Comptes rendus de l’Académie des sciences/Tome 1, 1835/19 octobre

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SÉANCE DU LUNDI 19 OCTOBRE 1835.
PRÉSIDENCE DE M. GEOFFROY St-HILAIRE.



CORRESPONDANCE.

L’Académie accepte le dépôt d’un paquet cacheté, adressé par M. Béniqué, et portant, pour suscription, ces mots : Instrument de Chirurgie.

M. Souberbielle écrit pour signaler quelques erreurs qui se trouveraient, suivant lui, dans le travail de M. Civiale, intitulé : Recherches de statistique sur l’affection calculeuse. (Commissaires, MM. Arago, Poisson, Dulong, Larrey, Double, Libri, Roux.)

M. Leymerie adresse un extrait des observations météorologiques qui se trouvent consignées dans l’ouvrage qu’il a publié en espagnol, sous ce titre : La Médecine révolutionnée par les sciences exactes. (Commissaires, MM. les membres de la section de Médecine et Chirurgie, auxquels est adjoint M. Becquerel.)

M. Thomson répond aux objections contenues dans la dernière lettre de M. Velpeau (V. le Compte rendu de la séance du 21 septembre, page 125) sur l’Anatomie de l’œuf humain. (Commissaires, MM. Magendie, de Blainville, Serres, Dutrochet, Roux.)

Une circulaire, adressée par le secrétaire perpétuel de la Société d’émulation du Jura, fait connaître les noms des membres de la Commission qui est chargée de présider à la souscription relative au monument que cette Société a résolu d’ériger à la mémoire de Bichat, dans la commune de Thoirette (arrondissement de Lons-le-Saulnier), commune qui a l’honneur d’avoir donné naissance à ce grand anatomiste.

Ovologie.Observations sur le développement des œufs de la limace grise et de la limace rouge ; par M.  Laurent.
(Commissaires, MM. Duméril et de Blainville.)

« Anatomie de l’œuf. — Les œufs de la limace grise, qui sont réunis en chapelet, et ceux de la limace rouge, qui sont plus petits et isolés, sont composés ainsi qu’il suit : 1o. d’une coque, calcaire et opaque dans ceux de la limace rouge, mucoso-cornée dans ceux de la limace grise. Cette coque mucoso-cornée est évidemment formée de couches concentriques visibles à de faibles grossissemens. 2o. D’une membrane interne. 3o. De deux albumens ; l’un plus liquide, enveloppant l’autre, qui est plus épais. 4o. D’un vitellus très petit, dont la couleur grise, un peu jaunâtre, varie suivant les incidences de la lumière réfléchie ou réfractée. Ce vitellus, de forme arrondie, un peu aplatie, est souvent ellipsoïde. Il nous a paru comprendre, dans sa structure, une membrane vitelline et un nombre variable (de 15 à 20) de grands globules, qui renferment des globules plus petits. Les intervalles entre les grands et les petits globules, sont remplis par une humeur jaunâtre transparente.

» Dans les vitellus vus au microscope simple et éclairés par réflexion, on voit une tache centrale, blanchâtre, et située plus ou moins près de la circonférence, qui nous a paru n’être qu’un effet de lumière. Le point où le nouvel individu doit se développer est encore plus près de la circonférence du vitellus, qui prend la forme ellipsoïde aussitôt que la vie embryonnaire commence régulièrement.

» Premiers résultats d’observations faites sur le développement des œufs. — Les œufs de la limace grise sont d’une transparence et d’une limpidité si grandes, qu’on peut très aisément observer toutes les manifestations ou apparences pendant le développement des animaux.

» Ceux de la limace rouge étant opaques à cause de leur enveloppe calcaire, nous les avons rendus transparens, mais l’embryon a toujours péri par l’effet de l’action de l’acide employé. Nous avons utilisé ce procédé chimique pour recueillir les embryons de la limace rouge, arrêtés dans les diverses phases de leur développement. Nous croyons devoir l’indiquer comme applicable aux observations embryogéniques à faire sur les œufs à enveloppe calcaire.

» Le corps de l’embryon se montre de bonne heure composé d’une vésicule antérieure, et d’une sorte de rame caudale ; le corps, proprement dit, est situé entre ces deux parties.

» 1. Dans les premiers temps du développement, on voit se former sur un point de la circonférence du vitellus, une languette qui croît, s’élargit progressivement et devient bientôt l’organe des mouvemens que l’embryon exécute de très bonne heure. Cet organe se contracte, se meut dans tous les sens, et le plus fréquemment dans le sens de la courbe qui s’adapte à la concavité des parois de l’œuf. On reconnaît, dans la série des développemens, que cette languette, devenue rame très large, est l’extrémité caudale de l’embryon, et qu’elle est recourbée vers le dos de l’animal.

» Les premiers mouvemens de l’embryon dont la queue est l’organe, et qui se continuent long-temps, sont de totalité. La vésicule qui forme alors l’extrémité extérieure de l’animal avance toujours la première dans cette locomotion giratoire.

» 2. La vésicule, qui grandit progressivement, nous a paru être composée de deux membranes dont l’une externe se continue avec la peau de l’animal, pendant que l’interne forme un sac à long pédicule qui se prolonge dans le corps de l’animal. Ce pédicule est très apparent sur le côté gauche de l’embryon.

» La vésicule est transparente, réticulée, contractile, contient un liquide épais très limpide. On n’y voit aucun vaisseau sanguin. L’animal languit et meurt si le liquide contenu dans la vésicule se répand dans l’intérieur de l’œuf par une crevasse, ce que nous avons eu l’occasion d’observer plusieurs fois.

» Cette vésicule, sur la détermination de laquelle nous ne nous prononcerons point encore, offre de plus les particularités suivantes : On y voit une bande transversale parsemée de points noirs, en forme de fer à cheval, dont les deux branches se prolongent sur les côtés d’avant en arrière. La situation de la vésicule, d’abord antérieure, change, elle devient peu à peu supérieure, et l’on voit alors évidemment qu’elle est placée sur le cou de l’animal entre la tête et le bord antérieur du bouclier sous lequel elle s’enfonce en rentrant dans le corps.

» La vésicule exécute des mouvemens très manifestes pendant lesquels le pédicule s’agrandit et la poche diminue. Au fur et à mesure qu’elle rentre dans le corps de l’animal, les viscères se forment, la rame caudale diminue progressivement. Celle-ci ne disparaît qu’après que la vésicule ne saille plus à l’extérieur. »

Zoologie.Résultats d’un voyage fait sur le bord de la Méditerranée, par M. Vanbeneden, conservateur du Cabinet d’Histoire naturelle de Louvain.

Voici les principaux de ces résultats que nous reproduisons dans les termes mêmes de l’auteur.

« 1o. Le pneumoderne n’avait encore été reconnu que dans l’Océan atlantique. Une espèce se trouve en grande abondance dans la mer de Nice. Je l’ai reconnue dans la collection de M. Verany, qui les avait pris au printemps avec de grands individus d’atlante et des diphyes. Ce naturaliste les a pêchés en plein jour pendant que la mer était très calme.

» 2o. J’ai cru reconnaître le système nerveux dans les oursins. Il affecte à peu près les mêmes dispositions que dans les astéries, tel que Tiedemann l’a démontré.

» 3o. Après des recherches très minutieuses sur les organes de la circulation dans les aplysies, je crois avoir reconnu une véritable fusion du système veineux avec le système aquifère de Delle Chiaie.

