujet. Il s’agit simplement de savoir si elle veut le faire figurer dans son exposition particulière. Il propose de renvoyer la lettre de Mmes Lépine à l’examen de la future Commission de l’Exposition.

M. Le Vayer ajoute qu’il a pu comparer le travail fait avec les neuf gouaches qui ont servi de modèle ; il affirme à nouveau que l’exécution est parfaite et mérite les plus grands éloges.

M. Jules Périn appuie les paroles de M. Le Vayer. Il a également vu le plan reconstitué et il le trouve tout à fait digne de figurer à l’exposition de la Commission.

La lettre de Mmes Lépine est renvoyée à la Commission spéciale de l’exposition. Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/8 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/9 d’environ 800,000 francs, que l’État serait disposé à supporter, ainsi que cela résulte d’une dépêche de M. le ministre du Commerce en date du 11 novembre dernier, à condition que la Ville contribuât à l’opération en faisant à l’État la cession gratuite des terrains communaux en bordure de la rue Réaumur et de la rue Vaucanson ainsi que du sol déclassé de la rue du Général-Morin ; lesdits terrains teintés bleus au plan n° 1 joint au dossier.

Il convient de remarquer que ces terrains ne sauraient être cédés qu’à l’État puisqu’aux termes du décret d’utilité publique l’expropriation en a été autorisée en vue même du dégagement du Conservatoire et que, d’autre part, ils sont en partie grevés de servitudes.

La valeur de ces terrains, d’une surface de 881 mètres, représentant sensiblement une somme de 800,000 francs, il s’ensuivrait que l’État et la ville de Paris contribueraient à l’opération dans des proportions à peu près égales.

J’ajoute que l’État assurerait à ses frais la réfection de l’ancienne église Saint-Martin-des-Champs et la mise en état de jardin des terrains dont il s’agit ; qu’en outre, il prendrait l’engagement de n’élever sur cet emplacement aucune construction autre que celles teintées en rose sur le plan n° 2 également annexé et de laisser le jardin ouvert au public trois jours par semaine.

Cette opération aurait pour avantages de régulariser l’alignement de la rue Vaucanson, de mettre en valeur un édifice d’une architecture particulièrement remarquable et de doter Paris d’un nouveau square et d’un attrait de plus.

La Commission des indemnités, à qui l’affaire a été soumise dans sa séance du 9 décembre dernier, a émis un avis favorable à la proposition de l’État.

J’ai, en conséquence, l’honneur de vous prier, Messieurs, de vouloir bien adopter en principe la cession gratuite à l’État des terrains communaux nécessaires au dégagement du Conservatoire des arts et métiers, sous les conditions ci-dessus indiquées, et j’aurai à vous soumettre ultérieurement les résultats des pourparlers suivis par l’Administration avec l’État ainsi que la convention à intervenir.

Je vous demande donc, Messieurs, d’adopter le projet de délibération suivant :

Le Conseil, Vu le mémoire, en date du 20 décembre 1899, par lequel M. le Préfet de la Seine lui

soumet une proposition de M. le ministre du Commerce tendant au dégagement du Conservatoire des arts et métiers ;

Vu les plans annexés ;

Vu l’avis de la. Commission des indemnités,

Délibère :

Article premier. — M. le Préfet de la Seine est autorisé à poursuivre les négociations avec l’État au sujet du dégagement du Conservatoire des arts et métiers et à consentir, en principe, la cession gratuite des terrains communaux en bordure des rues Réaumur et Vaucanson teintés en bleu au plan n° 1 ci-annexé, ainsi que du sol déclassé de ’la rue du Général-Morin, à charge par l’État :

1° De procéder immédiatement, à ses frais, à l’expropriation des trois immeubles nécessaires pour compléter l’opération dont il s’agit ;

2° De livrer à la ville de Paris, à titre de soulte, le terrain, appartenant à l’État, situé à l’angle de la rue Colbert et de la rue de Richelieu et qui a été détaché de l’ancien périmètre de la Bibliothèque nationale depuis plusieurs années.

Art. 2. — Aucune construction ne pourra •< être élevée sur l’emplacement ainsi obtenu, en dehors des parties teintées en rose au plan n° 2, également annexé, le surplus devant être approprié en jardin.

Art. 3. — Un projet de convention définitive devra être soumis ultérieurement au Conseil. »

Ces conclusions sont adoptées. »

M. Alfred Lamouroux rappelle que le dégagement du Conservatoire des arts et métiers a toujours été le vœu le plus cher de la Commission du Vieux Paris ; il propose d’envoyer au Conseil municipal l’expression de ses remerciements.

Adopté.

La Commission décide, en outre, que les plans dont il est question dans le rapport de M. Caron seront annexés au procès-verbal.