» 4o. J’ai trouvé, avec mon ami le docteur Robb, deux nouvelles espèces d’aplysies, dont les dessins ont été faits sur le vivant. Ces deux espèces offrent chacune deux appendices buccaux, que nous n’avons pas vu mentionnés dans les espèces décrites jusques à aujourd’hui.

» Nous avons dédié l’une de ces espèces à M. le professeur Brugnatelli de Pavie, aplysia Brugnatellii, et l’autre à M. Webb, aplysia Webbii. »

Nous croyons devoir ajouter ici les caractères de ces deux nouvelles espèces, tels qu’ils sont donnés par l’auteur.

Aplysia Brugnatellii. — Caractères :

» Taches orangées, parsemées sur tout le corps ; aîles du manteau courtes et ne recouvrant l’opercule qu’en partie. Siphon nul ; bouche garnie de deux appendices ; coquille finement striée et transparente. Longueur, 15 millimètres.

Aplysia Webbii. — Caractères :

» Couleur verte, avec des points noirs et jaunes ; aîles du manteau peu développées ; siphon peu sensible. Bords du pied élargis antérieurement ; bouche garnie de deux appendices ; coquille striée, légèrement allongée. Longueur, 10 millimètres. »

Météorologie.Lettre de Ch. Texier à M. Arago sur le tremblement de terre qui s’est fait sentir à Césarée et dans ses environs.
Smyrne, le 15 septembre 1835.
Monsieur,

« Dans le rapport que j’eus l’honneur d’adresser l’année dernière à M. le Ministre de l’instruction publique, j’avais cru devoir m’étendre sur la description du territoire de Césarée de Cappadoce, située au pied du mont Argée.

» J’avais été frappé de l’aspect menaçant de cette contrée, et comparant son état actuel avec la relation de Strabon, je croyais devoir ranger ces volcans dans la catégorie des terrains d’épanchement dont les phénomènes ont cessé depuis dix-sept siècles ; car on ne saurait douter que Strabon en ait été témoin. Mais les terribles effets du feu souterrain n’étaient que suspendus. J’apprends à mon retour de Caramanie, qu’il y a un mois, jour pour jour, une grande partie de la ville de Césarée a été détruite, et que vingt villages des environs de cette ville ont horriblement souffert, ou ont été entièrement détruits par un tremblement de terre.

» C’est au pied du mont Argée que les premiers symptômes se manifestèrent. La terre s’ouvrit et il en sortit d’épaisses colonnes de feu et de fumée ; le mouvement d’oscillation a dû se faire sentir de l’est à l’ouest ; car il n’est question que de la destruction des villages situés sur cette ligne. Il faut que le tremblement de terre se soit étendu sur une zone d’au moins cinq milles de largeur pour que la ville ait eu à souffrir, car elle est à cette distance du pied de la montagne. Deux mille maisons, dit-on, ont été renversées ; tous les habitans eussent péri si la ville eût été entourée de murs : ils ont pu fuir dans toutes les directions. Strabon, car de son temps aussi la ville était sans muraille, attribue à la négligence des princes de Cappadoce l’absence de fortifications ; mais la vraie cause n’est-elle pas dans la nature de la contrée ?

» La plaine de Césarée est formée d’un lit de tuf parfaitement horizontal, fendillé en tous sens par des espèces de vallées à parois verticales que j’avais cru formées par le retrait. Plusieurs de ces vallées se sont, dit-on, rouvertes avec fracas en vomissant des flammes ; il ne m’a pas été possible de savoir si des laves se sont épanchées des flancs du mont Argée et s’il a surgi quelqu’un de ces dômes nombreux qui en couvrent la pente.

» Les principaux villages des environs sont situés sur le flanc de collines composées d’un certain nombre de couches volcaniques. La plus inférieure se compose de laves remaniées, c’est-à-dire de rognons de laves de fusion englobés dans des tufs. Cette couche se décompose facilement à l’air ; elle est d’ailleurs fort tendre ; des laves de fusion la recouvrent généralement ; elles forment des masses compactes et puissantes ; elles sont elles-mêmes recouvertes par le tuf gris contenant des ponces noirs et des espèces de géodes remplis d’une substance blanche et pulvérulente semblable à de la chaux éteinte. C’est ce tuf que l’on exploite pour construire les maisons de Césarée et de tous les environs, et qui soutient les fondations de tous les édifices. Il est probable que les secousses réitérées ont détaché les couches les unes des autres, et qu’il s’est opéré un glissement qui a renversé ces villages dans l’abîme.

» Tuxiarch, riche village occupé par des Grecs, se trouvait dans ce cas. Des catacombes si nombreuses avaient été percées dans le tuf, qu’il paraissait comme suspendu. Il y a en général peu de villages dans les environs dont le sol ne soit excavé.

» Je ne me rappelle pas la situation de Kometzi, dont un lac a pris la place. Les témoins de cette affreuse catastrophe ont été tellement effrayés, qu’il est impossible d’en tirer des renseignemens tant soit peu précis.

» Après un semblable événement il est permis de douter que cette contrée ait été en repos depuis les dernières catastrophes dont la mémoire est parvenue jusqu’à nous ; mais il est probable que renouvelées à de longs intervalles elles ont été oubliées des habitans. »

» L’article ci-joint, inséré dans le Journal de Smyrne du 5 septembre, donne succinctement les principaux faits et les noms des lieux qui ont le plus souffert :

» Un tremblement de terre des plus violens vient de détruire une grande partie de la ville de Kaisarièh, l’ancienne Césarée de Cappadoce, et des villages environnans. Voici tous les détails que nous avons pu recueillir sur ce terrible événement : ils sont extraits de plusieurs lettres de Kaisarièh écrites 7 à 8 jours après la catastrophe.

» Le 3 du mois dernier, vers 5 heures du soir, il s’éleva du pied du mont Ardgeh, contre lequel la ville est adossée, une épaisse fumée d’où s’échappèrent, avec d’effroyables détonations, des colonnes de feu ; on eut dit l’éruption d’un volcan. Au même instant, on sentit la terre osciller, et un violent tremblement de terre commença. Les secousses durèrent pendant sept heures consécutives ; elles se succédaient avec un horrible fracas, sans presque aucune interruption : on se serait cru sur mer pendant une tempête. Plus de 2,000 maisons furent renversées ; la consternation et l’épouvante étaient à leur comble ; les habitans se sauvaient pêle-mêle dans les campagnes ; plusieurs furent arrêtés dans leur fuite et ensevelis sous les décombres. Il a péri près de 150 personnes !… Jusqu’au 20 on n’avait pas cessé de ressentir deux ou trois secousses par jour, mais beaucoup moins fortes que celles du 13, et sans accident remarquable. À cette époque, les habitans de Kaisarièh, campés dans la plaine ou réfugiés dans les villages, n’avaient pas encore pu rentrer dans la ville ; quelques-uns l’avaient essayé, mais sans pouvoir y rester plus de quelques minutes.

» Tous les villages situés au sud du mont Ardgeh, sur une ligne de plus de 30 milles, ont horriblement souffert. Il y a péri une quantité considérable de monde, et la majeure partie des habitations ont été détruites. Voici les noms de ceux qui ont été le plus maltraités, et un relevé de leurs pertes :

» À Tavlusin, 60 maisons ont croulé et 15 personnes ont péri.

» La moitié du village de Tzirlavachi a été détruite ; on ignore le nombre des morts, mais il paraît qu’il a été considérable.

» À Taxiarmachi, 20 personnes ont péri et 56 maisons ont été renversées. Kirmir a perdu son principal quartier et 11 personnes.

» Le village de Mantzosir, où l’on comptait plus de 500 feux, est un de ceux qui ont le plus souffert ; 5 personnes seulement sont parvenues à se sauver avec beaucoup de peine.

» À Velekes, une seule maison a résisté, et il a péri beaucoup de monde.

» Vekeri a été détruit aux deux tiers.

» Versame a été entièrement anéanti.

» Enfin Rometzi a été englouti, et remplacé par un vaste lac.

» Les lettres où nous avons puisé ces détails affligeans font encore mention d’une douzaine de villages qui ont souffert, mais peu de chose en comparaison de ceux que nous venons de citer, puisque entre tous, il n’est question que d’une trentaine de maisons détruites et de 8 à 10 personnes tuées. »

Géographie ancienne.Extrait de trois lettres écrites par le même M. Ch. Texier à M. Dureau de la Malle, membre de l’Institut, datées de Smyrne les 25 juillet, 10 et 15 septembre 1835.

« Nous arrivons de notre voyage de Caramanie avec la Mésange. Il a été aussi fécond en découvertes que mon voyage de l’année dernière.

» Depuis que j’ai quitté Smyrne, j’ai visité Téos, le temple d’Apollon Didyme, Iassus, Cos, Cnide, Telmissus, Patare, Adalia, Perga, Halicarnasse, Bargylia, Mylassa, Héraclée de Latmus, Milet, Priene, Néapolis, Samos et Chio.

» La découverte du golfe et de la ville de Bargylia est d’une grande importance. Aurait-on cru qu’il fût possible de découvrir dans la Méditerranée un golfe égal en grandeur à celui de la Sude, et un port six fois grand comme celui de Marseille, près desquels les navires ont passé mille fois sans les soupçonner ? Ils ne se trouvent cependant sur aucune carte.

» Chandler avait cherché vainement la position de Bargylia : j’ai été plus heureux que lui. Elle se place incontestablement à six lieues O.N.N.O de Cariandre, patrie de Scylax. J’ai aussi fixé la position de Perga, que j’avais soupçonnée l’an dernier, et où j’ai trouvé des monumens qui surpassent tout ce que j’ai vu jusqu’à ce jour, par leur style original et leur conservation. Mais le peu de temps que m’a laissé l’amiral ne m’a pas permis de dessiner un seul de ces monumens ; à peine ai-je eu le loisir de parcourir la ville.

» J’ai pu déterminer la direction du tremblement de terre qui a renversé Téos et le temple d’Apollon Didyme. Trois colonnes de ce temple sont encore debout ; les autres sont abattues, toutes dans la même direction, et leurs tambours sont couchés sur terre appuyés l’un sur l’autre comme une pile d’écus. Il est évident que tout le monument est tombé à la fois dans cette catastrophe qui date au moins de deux mille ans. »

Astronomie.Comète de Halley. Lettre de M. de Pontécoulant à M. Arago, en réponse aux doutes élevés par M. Valz sur l’exactitude de ses calculs.

M. de Pontécoulant réfute en ces termes l’assertion consignée dans la lettre de M. Valz, que les attractions de Mars et de Vénus ont pu avoir une influence sensible sur l’arrivée de la comète de Halley à son périhélie.

« Dans mon Mémoire, page 71, je disais : « Nous nous sommes assurés que les autres planètes (Vénus et Mars) n’auront sur la marche de la comète aucune influence sensible. » La petitesse de la masse de Mars ne permet pas de croire que son action puisse altérer d’un jour l’époque du passage, et quant à l’action de Vénus, qui s’est trouvée très voisine de la comète en 1759, j’ai reconnu par le calcul, que les altérations assez considérables en plus et en moins qui en résultent dans le moyen mouvement, se compensent de telle sorte que l’altération totale est tout-à-fait insignifiante. Ce calcul a été présenté il y a six mois au Bureau des Longitudes. »

Quant à l’idée qu’il y ait au-delà d’Uranus une planète dont l’action serait la cause de certaines discordances entre les résultats du calcul et ceux de l’observation, M. de Pontécoulant remarque qu’avant de créer ce nouveau corps, il eut été bon de s’assurer qu’il reste, en effet, dans la marche de l’astre quelque anomalie à expliquer ; or, jusqu’à présent, dit-il, si quelque chose a droit d’étonner, c’est la coïncidence vraiment extraordinaire de l’orbite réelle avec l’orbite théorique.

Météorologie.

M. Arago dépose sur le bureau, au nom de M. le conseiller Brandes, présent à la séance, le tableau des observations horaires de température de l’air faites à Salzufeln. M. Arago demande à l’Académie la permission de revenir sur ce travail dans la prochaine séance.

Astronomie.Changements physiques dans la tête de la comète de Halley.

« M. Arago rend compte, en ces termes, de quelques changemens physiques qui se sont manifestés dans la tête de la comète de Halley.

» Jeudi dernier, 15 octobre, vers les 7 heures du soir, temps vrai, M. Arago ayant dirigé la grande lunette de l’Observatoire, armée d’un fort grossissement, sur la tête de la comète, y aperçut, un tant soit peu au sud du point diamétralement opposé à la queue, un secteur compris entre deux lignes dirigées vers le centre du noyau, et dont la lumière surpassait notablement celle de tout le reste de la nébulosité. Les deux rayons, limites de ce secteur, étaient assez bien définis, mais faibles. Il fallait, pour les apercevoir, s’aider d’un procédé bien connu des astronomes praticiens : il fallait donner à la lunette un léger mouvement d’oscillation. L’existence de ce secteur paraissant pouvoir conduire à une conclusion certaine sur la question importante du mouvement de rotation de la nébulosité, M. Arago crut nécessaire de s’assurer, par tous les moyens possibles, que ce n’était pas une illusion. Il examina donc le phénomène avec différens grossissemens, avec diverses lunettes, sans cesser de le voir ; M. Mathieu et les élèves astronomes attachés à l’Observatoire, MM. Eug. Bouvard, Laugier et Plantamour, se convainquirent également de sa réalité.

» Le lendemain, vendredi, 16, après le coucher du soleil, on reconnut qu’il n’existait plus de traces de secteur lumineux à la place où celui du jeudi s’était montré ; mais sur une autre partie de la nébulosité, au nord, cette fois, du point diamétralement opposé à l’axe de la queue, il s’était formé un secteur nouveau. Celui-ci sembla, dès l’abord, devoir être appelé nouveau, à cause de son éclat vraiment extraordinaire, de la parfaite netteté des deux rayons qui le terminaient, et de sa grande ouverture angulaire, laquelle dépassait certainement 90°. MM. de Humboldt et Mathieu voulurent bien s’associer à ces observations.

Dans la soirée de ce même jour (vendredi 16, à 8 heures), M. Arago essaya, de concert avec les élèves de l’Observatoire, de déterminer l’amplitude réelle du secteur et sa position. Les résultats de ces mesures seront publiés en temps et lieu.

Le samedi, 17, à pareille heure, les mêmes observations furent répétées. Le secteur existait encore ; ses formes et sa direction ne paraissaient pas notablement changées, mais la lumière était plus affaiblie que l’état de l’air ne semblait le comporter.