8. — Verrières de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.

M. Alfred Lamouroux donne lecture d’un extrait du procès-verbal de la séance du 22 décembre 1899, dans laquelle le. Conseil municipal a alloué un crédit pour la restauration des verrières de Saint-Germain-l’Auxerrois :

RÉPARATION ET NETTOYAGE DES VERRIERES DE L’ÉGLISE SAINT-GÉRMAIN-L’AUXERROIS.

M. Paul BERNIER, au nom de la 2e Commission. — Messieurs, dans sa séance du lor juin dernier, la Commission du. Vieux Paris a émis un vœu tendant à obtenir un crédit de 1,500 francs destiné au nettoyage et à la réparation des anciennes verrières de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.

Des magnifiques vitraux du 15e et du 16e siècle qui décoraient cette vieille église, il ne reste plus aujourd’hui que les deux roses du transept, les quatre fenêtres du croisillon nord et les deux fenêtres du croisillon sud, tous les autres vitraux sont modernes.

Ces vieilles verrières sont, en effet, dans un état déplorable ; l’opération réclamée par la Commission du Vieux Paris s’impose absolument, si on veut éviter que ces vitraux ne se détériorent complètement au plus grand détriment de l’art.

Toutefois, comme l’église Saint-Germainl’Auxerrois est un monument classé, l’Administration devra solliciter du service des Monuments historiques une contribution pour le paiement de la dépense, égale au tiers du devis dressé, soit 500 francs, ce qui réduirait la part incombant à la Ville à la somme de 1,000 francs.

Étant donnée la modicité de cette dépense et l’intérêt qui s’attache au point de vue artistique à la conservation de ces vitraux, nous vous proposons de faire droit à la demande de la Commission du Vieux Paris et d’adopter une délibération autorisant le prélèvement sur la réserve du budget communal de l’exercice 1899, chap. 23, article unique, avec rattachement au chap. 28, art. 14 à créer, dudit budget, de la somme de 1,000 francs qui, ajoutée aux 500 francs à réclamer au service des Monuments historiques, constituera la somme nécessaire aux travaux de nettoyage et de réparation des magnifiques vitraux de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois.

Les conclusions de la Commission sont adoptées. »

La Commission décide que des remerciements seront transmis au Conseil municipal à ce sujet.

M. Tesson dit que la visite faite le 28 mai 1898 aux vitraux de Saint-Germain-l’Auxerrois a été l’occasion de l’étude de principe entreprise par la lre Sous-commission au sujet de

l’entretien et de la réparation des vitraux des églises qui sont encore en grand nombre, malgré les pertes que l’on déplore, et constituent à l’heure actuelle une des richesses d’art les plus estimées de la ville de Paris.

Sous la conduite de M. Carot, dont la compétence d’artiste peintre verrier est reconnue, la Commission a examiné de très près un grand nombre de verrières anciennes et a reconnu pour la plupart la nécessité et l’urgence même de travaux de réparation et de restauration, rendus indispensables par suite de l’état défectueux actuel.

On a posé la question de savoir s’il n’y aurait pas lieu de signaler à l’Administration d’une manière générale la mauvaise condition des vitraux anciens, de telle façon que le Conseil municipal pût être saisi et amené à se prononcer sur l’application de mesures concernant la conservation.

Mais, tout en reconnaissant l’intérêt très grand qu’il y a à conserver à la ville de Paris des œuvres d’art qui contribuent pour une large part à sa beauté et à sa grandeur, la Commission a reculé devant l’importance de la somme nécessaire pour une restauration totale des vitraux ; elle a pensé à demander à l’Administration de faire nettoyer ■— convenablement et par des personnes compétentes les grandes verrières de Saint-Germain-l’Auxerrois, afin de se rendre compte de l’état de conservation dés couleurs, qui ont pâli dans certains endroits et paraissent avoir été rongées par ce que les spécialistes appellent la poussière d’église.

C’est après ce nettoyage, qui permettra de connaître exactement l’état des verres et des plombs, que l’on pourra porter un jugement sur l’état de nos verrières anciennes et sur le travail que leur restauration intégrale exigerait.

Lors de sa visite en 1898, la Commission a été frappée de la grossièreté d’un grand nombre de réparations minimes qui ont été effectuées par des employés subalternes uniquement préoccupés à bouclier des trous. Le mastic et le plâtre ont joué un rôle important à côté du verre commun, recouvert d’une couleur à l’huile quelconque.