Le dimanche, 18, par un ciel d’une pureté vraiment remarquable, la lumière cométaire et celle de la queue, considérées dans leur ensemble, parurent avoir éprouvé, comparées à celles du vendredi, un affaiblissement très sensible. M. Arago annonce que sur ce point délicat, son opinion se trouve corroborée par la décision unanime et parfaitement décidée de MM. de Humbolt, Mathieu, Eug. Bouvard et Plantamour. L’affaiblissement du secteur lui-même se déduit d’ailleurs, avec plus d’évidence encore, des difficultés qu’on éprouva à déterminer son orientation, son ouverture angulaire et ses dimensions rectilignes, à l’aide de divers micromètres appliqués à la lunette de l’équatorial.

M. Arago déclare qu’en faisant, dès aujourd’hui, cette communication verbale à l’Académie, il a surtout voulu appeler l’attention des astronomes sur des changemens physiques bien étranges, et qui leur échapperaient si, comme jadis, ils se contentaient de diriger sur la comète actuelle des télescopes armés de faibles grossissemens. Au surplus, a-t-il ajouté, je ne manquerai pas de faire connaître, et les résultats des nouvelles observations que l’état du ciel nous permettra de faire, et les conséquences qui pourront s’en déduire, aussitôt qu’elles auront quelque certitude. »

MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
Géologie.Note sur la carte géognostique du département de la Vendée, par M. Rivière.
(Commissaires, MM. Brongniart, Cordier.)

L’auteur, pour coordonner normalement son travail, a étudié tout le pays compris depuis les Alpes (systèmes alpique et gallo-francique) jusqu’à l’Océan atlantique. Excepté les terrains volcaniques proprement dits qui y manquent, il s’y trouve, dit-il, tous les autres terrains, dont les principales roches qui les caractérisent sont : les granites, gneiss, pegmatites, leptynites, hyalomictes, mica-schistes, protogines, stéa-schistes, talc-schistes, chlorito-schistes, phyllades, ampélites, ardoises, phtanites, lydiennes, brèches, pséphites, poudingues, grès, psammites ; quarzite celluleux contenant une substance épigène ou pseudomorphique de l’oligiste, quarz, jaspes, ocres, arkoses, marnes, dolomies, calcaire oolitique, amygdaloïde, crayeux, etc., houilles, lignites, tourbes, glaises, sables, porphyres, argilophyres, argilolithes, eurites, amphibolites, diorites, éclogites, aphanites, ophiolites, ophicalces, hemitrènes, etc., et les singuliers conglomérats coquillers de Saint-Michel-en-l’Herm.

« Les espèces minérales, ajoute-t-il, dont la métallurgie peut retirer le fer, l’antimoine, le plomb et l’argent, sont très nombreuses, ainsi que les espèces palœonthologiques. »

Cette Note est accompagnée d’une coupe du terrain houiller, et de trois feuilles de la carte géognostique du département de la Vendée (carte qui, exécutée avec détails et sur une grande échelle, se compose de sept feuilles).

Médecine.Théorie du choléra et plus particulièrement de l’influence de l’électricité sur la production de cette maladie ; par M. Couverchel.

Ce Mémoire est présenté pour le concours aux prix Montyon. (Médecine et chirurgie.)

Statistique.Topographie statistique et médicale du Hâvre ; par M. Lecadre.

Ce Mémoire est destiné aux prix Montyon. (Statistique.)

Nous attendrons, pour l’analyse de ces deux Mémoires, les rapports des Commissaires auxquels ils sont renvoyés.

RAPPORTS.
Rapport sur une particularité de la jambe des Hydrocorises ou punaises d’eau, communiquée à l’Académie, dans sa séance du 27 juillet 1835, par M. le docteur Behn.
(Commissaires, MM. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, Bory de Saint-Vincent, et de Blainville rapporteur.)

« C’est dans le but de confirmer la découverte de M. Carus et d’éclaircir ce qu’il peut encore y avoir d’obscur dans la circulation des insectes, que M. le docteur Behn a été conduit au fait curieux qu’il a annoncé dans une lettre adressée à l’Académie, le 27 juillet dernier, et qui a été renvoyée à l’examen d’une commission, composée de MM. Bory de Saint-Vincent, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire et moi ; fait que nous avons examiné avec M. Behn d’abord, et ensuite nous-mêmes, et en son absence.

» Voici en quoi il consiste :

» Si l’on prend la patte d’un jeune animal des genres notonecte, naucore, et en général de tous ceux de la famille des Hydrocorises ou punaises d’eau, appartenant à l’ordre des Hémiptères de Linné, et qu’on l’examine à un grossissement linéaire d’environ 100 diamètres, en ayant soin qu’elle fasse encore partie d’un individu bien vivant, on remarque, à la partie supérieure de la jambe, vers son articulation avec la cuisse, un mouvement plus ou moins sensible, plus ou moins rapide, mais, du reste, bien régulier, susceptible cependant d’être accéléré, ou ralenti, ou même suspendu pendant peu de temps, pour reparaître ensuite quelques momens après ; et cela aussi long-temps que le jeune animal continue à vivre ; et même, ce qui est digne de remarque, quelque temps encore après que la patte a été séparée du tronc.

» Voilà le fait ; il est indubitable. M. Behn en a rendu témoin non-seulement vos commissaires, mais encore quelques autres personnes. Reste maintenant à chercher comment et par quoi est produit ce mouvement, quel rapport il peut y avoir entre lui et le vaisseau dorsal, et enfin s’il a une action sur les fluides contenus dans l’animal, et si, par conséquent, il entre pour quelque chose dans la fonction de la circulation.

» Quant à la première question, on peut assurer, quoiqu’il soit presque impossible d’arriver à une dissection positive, que le mouvement est produit par une petite partie membraneuse de forme peu appréciable, placée un peu obliquement sous la partie cornée de la jambe, entre elles et les muscles de cette partie, et dans une connexion certaine avec la masse qui la remplit, puisque le mouvement dont l’origine est à la partie supérieure de la jambe se transmet jusqu’à la moitié au moins de la longueur de cette partie. On peut également assurer que ce n’est pas un organe pulsant, c’est-à-dire se contractant sur un fluide qu’il contiendrait pour le chasser, et revenant à son état primitif de dilatation. Ainsi, comme le pense M. le docteur Behn, ce serait plutôt une sorte de petite membrane diaphragmatiforme obliquement placée, et se mouvant sans doute par des muscles à l’origine de l’intervalle cutanéo-musculaire de la jambe.

» Y a-t-il quelque relation entre les mouvemens de cette partie et ceux du vaisseau dorsal ? C’est encore une question à laquelle M. Behn répond négativement. En effet, comme il vient d’être dit, la nature du mouvement de cet organe est certainement valvulaire, tandis que celui du vaisseau dorsal est évidemment pulsant. Aussi n’y a-t-il aucun isochronisme entre leurs mouvemens, comme M. Behn a pu s’en assurer en examinant à la fois le cœur et la patte du même individu, sur lequel celle-ci avait été arrachée.

» Maintenant à quoi peut servir cet organe battant ou valvulaire ? N’aurait-il pas quelque action sur la circulation des fluides contenus dans la patte ? c’est ce que pense M. le docteur Behn. Il croit, en effet, avoir remarqué dans les globules immergés dans le fluide qui remplit l’espace cutanéo-musculaire, un double courant, l’un centrifuge, suivant le bord externe de la jambe, l’autre centripète, longeant le bord opposé ; courans qui seraient saccadés comme le voudrait celui de l’organe producteur. Ce dernier fait a encore été confirmé, mais en partie seulement par votre rapporteur ; car, pour le reste, nous pensons avoir plutôt vu le contraire, c’est-à-dire que pendant que des granules, suspendus dans le fluide, semblent poussés par saccades de la base du membre à son extrémité, d’autres en reviennent, mais ni les uns ni les autres dans un ordre quelconque et sans qu’on puisse admettre une force a tergo des uns à l’égard des autres. Il nous a donc paru que si le mouvement de l’organe valvulaire a une influence sur celui des globules du fluide sanguin, ce ne peut être qu’à la manière des instrumens que l’on emploie dans les arts pour obtenir un mélange plus intime et plus rapide entre des liquides de nature différente. Nous sommes d’autant moins portés à admettre l’hypothèse émise, il est vrai, avec le doute convenable, par M. le docteur Behn, que nous avons pu lui montrer que dans le tissu cellulaire qui entoure le vaisseau dorsal, on voit aisément des granules en mouvement dans différentes directions, sans rapport avec ceux de ce vaisseau, et encore moins avec ceux de l’organe valvulaire des jambes.

» Reste enfin la dernière question par laquelle nous terminerons notre rapport. A-t-on déjà observé dans l’organisme animal quelque chose qui puisse avoir une analogie quelconque avec la particularité organique observée par M. le docteur Behn ?

» Sans doute, au premier abord et sans réflexion suffisante, on pourrait croire qu’il y a une certaine analogie entre l’organe battant observé par M. Behn, et les cœurs ou renflemens lymphatiques découverts dans ces derniers temps chez les grenouilles ; mais quelques détails à ce sujet auront bientôt convaincu l’Académie qu’il n’y en a réellement aucune.

» Les renflemens pulsans que deux des plus célèbres anatomistes étrangers de notre époque, M. Panizza et S. Mueller semblent avoir pour ainsi dire découverts à la fois, sont d’après les propres observations de l’un de nous, des dilatations sub-régulières symétriquement placées à la racine des membres, en-dessous ou du côté ventral pour les antérieurs ; en-dessus ou du côté dorsal pour les postérieurs, où elles sont en outre beaucoup plus développées, et cela au point de jonction des veines lymphatiques de ces parties avec les veines sanguines du système circulatoire centripète ou rentrant. Aussi peut-on les injecter aussi bien dans un sens que dans l’autre, comme cela m’est arrivé plusieurs fois. J’ai pu même assez souvent y faire pour ainsi dire reculer le sang noir contenu dans la veine, ou l’y observer parvenu naturellement, lorsque la lymphe n’arrivant plus par les vaisseaux afférens, soit qu’elle fût épuisée, soit que son cours fût artificiellement interrompu, la poche pulsante continuant son action, celle-là, par sa dilatation, soutirait le sang noir par son orifice dans la veine, de manière, quelquefois, à injecter la terminaison de quelque gros lymphatique afférent. Ces renflemens ont du reste absolument le même aspect que le vaisseau dorsal des insectes ; leurs mouvemens, qui ne sont ni complétement isochrones entre eux et encore moins avec ceux du cœur, sont évidemment pulsans par systole et diastole ; et l’on voit très bien que par l’une ils soutirent le sang blanc qu’ils chassent par l’autre dans le sang noir, comme si dans l’homme, à l’embouchure du grand canal thoracique dans la veine sous-clavière, il y avait une citerne ou un renflement contractile. Mais évidemment, il n’y a rien de comparable entre ces organes pulsans et ceux découverts par M. Behn dans la patte des hydrocorises, ceux-ci n’étant pas creux et n’ayant aucun vaisseau afférent ni efférent.

» Y aurait-il plus de rapport avec la disposition qui se remarque chez les écrevisses et genres voisins, par laquelle le fluide aqueux dans lequel ils sont immergés, est poussé et forcé peut-être d’entrer et de sortir dans l’espèce de cavité branchiale extérieure que forme le retour de la carapace sur les côtés du corps à la racine des pattes, portant les branchies ? Oui, très probablement pour le mode de production du mouvement qui est également valvulaire et non pulsant. Mais chez les crustacés, tout l’appareil qui consiste dans une lame cornée flexible portée par le dernier appendice buccal, est réellement extérieur, tandis que dans la patte des hydrocorises il semble être tout-à-fait intérieur. Toutefois, si la manière de voir de M. Behn était confirmée, il y aurait une certaine analogie d’usage ou de fonctions : mais voilà tout.

» Au surplus, qu’il existe ou non dans l’organisme animal quelque chose que l’on puisse comparer à la particularité physiologique qui fait le sujet de la lettre de M. le docteur Behn à l’Académie, que le mouvement observé soit ou non dans un rapport quelconque avec la circulation, ou seulement, comme le pense votre commissaire rapporteur, avec ce qu’il nomme l’Oscillation, toujours est-il que le fait mérite de fixer l’attention des physiologistes. Nous proposons donc à l’Académie d’adresser à M. le docteur Behn, des remercîmens pour la communication intéressante qu’il lui a faite, espérant que ce sera pour lui une invitation à étendre ses recherches au plus grand nombre d’insectes possible, et à scruter comment ce nouveau fait pourra contribuer à éclaircir un sujet aussi important que celui de la circulation dans les insectes. »

L’Académie adopte les conclusions de ce rapport.

LECTURES.
Astronomie.Calcul des perturbations de la Comète de Halley.

M. Poisson annonce que M. de Pontécoulant vient de calculer les perturbations de la comète de Halley, dans la partie supérieure de son orbite, au moyen de l’intégration approchée que l’on doit à Lagrange, et qu’il a trouvé un résultat très peu différent de celui qu’avait donné la méthode des quadratures. La coïncidence des deux résultats est surtout remarquable pour la révolution de 1682 à 1759.

Il s’ensuit, d’après M. de Pontécoulant, qu’un travail, qui exigeait plus d’une année par la méthode des quadratures, peut être réduit à un travail de quelques jours par la méthode de Lagrange, que l’on n’avait point employée, sans doute parce qu’on ne savait pas le degré de précision dont elle est susceptible. Le calcul entier des perturbations d’une comète à longue période se trouvera ainsi réduit à moitié.

Physiologie animale et physique générale.Note communiquée par MM. Becquerel et Breschet.

« Il y a trois mois, dit M. Becquerel, nous avons témoigné le désir à l’Académie, M. Breschet et moi, de nous transporter sur les Alpes et dans diverses localités, pour continuer nos expériences sur la chaleur animale, étudier les phénomènes physiologiques qui sont accessibles à nos appareils, et nous livrer en même temps à des recherches relatives à la physique générale et à la géologie. L’Académie accueillit favorablement ce désir et daigna faire connaître à M. le ministre de l’instruction publique, par l’organe de l’un de ses secrétaires perpétuels, qu’elle verrait avec satisfaction le gouvernement nous fournir les moyens nécessaires pour réaliser notre projet.

» M. le ministre s’est empressé de répondre au vœu exprimé par l’Académie, et sa sollicitude nous a en outre constamment accompagnés en Suisse, en Piémont et en Italie, où les ambassadeurs et les consuls français, dans ces contrées, ont été chargés par M. le ministre des affaires étrangères d’employer, au besoin, leur influence pour lever les obstacles que nous pourrions rencontrer dans nos excursions.

» Aujourd’hui notre mission est terminée, et nous prions M. le ministre de l’instruction publique d’agréer ici l’expression de notre reconnaissance pour toutes les marques d’intérêt et de bienveillance dont il nous a environnés.

» Nous avons aussi des remercîmens à adresser à l’Académie, qui a bien voulu, sur la proposition de l’un de ses secrétaires perpétuels, M. Arago, dont nous ne saurions trop reconnaître l’obligeance à notre égard, nous aider à faire confectionner une partie des instrumens qui nous étaient indispensables.