Après ces constatations, la Commission a considéré que le nettoyage des verrières, qui sont peu solides, surtout dans les panneaux inférieurs, ne pourrait être, sans danger pour leur conservation, confié à des mains inexpérimentées et elle a exprimé l’avis que l’on demandât à l’Administration de confier ce travail tout à fait spécial à des artistes verriers qualifiés par leur connaissance reconnue de l’art ancien.

M. le Président estime que la Commission doit savoir gré au Conseil municipal de l’accueil qu’il a bien voulu faire à la proposition de la Commission en allouant une somme de 1,000 francs au nettoyage des vitraux en question. Il propose d’envoyer à cette assemblée les remerciements de la Commission.

Cette proposition est adoptée.

M. Selmersheim pense qu’il serait peut-être utile de s’adresser, pour l’exécution d’un travail aussi particulier, aux spécialistes employés habituellement à la restauration et au nettoyage des vitraux des cathédrales et des monuments historiques.

Cette motion est adoptée.

9. — Incident relatif au déplacement du regard Saint-Martin (anciennes eaux de Belleville).

M. Alfred Lamouroux annonce qu’il a reçu de M. le directeur des Travaux une communication relative au déplacement du regard Saint-Martin, situé rue de Savies. L’Administration a, en effet, l’intention d’établir une barrière au haut de la rue de Savies afin d’éviter que les voitures venant de la rue des Cascades ne s’y engagent et ne soient entraînées par la rapidité de la pente. La position actuelle de ce regard restreint le tournant déjà rapide de cette voie.

M. Charles Sellier pense qu’il faudrait simplement supprimer aux voitures le passage dans cette voie, qui est un véritable précipice.

M. Alfred Lamouroux rappelle à la Commission que, le regard dont il s’agit ayant été dernièrement classé comme monument historique, après avis du Conseil municipal, il faudra chercher une combinaison autre que celle de son déplacement.

M. Selmersheim pense qu’il suffirait de faire établir des marches à la rue dont il s’agit et d’y installer une barrière.

M. Tesson dit que la Commission du Vieux Paris s’est occupée antérieurement de cette affaire et qu’à la séance du 6 octobre 1898 il a été émis un avis nettement opposé au déplacement, à la modification ou au dérasement du regard Saint-Martin. M. Lamouroux indiquait, au cours de cette séance, que les moyens ne manquent pas de rendre plus facile la circulation de la rue des Cascades à la rencontre avec la rue de Savies.

De plus, à la suite d’un vœu unanime de la Commission, l’Administration a obtenu le classement du regard Saint-Martin comme monument historique. Les documents officiels concernant le classement ont été publiés dans le dernier procès-verbal de la Commission.

Il y a donc là un fait accompli qui suffirait par lui-même à écarter toute réclamation nouvelle ; pourtant, la circonstance actuelle fournit l’occasion d’appeler à nouveau l’attention de l’Administration sur le rôle utilitaire du régime d’adduction des anciennes sources du nord et de l’est de Paris.

La Commission du Vieux Paris a été frappée, lors de ses visites dans les regards et dans les aqueducs de Belleville et du Pré-Saint-Gervais, de la magnificence de la construction et des dimensions, bien supérieures aux besoins, de toutes les parties de l’œuvre. En effet, il paraît superflu de donner de 1 mètre à 1 m. 80 c. d’épaisseur aux murs des côtés des aqueducs et d’établir des galeries mesurant de 1 m. 60 c. à 1 m. 92 c. de hauteur pour écouler moins de 300 mètres cubes d’eau en vingt-quatre heures, par une rigole profonde seulement de quelques centimètres. D’un autre côté, les regards sont tous des monuments robustes et spacieux à l’abri de l’injure des temps. Mais il faut considérer que le système d’adduction par pierrées, qui a été employé pour la captation des nombreux ruisselets de la colline de Belleville, constitue un régime de drainage qui ne comporte que des avantages quand le fonctionnement est normal, mais qui amène des inconvénients sérieux dès qu’une partie des travaux périclite. En effet, les pierrées, partout où elles subsistent, recueillent les eaux d’infiltration arrêtées par les marnes imperméables et les conduisent d’abord dans les puisards qui constituent des relais ou des points de jonction, suivant les conditions, puis dans les regards d’où elles se jettent dans l’aqueduc.

L’aqueduc lui-même est formé dans ses murs latéraux d’un blocage de pierres sèches non jointoyées dans la partie inférieure, en sorte que l’eau d’infiltration coule aussi par d’innombrables fissures dans la rigole.

Si, pour des causes aussi importantes que celles qui ont bouleversé le système des anciennes eaux de Belleville — construction du chemin de fer de Ceinture, percement de la rue des Pyrénées, — l’on abandonne une partie des travaux sans la détruire, l’on provoque des accidents. C’est ainsi que des pierrées qui se trouvent coupées n’en continuent pas moins à faire l’office de drains pour chacun de leurs tronçons qui retiennent l’eau et qui peuvent, dans les terrains sablonneux peu épais situés sur des marnes, occasionner des glissements. Il en est de même, mais à un degré plus grand, des dangers que pourrait entraîner la suppression de portions d’aqueducs.