» Il nous est impossible de faire connaître, dans ce moment, à l’Académie, les résultats que nous avons obtenus, attendu que nous avons encore à faire quelques expériences de détails pour compléter notre travail, qui ne sera terminé que lorsque nous aurons réuni tous nos instrumens. Nous nous bornerons seulement à indiquer les questions principales sur lesquelles notre attention s’est portée.

» Les observations relatives à l’intensité des forces magnétiques terrestres en chaque point du globe, exigent l’emploi de l’aiguille de déclinaison et de celle d’inclinaison, qui éprouvent l’une et l’autre des variations dans leur charge magnétique, par suite de changement dans la température et de diverses causes locales ; ce qui empêche les résultats d’être rigoureusement comparables. Nous avons substitué à ces deux appareils un autre appareil très simple qui a été exécuté avec intelligence, et surtout avec une promptitude extraordinaire, par M. Gourjon. Sa construction repose sur les phénomènes d’induction terrestre dont l’intensité dépend de celle du magnétisme du globe. Nous l’avons fait fonctionner successivement à Vevey, à Bex, à Martigny, à Liddes, au grand Saint-Bernard, à Sion, aux bains de Louëch, à Briggs, au Simplon, à Baveno, à Arona, à Milan, à Pavie et à Venise. Nous avons trouvé des différences dans les résultats qu’il faut attribuer à des différences dans le magnétisme terrestre et à des causes locales, bien que quelques-unes d’entre elles puissent provenir d’erreurs d’observation dont on pourra se garantir facilement en apportant quelques modifications à l’instrument.

» Nous avons comparé la chaleur animale de l’homme et des animaux, dans les vallées et sur les hautes montagnes, à la température ordinaire de l’atmosphère et dans les bains d’eaux minérales, dont la température s’élevait à plus de 45° centigrades.

» Un appareil particulier nous a permis de mesurer la température du lac de Genève, à une profondeur de plus de 300 pieds. Cette expérience nous a dévoilé une nouvelle propriété des courans électriques à laquelle nous étions loin de nous attendre.

» Nous avons trouvé un moyen de recueillir immédiatement, avec facilité, l’électricité atmosphérique à 300 pieds au-dessus des plus hautes cimes de montagne et même à de plus grandes hauteurs ; moyen qui permet de déterminer son accroissement à mesure que l’on s’élève.

» Le crétinisme a été l’objet de recherches suivies, et les documens que nous avons recueillis serviront à jeter quelque jour sur cette dégradation de l’espèce humaine. Nous avons pu nous procurer des dessins et des crânes qui ne seront pas sans intérêt pour la science.

» Nous nous sommes transportés ensuite à Venise, pour étudier la torpille ; là nous nous sommes convaincus, et nous l’étions déjà d’avance, que les moyens employés jusqu’ici pour constater la présence de l’électricité, à l’instant où l’animal donne la commotion, étaient défectueux. Si les physiciens qui en ont fait usage les eussent appliqués à tout autre animal, et même à des cadavres, ils auraient obtenu les mêmes résultats. Nous avons commencé par écarter toutes les causes qui avaient induit en erreur nos devanciers, et nous sommes parvenus, non-seulement à prouver que la commotion de la torpille était le résultat d’une commotion électrique, mais encore à déterminer le sens du courant produit dans cette circonstance. Nos expériences, à cet égard, paraissent décisives, et serviront à étendre nos connaissances en physiologie.

» Quoique le temps ne nous ait pas permis d’étudier la décomposition des roches avec tous les soins convenables, nous avons cependant recueilli des documens qui contribueront à augmenter le domaine de l’électro-chimie.

» Nous avons été aidés puissamment, dans nos expériences, par M. Gourjon, auquel on doit les appareils si délicats et si précis dont M. Melloni a enrichi la Physique. Il a bien voulu nous accompagner pour connaître, par lui-même, les perfectionnemens à apporter aux instrumens construits par lui, dont nous avons fait usage dans notre voyage.

» Lorsque nous aurons fait connaître à l’Académie les différentes circonstances de nos recherches expérimentales et tous leurs résultats, nous espérons que nous pourrons lui faire partager la conviction où nous sommes sur l’importance des voyages scientifiques, pour cimenter l’alliance qui commence à s’établir entre les sciences physiques, chimiques et physiologiques. »

Philosophie naturelle.Extrait d’une Note lue par M. Geoffroy-Saint-Hilaire.

« Après le 27 avril de la présente année, après ma lecture de ce jour à l’Académie, je me suis retiré faible et maladif, dans une campagne très isolée, et là, j’y ai composé un ouvrage que voici, et intitulé : Notions synthétiques et historiques de Philosophie naturelle.

» Mon opuscule renferme trois chapitres :

1o.Documens au sujet de la loi universelle ;

2o.Notions de Philosophie zoologique acquises depuis les troubles politiques de la France ;

3o.Philosophie entomologique. »

Physiologie.Observations nouvelles sur l’endosmose ; par M. Dutrochet.

« Dans ce Mémoire, M. Dutrochet ajoute de nouvelles observations à celles qu’il a publiées précédemment sur le phénomène de l’endosmose. Il cherche d’abord à prouver que ce phénomène ne dépend point généralement de la viscosité ainsi qu’on l’a prétendu. Ainsi, en séparant par une membrane, et à l’aide de l’instrument nommé endosmomètre, une solution de 2 parties de gomme arabique, dans 32 parties d’eau, d’une solution d’une partie de sucre dans la même quantité d’eau, le courant d’endosmose s’établit de l’eau gommée vers l’eau sucrée. Or l’eau gommée est alors beaucoup plus visqueuse et plus dense que ne l’est l’eau sucrée, en sorte que c’est le liquide le plus visqueux qui traverse la membrane séparatrice avec le plus de facilité.

» L’auteur ayant soumis à ses expériences d’endosmose une solution d’acide oxalique séparée de l’eau pure par une membrane animale, vit, avec surprise, que le courant d’endosmose était dirigé de l’acide vers l’eau ; ce qui était contraire à tout ce qu’il avait observé jusque alors en employant des solutions d’autres substances. Il vit, avec non moins d’étonnement, qu’en séparant l’acide oxalique de l’eau par une membrane végétale, ou par une lame d’argile cuite, le sens du courant d’endosmose était interverti, en sorte qu’il était dirigé de l’eau vers l’acide, et cela avec tous les degrés de densité de l’acide. Les mêmes phénomènes furent offerts par les acides tartrique et citrique ; mais comme ces acides sont bien plus solubles que ne l’est l’acide oxalique, il fut possible à l’auteur de soumettre aux expériences d’endosmose des solutions de ces acides beaucoup plus denses que ne l’étaient les solutions d’acide oxalique qu’il avait employées ; solutions dont la plus forte densité n’excédait guère 1,04.

» M. Dutrochet trouva qu’en employant les acides tartrique et citrique à une densité inférieure à 1,05, le courant d’endosmose était dirigé de l’acide vers l’eau au travers de la membrane animale séparatrice ; mais qu’en employant ces mêmes acides à une densité supérieure à 1,05, le sens du courant d’endosmose était interverti, il était dirigé alors de l’eau vers l’acide. La température de l’atmosphère était alors à +25 degrés centigrades. Ayant répété ces expériences lorsque la température fut abaissée à +15 degrés, l’auteur trouva que l’acide tartrique, depuis la densité de 1,05 jusqu’à celle de 1,09 inclusivement, présentait le phénomène qu’il nomme endosmose inverse, celui dans lequel le courant d’endosmose est dirigé de l’acide vers l’eau. Il fallut employer une solution d’acide tartrique d’une densité supérieure à 1,1 pour obtenir l’endosmose que l’auteur nomme directe, celle dans laquelle le courant d’endosmose est dirigé de l’eau vers l’acide. Ainsi, un abaissement de 10 degrés dans la température avait déplacé de 1,05 à 1,1 le terme moyen de densité de l’acide, terme moyen qui séparait les deux endosmoses inverse et directe, que cet acide est susceptible de présenter lorsqu’il est séparé de l’eau par une membrane animale. La température étant abaissée à 8 degrés , le terme moyen de densité de l’acide tartrique fut porté à 1,15. Enfin, la température ayant été abaissée artificiellement à celle de la glace fondante, l’acide tartrique depuis la densité 1,15 jusqu’à celle de 1,2 inclusivement, produisit l’endosmose inverse, en sorte qu’il eût fallu employer une solution acide encore plus dense pour qu’elle produisît l’endosmose directe. Il résulte de ces expériences, que la diminution graduelle de la température, augmente graduellement la facilité de perméation de l’acide tartrique au travers de la membrane animale, et cela comparativement avec la facilité de perméation de l’eau. M. Dutrochet croit apercevoir ici de l’analogie entre ses expériences et celles de M. Girard, qui a vu qu’une solution d’une partie de nitrate de potasse dans 3 parties d’eau, s’écoule plus vite que l’eau pure par un canal capillaire de verre, lorsque la température est de 1 à 10 degrés, tandis que cette même solution s’écoule plus lentement que l’eau, lorsque la température est plus élevée.

» M. Dutrochet a constaté pour les acides tartrique et citrique, comme il l’a fait pour l’acide oxalique, que les membranes végétales et les lames d’argile cuite ne sont point aptes à la production du phénomène de l’endosmose inverse ; cette propriété paraît ainsi appartenir exclusivement aux membranes animales. D’après la propriété qu’ont les acides oxalique, tartrique et citrique, à une certaine densité, de traverser les membranes animales plus facilement que l’eau, il devenait probable que ces acides employés en remplacement de l’eau pure dans les expériences ordinaires d’endosmose augmenteraient les effets de ce phénomène. C’est effectivement ce qui est arrivé. Ainsi un endosmomètre fermé par un morceau de vessie ayant reçu dans son intérieur de l’eau sucrée dont la densité était 1,08, et la membrane de cet endosmomètre étant plongée dans l’eau, il y eut une endosmose dont la quantité dans un temps donné fut exprimée par 9. Une solution d’acide oxalique, dont la densité était 1,014, ayant été substituée à l’eau pure, il y eut une endosmose dont la quantité, dans le même temps, fut exprimée par 27 ; en sorte que la substitution de l’acide oxalique à l’eau pure, dans cette expérience, tripla la quantité du liquide introduit par endosmose dans l’eau sucrée que contenait l’endosmomètre.

» Il paraîtrait, d’après ces expériences, que les solutions des acides oxalique, tartrique et citrique, à une certaine densité, traverseraient les membranes animales plus facilement que ne le fait l’eau pure. Cela est incontestable, en effet, lorsque les deux faces d’une membrane animale sont en contact, l’une avec l’acide, et l’autre avec l’eau ; mais cela cesse d’être vrai lorsque les deux faces de la membrane sont en contact avec le même liquide. Ainsi, les deux faces de la membrane étant en contact avec la même solution d’acide oxalique, ou bien étant l’une et l’autre en contact avec l’eau pure, et les choses étant disposées de manière à ce que la pesanteur fasse filtrer le liquide supérieur à la membrane vers le liquide qui est situé au-dessous, on observe que l’eau filtre bien plus rapidement que la solution acide. Plus la solution d’acide oxalique est dense, plus elle filtre lentement. Or, c’est précisément le contraire qui a lieu dans les expériences d’endosmose inverse faites avec cet acide, dont les solutions dans l’eau ne sont jamais assez denses, à la température de l’atmosphère, pour produire l’endosmose directe. Plus les solutions de cet acide sont denses, plus elles traversent rapidement par endosmose inverse la membrane animale qui les sépare de l’eau pure.

» M. Dutrochet n’a point vu les acides sulfurique et nitrique produire d’endosmose inverse. L’acide hydrochlorique, qui produit si énergiquement l’endosmose directe, lui a présenté l’endosmose inverse, lorsque l’addition de l’eau distillée eut réduit sa densité à 1,003. L’acide phosphorique présenta de même, mais pendant quelques instans seulement, l’endosmose inverse, en réduisant sa densité à 1,085. Dans toutes ces expériences, l’acide était séparé de l’eau pure par la membrane animale de l’endosmomètre. »

Statistique appliquée à la médecine.Remarques à l’occasion du rapport fait à l’Académie dans la séance duoctobre 1835 sur les recherches statistiques de M. le docteur Civiale ; par M. Navier.

Nous insérons ici l’extrait de ces Remarques, tel qu’il nous a été remis par l’auteur.

« L’objet de ces remarques (qu’il soumet, dit-il, principalement aux personnes dont il n’a pu adopter entièrement l’opinion, avec quelque talent qu’elle ait été présentée dans un écrit dont la lecture a été écoutée avec le plus grand intérêt par tous les membres de l’Académie) est d’établir que l’application des procédés de la statistique à la médecine, et l’emploi du calcul des probabilités qui en est le complément nécessaire, paraissent présenter le moyen le plus assuré de donner aux recherches médicales un caractère véritablement scientifique, et toute la rigueur et la précision que leur nature puisse comporter. Ces conclusions sont principalement appuyées sur les considérations suivantes :

» La question consiste ici à juger s’il est utile aux progrès de la médecine de recueillir et d’enregistrer d’une manière méthodique les observations, de les classer, de les rapprocher et de les énumérer ; et si l’on peut déduire de ce mode d’investigation des résultats propres à guider avec avantage dans les applications.

» L’utilité des observations mêmes, et l’avantage que l’on trouverait à les recueillir et les discuter d’une manière impartiale ne peuvent être contestés. On semble seulement ne vouloir point admettre l’utilité des énumérations dont on vient de parler, et des résultats qui peuvent en être déduits au moyen du calcul, parce que les questions dont il s’agit semblent trop différer des questions appartenant à la physique et à la mécanique auxquelles on n’ignore point que le calcul a été appliqué avec un grand avantage.

» L’auteur répond que l’usage du calcul dans les questions de médecine, auquel l’emploi des procédés de la statistique pourrait donner lieu, diffère beaucoup de l’usage que l’on en fait dans les recherches de physique ou de mécanique. Dans ces dernières, l’observation des phénomènes a fait découvrir les lois simples et générales qui les régissent : les conséquences de ces lois sont développées par le raisonnement aidé de l’analyse mathématique, et l’on peut ainsi prévoir les effets naturels, et les soumettre à une investigation dont l’expérience confirme ensuite les résultats. Cette méthode n’est point encore appliquée aux questions de médecine, et peut-être ne pourra-t-elle jamais l’être, à raison de la complication extrême des phénomènes, et de la difficulté de découvrir les lois naturelles dont ils dépendent. La médecine semble donc devoir être principalement ce que l’auteur appelle une science d’observation ; c’est-à-dire qu’elle doit être traitée par cette autre méthode qui consiste à observer les faits d’abord d’une manière générale, puis d’une manière plus particulière, en distinguant avec une précision et un détail de plus en plus grands les circonstances qui leur appartiennent. La science peut et doit se former ainsi, uniquement par l’enregistrement, le classement méthodique, le rapprochement impartial et l’énumération des faits observés. Les résultats ne sont point donnés par le calcul ; ils sont immédiatement déduits de l’observation. Mais l’emploi du calcul des probabilités vient donner à cette méthode la rigueur et l’exactitude nécessaires, et lui apporter le seul complément qu’elle comporte, en faisant connaître avec quel degré de confiance ces résultats peuvent être admis dans les applications. On voit que le calcul n’est point employé ici à l’établissement des résultats, mais seulement à déterminer la probabilité des conséquences auxquelles les observations ont immédiatement conduit, et à donner de cette probabilité une évaluation plus précise que le raisonnement seul n’aurait pu le faire.