Comme conséquence, il résulte qu’à part l’intérêt puissant que peuvent inspirer les travaux remarquables exécutés par l’édilité parisienne dans des siècles déjà éloignés pour l’adduction d’eau de source, il y a nécessité de conserver, d’entretenir et de surveiller sans cesse toutes les parties dépendant des anciens aqueducs si l’on veut assurer là sécurité du sol.

Le classement des regards est une excellente mesure qui permettra de veiller sans cesse sur les parties apparentes des conduites. Les aqueducs auront prochainement besoin de soins, notamment celui des Maussains au Pré-Saint-Gervais et celui de Saint-Louis à Belleville. Quant au grand aqueduc de la Ville qui part du regard de la Lanterne, il est dans un état de conservation absolument parfait. Mais c’est sur les pierrées qu’il importe de veiller surtout, car il en existe de véritables réseaux qui se communiquent et dont les tracés sont peu connus. Il en a été rencontré récemment dans les travaux de prolongement de la rue Belgrand et l’on a pu remarquer avec satisfaction que M. Dariès, conducteur des eaux de la région, veillait à leur assurer une issue dans l’égout le plus proche.

M. Alfred Lamouroux appuie ce que vient d’exposer M. Tesson au sujet des mesures de conservation et de surveillance à appliquer aux anciennes conduites d’eau et, en ce qui concerne le regard Saint-Martin, du reste classé maintenant, pense que la Commission persistera dans ses conclusions de 1898.

M. le Président consulte la Commission, qui maintient sa délibération du 6 octobre 1898.

La Commission décide que notification du classement du regard Saint-Martin sera transmise à la direction des Travaux.


10. — Observations relatives aux fontaines marchandes.


M. Alfred Lamouroux informe la Commission que M. Arsène Lopin, conseiller municipal, a demandé, au cours de la séance du 11 décembre 1899, qu’une photographie soit prise de la fontaine marchande de la rue de l’Université, fontaine qui va prochainement être démolie. M. Alfred Lamouroux ajoute que le nécessaire a été fait auprès de M. le conservateur du musée Carnavalet pour que le cliché fût pris.

M. Lucien Lambeau, à propos de la démolition de la fontaine dont il s’agit, informe la Commission qu’il existe encore à Paris onze fontaines marchandes, dont il croit intéressant de donner la désignation :

La fontaine du cloître Saint-Merri, rue du Renard, 28.

La fontaine de Courcelles, rue de Courcelles, n° 13.

La fontaine de la Boule-Rouge, rue de la Boule-Rouge, 5.

La fontaine de Montreuil, rue de Montreuil, n°2.

La fontaine de Gentilly, boulevard d’Italie, n°17.

La fontaine de Vaugirard, rue de l’Abbé-Groult, 125 bis.

La fontaine d’Isly, rue du Département, 1.

La fontaine d’Allemagne, rue d’Allemagne, n° 111.

La fontaine de Belleville, rue Pelleport, n° 151.

La fontaine du Père-Lachaise, rue des Pyrénées, 245.

Et enfin la fontaine de l’Université, rue de l’Université, 81.

La fontaine marchande, ajoute M. Lucien Lambeau, peut être considérée comme un vestige du passé ; c’est à ce titre qu’il en entretient la Commission du Vieux Paris. Elle n’est plus, pour le Parisien, abondamment pourvu d’eau qu’il paie toujours, mais n’achète plus depuis longtemps, qu’un souvenir dans lequel il entrevoit vaguement le légendaire porteur d’eau à bretelles, si souventes fois caricaturé par le crayon des Daumier, des Gavarni, des Chain.

Un arrêté du 27 janvier 1865, signé du préfet Haussmann, régissait autrefois et régit encore aujourd’hui les fontaines marchandes et établissait le tarif de la vente : 100 litres d’eau coûtaient 0 fr. 10 c, et le puisage était fixé à 0 fr. 01 c. le seau.

Les préposés à la vente, ou receveurs, fonctionnaires de la Compagnie des eaux, étaient tenus de subir un examen devant l’ingénieur en chef, ils étaient divisés en plusieurs classes et recevaient, en plus du logement dans la Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/14 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/15 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/16 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/17 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/18 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/19 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/20 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/21 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/22 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/23 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/24 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/25 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/26 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/27 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/28 Page:Procès-verbal de la Commission Municipale du Vieux Paris, 1900.djvu/29