» Mais on peut insister encore, et se refuser à admettre que l’emploi du calcul, réduit même à l’usage qui vient d’être indiqué, c’est-à-dire à la seule détermination du degré de probabilité des résultats, puisse inspirer une entière sécurité dans les questions du genre de celles dont il s’agit. L’auteur remarque sur ce point que le seul motif par lequel on pourrait se refuser à admettre avec confiance les résultats du calcul, c’est parce que l’on jugerait les élémens des questions trop nombreux, trop divers et trop variables pour qu’ils pussent être embrassés tous avec l’exactitude et la justesse nécessaires. Il ajoute que, dans presque tous les cas où l’utilité de l’application du calcul n’est pas contestée, les questions naturelles sont également beaucoup trop complexes pour que tous leurs élémens puissent être pris en considération. L’art du géomètre consiste surtout à distinguer les élémens principaux, et à former une question abstraite, aussi ressemblante qu’il est possible à la question naturelle, et à laquelle les méthodes analytiques puissent être appliquées. Des exemples sans nombre montrent que les solutions obtenues de cette manière, quoique s’écartant en quelques points des effets naturels, jettent cependant un grand jour sur les questions, et conduisent toujours à des résultats utiles. L’application du calcul des probabilités au sujet dont on s’occupe, offrirait nécessairement un caractère analogue et une utilité non moins grande. La solution des questions abstraites que l’on aurait formées dans chaque cas particulier, et à laquelle l’analyse mathématique s’appliquerait avec rigueur, quoique différant généralement à quelques égards de la solution qui pourrait appartenir à la question véritable, répandrait néanmoins, sur cette question, une grande lumière. L’esprit se trouverait toujours, après une telle solution, dans une condition bien différente de celle où l’aurait laissé l’absence totale de toute recherche.

» L’auteur ne pense pas que cette circonstance, que dans la médecine appliquée la question est toujours individuelle, et que le médecin n’a jamais qu’un seul homme à traiter, puisse faire rejeter un mode de recherche qui consiste à déduire des résultats généraux de l’ensemble des faits observés. Il lui semble, en effet, que le médecin ne résout jamais cette question individuelle qu’en s’appuyant sur des observations faites sur d’autres hommes, par lui-même, ou par ceux qui l’ont précédé, et dont l’instruction lui a été transmise. Les résultats généraux peuvent sans doute ne point se vérifier dans un cas particulier : cela tient à la nature de la science, qui ne comporte pas de propositions absolues. On ne pense point sans doute qu’en appliquant les procédés de la statistique et le calcul des probabilités à la médecine, les résultats qu’on obtiendrait ainsi puissent être considérés comme des théorèmes de géométrie. On pense seulement qu’on donnerait plus de précision aux conséquences déduites des observations, et qu’on en rendrait l’application moins incertaine.

» Il ne lui paraît pas non plus que, par cette circonstance, que la plupart des médecins n’écrivant point, le plus grand nombre des faits échappe nécessairement aux recherches, on ne puisse tirer des conséquences utiles des observations qui auront été faites et enregistrées avec méthode et d’une manière entièrement impartiale. Car les phénomènes naturels étant nécessairement assujettis à des lois générales subsistantes, quoique trop souvent inconnues, il n’est pas indispensable de posséder la totalité des faits pour acquérir la connaissance des résultats de ces lois. Sans doute les conclusions seront d’autant plus assurées, que les observations seront plus nombreuses ; et c’est ici surtout que l’application du calcul des probabilités sera bien propre à fixer les idées, et, par la comparaison du nombre des faits observés et du nombre de ceux qui ne l’ont point été, à faire juger du degré de confiance avec lequel les résultats doivent être admis.

» Enfin la complication et la diversité des effets naturels, la variété des circonstances accidentelles, l’obscurité et la multiplicité des lois dont dépendent les phénomènes vitaux, l’impossibilité même de reproduire à volonté les faits qu’il s’agit d’observer, ne semblent pas non plus des motifs d’après lesquels la méthode sur laquelle on insiste doive être rejetée. Ces circonstances forment proprement le caractère de ces sciences qui ne peuvent être traitées que par la méthode d’observation. Il en résulte seulement l’obligation d’appliquer les procédés dont il s’agit le plus tôt et le plus généralement qu’il sera possible, parce que l’on voit qu’il sera nécessaire, pour arriver à des conséquences suffisamment précises, de multiplier beaucoup les observations, d’en recueillir avec soin tous les élémens, et de les classer avec une méthode prudente et sévère. L’étendue et la difficulté de cette tâche ne doivent point effrayer, si la vérité en est le prix. »


L’Académie apprend avec douleur la perte qu’elle vient de faire de l’un de ses membres, M. Lelièvre.

La séance est levée à 5 heures.

F.
Séparateur
Bulletin bibliographique.

L’Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :

Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, année 1835, no 11, in-4o.

Mémoire sur l’application de l’électro-magnétisme au mouvement des machines ; par M. Jacobi ; Postdam, 1835, in-8o.

Nouveau Manuel de l’anatomiste ; par M. E.-A. Lauth ; un vol., in-8o, 2e  édition, Paris, 1835.

L’Astronomie, poème didactique latin, avec la traduction française en regard ; par M. F.-M. Haumont ; Paris, 1835, in-8o.

Théorie de l’Homme intellectuel et moral ; par M. H. Cros ; tome 1er , Paris, 1836, in-8o.

Du Progrès dans les principautés de Valachie et de Moldavie, spécialement sous le rapport des sciences naturelles ; par M. J.-N. de Meyer ; brochure in-8o, Paris, 1835.

Des mouvemens de l’air et des pressions de l’air en mouvement ; par M. J. Guyot ; Paris, 1835, in-8o.

Notice sur la Coupe des taillis ; par M. Philippar ; brochure in-8o.

Notice sur les Ruchers fermés, abrités et découverts, et quelques faits sur l’éducation des abeilles ; par le même ; brochure in-8o.

Choléra asiatique. Moyens préservatifs ; par M. Pontus ; brochure in-8o (Cahors).

Journal de Mathématiques de Crelle, vol. 14, cahiers 3 et 4 ; Berlin, 1835, in-4o (en allemand).

Annales de Chimie et de Physique ; par MM. Gay-Lussac et Arago ; tome 59, juillet 1835, in-8o.

Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; par M. Miquel ; tome 10, 7me livraison, in-8o.

Discours prononcé le jour de la distribution des prix aux élèves sages-femmes ; par M. Deschamps ; brochure in-8o.

Gazette médicale de Paris, no 42.

Gazette des hôpitaux, nos 122–124.

Journal de santé, no 112.